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4,27

sur 1726 notes
Coup de coeur pour ce roman, qui est la suite de "Mon traître" de Sorj Chalandon. C'est un autre versant d'une même histoire en quelque sorte qui achève une tragédie irlandaise. 

Pour le comprendre , en saisir le sens, la chair,  l'âme ou l'esprit, il faut d'abord, à mon avis, avoir lu "mon traitre". 

Ici, le sujet c'est la guerre fratricide entre les protestants et les catholiques d'Irlande du Nord depuis les années 40 (début de l'engagement de Meehan à 2006 en passant par 1998 (date du début du processus de paix). 

Dans ce roman, le personnage principal, Tyrone Meehan, revenu dans la maison de son enfance à Killybegs, fait un flashback sur sa vie, qui est celle d'un de ces Irlandais catholiques, refusant l'humiliation subie, leurs révoltes, leurs combats avec l'IRA (l'armée Républicaine Irlandaise), sur leurs terres de Belfast, Derry, que les Anglais et leurs bataillons écossais ou gallois occupent, ou ils patrouillent, pourchassent les rebelles et l'IRA . L'IRA de Meehan, une armée clandestine, interdite, qui est partout, dans les rues, les pubs, les prisons harcèle l'occupant depuis 1969, provoque des attentats. On se souvient de la grève de la faim tragique de Bobby Sands en 1981, ce sera un traumatisme et une source de questionnement pour les militants de l'IRA et le début d'un tournant politique, le temps du Sinn Fein (parti nationaliste irlandais). 

S'il s'agit d'appréhender les choix, les décisions de Tyrone Meehan, Sorj Chalandon nous fait comprendre qu'un homme, tout héros qu'il paraît, est pris dans le tourbillon de la grande Histoire. le processus de paix nécessaire a précipité des politiques parfois dures à a accepter. Si, à l'écriture, Chalandon ne dénonce pas de salaud définitif dans les camps protestants ou catholiques, quand le MI-5 (services secrets anglais) s'y met, le complot prend forme...  dénonciations, meurtres, manipulation, le contre espionnage anglais connait la musique pour mettre le bordel... 

On voit, avec la tendresse que Sorj Chalandon a pour ses personnages, qu'il a vécu ces moments importants de l'Irlande, sur place au contact de ses habitants et de leur cause "a nation once again", et comme ses personnages, il met ses tripes sur la table.

On vit intensément ce roman magnifique, noir, aux couleurs orange et verte du drapeau, avec ses drames, ses souffrances, ses trahisons, ces pudeurs, ses fiertés.

C'est un très bon moment de lecture !
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Après Mon traître, Sorj Chalandon n'avait visiblement pas encore fait son deuil de cet ami irlandais membre de l'IRA qu'il avait tant aimé et admiré, et qui avait fini par avouer avoir renseigné les Britanniques pendant plus de 20 ans.

Il s'est donc glissé dans la peau de son traître, non pas pour l'excuser, mais pour mieux exorciser ses souffrances et nous faire revivre son parcours de combattant. Un véritable tour de force dans cette quête de résilience de l'auteur.

C'est un roman, bien sûr, mais basé sur des faits réels, l'histoire de Denis Donaldson, et cela ne lui donne que plus de force.
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Voici un roman irrésistiblement intéressant, il nous plonge dans L'Histoire irlandaise, quelle tragédie, en soi.

L'auteur nous amène dans la peau d'un combattant de l'IRA, un pur et dur, qui sera (par un concours de circonstances- et c'est là tout l'intérêt), amené à devenir un agent Britannique, un traître à tout ce en quoi il croit.

Nous le suivrons dans sa descente aux Enfers.

Quelle empathie ! Quelle écriture ! Quel roman !
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Un puissant récit qui éclaire les questions posées par le livre précédent "Mon traître". La thématique de la trahison est approchée avec subtilité et profondeur. Elle n'est pas effleurée mais réellement creusée, explorée, fouillée dans ses différentes composantes : l'ambivalence de l'homme, son potentiel de souffrance, son humanité.
Servie par un style à la fois tendre et rugueux, la narration déploie une trame scrupuleuse qui alterne passé et présent pour cerner la complexité du personnage. Elle ne nous fait grâce d'aucune échappée, d'aucun refuge qui permettrait de conforter l'idée d'un combat du bien contre le mal, du vrai contre le faux, du bon contre le mauvais. A son corps défendant peut-être, on se laisse prendre et glisser dans l'empathie pour s'identifier à Tyronne Meehan.
Il est difficile de ne pas être ébranlé par ce livre, de ne pas éprouver une profonde tristesse à côtoyer ces hommes forts et farouches, déterminés dans leurs engagements, émouvants dans leurs fragilités. Quand ils succombent à la grève de la faim, face à une ligne politique inflexible, voire déloyale, l'histoire devient poignante.
Bouleversant combat pour la dignité.
"Désormais, vos grévistes de la faim sont immortels", a-t-on dit à Sorj Chalandon après la sortie de son livre.
Oui, sans doute regardions-nous ailleurs... Maintenant, j'ai besoin d'en savoir plus, comprendre, resituer l'histoire, délimiter la part autobiographique dont l'auteur ne fait pas mystère, pas plus qu'il n'en fait de son travail de deuil.
En cours de lecture, j'ai été hantée par ce livre dès que je devais le lâcher. Je le suis encore.
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Personnage de chair et de coeur, Tyrone Meehan, incarne un des visages de l'IRA. Sorj Chalandon retrace les confessions de ce héros déchu, engagé dès l'âge de seize ans dans la lutte pour la liberté et la dignité du peuple irlandais, comme son père et son grand-père avant lui.
A l'instar de toutes les guerres, celle menée par ces hommes, ne nous épargne ni les injustices, ni les humiliations, ni la cruauté, notamment dans les passages relatifs à la prison. Je suis effrayée et admirative du courage de tous ces jeunes militants emprisonnés, qui ont fait pendant des semaines la grève de la faim, jusqu'à la mort, pour obtenir le statut de prisonniers politiques. (petit détail signifiant : nous étions sous l'ère Thatcher).
Un bien malencontreux et malheureux geste va cependant conduire Tyrone à trahir son peuple. Tenaillé par le contre-espionnage britannique, il perdra sa liberté d'action et de pensée jusqu'à sa confession publique vingt-cinq ans plus tard.
Gamin nourri au sein de la résistance, enflammé par le militantisme, meneur de combattants, traître et enfin banni de son propre clan : Chalandon décrypte le parcours douloureux d'un homme qu'il a bien connu et décortique les engrenages qui l' ont conduit à la trahison.
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Irlande, en 2006, après avoir avoué à ses compatriotes sa trahison,Tyrone retourne dans la maison de son père à Killybegs, il sait qu'on ne le laissera pas en vie longtemps, il confesse donc sur un journal le pourquoi de sa trahison. Il raconte l'enfance, la violence du père, les brimades, son admiration pour l'Armée Révolutionnaire Irlandaise, son engagement, l'acte irrémédiable, la solidarité des frères d'armes, la prison, puis le désarroi et la solitude du traître. Antoine le luthier français avait révélé la double identité de son ami Tyrone Meehan grande figure de l'IRA dans « Mon Traître ». L'auteur Sorj Chalandon grand reporter de guerre y racontait comment son ami Denis Donaldson a avait trahi sa patrie. Dans « Retour à Killybegs » l'auteur revient sur le parcours de Tyrone Meehan pour tenter d'analyser les circonstances qui l'ont conduit à se vendre aux Britanniques pendant plus de vingt ans. Un roman tragique sans parti pris qui revient sur les années noires de l'Irlande du Nord dont l'auteur a été témoin. L'auteur décrit avec justesse l'état de conscience par lequel passe Tyrone Mehan, quelque soit les situations le lecteur reçoit tout le ressenti du traître, on passe par toutes les émotions, un art dans lequel l'écrivain excelle. Et même si l' imposture relatée laisse un certain malaise, une fois le livre refermé on se dit mais qui sommes nous pour juger ?
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Dans une écriture à la fois douce et violente, Sorj Chalandon se fond dans le personne de Tyrone Meehan, cet héro de l'IRA qui s'est avéré être finalement un traître. Comme dans Mon Traître, il nous fait voyager dans cette Irlande et cette guerre si romantique et cruelle faîte de héros et de martyrs. Et comme toujours derrière la romance du conflit, ce sont des êtres humains qui se battent avec leurs convictions, leurs amours et leurs souffrances.
A la vision manichéenne se substitue donc - en partie - la nuance...
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Mon traitre ne m'a pas vraiment enthousiasmée - intéressée oui, beaucoup - Je l'ai noté 3* seulement, ce qui dans mon barème personnel veut dire "à lire, mais avec quelques réserves" ou "intéressant, mais pas un chef d'oeuvre". Mais cela ne m'a pas dissuadé de lire le suivant "Retour à Killybegs" qui raconte la même histoire avec Tyrone Meehan pour personnage central. Et j'ai beaucoup aimé.

Le personnage de Tyrone Meehan dans toute son histoire, replacé dans l'histoire familiale et dans un contexte historique plus long et plus complet, m'a paru très intéressant. Personnage complexe : soldat de l'IRA, fils de soldat de l'IRA. Dès l'enfance, il est confronté à la contradiction de la violence dirigée contre l'occupant, et la violence familiale dont il souffre.

"Fier de Pat Meehan, fier de ce père-là, malgré mon dos lacéré de brun et mes cheveux arrachés par poignées[....]Avant d'être méchant mon père était un poète irlandais...."

Complexité aussi des idées des combattants. La lutte ne se résume pas à une opposition religieuse, catholiques contre protestants, ou nationalistes patriotes irlandais contre colonisateur anglais. Républicains contre monarchistes.

"mon père n'était pas seulement un républicain. Catholique par nonchalance, il avait combattu toute sa vie pour la révolution sociale. Pour lui, l'IRA devait être une armée révolutionnaire. Il vénérait notre drapeau national mais admirait le rouge des combats ouvriers"

A la mort du père, la mère s'exile à Belfast:

" - Hein? vous avez vu ça? vous les avez comptés? Neuf! Ils sont neuf et moi je suis seule avec les neufs sans plus personne pour m'aider!"

Complexité de l'histoire. Les britanniques se battent contre les nazis sous les bombardements aériens tandis que les Irlandais n'ont pas cessé le combat contre les anglais. Dès 1941, les inscriptions "salauds d'Irlandais" sont peints sur les murs. La violence déchire les communautés.

Et l'IRA est partout dans leur quartier, l'IRA fit autorité, elle structure la vie du quartier qui en attend protection et la soutient des femmes, aux enfants.

"Mais l'impression qu'il y avait toujours un jugement derrière le rideau. Les Britanniques surveillaient nos gestes, l'IRA surveillait notre engagement, les curés surveillaient notre pensée, les parents surveillaient notre enfance et les fenêtres surveillaient nos amours. Rien e nous cachait jamais."

Soldat discipliné, intrépide, exemplaire, amis des héros mythiques qu'on chante dans les pubs. ?Comment ce combattant est-il devenu un traître? Cette question est toute la richesse du roman. A-t-il eu peur de retourner en prison après avoir subi un emprisonnement terrible? Est-il usé par es luttes, des enfants, des camarades tués au combat ou par hasard? Pensait-il hâter le cessez-le-feu?

"aux yeux de tous , j'étais un ancien des couvertures, un ancien de la grève de l'hygiène; un ancien combattant"

La réalité est encore plus sombre. mais je préfère laisser le lecteur la découvrir au fil des pages de ce roman vraiment excellent qui est aussi une leçon d'histoire.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Bouleversant destin que celui de Tyrone Meehan. Cet homme élevé dans la misère et dans la haine des Britanniques par un père violent, nous raconte son histoire. Celle d'un militant de l'IRA tout à la fois héros et traitre de son peuple et de son idéal. Une histoire complexe sur fond de lutte entre catholiques et protestants dans un Belfast ravagé par un conflit sans fin. Malgré les attentats, les grèves de la faim, la prison et les excès de ce genre de guerre, nous entrons dans le petit monde des militants républicains où la solidarité, le devoir et la douleur ont forgé des hommes perdus pour une cause qui les dépassent parfois et qui les entraînent sur des chemins souvent douloureux. Grâce à sa belle écriture tout en nuances, l'auteur nous remue les tripes avec le destin Tyrone, le traitre qu'on ne peut décidément pas haïr.
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Un superbe décor: Guinness, tourbe, briques noircies, pierres usées, landes.

Des hommes en guerre, aussi inflexibles dans chaque camp, appuyés sur leurs convictions renforcées par chaque décès ou maltraitance du camp d'en face. Un cercle infernal, auquel Tyrone Meehan tente d'échapper par la "traitrise". Non pas à l'issue d'une réflexion argumentée. Mais peu à peu, avec un déclencheur majeur qui sera..... le remords. 

Mais ce livre est également un portrait, touche après touche, qui conte l'évolution de Tyrone Meehan, ses hésitations, ses regrets, comment sa jeunesse, l'IRA, ses amis, sa femme ont peu à peu façonné ce qu'il est devenu avant de trahir. 
Un beau livre tout en subtilité dans le décor violent qui nous fait vivre de l'intérieur cette "guerre d'Irlande".
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