Commentaire destructif, bien entendu ! Car je déteste "
L'étranger". Ce n'était pas le premier livre de Camus que je lisais. Auparavant j'avais apprécié "Le Mythe de Sysiphe" et surtout "
L'homme révolté" pour le panorama proposé sur la philosophie de la "révolte". Pourquoi je déteste ce livre ? Parce que tout ou presque est invraisemblable. Un Français tue un "Arabe" qui a sorti un couteau et il est condamné à mort en Algérie. Invraisemblable au point d'en être ridicule. N'importe quel avocat aurait plaidé la légitime défense et Meursault serait sorti du tribunal comme un héros. Ensuite le meurtre lui-même. C'est connu les Arabes se baladent sur les plages avec des couteaux (pour égorger) et les Français avec des armes à feu et on n'adresse pas la parole à un être inférieur, c'est connu. A aucun moment le nom de l'"Arabe" n'est donné : ce n'est pas un individu, il n'a pas de personnalité. Raciste Meursault ? Par indifférence, au moins certainement. Et voilà un auteur dont les prises de position contre la peine de mort sont connues et bienvenues et qui nous concocte un roman avec un meurtre et une condamnation à mort. Et plutôt qu'un plaidoyer contre le peine de mort, on a droit à ceci :
"J'avais vécu de telle façon et j'aurais pu vivre de telle autre. J'avais fait ceci et je n'avais pas fait cela. Je n'avais pas fait telle chose alors que j'avais fait cette autre. Et après? C'était comme si j'avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube où je serais justifié. Rien, rien n'avait d'importance et je savais bien pourquoi."
Ah bon, il aurait pu ne pas commettre son meurtre ? Ah oui, le soleil, la soif, le couteau étincelant... oui, oui, il aurait pu vivre de telle autre façon. Vraiment ?
Bref, un plaidoyer pour l'irresponsabilité et la vanité de toute chose. Rien n'a(vait) d'importance ? C'est une manière très simple de justifier le nihilisme. On croirait aussi lire du
Saint Augustin. Et son mépris pour la vie.
Tellement interloqué par la lecture de ce roman, j'ai voulu croire que ce livre était une exception et je me suis mis à lire "
La chute". Misère ! Rien n'a d'importance donc, mais cela n'empêche pas de se torturer l'esprit à propos de ce que le héros aurait pu faire. "Et après ?"
Camus a été "justifié" le 4 janvier 1960. Il n'a vraisemblablement pas eu le temps de s'en rendre compte.
C'est terrible ce que l'absence de père a eu comme conséquences tant pour Camus que pour
Nietzsche.
Ou l'appel du nihilisme.