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EAN : 9782070296484
182 pages
Gallimard (05/05/1977)
3.94/5   67 notes
Résumé :
Il ne se passe apparemment pas beaucoup de choses dans Un rude hiver : un réactionnaire plein de rancœurs va déjeuner chez son frère, se promène au bord de la mer avec une Anglaise en uniforme, et emmène au cinéma deux enfants qu'il a rencontrés dans un tramway.

La première fois, je me suis émerveillé de cette histoire tranquille en me demandant comment elle faisait pour m'émouvoir.
Depuis, à chaque relecture, je découvre un détail auquel je n'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Raymond Queneau est né au Havre qu'il quitta pour Paris à 17 ans. Ce récit, publié en 1939, se situe dans cette ville, en hiver, lors de la première guerre mondiale. C'est aussi la ville de Lehameau, personnage assez étrange, veuf depuis treize ans, en convalescence au Havre après avoir été blessé à Charleroi. Il rencontre une jeune anglaise , Héléna, dactylographe sur une base militaire britannique, deux enfants, Paulo et Annette, et leur soeur, Madeleine, une fille de mauvaise vie, qui en a la charge. Il rend souvent visite à son frère, à une libraire, est approché par un espion, etc. Queneau aime jouer avec les différents registres de la langue française, c'est souvent drôle mais aussi, dans un contexte assez tragique, beau et émouvant.
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A première vue c'est un roman d'apparence classique, avec narration à la troisième personne et pour personnage central, Bernard Lehameau, presque un anti-héros. Il ne s'y passe pas grand-chose à part des réunions familiales chez des petits-bourgeois, une séance de cinéma, une promenade sur la jetée et quelques conversations entre la libraire de la ville et Bernard Lehameau. Il y a une ébauche d'histoire d'amour (ou plutôt de plusieurs) aussi. La première guerre est très présente mais on est bien loin du front. Au premier degré ce roman a le charme de la simplicité, de la peinture d'un quotidien aux tonalités mélancoliques, très calme. Tout cela est trompeur, c'est du Queneau, donc il est sûr qu'il n'est pas question de s'arrêter à cela. Je suis sûre que je n'ai pas repéré le quart des détails à repérer, il faut dire que Georges Perec dit de ce roman qu'il « s'achemine doucement vers l'inépuisable ». Perec nous donne d'ailleurs dans la quatrième de couverture quelques pistes. D'abord il y a du Hamlet dans ce Lehameau, la scène du cimetière avec le fossoyeur Ducouillon (Yorick), et puis Frédéric caché comme un rat (de bibliothèque) derrière une tenture (à l'arrière de la librairie) a quelque chose de Polonius, quand à Helena Weeds, elle tient d'Ophélie. Et puis tiens, Weeds en anglais c'est Chiendent ! Il ne faut pas pour autant y chercher un sens, c'est essentiellement un jeu de piste, et Queneau joue avec notre culture littéraire comme il joue avec les mots. Un peu plus sérieusement, le roman se passe au Havre où Queneau est né et a passé son enfance et son adolescence, où il était donc pendant la première guerre, époque où il a tenu un journal. L'origine du malheur de Bernard Lehameau, l'incendie d'un cinéma est un événement réel qui correspond à la date de l'anniversaire de l'auteur (21/02/1903). En fait tout le contexte historique est très précis, chaque événement cité permet de dater les événements du roman, rien n'est imaginaire ou inventé. On trouve aussi, bien sûr, mais peut-être en moins grande quantité que dans d'autres romans des jeux sur les mots : francisation graphique de mots ou de phrases en anglais, français massacré (ici surtout par le petit Polo), des expressions inattendues et des trouvailles verbales (« [il] se contenta d'épousseter sa voisine, la jeune, de propos badins »). Tout cela mis bout à bout fait de ce court roman sur les banales tribulations de personnages insignifiants bourrés de préjugés racistes, misogynes et sociaux un petit livre bien agréable.
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Un rude hiver est le premier roman paru dans la collection l'Imaginaire chez Gallimard ce qui est plutôt une bonne référence. Pourtant il ne s'y passe pas grand-chose à part des réunions familiales chez des petits-bourgeois entrecoupées d'une séance de cinéma, d'une promenade sur la jetée et de conversations plutôt décousues avec la libraire de la ville. Il y a une histoire d'amour aussi, ou peut-être plusieurs. On y parle parfois de la guerre, la première.

Nous sommes au Havre, un lieu que Queneau n'appréciait guère si l'on en juge par les propos de la libraire locale sur la ville et ses habitants (« elle avait toujours pris le Havrais pour une buse, un obtus, un grossier… »). Il y a du Roquentin chez Madame Dutertre.

Nous sommes en 1916 Et la ville grouille de troupes alliées, anglaises en particulier, d'où la présence de troublantes personnes pour lesquelles Lehameau éprouve une attirance certaine (prestige de l'uniforme ?). Mais les amours sont souvent contrariées. Il y a du Hamlet chez Lehameau, en plus réactionnaire toutefois (quoique !).

Un rude hiver fourmille d'inventions romanesques, stylistiques, lexicales et autres. C'est un roman profond sous un air léger, et finalement très drôle (« Drôle ou bizarre ? Plutôt drôle, singulier. »).

Un roman qui « s'achemine doucement vers l'inépuisable » disait Perec, qui s'y connaissait.
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Le roman d'un timide dans les frimas du Havre, pendant la Grande Guerre. Entre espions allemands et petits-bourgeois encombrants, ce soi-disant timide se révèle un grand séducteur, flirte avec des militaires anglaises et des Lolitas. Une éclaircie comme il y en a parfois sur la Manche conclut ce Rude Hiver dans la tonalité mélancolique un peu pincée de Queneau. Toute une France qui s'en est allée, dont cet observateur incomparable nous a conservé une image pince-sans-rire, proche de Michel Serrault ou Bernard Blier.
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Atmosphère glauque au quotidien pour une famille de bourgeois dans la ville du Havre pendant la
2ème guerre mondiale . Le personnage principal n'est-il qu'un triste sire à la Céline , un collabo ,juste un homme seul cherchant l'amour auprès d'une anglaise et de l'affection avec deux enfants orphelins ? Difficile à dire et de sortir de ce livre dans la sérénité. Le style de Queneau m'a entourloupée.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Au coin d'une rue, une putain surgit de l'embrasure d'une porte. Elle tenait au-dessus de sa tête un parapluie déployé.
Elle lui dit :
- Tu viens, chéri ?
Il la regarda :
- Pourquoi faire ?
Elle fut assez surprise. Elle ne sut que reprendre :
- Tu viens, chéri ?
Il demanda de nouveau :
- Pourquoi faire ?
Elle continua sa mélopée :
- Pour toi ce ne sera que cent sous.
Il haussa les épaules :
- Cent sous, et vous ne pouvez même pas m'expliquer pourquoi faire.
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Un tramway l’emmena jusqu’à l’Eure, d’où il revint par les quais et les quartiers ouvriers, une longue promenade à travers un monde de travail et d’horreur. De toute part s’agitaient des machines et des esclaves, l’activité semblait démesurée, abominable. Partout l’espace, haletant et suant, gros de désespoir et de vice, paraissait prêt à sortir de sa cuisse des monstres des catastrophes. Et le temps n’engendrait que la honte. De rares et lourdes gouttes d’eau se mirent à tomber crevant l’empâtement du ciel et de leurs éclatement sur le sol ne germaient que des ombres perverses et accablées.
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Il s'arrêta soudain pour mesurer le fracas des vagues, saisi par le tragique de l'Océan. Comme quoi la mer est tragique: elle l'avait tiré brusquement par le bras; en braillant. Mais il ne pouvait trouver en lui que de médiocres échos de ces déchaînements, quelques vulgaires traversées de moins d'un jour agrémentées de vomissures, quelques trempettes jusqu'aux genoux, car il ne savait pas nager. Ce n'est que dans les livres de son enfance qu'il avait rencontré tempêtes et naufrages, cyclones et orages, et le calme plat sous un ciel de plomb; et dans sa propre vie, l'incendie.
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[...] ils demeurèrent là tous trois muets pendant quelques secondes, mâchant péniblement cette durée qui leur collait aux dents comme du caramel, sans pouvoir l'avaler.
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- Dis donc, dit Sénateur, on m'a raconté une étrange histoire sur ton compte.
- Etait-ce une étrange histoire ou une drôle d'histoire ou une bizarre histoire ou une singulière histoire ?
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Videos de Raymond Queneau (60) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Queneau
Lors de l'émission de LA GRANDE LIBRAIRIE du 1er mai 2024, Gersende, libraire à l'Esperluète de Chartres, nous parle de son livre "hors norme" : SOUVIENS-TOI DES MONSTRES de Jean-Luc A. d'Asciano.
"Lire ce roman, c'est faire l'expérience d'un grand texte de littérature. D'Asciano nous emmène dans une Italie fantastique où l'on va suivre la vie de Raphaël et Gabriel. Ce sont deux frères siamois, monstrueux, avec un don magique, celui de tordre la réalité par leur chant. On y trouve du Queneau, du Rabelais, du Dante, du Stevenson, Pirates des Caraïbes. Et puis une touche de Monty Python. C'est un des textes qui m'a le plus marquée, le plus emportée et il est resté gravé au fond de mon coeur."
Merci Gersende !
Pour la petite histoire, ce roman est peut-être le seul à avoir été mentionné deux fois dans la Grande librairie, dans la partie "A livre ouvert", où des libraires parlent des textes qui les ont marqués. Il avait déjà eu cet honneur en 2018, lors de sa publication : Delphine, de la librairie AB de Lunel l'avait encensé !
Mais quoi de plus normal pour ce classique instantané, que lectrices et lecteurs se transmettent comme un secret gourmand ? Pour la petite histoire, le roman est sans doute le roman le plus lu du catalogue des forges de Vulcain car, superbement traduit en espagnol, il a connu le succès dans de nombreux pays.
Et vous, l'avez-vous lu ? Vous laisserez-vous tenter par ce texte "hors norme" ?
#littérature #roman #siamois #fantastique #unique
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