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EAN : 9782234080300
200 pages
Stock (20/05/2015)
3.17/5   12 notes
Résumé :
En 1928, la jeune journaliste Maryse Choisy décide de mener une enquête sur les milieux de la prostitution parisienne et explore un nouveau genre, le reportage en immersion. Elle se fait passer pour une femme de chambre dans une maison de rendez-vous, se déguise pour entrer dans les dancings de la pègre, devient sous-maîtresse chez Ginette, danseuse de salon dans un bar lesbien, puis s’invite dans un hôtel particulier où de riches Américaines s’offrent de prétendus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour écrire "Un mois chez les filles", Maryse Choisy, journaliste de son état,  a souhaité, pour son 4 ème ouvrage rédigé en 1928 se glisser fortuitement  dans les maisons dites de "tolérance", en tant que femme de chambre.
C'est ainsi que, dans une jolie langue vive et intelligente, elle nous dresse les portraits d'hommes et de femmes d'une autre époque, de moeurs quelque peu différentes de nous.
On y apprend des détails pittoresques comme "Qu'est ce qu'un client parfait p 63 ? Ce qu'une "courtisane" ne doit jamais faire avec son client, car c'est "malhonnête" p 57.
Rien de fracassant, original, palpitant .... à mon goût.
La première partie se lit cependant d'une traite : on y suit M.Choisy dans ses petites déambulations  pour trouver ses premières places. C'est plutôt bien fait. On sent qu'on a affaire à une journaliste déterminée.
Puis, très vite, je me suis ennuyée,  car rien n'y est vraiment dit des ressentis des filles, de leur vrai quotidien, leurs joies (!), leurs peines, bref, leurs Histoires avec un grand "h" et aussi un petit.
 L'auteur, dans sa volonté de conter tous les lieux découverts,  finit par dresser une liste déshumanisée et à survoler l'ensemble, l'époque ne l'autorisant probablement pas à en écrire davantage.
Certes, nous sommes au début du siècle dernier, et la liberté d'expression a encore du chemin à parcourir.
Heureusement,  l'auteur,  psychanalysée et psychanalysante,  y va parfois  de ses commentaires psychologiques,  somme toute modernes pour l'époque, comme pour ce triste M.Creil qui ne peut faire la chose que déguisé en jeune mariée. .. "Quel malheur d'enfance ou de jeunesse déguisé M.Creil en mariée, en jeune mariée depuis vint ans ? Quel Freud psychanalysera ses égarements ? de ses anciennes incarnations, quel vice collé à sa peau. de quel enfer inimaginable s'est échappée son âme ?...".
Ce n'est pas réellement osé (même si le livre a fait scandale et qu'elle a tenté de le retirer plus tard) ni choquant (quand on a lu " Héloïse, ouille ! " de Teulé peut-on encore être choquée ?).
 Heureusement, ce témoignage grivoisement amusant est évidemment tout à fait féministe. On espère que c'est cette tonalité de plus en plus sarcastique qu'elle prend au fil des chapitres, qui a fait que ce livre, vendu à 450 000 exemplaires lors de sa sortie, a participé à la dénonciation de ces lieux dans lesquels les êtres humains n'étaient que des marchandises, qu'ils soient "courtisants homme ou femme ".
Et Maryse Choisy de conclure....:  "Je sais bien qu'il y aura toujours des putains et des bossus.  Mais chez les oiseaux, quand un mâle ne sait pas chanter devant la femelle, il reste sans femelle pour la saison. Chez les animaux, quand un mâle et une femelle n'ont pas obéi à la loi biologique de plaire, ils meurent sans amour. Chez les hommes, le bordel contrecarre toutes les lois biologiques....".  Etc. ....
Lien : http://justelire.fr/un-mois-..
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Ce qui m'a vraiment surprise, c'est de constater que ce livre a été écrit en 1928! Maryse Choisy âgée alors de vingt cinq ans a exploré le reportage en immersion. C'est à travers divers personnages tels que femme de chambre dans une maison de rendez-vous, danseuse de salon dans un bar lesbien, invitée chez de riches américaines et j'en passe... qu'elle brosse le portrait d'une société qu'elle critique, qu'elle s'engage dans un combat féminin, voire féministe. Une belle découverte.
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critiques presse (1)
LePoint
29 mai 2015
Une enquête passionnante derrière les tentures des bordels parisiens des années 1930.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il est plus difficile de devenir grue que d’être admise au Jockey Club ou dans la Société des gens de lettres. Il est vrai que c’est le plus ancien métier du monde et que de nos jours il mène à tout, à condition d’en sortir jeune.
Pour y entrer il faut être majeure, française, et vierge… de condamnations. Les autres virginités sont facultatives. Il faut produire un acte de naissance, un extrait de casier judiciaire, une autorisation maritale, des paperasses. Il faut avoir une carte qui vous permette officiellement d’échanger des caresses crasseuses contre des billets crasseux. C’est plus compliqué que le mariage ou le divorce. Ça m’a dégoûtée à jamais du courtisanat. C’est l’amour enrégimenté, matriculé, fonctionnarisé. Que de longues histoires pour une si courte chose !
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Les tenanciers des maisons closes sont infiniment moins gentils que les agents de l’ordre.
Ils sont à cheval sur l’aigle de l’honneur, en règle avec les règles de l’étiquette.
Ils règlent l’amour comme leur montre. Ils sont très ronds-de-cuir. Ils sont les gardiens de la méthode, de la minutie, de l’ordre. Ils vendent les sexes en série comme un épicier vend des épices. Ils travaillent les pieds sur les chenets, la bière dans le ventre, connaissent leur métier sur le bout des doigts, appliquent, conformément aux précédents, les lois de la tolérance et surtout n’oublient pas les Grands Principes. C’est simple. Il n’y a qu’à obéir, aller droit devant soi, les yeux clos sur les maisons closes.
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Les copines me regardent avec deux grains de méfiance. Mais la solidarité chez elles dépasse la compétition. Les femmes du monde (je ne parle même pas des femmes de lettres) devraient apprendre des filles cet admirable esprit de corps qui permet à une race proscrite d’exister.
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- Vous ? Vous ici? Le divorce! Voilà où il mène les femmes!
Il ne peut plus que murmurer, à travers son treizième whisky et son chagrin que ces mots: " Vous Vous ici? " et " Divorce".
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Le monde des tenanciers est un monde mystique. Les dettes des maisons de tolérance n’étant pas reconnues par la loi, ils ne sauraient avoir recours à la loi pour aucun dissentiment. Chez eux, toutes les transactions n’ont qu’une seule garantie : l’honneur. C’est la seule profession où une parole donnée tienne lieu de contrat. Quel bel acte de foi que cette foi en l’honneur ! On parle plus de l’honneur sur un centimètre carré des bas-fonds que sur un hectare du meilleur monde. Maintenir les règles, c’est pour eux sauvegarder la foi essentielle.
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"Mon cœur dans une formule" de Maryse Choisy.
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