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EAN : 9782252041291
392 pages
Klincksieck (23/05/2018)
3.9/5   5 notes
Résumé :
La biographie d'Offenbach est avant tout celle d'une époque : telle est la conviction qui sous-tend le propos de Siegfried Kracauer dans un ouvrage devenu classique depuis sa première parution en 1937. Protagoniste de ces pages admirables, autant que le musicien et son cercle, autant que l'opérette elle-même, forme clef d'une nouvelle sensibilité et phénomène culturel unique : la société du Second Empire dans son ensemble, avec sa noblesse divisée, son aristocratie ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un grand merci à Klincksieck Éditions et à Masse Critique pour m'avoir adressé ce livre.
Cette biographie, parue en 1937, replace la vie de Jacques Offenbach dans les cadres sociologique, politiques et économiques de son époque, de ses débuts difficiles sous Louis-Philippe à sa fin quasiment ruiné sous lé troisième république en passant par ses succès "mondiaux sous le second empire ; ce qui lui valut la réputation d'être le représentant de Napoléon III alors que ses oeuvres ne cessent de critiquer, parodier la société et les moeurs de cette époque.
Quelle destinée que celle d'Offenbach qui épris de théâtre créa l'opérette alors que son rêve le plus cher était de composer un opéra qui fut joué et lui amène la reconnaissance de tous. Cet opéra, il le composera (Les contes d'Hoffmann) mais la mort l'empêchera de le voir joué et d'exaucer son rêve le plus profond.
L'originalité de cette biographie est d'être aussi bien un livre d'histoire qu'une biographie et en fait tout l'intérêt.
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Merci à Masse critique et Klincksieck Éditions pour m'avoir fait découvrir cet essai sur Offenbach.

Au-delà d'une simple biographie, c'est un essai sur tout le second empire depuis la genèse de la prise de pouvoir jusqu'au milieu des années 1870. D'Offenbach je connaissais les contes d'Hoffman et la Vie parisienne, autant dire pas grand-chose. Pour moi, il était synonyme de légèreté et créateur du Cancan. du second empire, j'avais la vision des expositions universelles, des crinolines imposantes et de la montée de la bourgeoisie industrielle... et Badinguet!

J'avoue avoir beaucoup appris sur une époque finalement assez peu étudiée à l'école. L'auteur en mettant en parallèle la vie et les ambitions d'Offenbach analyse habilement la politique et la société parisienne nantis du XIX siècle. On est loin de Zola ou des Misérables. le prisme de l'auteur se concentre sur une seule classe de la société. le mouvement ouvrier est un peu évoqué mais très vite balayé par le récit de fêtes hallucinantes des Boulevards et de Paris. Je trouve cela un peu dommage et du coup cela me laisse sur un goût d'inachevé. Mais ce choix délibéré met bien en exergue la personnalité du compositeur ambitieux.

Dense mais fluide dans l'écriture, cet essai est assez facile à lire, même si quelque fois les situations semblent se répéter, et comme une valse, peut étourdir un peu.
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Passionnante et célèbre biographie d'Offenbach par le non moins célèbre Siegfried Kracauer qui raconte la genèse et l'essentielle de l'oeuvre du compositeur, mais aussi son inscription dans l'époque et ce que cette oeuvre en dit : relation avec le pouvoir du 2nd Empire, satire sociale, parodie de l'opéra... Un texte très renseigné de Kracauer qui fait office de réflexion politique et musicale... A lire sans hésiter...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Au fur et à mesure qu'Offenbach se sentait plus à l'aise dans ces milieux, il discernait que la vie y bifurquait en deux courants, déterminés l'un et l'autre par le fait que le régime de Louis-Philippe n'apportait pas à l'activité de la jeunesse les débouchés qu'elle cherchait. On pouvait gagner de l'argent, certes ; mais on en possédait déjà et cela n'avait rien de tentant. On pouvait aussi faire de l'opposition, de l'opposition de droite ou de gauche ; mais il était trop tard - ou trop tôt - pour en faire. Comme la monarchie de Juillet s'appliquait à éviter les conflits extérieurs, toute occasion de se dépenser dans une guerre s'évanouissait également. Les buts supérieurs lui faisant défaut, la jeune génération en était réduite à trouver pour ses forces vives des exutoires banals ; aussi n'hésita-t-elle pas à se jeter à corps perdu dans le plaisir, et à assumer de plein gré un épuisant labeur. Labeur d'une époque facile! Maints chasseurs de plaisirs commençaient le soir leur journée de travail par un dîner, d'où ils repartaient en voiture vers un concert, qu'ils abandonnaient très vite pour se rendre à un bal, et ce n'était pas toujours la dernière étape ; de sorte que leur occupation principale consistait surtout, à vrais dire, à enlever et à remettre indéfiniment leur pelisse... L'hiver terminé, au lieu de s'octroyer un repos bien gagné, ils continuaient, infatigables, à s'amuser jusqu'au milieu de l'été, durant lequel ils ajoutaient encore à leur emploi du temps de nombreuses partie de campagne.
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c'était l'époque où de jeunes poètes prenaient dans les salons les plus aristocratiques des allures de génies, où les jeunes filles et les jeunes gens lisaient de conserve les drames de Victor Hugo et les romans de Georges Sand. Et ceci permet de comprendre quelle fut alors, sur la vie social, l'influence de la musique. Tout comme la littérature romantique, elle avait pour objet de dédommager la jeunesse bourgeoise de l'inanité du "Juste-Milieu". Au fur et à mesure que se manifestait dans la vie estérieure une tendance au matérialisme, montait un besoin croissant de s'épancher, or la musique faisait la part de s'épancher, or la musique faisait la part de l'exaltation du coeur - sinon la musique, du moins une certaine forme musicale : la romance. On vouait à ces romances un véritable culte ; si délicates et si minces qu'elles fussent, personne dans les salons n'échappait à leur emprise. Elles jaillissaient des rideaux, susurraient par-delà les lambris d'or et répandaient une lourde traînée de rêves palpitants, comme il peut en germer au coeur des amants. Véritables richesses du coeur, elles valaient bien celles des comptes en banque.
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Et qui donc, sinon Offenbach, eût pu composer des scènes comme celle dont l'empereur fut le héros à son départ pour la péninsule? Il ne faut pas oublier que la photographie faisait fureur à l'époque. Lorsque l'empereur, à la tête de ses troupes, descendit les boulevards en grande pompe, il eut brusquement envie, en passant devant une boutique de photographe sur laquelle étaient tombés ses yeux, de faire son portrait ; il ordonna donc une halte et , tandis qu'il posait devant l'objectif, l'arme au bras, l'armée entière attendit derrière lui.
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Il ne faut pas oublier que la photographie faisait fureur à l'époque. Lorsque l'empereur, à la tête de ses troupes, descendit les boulevards en grande pompe, il eut brusquement envie, en passant devant une boutique de photographe sur laquelle étaient tombés ses yeux, de faire son portrait ; il ordonna donc une halte et , tandis qu'il posait devant l'objectif, l'arme au bras, l'armée entière attendit derrière lui.
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Ce jour-là, quelques personnes comprirent que, tout en plaisantant, il avait pris la vie plus au sérieux que ceux dont le sérieux n'était qu'une plaisanterie.
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La notion de « flux de la vie » chez Kracauer : entre philosophie et théorie du film -
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