Michael Christie est une figure montante de la littérature anglophone canadienne.
le jardin du mendiant a reçu le Vancouver Book Award et a été classé parmi les meilleurs livres de l'année 2011 au Canada.
L'auteur a passé de nombreuses années à Vancouver, et c'est dans cette ville qu'il a puisé son inspiration et posé les décors pour les nouvelles composant cet ouvrage. le cadre urbain rassemble toutes les classes de la population, toutes les origines, dans un microcosme hétérogène. Et pourtant c'est au milieu de ce foisonnement d'individus qu'on retrouve les personnages les plus seuls.
Il a pris le temps de se pencher sur ces êtres solitaires, qui le sont le plus souvent par la force des choses que par choix. Ainsi la première nouvelle qui ouvre le recueil, Numéro d'urgence, raconte l'histoire d'une femme entre deux âges, qui feint un malaise pour appeler les secours dans l'espoir que ce sera SON secouriste qui viendra frapper à sa porte. Elle ne le connait pas, mais sa gentillesse à son égard lorsqu'il l'avait aidée l'a menée à se raccrocher à lui comme s'il était l'homme de ses rêves. Elle vit par procuration, dans son fantasme. C'est aussi le cas d'Henry, dans la nouvelle Goodbye Porkpie Hat, un jeune drogué qui passe son temps à planer en rêvassant sur un livre de sciences, jusqu'au jour où il est persuadé de mener une conversation avec un scientifique revenu d'entre les morts. Lui aussi vit dans son monde fantasmé.
En marge de cela il y a les personnages sans le sou, qui sont au centre de nombreuses nouvelles. La plus percutante est celle qui donne son nom au recueil, pour le message d'espoir qui en ressort, ou du moins, de bonne humeur. Sam mène une brillante carrière, mais sa femme est partie avec sa fille. Il ne supporte plus sa maison cossue et lui préfère la remise au fond du jardin. Il se prend d'affection pour un clochard de son quartier et se met en tête de le manager. Incapable de remettre sa vie sur les bons rails, il tente le coup avec cet homme, qui réussira à planter sa graine dans un coin de la vie de Sam. Mais d'autres nouvelles sont plus tristes, comme Rebut, une histoire très touchante narrant les journées d'un vieil homme qui a appris par hasard que son petit-fils est devenu SDF. Il dispose dans les poubelles de son chemin quotidien des petites choses pour l'aider à tenir le coup.
Et enfin, nous avons les personnages simples d'esprit dans les nouvelles le figurant et le roi Saül. Si le premier est un bon gars qui se fie à son partenaire pour mener leur barque, le deuxième est un psychopathe dangereux qui voit le mal partout et vit complètement dans son monde.
Les nouvelles de ce recueil sont donc à la fois très différentes et toutes centrées sur le thème de la marginalité. Les destins des personnages sont dépeints avec objectivité, s'attardant sur la banalité et la vacuité de leurs existences. Mais dans le même temps on ne peut nier le regard tendre et bienveillant que
Michael Christie leur porte.
Les chutes de ces nouvelles ne ressemblent souvent pas à des chutes, les histoires sont laissées en suspens. Cela est peu commun, comme l'est le fait de lire un auteur canadien, des histoires prenant place à Vancouver.
le Jardin du Mendiant est une lecture atypique qui apporte du neuf au paysage littéraire que nous connaissons, et qu'on lit avec grand plaisir.
(Ouvrage lu grâce aux Chroniques de la rentrée littéraire)
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