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EAN : 9791095086659
129 pages
Inculte éditions (10/02/2018)
3.88/5   13 notes
Résumé :
« Votre corps dans la fosse tombe. Le son mat, à peine étouffé par les feuilles et le foin, un son qui porte et dit la masse malgré les contours brouillés. Est-ce qu’à ce moment-là je l’ai pensé ? Est-ce que, penchée à ma fenêtre, je me suis permis cette réflexion : ça y est, vous êtes à la place du compost, mêlé au potager, la chair et les os réduits à l’organique, recyclé avant d’être enterré ? »

Un homme mange la terre de son jardin sous le regard ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La rumeur : thème battu et rebattu en littérature. Et pourtant... Quelle surprise que ce livre !

Déjà , ça commence bizarrement : un apiculteur dévore à pleine bouchée la terre de son jardin.
Et une femme observe cette scène , recluse derrière sa fenêtre.

Mais quelle chose l'y a conduit, ce brave homme, à dévorer sa propre terre...? La rumeur qui accable, la rumeur qui rend fou. Et la bizarrerie n'est pas gratuite.

Très bien construit, très inventif dans sa forme ( au bout d'un moment, on n'est plus très sûr de qui est en train de nous raconter l'histoire... ), d'une écriture très soutenue mais sans fioriture, c'est un roman splendide et très intéressant. Rien n'est ce qu'il semble paraître. On avance dans le livre en haletant, on croit savoir où on est : le bon vieux village plein de mesquinerie. Mais tout n'est que fausse piste... et l''autrice nous fait remonter à la source de la rumeur, c'est-à-dire la source du mal ("J'ai toujours cette question de ne pas savoir comment cela a débuté.")

Et les abeilles, leur ruche, le miel de l'apiculteur du début semblent progressivement se muer en métaphore générale de la manière dont, les uns avec les autres, et les uns contre les autres, les hommes vivent : de manière poisseuse !
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La rumeur, sous couvert d'une vertu d'autrefois, où la parole était d'argent, se transmet tel un microbe.

Protester, c'est encore lui donner de l'élan. Elle gonfle au fur et à mesure qu'elle se répand. Qui la lance, qui la croit ? Peu importe. Plus de personne la croirons, plus elle aura de chance de devenir réalité.

Dans une langue incisive, la narratrice, remonte le cours de la rumeur, tente de comprendre son origine, de distinguer les étapes et les colporteurs, de définir comment le cours des choses a abouti à cette scène qu'elle épie à sa fenêtre, derrière les rideaux : son voisin, apiculteur, mange la terre de son jardin, s'y enfouis, de plus en plus, mis à terre, mis en terre, par la rumeur.

C'est malin, noir, parfois drôle.

Le livre de Valérie Cibot est truffé de chausse-trappes, de cul-de-sacs, de fausses pistes. D'une plume qui fait trébuché, se prendre les pieds dans les préjugés et la peur de l'autre, l'auteur dissèque le bruit qui court, la culpabilité.

Comme la rumeur, le texte de Valérie Cibot va et reviens, dans une chronologie mises à mal, dans un décor aride, au milieu de personnages rongés de préjugés et de culpabilité.

Les éditions Inculte nous offre ici un texte étrange et puissant.

Le bruit court que Valérie Cibot a écrit un texte beau et troublant.

Je participerai à propager la rumeur.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Un roman qui sait happer dès les premières pages (un apiculteur mange goulûment la terre de son jardin, un cordiste meurt sur une falaise...), écrit par Valérie Cibot, aux éditions Inculte. Coup de coeur pour cette maison et sa ligne éditoriale audacieuse (découverte avec le magnifique récit Janine d'Olivier Hodasava).
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Valérie Cibot démonte un mécanisme inéluctable à rebours d'une chronologie implacable. La peur, le phantasme, l'adrénaline du secret partagé et enfin le choix d'un individu isolé, encordé. On assiste en spectateur impuissant à la lente saisie du bouc qui, à défaut d'être mené au désert, s'enterre par sa bouche, dans une lecture qu'on lit comme chuchotée.
Un bon livre sur la thématique des rumeurs qui m'a fait penser au magnifique Ressentiments distingués de Christophe Carlier.
Lien : http://news-nouvelles-fant.m..
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Le drame, la rumeur multiforme, la narration métaphorique et sinueuse : une splendeur d'écriture.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/02/27/note-de-lecture-bouche-creusee-valerie-cibot/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (1)
LaCroix
28 mars 2018
Un premier roman surprenant où l’arrivée de deux étrangers va perturber l’humeur d’une paisible communauté.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Si tout s’était arrêté là… Si ce n’était pas allé plus loin… Une simple histoire de terre et de fluides corporels, j’aurais pu laisser tomber, rentrer chez moi, peut-être même recommencer à oublier. Mais non. J’ai toujours cette question de ne pas savoir comment cela a débuté. Quand, aussi, et si j’aurais pu faire ou dire quelque chose. Les empêcher ou du moins les freiner.
Tout au long de la semaine mes voisins et amis ont entreposé, en tas sur leurs balcons, des brindilles des branches du petit bois des bidons d’essence, tandis que des plumes du papier crépon des papillons de tulle surmontaient les tas, les coiffant ou les accessoirisant.
C’était un simple jeu. Une fois par an les enfants de nos voisins et amis brûlent Carmentran, le bonhomme Carnaval, il n’y a rien de mal à cela, rien dont il aurait fallu se méfier. Les enfants brûleront cet après-midi en place publique un bonhomme. Conformément à la tradition ils ont d’abord assemblé des mains des pieds des membres en papier mâché, ils ont peint tout cela en rose, un rose laiteux, délavé, obtenu par assemblage de colorants et d’eau, pendant que la tête, difforme, attendait dans un coin. Ils finiront juste avant d’enfiler leurs déguisements de lui dessiner un sourire en pétales de coquelicot et, après son procès, un procès rapide expéditif costumé maquillé accessoirisé, ils le brûleront et il emportera avec lui hiver et contrariétés, il nettoiera tout, avec ses cendres sa fumée ses débris, il ne restera rien, rien que nous et ce moment-là instillera en nous de la joie, beaucoup de joie, c’est certain.
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À ce moment-là, alors que rien de grave n’est encore arrivé, ils se sont penchés au-dessus de leurs jardinières et leurs regards, venus d’en haut, font peser sur votre jardin… non pas une menace, mais une simple attention… mes voisins et amis sont attentifs. La plupart ne profèrent pas d’insultes et se contentent d’observer.
Pendant toutes ces heures lestées de glaise, ils ont étendu leur linge qui claque au vent, un vent tout à coup chargé de lavande et de verveine, du moins leur réminiscence savonneuse, du moins le parfum de synthèse qui cherche à approcher le parfum naturel, du moins le détergent vaguement camouflé sous la chimie, tout en nettoyant leurs tables en aluminium teck imputrescible (ou la variante métal creux peint en bleu lagon) : le printemps a débuté et avec lui la saison des rosés pamplemousse. J’aimerais croire qu’ils feignent, à votre égard, cette indifférence. Et peut-être, si on compare à ce qui va se passer, plus tard dans la journée, et qui nous anéantira, qui remettra en question toute notre vie en commun, quand il ne s’agissait encore que de terre, de savoir si vous l’avaliez ou pas, cette indifférence n’était, au final, pas si cher payée.
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Mes voisins et amis, dont les fenêtres donnent aussi sur votre jardin, se scotchent à leurs vitres en se poussant du col. Ensuite vous rajoutez la paille et les feuilles mortes, vous arrosez, un coussin végétal se solidifie dans le fond (et vous auriez pu enterrer quelque chose ou déterrer un truc ou préparer la terre ou la nourrir, c’est l’objectif de la butte sandwich, améliorer la terre au printemps avant de planter) assis au bord, Gitane aux lèvres, les contours un peu flous, poussière de calcaire et fumée de cigarette, quand vous décidez de laisser tomber. Votre corps dans la fosse tombe. Le son mat, à peine étouffé par les feuilles et le foin, un son qui porte et dit la masse malgré les contours brouillés. Est-ce qu’à ce moment-là je l’ai pensé ? Est-ce que, penchée à ma fenêtre, je me suis permis cette réflexion : ça y est, vous êtes à la place du compost, mêlé au potager, la chair et les os réduits à l’organique, recyclé avant d’être enterré ? Et la lymphe ferait alors le travail des bouteilles en plastique. Il était encore temps de rentrer.
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J’ai toujours cette question de ne pas savoir comment cela a débuté.
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