La mécanique du piano

Etats unis : Clara a reçu un piano pour ses huit ans. Russie : Katia a reçu un piano lors du décès d'un voisin. Les deux histoires se déroulent en parallèle puis se rejoignent. A la suite d'une rupture, Clara est bien décidée à se débarrasser de ce piano dont elle n'a jamais su que faire. C'est compliqué car l'instrument lui rappelle son père mort trop tôt.
Elle le met donc en vente. Le piano trouve preneur très rapidement mais Clara n'est pas prête... Mais l'acheteur insiste et il a déjà payé le piano. Elle n'a plus le choix. Clara se retrouve à suivre ce piano jusque dans La Vallée de la Mort. L'acheteur est un photographe qui poursuit les fantômes du passé.
Peut être y trouvera t'elle des réponses à toutes ses interrogations ?
Un roman bien agréable et bien mené. On est même un peu surpris par la fin que l'on aurait pu imaginer autrement...
Peut-être un peu long pour le début mais on est vite transporté dans ce road trip.
Une belle découverte de cette rentrée littéraire 2019

A la suite de son roman, Chris Cander remercie très précisément son entourage et les personnes lui ayant apporté les faits et informations soutenant son texte. Ces quelques paragraphes indiquent la nature même de ce roman touchant et captivant. La précision de la marque du piano (Blüthner), les relations entre les enfants et les parents et d'autres faits portent véritablement le roman et l'autrice démontre une grande habileté pour lier tous ces éléments. le montage alterné entre Clara et Katia, toutes deux attachées à l'instrument, éclaire chacune de ces femmes tout en rappelant le mystère factuel du parcours du piano (instrument ayant traversé l'Europe et l'Atlantique). Celui-ci capte donc facilement notre intérêt car il contient également toutes les destinées en suspend des personnages. Qu'il s'agisse des femmes principales (deux portraits très pudiques) ou les hommes de leur vie (à noter le beau portrait très à vif de Greg, photographe étrange mais aussi de Boris, danseur amoureux de Katia, personnage plus effacé mais bien esquissé), Chris Cander s'attache à eux et reste au plus près d'eux. Elle porte autant son regard sur leurs gestes (les chapitres d'ouverture et de clôture sont d'une précision très sensible) que sur leurs émotions. Il y a tout un rapport au Temps dans ce roman. Chacun tente de fantasmer sa vie et la romancière décide de les pousser au bout de leur vie, de les placer au pied d'un mur, celui des peurs, des obsessions et des illusions. le décor de la Vallée de la Mort apporte un souffle dramatique assez saisissant, nourrissant le calme faux et pesant de la vie domestique des chapitres concernant Katia. Ces passages permettent d'évoquer l'immigration des réfugiés de l'URSS et de pointer le choc avec la réalité, la confrontation avec les faits. L'installation de Katia et son mari est un chemin de croix où les personnages perdent toute force lors de l'effondrement de leurs rêves. Chris Cander titille la facilité des rêves et l'illusion d'un magie pour démontrer le courage de vivre dans la réalité. Ces personnages vont au bout d'eux-mêmes et leurs énergies inondent ce roman.
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