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4,05

sur 1916 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Et bien dites donc , il y a des testaments bien agréable à découvrir, si vous en doutez, prenez celui de Jonathan Coe. le natif de Birmingham nous donne une nouvelle fois une sacrée leçon de littérature. Une vieille dame Miss Winshaw contacte Michael Owen pour mettre sur papier l'histoire de sa famille. Et c'est pas du joli. Oh que non !!! C'est parti pour 672 pages de plaisir. Tout ce que j'aime chez Coe et en général chez les auteurs anglais y est réunit, un jeu des familles, ou de quilles au choix, ou chaque membre rivalise pour être plus pourri que son voisin. le talent narratif de Coe fait merveille, épaisseur des personnages, intrigues et rebondissements savamment dosées, final génial, cette satire des années Thatcher est jouissif au possible, les pages défilent avec une facilité déconcertante. Thatcher la dame de fer, Coe un auteur en or. Prix Fémina 1995.
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Bienvenue au royaume d'Angleterre. Madame Thatcher gouverne le pays d'une main de fer. Souvenez vous des années quatre vingt quatre vingt dix, c'était hier.
Quand à la famille Winshaw ce ne sont pas les scrupules qui les étouffent, ils sont partout, la politique, l'économie….
Gare à celles et ceux qui se trouvent sur leurs chemins.
Michael Owen, écrivain en mal d'inspiration, personnage peu loquace, bourré de complexe se voit confier par Tabitha Winshaw la doyenne d'écrire une chronique sur sa famille.
Jonathan Coe nous raconte dans son roman "Testament à l'anglaise" un pan de l'histoire britannique.
Quel talent !!! ce roman est un puzzle, chaque pièce est à sa place, comme les personnages, les situations, tous s'imbriquent et nous lecteur nous suivons Michael dans ce labyrinthe, ce nid de serpent, pour finir par un Cluedo grandeur nature.
Jonathan Coe a un style caustique acerbe, pas tendre avec " l'establishment".
Pour mon premier roman de cet auteur j'ai été gâté, écrivain à suivre…..
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Dans ce roman jubilatoire Jonathan Coe vous propose entre deux « cups of tea » « a cup of poison ». Ce poison là est distillé tout le long du récit par les abjects membres d'une illustre famille d'aristocrates : les Winshaw sur lesquels Michael Owen un écrivain méconnu sera chargé d'enquêter afin de rédiger une biographie. Michael est une sorte d'anti-héros dépressif et solitaire, obsédé depuis l'enfance par un film étrange. C'est Tabitha Winshaw la vieille tante démente qui le charge d'écrire sur son « épouvantable famille » car elle est persuadée que le décès de son frère Godfrey, pilote de guerre abattu en vol par l'armée allemande, est l'oeuvre de son frère aîné Lawrence qu'elle exècre et soupçonne de trahison. J.Coe porte à travers eux un regard acerbe sur l'establishment et sur la société britannique Tatchérienne. Mêlant satire socio-politique et roman policier le récit alterne habilement entre des chapitres consacrés à chacun des membres de la famille et le récit plus intimiste du loser Michael Owen. Il nous emmène dans leur sombre manoir familial au coeur de la lande brumeuse rencontrer cette dynastie d'arrivistes à l'arbre généalogique gangrené par la cupidité et dont le blason pourrait être un rapace. Il faut dire que ses membres repèrent l'odeur de l'argent à des kilomètres à la ronde et en bons opportunistes tournent sournoisement avant de fondre sans pitié sur leurs proies. On y croise un galeriste manipulateur, un politicien véreux, un banquier corrompu, une journaliste sans scrupules, un trafiquant d'armes, une cheffe d'entreprise d'élevage intensif menant son petit monde à la cravache, un agent double…Une lignée bien ancrée dans la vie économique, médiatique et politique du pays, une lignée bien pourrie. On les suit des années 40 au début des années 90. Hypocrites, menteurs, hautains, sans foi ni loi, les traits sont outranciers et permettent ainsi à l'auteur de flirter volontairement avec la caricature. S'ajoutent à ce cocktail acide des situations rocambolesques à souhait et cet humour décalé « so british ». C'est un roman foisonnant et labyrinthique qui mélange adroitement les styles narratifs et utilise magistralement la mise en abyme.Une place de choix est faite aussi aux personnages secondaires comme le vieux détective Findlay, formé aux méthodes de Sherlock Holmes et d'Hercule Poirot qui connaît les Winshaw et vient prêter main forte à Michael où encore à la femme qui le sortira de sa torpeur.
J'ai particulièrement aimé la dernière partie, impossible à lâcher, alors que le testament va être lu et qu'ils sont tous réunis dans le vieux manoir une nuit d'orage dans une atmosphère rappelant celle de « dix petits nègres » d'Agatha Cristie où se jouera une grande partie de Cluedo (jeu que le narrateur affectionne). La nuit sera riche en frayeur, meurtres sordides et rebondissements jusqu'aux révélations finales et la dernière scène aussi délirante que prenante est totalement jouissive. What do you expect to read it? Go for it!
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Prix du Meilleur Livre Étranger 1996, ce livre est un petit bijou. C'est le deuxième livre que je lis de Jonathan Coe, le premier étant "Billy Wilder et moi" que je vous recommande également.
"Testament à l'anglaise" est un roman tellement fou que je ne sais comment vous le résumer. Il fait partie de ces livres où les récits se mêlent les uns aux autres sans que cela paraissent brouillons ; Bien au contraire, tout s'imbriquent avec l'exactitude d'une horloge suisse.
Notre héros, Michael Owen, est un écrivain au tempérament dépressif et agoraphobe. Après avoir écrit deux livres, l'inspiration n'y est plu et il reste enfermé chez lui à visionner toujours le même film qu'il avait vu la première fois à l'âge de neuf ans mais n'avait pas vu la fin. le genre de film qui l'obsède.
Un jour il reçoit de son éditeur une commande pour écrire une chronique sur la famille Winshaw. C'est une illustre famille, une dynastie je devrais dire, qui est célèbre dans les domaines de la vie publique en Angleterre dans les années 80. Elle brille par ses coups bas, ses profits sans vergogne et ses ambitions dévorantes.
C'est l'aînée de cette famille, Tabitha Winshaw, qui fait cette commande et qui soupçonne que ces tragédies familiales ont été déguisées en meurtres.
Chaque chapitre est consacré à un membre de la famille Winshaw et un arbre généalogique y est imprimé pour mieux s'y retrouver.
A la fois un roman historique pendant les années Thatcher et pendant le conflit irakien de Saddam Hussein mais aussi à la fois roman policier. le dernier chapitre est délicieux et fait penser aux romans d'Agatha Christie. Les scènes se passent dans un immense château en pleine nuit avec l'orage qui gronde...Voilà pour l'ambiance de la fin de ce roman.
Une bien belle découverte que je vous recommande.
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Quelle famille ! Boursouflés de leur propre importance, richissimes mais insatiables, égotistes à la limite de la psychopathie, les Winshaw ont leurs entrées partout et ne reculent devant rien. Alors quand tous se retrouvent sous un même toit, on ne répond de rien…

Difficile de résister à la plume féroce de Jonathan Coe qui s'en donne ici à coeur joie ! La construction de ses romans est toujours particulièrement soignée, elle est ici magistrale.

Nous avons d'un côté une illustre dynastie britannique, de l'autre un narrateur qui nous met d'emblée en garde : la chronique familiale que nous tenons entre nos mains n'est pas racontée par un quelconque narrateur omniscient, mais a été commandée à Michael Owen par l'une des membres de la famille (sans doute pas la plus fiable). Ce jeune écrivain, lui-même un curieux personnage accro au magnétoscope, confesse sa difficulté de conserver le ton de l'historien officiel face à tant de vilenie…

Michael entremêle des scènes de son quotidien d'auteur dépressif et désargenté et des portraits au vitriol des Winshaw, révélant les malversations qui leur permettent d'étendre leur influence. L'ensemble compose une explosive fresque des dérives du capitalisme après-guerre. Coe met le doigt sur la lisière entre avidité et folie, souligne l'impasse dans laquelle la concentration des richesses dans les mains de quelques personnes conduit nos sociétés : intimidation des médias, fonds spéculatifs, commerce illégal d'armes avec l'Irak, élevage industriel, démantèlement des services publics, et autant de morts à la clé.

Mais n'allez pas croire que cette lecture est déprimante ! Ce serait sous-estimer l'humour désopilant de Coe et la jubilation coupable ressentie à le voir pulvériser un à un ses personnages dans un mémorable jeu de massacre littéraire.

En toile de fond pour placer tout cela sous tension, une ancienne intrigue criminelle à laquelle la commande d'une chronique familiale à Michael n'est sans doute pas étrangère. J'ai adoré voir le roman basculer dans un jeu de Cluedo digne d'Agatha Christie mais auquel Quentin Tarantino serait venu injecter une dose supplémentaire d'hémoglobine…

Un puzzle romanesque qui fait frissonner, rire et réfléchir : masterpiece !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Un vieux château lugubre perdu dans la campagne, digne de ces vieux manoirs hantés par des vampires ou des spectres, qui part en décrépitude, où l'on entendant grincer les meubles et les portes, où se réunissent les différents membres d'une famille qui se détestent cordialement mais se font des grands salamalecs, où l'on s'attend à tout moment à recevoir une vieille armure sur la tête, autrement dit « Winshaw Towers ».

Jonathan Coe nous invite à faire la connaissance de tout se beau monde, lors d'un prologue savoureux, où est décrit le premier drame : en 1942, l'avion du deuxième fils, pilote de guerre, est abattu par les Nazis alors qu'il effectue une mission et Tabitha sa soeur, sous le choc, devient extrêmement violente vis-à-vis de l'aîné de la fratrie : Lawrence et se retrouve enfermée en clinique psychiatrique jusqu'à la fin de ses jours.

Quelques années plus tard, on lui accorde une permission de sortie, à l'occasion de l'anniversaire du plus jeune frère Mortimer, et elle affirme que leur frère aîné est responsable : ce ne serait donc pas un accident mais un assassinat. Étrangement, un cambriolage a lieu durant la nuit et Lawrence abat le cambrioleur. Illico, Tabitha est renvoyée en psychiatrie.

Durant ce même prologue on fait la connaissance de Michael Owen, passionné par Youri Gagarine et hanté par un film qu'il a vu au cinéma… C'est à lui que Tabitha va s'adresser pour écrire « la saga des Winshaw »

Ce livre dresse, à travers tous ces membres de la famille Winshaw, un portrait au vitriol de la société de l'Establishment sous le règne de Mrs Thatcher : on a tout ce qui se fait de mieux dans le sordide et l'opportunisme avec , Hilary fille de Mortimer, qui réussit à se faire embaucher dans un journal via ses relations, et qui va régner sur la presse puis la télévision avec des chroniques tapageuses, méchantes écrasant tout le monde sur son passage pour abreuver le monde à coups de désinformations : une journaliste vraiment pourrie.

Bien-sûr, Jonathan Coe nous parle de son héros, Michael Owen, journaliste écrivain en panne d'inspiration qui ne quitte plus sa chambre, où règne un désordre immense, obsédé par un film qu'il a vu enfant et qu'il se repasse en boucle en se masturbant (physiquement et intellectuellement) et qui va tenter de comprendre s'il y a vraiment eu des meurtres dans cette famille ou si Tabitha délire. Il n'a évidemment pas été choisi au hasard pour écrire ce livre (grassement payé) sur la famille Winshaw…

Une satire au vitriol de cette société des années quatre-vingt, une famille pourrie que j'ai adoré détester tant les portraits sont caricaturaux (à part Dorothy qui est immonde avec son massacre de l'agriculture, ruinant les paysans qui pouvaient résister et surtout la maltraitance animale, cause pour laquelle je suis intransigeante), bref, une famille qui représente tout ce que je déteste.

J'ai beaucoup aimé ce roman, un pavé de 682 pages, que j'ai dévoré car c''est un véritable page-turner, et Jonathan Coe sait très bien jouer avec le lecteur, alternant les descriptions des personnages, l'étude de toutes les magouilles politiques de l'époque dont je me souviens parfaitement car je n'étais pas un fan de Mrs Maggie, avec une écriture vive, un rythme enlevé : on ne s'ennuie pas une seconde et on n'a pas du tout envie que le roman se termine, et une fin superbe.

L'auteur nous propose un arbre généalogique au début du livre qui est fort utile pour s'y retrouver dans la dynastie et des coupures de presse intéressantes viennent émailler le récit.

Coup de coeur donc…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je pourrais faire comme Jonathan Coe : établir des listes de tous les qualificatifs qu'on pourrait donner à ce livre génial.
Génial autant par son contenu que par sa forme originale qui, tel un puzzle, nous permet de parcourir la vie de Michaël Owen, les turpitudes de la famille Winshaw, les remous d'une époque, tatchérisme compris.
Raconter l'histoire devient d'une banalité extrême lorsqu'on sait à quel point le moindre détail (une couleur, une rencontre,etc...) a son importance dans le chassé-croisé incessant entre tous les protagonistes du livre.
La construction particulière proche d'un scénario où se déroulent le temps présent, les flash-back, les univers de chacun, font progresser notre compréhension et notre envie de savoir.
Nous sommes en présence d'une saga, d'un livre politique, d'une enquête policière et de référents anglais bien connus. La dernière partie du livre est éloquente : l'esprit d'Agatha Christie rôde toujours dans une lande qui nous rappelle Emily Bronté.
L' humour impertinent et subtil ne manque pas. Certains traits peuvent sembler grossis mais ne soyons pas naïfs, c'est le concentré qui le laisse paraître...
La réalité est là, étalée dans sa nudité devant nos yeux. Prendre plaisir à lire de tels « exploits » pourrait nous laisser un sentiment de culpabilité. Que non ! telle est la laideur humaine qu'il nous arrive de côtoyer ou d'en soupçonner l'existence. La manipulation dont nos sociétés sont envahies est montrée et démontrée, à nous d'être vigilants...
Des moments d'anthologie « noire » : la séance du métro, le chapitre consacré à Dorothy, celui où apparaît l'ombre atroce de Saddam Hussein, le peu d'importance d'une vie humaine en regard des « machines » et de l'argent, le système des soins de santé, les « magouilles » politiques, d'autres encore où est éparpillée toute la créativité maléfique des uns et des autres, nous claquent au visage.
De beaux moments de dignité humaine, de respect viennent contrebalancer ceux qui font mal. L'amitié et l'amour sont des denrées rares qui prennent une dimension presque sacrée en regard de la réalité.
Ce roman n'est pas un livre pessimiste, il secoue parce qu'il ne faut pas ignorer mais il renforce puisque justice est faite.
Ce livre a mis du temps pour se frayer un chemin jusqu'à moi, il restera dans mon Panthéon et je vais me précipiter pour découvrir d'autres écrits de cet auteur.

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Peut-on tomber amoureuse d'une livre ? Peut-on en avoir au moins eu l'impression ?
On m'avait prévenue, Coe est l'auteur anglais à lire. Je me suis donc procuré le livre, l'ai rangé, et l'ai oublié. Cette semaine, je l'ai enfin lu.
Dans un premier temps, je n'ai pas vraiment accrochée. Je ne comprenais pas vraiment ce que venais faire un petit garçon de 9 ans dans cette histoire de famille. Famille, dont tous les membres sont plus détestables les uns que les autres. Rendant la lecture de certains passages bien décourageant. Pour exemple, le politicien a bien faillit me faire reposer le livre, en effet, en cette période enneigée, ceux qui remplissaient mon écran de télé me suffisaient amplement.
Et puis décidément, le lien ne se faisait toujours pas.
Néanmoins, tout vient à point à qui sait attendre, le puzzle à commencé à se faire apercevoir. Non, non, je ne me trompe pas dans le terme, c'est bien apercevoir, étant très loin de deviner quoi que ce soit.
Et, ce n'est pas la première partie qui vous donnera la réponse. Il faut encore attendre, Coe se décidant enfin à retirer le voile sur toute cette histoire devenue au fil du temps de plus en plus brumeuse. Mais pour quel final, mes aïeux. J'en fus toute retournée.
Vous l'aurez donc compris, malgré une critique somme toute un peu brouillonne je ne l'ai pas simplement adorée, j'en suis tombée raide dingue.
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Ken Loach résume les onze années de pouvoir de la Dame de fer en quelques mots : "Margaret Thatcher fut le Premier ministre le plus diviseur et destructeur des temps modernes, chômage de masse, fermeture d'usines, des communautés détruites, voilà son héritage." Jonathan Coe part du même constat et traite le délabrement de la société britannique à travers le portrait d'une famille, les Winshaw, dont les membres se singularisent par leur rapacité. Ils vont tous dévorer des pans de la société pour satisfaire leur voracité. C'est le règne de logique financière, du court terme, de la cupidité et du cynisme. Tout y passe. Une Winshaw à la ferme? Elle se lance dans le productivisme agricole, élève et abat les animaux avec cruauté et offre en bout de chaîne des produits saturés d'additifs. Un Winshaw entre en politique? L'ambition l'emporte sur les convictions, tout n'est plus que discours creux et conflits d'intérêt. L'art? L'oeuvre n'est plus jugée sur sa beauté mais sur sa valeur marchande, celle-ci pouvant être créée artificiellement. La télévision? Les émissions culturelles sont sacrifiées pour des programmes tout public. L'édition et le journalisme suivent la même décrépitude culturelle.

Jonathan Coe parvient à traiter tous ces thèmes dans un roman d'une construction magistrale. Oui, magistrale, l'adjectif est mérité. L'auteur joue avec plusieurs formes de narration avec par exemple un protagoniste aux multiples statuts : narrateur puis auteur (certains chapitres sont tirés de son manuscrit) ou personnage manipulé par un narrateur extérieur. Le roman se réfère à une comédie horrifique britannique des années soixante "What a Carve Up !" à laquelle il emprunte son titre (en v.o.) et certaines scènes. J'ai été impressionné par cette confusion permanente entre récit social, fiction, cinéma, jeu de société, rêve et folie. Les récits parallèles s'enchevêtrent et se répondent entre eux, le destin de Michael se confondant par exemple avec celui du héros de son enfance et le scenario de son film culte. L'auteur se réfère à Orphée de Jean Cocteau grâce auquel il aborde des thèmes qui lui sont chers : le miroir et le rêve qui permettent de passer monde d'un à l'autre. Dit comme ça, le roman peut sembler complexe, mais non, le roman est d'une grande fluidité.

Jonathan Coe associe avec une habilité magistrale critique sociale et fantaisie romanesque. Un sacré tour de force !
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Un roman qui propose trois niveaux de lecture avec la complexité joyeuse et féroce de Jonathan Coe.
Le niveau économique et social, avec ses réquisitoires sans appels sur le dévoiement de l'agriculture qui devient agro business au détriment de la santé des consommateurs, à coup de marketing mensonger :
"Les oeufs Express (slogan : À gober par ceux qui ne gobent pas n'importe quoi"), le porc du Traiteur : ("Le porc sans torts"). Les légumes du jardin ("Des légumes qui ne vous carottent pas"), Les Poulets Plumés ("Si on les plume ce n'est pas pour vous plumer")
"Mais ce serait absurde. Il n'est pas question d'interdire quelque chose qui peut t'aider à rester compétitive. (...) et puis des tests sur des rats ne prouvent rien du tout."
"Dorothy n'avait jamais eu la moindre intention de consommer les produits qu'elle était trop heureuse d'imposer à un public résigné."
L'hôpital dont on mesure avec la crise sanitaire actuelle le prix qu'il a payé au sacro saint démon de la rentabilité, " (...) il est inutile de chercher des boucs émissaires. Il a dû rester de garde pendant vingt-six heures d'affilée. Et au fond, on a fait tout ce qu'on a pu pour vous trouver un lit.(...) Je ne parle pas de négligence. Je parle de gens qui essaient de faire leur travail dans des conditions qui sont devenues impossibles."
la guerre et l'hypocrite condamnation de l'Irak supposé détenir des ADM - en fait il s'agissait tout simplement de renouveler le stock d'armes des puissances industrielles- ; la télévision et les médias devenus les jouets d'investisseurs en mal de reconnaissance intellectuelle et culturelle. à conditions que cela leur serve...
La banque, selon Thomas Owen, "était devenue la plus spirituelle de toutes les professions(...) cinq cents milliards de dollars changeaient de main chaque jour (...) dix pour cent, peut-être moins, concernaient des biens et des services effectifs (...) le reste était tout en commissions, intérêts, honoraires, échanges, options (...) tout les systèmes n'était rien d'autre qu'un château de sable. (...) Mais alors un splendide château..."
Un niveau psychologique avec des personnages qui jouent à merveille les partitions de la rentabilité à tout crin, mais qui pose à nous humbles humains, la question de notre perception de la réalité et des motivations de nos agissements. Nous sommes et avons la clé du problème mais hésitons à l'actionner prisonniers que nous sommes aussi de nos égos.
Un niveau purement littéraire avec un récit à énigmes, un véritable polar, multipliant les rebondissements inattendus et les trouvailles géniales pour créer des liens entre les personnages et l'action.

En résumé, un roman qui a de quoi séduire et subjuguer le lecteur avide...
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