La citadelle imprenable

Le Père Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique Saint-Denys d'Argenteuil, est aussi prêtre exorciste du diocèse de Pontoise. Conseiller religieux national des Scouts et Guides d'Europe, il a une grande expérience de l'accompagnement spirituel ; il est aussi l'auteur de la Citadelle imprenable, une « petite méthode pour résister à l'ennemi et obtenir la libération », un essai que je viens de retrouver dans les abysses de ma liseuse.
Je crois me souvenir que j'avais choisi ce titre parce que je m'interrogeais sur les fonctions réelles d'un exorciste à notre époque et que je pensais trouver des réponses dans l'expérience de l'auteur.

En fait, ce livre est un manuel de développement personnel à l'intention des chrétiens : à partir de l'image mentale d'une ville fortifiée et des différents éléments qui la composent (le château et ses salles, la ferme, l'église…), le père Guy-Emmanuel Cariot propose d'identifier les lieux de souffrance et de péché dans notre vie et de s'en libérer.
Ainsi, il fait le tour de notre vie humaine et spirituelle à travers la visite métaphorique des grandes pièces du château et des bâtisses de la ville, chaque lieux symbolisant un domaine bien précis : la ferme (notre vie professionnelle), le salon (nos relations familiales et sociales), le réfectoire (lieu des plaisirs mais aussi des addictions), la chambre (lieu de l'intimité conjugale, de la sexualité et du repos), la salle des cartes (les grandes décisions de notre vie), le théâtre (l'imaginaire, les souvenirs), l'église (la vie spirituelle).
Naturellement, quand un prêtre décrit les dérèglements de chaque lieu, il évoque non seulement différentes formes de souffrance, mais aussi convoque la notion de péché et les attaques ordinaires et extraordinaires du diable.
En fin de volume, les principales étapes de la théorie et quelques prières sont proposées pour mieux appréhender ce combat spirituel.

Personnellement, j'ai trouvé la métaphore proposée intéressante, à la fois pertinente et concrète… Une forteresse à protéger du mal, un combat virtuel ou spirituel, voilà une transposition qui pourra parler à l'imaginaire de beaucoup d'entre nous, tous âges confondus. L'exercice permet de faire le point et d'identifier bien des sources de souffrance ou des postures inadaptées...
Ici, cette image de la ville fortifiée protectrice est naturellement rattachée à Dieu : « le Seigneur est mon allié, ma forteresse, ma citadelle, celui qui me libère ; il est le bouclier qui m'abrite, il me donne pouvoir sur mon peuple ! » (Psaume 143, 2-3).
En ce qui concerne « l'ennemi », j'ai eu un peu de mal à faire la distinction entre l'humain et le démoniaque. Car le Père Cariot nous parle aussi de sorcellerie, d'occultisme, de chamanisme (que personnellement je ne considère pas comme une pratique néfaste…).

Le style est celui d'un homme d'église, à la fois didactique et vulgarisateur, facile à lire et à comprendre, mais porté par la parole de Dieu. Cet essai s'adresse donc, en priorité, à des croyants, pratiquants ou non, ou à des lecteurs qui connaissent le contexte religieux, même si les mécréants pourront aussi y trouver matière à réflexion, en transposant la théorie et l'exercice.
J'ai apprécié l'intertextualité, forcément à connotation religieuse, avec des prières et des citations bibliques, des extraits de Saint-Augustin par exemple, mais pas seulement, quelques grands écrivains étant également cités comme Goethe ou Hemingway...

J'avoue que mon horizon d'attente a été un peu chamboulé, même si ce livre ramène bien des situations évoquées d'abord comme des cas de possession démoniaque à des souffrances psychiques, re-contextualisant ainsi le rôle du malin.
Là n'était pas le propos… Avec ou sans prière, je retiens l'idée de la citadelle mentale.

#Lacitadelleimprenable #NetGalleyFrance

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Lors du Carême de l'année dernière @famillechretienne avait lancé un podcast intitulé « Imprenable ». J'ai énormément aimé écouté les épisodes les uns après les autres.

Aussi cette année (en plus de réécouter le podcast), j'ai décidé de lire le livre de l'auteur. A mon sens les deux se complètent à merveille, peu importe par quel support vous commencez.

Le Père Cariot est très bon pédagogue, ses explications sont aussi claires à l'oral qu'à l'écrit . Sa méthode inspirée du Château intérieur de Sainte Thérèse d'Avila est vraiment parlante. Il nous suffit d'imaginer cette ville qui est notre vie pour repérer les attaques du malin et avoir des outils pour les combattre.

Je sais par avance que je reviendrais souvent à la lecture de petit ouvrage et je vous le recommande vraiment surtout en ce temps de Carême, période idéale pour nous interroger en intériorité.