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EAN : 9782330018009
384 pages
Actes Sud (12/04/2013)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Haussmann, c'est Paris. Haussmanniser, c'est percer, aérer, éclairer, désengorger... Mais, au fond, que sait-on du "grand homme" du Second Empire, à l'égo surdimensionné, à qui Napoléon III confie la mission de faire de Paris la plus belle ville du monde, la plus moderne ? Prenant ses libertés vis-à-vis du genre biographique, ce livre analyse l'oeuvre du "préfet éventreur", quitte, du reste, à lui en contester la paternité. II sonde l'âme de cet ambitieux qui semble... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Poursuivant la lecture des ouvrages de Nicolas Chaudun sur le second empire, je me suis délecté avec sa biographie du baron Haussmann qui a façonné le Paris actuel.
La situation sanitaire de la capitale, au XIX siècle, était catastrophique et source d'épidémies (choléra) mortelles. Haussmann mena de front les projets d'adduction d'eau courante et de tout à l'égout qui impliquèrent l'aplanissement du terrain et l'arasement de petites collines et précédèrent le percement de boulevards et d'avenues.
La volonté de contrôler policièrement et militairement les quartiers populaires qui s'étaient insurgés en 1830 et 1848 fut un autre moteur des projets mais l'auteur constate que le préfet Rambuteau avait démarré les travaux de voieries et que les plans étaient dessinés avant la prise de fonction du préfet.
Celui-ci n'est donc pas l'architecte du Paris contemporain mais l'entrepreneur qui le mena à bien en un temps record en imaginant des montages financiers innovants qui permirent le financement de la construction de dizaines de milliers de logements.
Le préfet de Paris reçut avec faste les souverains étrangers de passage à Paris et contribua à la réussite de deux expositions universelles.
Symbolisant l'empire autoritaire il fut démis en janvier 1870 par le gouvernement Emile Ollivier mais les ingénieurs qu'il avait nommés à la tête des principaux services de la ville de Paris achevèrent son oeuvre jusqu'à la fin du siècle.
Bati sur une impressionnante documentation, cette étude est rédigée d'une plume aussi élégante que féroce sur certaines dérives impériales. C'est une contribution importante à l'histoire de Paris et du second empire qui m'incite à poursuivre la lecture des titres de cet historien.
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La vie et l'oeuvre d'un haut-fonctionnaire de la Monarchie de Juillet puis du Second Empire : à première vue, le sujet de ce livre n'est pas le plus exaltant qui soit ! Mais tandis que certains historiens produisent des pages arides sur des événements pourtant fascinants, Nicolas Chaudun parvient ici à susciter l'intérêt pour une période historique souvent dénigrée, en traçant le portrait d'un personnage qui à aucun moment n'apparaît sympathique... Belle performance de l'auteur !

Les années d'apprentissage d'Haussmann dans d'obscures sous-préfectures de Gironde ou de Haute-Loire sont bien sûr évoquées, toutefois cette biographie s'applique surtout à détailler son rôle principal, celui qui a fait passer son nom à la postérité : préfet de la Seine, autrement dit maître de Paris. Il est bon de rappeler qu'Haussmann ne s'est pas contenté d'aligner de belles façades le long des boulevards parisiens, mais qu'il fut à la tête d'une réorganisation complète de la capitale, pensée notamment en termes d'hygiène (fourniture en eau pure, évacuation des déchets), de sécurité (réhabilitation des quartiers "coupe-gorge"), d'optimisation des flux (percement de grandes artères, meilleure accessibilité des gares)... En somme, il s'agissait alors de passer d'une cité médiévale à une métropole moderne.

L'auteur ne fait partie ni des détracteurs, ni des laudateurs d'Haussmann et de son grand oeuvre. S'il met en évidence les indiscutables réussites du préfet de la Seine, il ne cherche pas pour autant à dissimuler le fait que la nécessaire modernisation de Paris fut réalisée au prix du sacrifice de certains monuments considérés comme mineurs, du rabotage de parcs et de jardins, d'opérations financières parfois équivoques, d'expropriations et du rejet des classes laborieuses vers la périphérie, préfiguration de nos "banlieues ghettos"...

En plus de cette appréciable objectivité à l'égard de son sujet, l'auteur a le mérite de remettre en cause l'idée d'un homme providentiel, d'un visionnaire qui sur un coup de génie (ou de folie?) aurait soudain décidé de donner un nouveau visage à la capitale. En réalité, les transformations que connut Paris au cours du Second Empire étaient déjà en germe depuis plusieurs décennies ; cette révolution urbaine était aussi indispensable qu'inévitable. Pour passer de l'idée à la réalisation, il ne manquait qu'un administrateur efficace, un fidèle serviteur de l'État capable de chapeauter une entreprise aussi titanesque. Ce fut Haussmann... Mais avec un autre homme tout aussi compétent à sa place, on peut penser que l'histoire aurait été plus ou moins la même.

Au final, une biographie aussi instructive qu'agréable à lire, qui donne envie de poursuivre avec cet auteur et de découvrir le livre qu'il a consacré aux derniers jours du Second Empire, lui aussi publié chez Actes Sud.
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Le bicentenaire de la naissance de Georges Eugène Haussmann (1809-1891) est quelque peu passé inaperçu. La Mairie de Paris, pourtant la première concernée, n'a rien fait. Ce qui est plutôt consternant, mais sans doute Monsieur Delanoe a mieux à faire.
Cela dit, réparons cette omission car le Paris que nous connaissons doit beaucoup (à tort ou à raison mais là n'est pas le propos) au baron Haussmann.
Nicolas Chaudun a écrit une biographie qui replace dans son contexte historique l'action d'Haussmann. Avec le Second Empire, Haussmann hérite de la préfecture de la Seine, par chance et bonne fortune, et va s'appliquer à servir Napoléon III jusqu'au bout.
Il faut préciser ici, que malgré ses détracteurs, le projet de nouvelles voies urbaines s'était déjà concrétisé sous Louis-Philippe avec Rambuteau.
Certes, nous pouvons regretter la disparition du boulevard du crime et d'autres quartiers que notre époque ne connaît pas mais la renommée actuelle de Paris doit beaucoup au tracé d'Haussmann.

Haussmann, Georges Eugène, préfet-baron de la Seine est une biographie qui se lit assez rapidement même si le style de Nicolas Chaudun est parfois précieux et qu'il juge un peu son personnage.
Cette raideur dans l'écriture peut rebuter le lecteur.
Ces réserves exprimées ne doivent pas vous empêcher de lire cette biographie précise et juste.
Il faut saluer le mérite de Chaudun d'avoir su restituer à travers la vie d'Haussmann, une partie de notre patrimoine.
Lien : http://livrespourvous.center..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Et que dire de la table du préfet ? Les grands soirs, c’était encore un service à la française. Cent soixante domestiques déboulaient alors, leurs favoris au rouleau,
d'une raideur impeccable sous la livrée municipale : culotte rouge, habit bleu, aiguillettes d'or. Leur cortège serré passait une multitude de mets différents, sans discontinuer, parmi lesquels l'hôte époustouflé n'avait qu’à designer de temps à autre ce dont il voulait bien se régaler.

L'incroyable énumération de bisques et de fumets, de turbotines et de croustades, de poissons en gelée, de cailles et d'écrevisses en buissons, dont un passage de sorbets vous reposait avant l'attaque des salmis de volaille et des rots, des gigues et, pourquoi pas, des suprêmes, puis celle des desserts et des mignardises à n'en plus se relever, tout ce bréviaire français, en somme, courrait sur des pages entières d'un velin filet d'or fin. Oh! il y avait toujours une fine bouche pour se plaindre, tel ce Fortoul, pâle ministre de I'lnstruction publique, qui, au soir du baptême du prince imperial, notait dans son journal: « Le gras était bien mauvais, et Ie maigre peu abondant. »

L’abondance, pourtant, même pour un rapide buffet d'honneur, faisait les choux gras des gazettes quotidiennes. On s'en délectait à l'avance : "Sept grands buffets semés ça et là [...] distribueront aux invités 25 000 glaces, 35 000 verres de punch, 15000 bouillons, d'innombrables gâteaux, sorbets, chocolats, liqueurs fraiches, cafés glaces, vins de toutes espèces."

Ces vins, justement, éclipsaient bien souvent les prouesses culinaires. La cave de l'Hotel de Ville faisait l'orgueil de son hôte. Pour avoir régné sur la Guyenne, Haussmann, il est vrai, s'y entendait. Et cela se savait. Le beau monde sifflait donc tout ce qu'Yquem, Lafite et Léoville pouvaient livrer de flacons, auprès desquels un chambertin ou une romanée-conti trouvait parfois grâce. Ce vin-là devait vous griser sans vous abattre, puisque après il fallait danser.
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En seize ans et six mois de magistrature, Haussmann aura, de sa propre initiative, percé 64 kilomètres de voies nouvelles, suscité la construction de plus de 40 000 immeubles, multiplié par trois le nombre des réverbères à gaz, planté 80000 arbres d'alignement - cinq fois plus aux bois de Boulogne et de Vincennes ! - et creusé 585 kilomètres d'égouts ou de collecteurs souterrains.

Bien après la chute de l'hercule, Jules Simon, l'ennemi juré, sera bien obligé de le reconnaître : "II fit, en dix ans, plus qu'on avait fait en un demi-siècle."

Le repentir demeure en dessous de la vérité.
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Ni Murat ni Ney n'ont fait Ie Premier Empire ; tout au plus l’ont-ils illuminé . Si Haussmann n'a pas plus fait Ie Second, il en apparaît comme l'atlante, et Ie restera parce qu'il en porte sur les épaules tous les paradoxes.
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Parce qu'il était haï des opposants, parce qu'il exaspérait les bonapartistes, des jaloux, des ambitieux ou d'autres plus sincères, qui voyaient en lui un obstacle à la refondation populaire du régime, Haussmann apparaissait comme le maillon faible qu'il convenait de faire sauter pour accoucher d'un Empire libéral. C'était à qui l'abattrait le premier.
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« le Brasier », de Nicolas Chaudun, c'est à lire en poche chez Babel.
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