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EAN : 9782072929816
240 pages
Verticales (11/03/2021)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Paimpol, Paris, Alger ... La dérive de deux anciens amis se retrouvant sur une voie ferrée; l'arrivée de supportrices au charme explosif décidées à illuminer le Stade de France; la bande-annonce d'un film fantastique sur fond de black metal algérois ; un apéritif au champagne sur le toit de la porte Saint-Denis ; le surgissement théâtral de Frantz Fanon; l'éternel retour d'une auto-stoppeuse dans un virage, la nuit, jusqu'aux appels téléphoniques intempestifs parasi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a une dizaine d'années paraissait "Des néons sous la mer", une boite de nuit sous l'eau dans la baie de Paimpol; autant dire que ce genre de bouquin laisse des traces. Un peu "allumé" l'auteur ai-je pensé, mais je n'ai rien oublié, c'est pourquoi j'ai lu ces "Récits B" qui seraient comme les faces B des vinyles, pas du second choix , mais dans ces récits des personnages sans envergure qui ne brillent pas, pas des looser, mais pas des stars non plus.
13 petits récits qui vont de Paimpol à Alger, à Paris(Ah le stade de France! quel plaisir, un visuel étourdissant!).
Une promenade autour d'un rond-point d'entrée de ville , un petit mot sur chaque enseigne: caustique, et tout est vrai, j'ai vérifié. Un petit récit mettant en scène la ville de St Brieuc vaut le détour , pas forcément pour les briochins, et plein de sous-entendus je suppose.
Cela donne une mosaïque de chapitres pas forcément reliés entre eux sinon par de l'humour et un brin de tendresse aussi pour tous ces personnages de seconds rôles.
On trouve des pépites sur les faces B , pardon les "récits B"qui ont été repêchés par l'auteur dans d'autres textes d'ailleurs. J'en redemande, je me suis délectée .
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Allo ? Mr Ciriez ? 

Amateurs de séries B, de la Super 5 saga année 1989, du Ciao Piaggio, de bières, et de comédiens de second rôle, ce bouquin est pour vous. 

A première vue, c'est un recueil de différents récits. Mais pas tout à fait. Au départ j'ai pensé a un livre de nouvelles, les unes s'enchaînaient les unes après les autres, dans un désordre apparent ; les appels téléphoniques impromptus entre les récits sont déstabilisants ! (Allo ? quoi ? c'est quoi ce binze ?) Mais en refermant ce livre j'ai été cueillie, comme on se fait surprendre par la face B d'un bon vieux vinyle.  

L'auteur vous embarque en Bretagne, à Alger, Dunkerque et Paris dans une sorte de road trip rigolo, légèrement désabusé, et sensible. Nous sommes dans les années 80 ou 2000. Dans Récits B, il est question d'usine d'ordures, de gare, de rails, de forêts, de bretelles d'autoroute, du stade de France, de rues de Paris, de la porte Saint-Denis, de petits bras, de gros bras, de la bêtise crasse, de sexe, du rock'n'roll et de blousons. 

La tenue de l'ensemble, la composition et la voix unique puissante drôle et tendre de l'auteur, le rythme. J'ai beaucoup ri et souri, car Récits B est drôle. Les récits ? Non c'est un récit entier tenu, circulaire, léger. L'auteur mêle tant de voix et de styles, que cela me semble un tour de passe passe d'être parvenu à créer un objet d'un seul tenant, composé de tant de personnages. 

Un photographe canadien, et son assistant (l'auteur lui-même avec ses doigts gras sur les pellicules photo), un supporter de foot anglais, un vendeur de kebbab, Damien l'auteur malheureux, l'ami secrétaire de rédaction à la Santé Mentale, une pute chinoise. Récits B est une somme de personnages arnaqueurs, ou arnaqués, qui pratiquent de petits arrangements avec l'argent, la vieillesse, le succès, la gloire, les anciens amis d'enfance, ou avec le décor lui-même. Pour l'auteur, les arnaqueurs sont des « rats », et les cougards des « vieillardes », les auteurs malheureux des « écrivains sans oeuvre » et les adolescentes des « souillons ».  

La nouvelle « Rond-point à l'anglaise » d'abord. Celui de l'auteur me rappelle celui de Dupontel dans « Adieu les Cons ». Laid, et beau, puissant, chargé, attractif. le rond-point moteur.  « Je hais cette prudence de couvre-feu universel instituée par l'avénement du rond-point comme forme idéale de distribution routière à « létalité atténuée ».  Tourner tourner tourner, pendant plusieurs minutes dans un rond-point. Tout le monde a fait cela au moins une fois non ? Enfin, si vous faites l'expérience, vous ressentirez comme l'auteur l'écrit très bien: « le souple mouvement circulaire qu'ils imposent le volant… le moment de secrète confusion du choix, quand on ne sait si on a vraiment envie de prendre une sortie ou ne jamais quitter le réseau »

 Un 21 janvier dans le 75, dans le métro, le narrateur menacé, s'attend à revivre une bagarre. Lui il était du genre petite gueule maladroite : « J'avais frappé le premier, paf ! en plein dans l'oeil  d'un abruti qui écoutait du ska et à qui j'avais dit « Ska va bien ? ».  C'est sa veste qui le sauve, il a l'allure d'un « fusilier marin »  plutôt  qu'un « guichetier HSBC ». L'association est saisissante!

Le récit des Femmes fumigènes est pour moi, le plus réussi. Une pépite. Atteindre la cathédrale du foot de Saint-Denis, pour un supporter bourré pas facile.  La scène des femmes sudistes (encore!) dans les toilettes avec leurs fumigènes comme des tampons hygiéniques ! Suppots, supporters…. le foot c'est physiquement dramatique. Wouarf ! 

La scène de drague dans le bar Le Phalanstère est hilarante, la femme insiste, « Je serai ta première vieillarde ! »

La fin va vous surprendre, et vous vous verrez en train de relire les pages en sens inverse ! Ah ah ah !  Une scène érotique, sublime irréelle referme la boucle, l'auteur la réécrit plusieurs fois pour le plaisir. Celui du style, offrir  au lecteur la possibilité d'observer de plus près le pouvoir de la phrase sur les images et les émotions. 

Je crois que la réussite de ce livre tient beaucoup à la façon dont l'auteur apparait et disparait derrière les histoires et les personnages. Une sorte de face A qui surgit parfois en transparence. C'est cette subtilité, et les ombres dans lesquelles l'auteur mêle sa propre voix aux autres qui fait lien, et corps. 

J'ai été touchée par cette tendresse de l'auteur pour les détails qui tachent, pour leur puissance à nous dire nos façons d'être devenus un peu tous des humains B pour qui « la mort  .. (est)…incontournable comme une compilation NRJ des hits de l'été 2012. » 

Pour moi, le talent de Frédéric Ciriez réside autant dans la composition, l'humour, le style. Sur la scène des seconds rôles, l'auteur prend beaucoup de plaisir (et nous le fait partager) à mettre les hommes des camions poubelles sous la même lumière que les professionnels de l'art avec cette autodérision du narrateur : « Nous oeuvrons quotidiennement au tri sélectif des déchets, eux dans l'ordure ménagère, moi dans la critique d'art.» Je suis cueillie.
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Comme tout recueil de nouvelles qui se respecte, « Récits B » est inégal et au global plutot moyen avec comme cadres principaux la Bretagne natale (passionnément), Paris (beaucoup) et Alger (un peu).

Le style unique et assez inclassable de Ciriez est bien présent, avec ce mélange de précision, d'excentricité, de poésie et d'humour.

Parfois cela fonctionne, même lorsque comme moi on déteste l'ambiance du football et de ses supporters éméchés, parfois on ne parvient pas à suivre l'auteur dans ses délires tortueux.

« 30 avril dans le 22 » est sans nul doute la nouvelle disposant du plus de potentiel avec ses histoires de revenants, mais sa chute en amoindrit pourtant l'impact.

Un recueil décalé qui ne touche donc pas sa cible à tous les coups.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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J'ai adoré ce livre ! Une douzaine de nouvelles, variées, qui m'ont fait voyager entre le Xème arrondissement, Paimpol et Alger, territoires arpentés par l'auteur. Mes coups de coeur : une soirée polyphonique dans les fumigènes du Stade de France, une nuit de la Walpurgis dans un lieu oublié du fond de la Bretagne, une soirée poétique en haut de la porte Saint Denis, et Paris qui bat la mesure ... A fond dans son époque, Ciriez a vraiment un regard acéré, critique mais empathique, sur les gens qu'il croise. Et puis, il y a vraiment une langue, un truc littéraire ... C'est un livre rock, inspiré, dans son époque, pas chichiteux. Je recommande.
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Lire « récits B » c'est s'embarquer dans un Space Mountain littéraire, cela serait un peu comme renoncer aux conventionnelles céréales granola bio du matin à la faveur d'un petit déjeuner plus baroque et barré, tel qu'un space cake fictionnel servi dans de la porcelaine de Sèvres. Je vous l'écris comme je le pense, dans « récits B », il y a Baroque et Barré.
💨
On y croise un typographe fou, on boit une bière au bar le Phalanstère (clin d'oeil à Charles Fourier), on apprend (surtout moi) ce que sont des thomassons, on visite les cabanons de la plage du Valais, une spécificité de Saint-Brieuc, on se promène dans les bois avec Robert Smith. On sabre le champagne sur le toit de la porte Saint-Denis, on est triste pour Damien, écrivain sans oeuvre. Car les personnages de récits B ne sont ni des héros (qui seraient A), ni des anti-héros (des -A mais encore des héros). Ils sont des non héros, personnages de « récits B ». Comme une sorte d'antidote au narcissisme et à l'égotisme. le « complet escalope » plutôt que le « baromètre accroché au mur près du piano ».
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Quelque chose me touche dans la plupart de ces personnages, quelque chose me parle dans ce cocktail littéraire très stylé. Quelque chose fonctionne avec moi dans l'écriture de Frédéric Ciriez. Qui pointe quelque part, mais où ? Sans que je comprenne très bien quel virage il conviendrait de prendre, je lis et j'aime, j'aime et je lis. Et qu'importe de ne pas savoir où. Je chante « A Forest » de The Cure et je perds un peu pied littérairement parlant. Car dans « récits B », ça tourne, ça tourne, rond-point, alcool, virage sisyphéen, and again and again and again and again.
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À lire pour découvrir ou retrouver l'esthétique de Frédéric Ciriez en treize récits !
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Lien : https://louise-adele.com/202..
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critiques presse (4)
Liberation
09 septembre 2021
On a adoré l’épiphanie théâtrale de Frantz Fanon et sa dactylo ébahie («L’Eglise des dunes»), et la poétique répétition du «Virage éternel», revisitation brûlante de la Dame blanche. Plutôt des faces A.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
26 avril 2021
Un nouveau recueil de nouvelles, rugueux, mais toujours un brin loufoque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
OuestFrance
19 avril 2021
L’auteur de Paimpol (Côtes-d’Armor), Frédéric Ciriez, publie treize nouvelles qui embarquent le lecteur de son port d’attache jusqu’aux rives de la Méditerranée.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeFigaro
15 avril 2021
Dans son recueil de nouvelles, l’écrivain, avec une bonne dose d’humour et de poésie brute, nous dit tout le mal qu’il pense de notre époque.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On ne voit plus les buts, seulement un feu qui croit. Puis c'est au tour des fumigènes clandestins d'être empoignés : la brune, la blonde et la rousse tendent les feux à main le plus loin possible devant elles, vers les deux équipes alignées sur la pelouse face aux tribunes latérales en liesse, allument la mèche en riant, et les kamikazes sans cause se consument peu à peu dans un brasier écarlate.
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Je hais cette prudence de couvre-feu universel instituée par l’avénement du rond-point comme forme idéale de distribution routière à "létalité atténuée".
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...le souple mouvement circulaire qu’ils imposent le volant… le moment de secrète confusion du choix, quand on ne sait si on a vraiment envie de prendre une sortie ou ne jamais quitter le réseau.
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Vidéo de Frédéric Ciriez
FRÉDÉRIC CIRIEZ – RÉCITS B Rencontre animée par Alain Nicolas
Paimpol, Paris, Alger … La dérive de deux anciens amis se retrouvant sur une voie ferrée ; l'arrivée de supportrices au charme explosif décidées à illuminer le Stade de France ; la bande-annonce d'un film fantastique sur fond de black metal algérois ; un apéritif au champagne sur le toit de la porte Saint-Denis ; le surgissement théâtral de Frantz Fanon ; l'éternel retour d'une auto-stoppeuse dans un virage, la nuit, jusqu'aux appels téléphoniques intempestifs parasitant l'auteur en train de concevoir ce recueil résolument beau et bizarre.
Treize nouvelles à découvrir comme autant de récits B où Frédéric Ciriez multiplie les pistes de son imaginaire : la fantaisie, l'humour et le mélo, aux accents noirs et parfois érotiques. Treize ans après Des néons sous la mer, il invente une forme saisissante et circulaire qui nous plonge dans les confins oniriques de la réalité.

À lire – Frédéric Ciriez, Récits B, coll. « Verticales », Gallimard, 2021.
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