J'ai lu
A la grâce très vite, en deux fois (j'aurais clairement pu le lire d'une traite mais ma concentration est particulièrement capricieuse ces temps-ci). C'est une belle peinture d'un quartier populaire minier à l'époque des années yé-yé, des tourne-disques et de la télévision. A la paroisse communiste, avec son maire qui parle peu et passe donc pour intelligent, s'oppose encore l'église catholique, avec son prêtre qui professe (j'avais écrit profère, initialement…) encore les messes en latin. Avec l'arrivée des polonais, les souvenirs émus des platseks et autres pounchkis, ont fait concurrence aux traditionnelles tartes au chuc' et ch'pain t'chien. Mais le débat d'importance concerne moins les pâtisseries que la marque de Chicoré et, surtout, le mode des cuissons des frites ! le narrateur pose sur ses origines et son passé un regard tendre et célèbre, discrètement, en demie-teinte, les valeurs de ce monde ouvrier, qui fonde sa distinction sur la bonne tenue du potager, la solidarité et une certaine fierté malgré tout. Je me suis rappelée des histoires de ma grand-mère, de ces marins fiers de mes ancêtres, qui n'avaient pas grand chose mais qui ne s'en laissaient pas conter !
Les figures dépeintes sont touchantes, humaines, jusque dans le détail de leurs petits défauts et manies. En feuilletant, je retrouve la dame de l'épicerie, si lente à l'ouvrage ; la tante Julienne qui faisait une fixation sur
De Gaulle ou encore les commerçants qui passaient, avec leur camionnette, dans le coron où ils klaxonnaient pour signaler leur arrivée. Mais le personnage principal dans l'ouvrage semble être moins le narrateur que sa mère, veuve devenue bigote et qui a élevé ses gamins avec trois fois rien – les frères et soeurs, certes plus vieux, demeurant étrangement absents de la série d'anecdotes de ce livre. Je dois avouer que la deuxième partie m'a moins touchée, tout simplement parce qu'elle était centrée sur les pratiques catholiques et l'évasion du jeune garçon du quartier, sous couvert de foi religieuse et de pensionnat. J'ai beau faire, cela a accentué l'aspect étranger du livre, quand bien même les situations, personnages y sont toujours aussi bien campés.
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