Depuis "
Un roman russe" (ma première rencontre avec l'auteur), je lis systématiquement les ouvrages publiés par
Emmanuel Carrère. Je suis fascinée par la plume de l'écrivain-journaliste, autant que par les thèmes qu'il évoque. Je me suis régalée à la lecture de "
Il est avantageux d'avoir où aller", dans lequel il nous fait partager ses thèmes de prédilection.
Il ne s'agit pas d'un roman (l'auteur a abandonné ce genre littéraire) mais d'un recueil d'articles de journaux parus entre 1990 et 2015. Ces articles se suivent mais ne se ressemblent pas. le contraste est d'ailleurs parfois saisissant. Un exemple : neuf chroniques érotiques pour un magasine italien sont suivies d'un article sur la mort d'enfants au Skri Lanka, lors du Tsunami de 2004. Tout un registre d'émotions nous traverse lors de la lecture de ce recueil. J'ai préféré étaler la lecture sur un mois, un lisant au maximum trois articles chaque jour.
Plusieurs billets sont en lien avec la Russie post-communiste. Il faut savoir que l'auteur a des racines russes et que sa mère, historienne, est une éminente spécialiste de l'URSS. Parmi les articles "russes" on trouve un billet sur
Limonov, personnage emblématique auquel l'auteur a consacré un roman. J'ai bien aimé également la note d'intention d'un projet de film russe, qui n'est pas allé jusqu'au bout, mais dont l'idée était intéressante. Dans le registre russe, il est également question d'un ancien prisonnier roumain de la seconde guerre mondiale qu'on a retrouvé dans un hospice russe, 50 ans après la fin de la guerre.
L'article qui m'a le plus marqué est celui consacré aux relations entre une photographe professionnelle et une jeune "paumée". La photographe a suivi la jeune femme dénommée Julie, pendant de nombreuses années. Elle réalisait des clichés de Julie, qu'elle exposait.
Emmanuel Carrère raconte la triste vie de la jeune femme et sa déchéance progressive. La photographe lui vient parfois en aide mais leur relation reste professionnelle. L'auteur fait ressortir ce que cette relation a de dérangeant. Il nous fait réfléchir à la question suivante : faut-il photographier la misère ?
Dans plusieurs articles, l'auteur évoque ses livres de chevets ou les auteurs qu'il admire. Parmi ces billets, j'ai adoré celui consacré à "L'homme Dé".
Emmanuel Carrère a mené une enquête sur l'auteur de ce livre culte, enquête qui l'a conduit jusqu'au Etats-Unis.
Vers la fin du roman, dans un article intitulé "Ressemblance" l'auteur nous éclaire sur son choix d'être "présent" dans ses récits. Partant du principe qu'il est impossible pour un auteur de non-fiction de de faire preuve d'une totale neutralité, il trouve plus honnête de faire entendre sa voix et de livrer le "making off" du récit. Personnellement, j'apprécie cette démarche chez
Emmanuel Carrère. Il parvient à créer avec le lecteur une sorte d'intimité très singulière.
Je ne vais pas vous résumer chacun des articles de ce livre, il y en a 33...
Je suis triste d'avoir fini ce recueil mais impatiente de découvrir le prochain livre d'
Emmanuel Carrère (dans quelle aventure va t'il nous embarquer ?)
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