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3,7

sur 577 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman de Colette est souvent décrit comme l'un des plus aboutis de sa carrière, littérairement parlant, mais les avis à son sujet divergent beaucoup. Certains le trouvent trop burlesque, entièrement démodé, le qualifient d'absurdie… D'autres le trouvent d'une cruauté sans nom, d'un bonbon laissant un goût amer mais pas déplaisant… Je suis de ceux qui trouvent que ce roman est une petite merveille. C'est un roman parlant de l'amour, mais ce n'est rien d'aussi niais que le Blé en Herbe. le trope formant l'argument principal de ce livre est on ne peut plus simple : un triangle amoureux dans lequel s'immiscera petit à petit un brouillard de jalousie. La liminarité de cette intrigue profile une étude psychologique forte ne pouvant laisser le goût au reste. Alain et Camille ont un lien particulier, image d'une façon de penser d'un autre temps : la femme est très présente auprès de son compagnon, lui tient compagnie, le porte aux nues, presque ! tandis que lui n'aime sa femme que pour peu d'autres raisons que sa beauté immobile et des Enfers, quelque chose de pur mais de désirable en même temps – vous saurez vous l'imaginer, vous aussi. Cette obsession d'Alain pour la beauté de Camille (qui n'a d'obsessif que la résignation d'aimer uniquement cela chez elle, mais qui est loin d'être la figure sainte dans l'esprit de l'homme) rendra la femme bien malheureuse sans qu'elle ne le sache jamais (son malheur et sa raison). La femme, au sein de son propre foyer, a une rivale : Saha, une chatte. Une chatte de la race des Chartreux. Grise et existante, elle deviendra la raison de vivre d'Alain, aimant trop, comme une Camille, envers l'animal qui n'en a que faire. Une relation fusionnelle entre un animal et son maître qui sera une figure de haine extrême pour Camille qui, délaissée, malheureuse, inécoutée, triste et incapable de remédier à tout cela, succombera aux bassesses humaines pour reprendre sa place au sein de l'espace conjugal. Très honnêtement, cette histoire à de quoi faire rire, je le conçois, mais quelle tragédie ! quel drame que ce microcosme se refermant sur lui-même ! J'ai absolument adoré découvrir la bêtise et l'inhumanité de chaque personnage qui – bien que malgré lui –, prône la veuve et l'orphelin que sont leurs situations respectives. Alain qui défend son droit d'aimer sa chatte mais qui ne fait preuve ni d'entente ni de compassion envers Camille, et elle-même qui ne peut comprendre le lien d'affection que l'homme tient avec son animal, son tout, comme une possessivité extrême. le seul personnage tenant le beau rôle, c'est bien Saha qui, elle, régnant sur son monde avec un dédain et un caractère si mystérieux qui n'entendra d'elle que des miaulements, figure le démon entrant au sein de l'appareil conjugal à la détection d'anomalies humaines.

Un triangle amoureux on ne peut plus spécial : Camille aimant Alain, et lui-même qui aime Saha, sa chatte, plus que tout, Camille compris. D'une histoire de couple, nous atterrissons dans l'explosion d'un microcosme sous le degré d'inhumanité et de manque de communication cruel. D'une simplicité débordante, la psychologie luit dans le noir. C'est d'une maîtrise insupportable. Et drôle de plus. {18}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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Je pense que tout le monde, une fois dans sa vie, s'est déjà senti plus proche d'animaux que de ses semblables.

Cette sorte de misanthropie se retrouve bel et bien dans ce livre, avec le personnage d'Alain, qui apprécie bien plus la compagnie de sa chatte, Saha, à la compagnie superficielle de Camille, sa partenaire.

Grâce à une habilité rare et sa plume si particulière, Colette nous fait pénétrer l'intimité de ce jeune couple, que rien ne semble plus unir.
La tension monte petit à petit, l'atmosphère devient de plus en plus lourde, jusqu'à son point culminant, et nous ne pouvons que rester assis là, impuissant derrière notre livre, à regarder la relation d'Alain et Camille se dégrader à petit feu.

L'aspect très immersif et presque psychologique de ce livre m'a particulièrement plu, et je pense que plus d'un sauront s'identifier aux protagonistes.
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Colette. La Chatte. 1993. J'ai lu. 189 p. 5 étoiles.
Je suis un inconditionnel de Colette. Avant la Chatte, je n'avais lu que des parties de son journal. Ses promenades dans la campagne, …
Après la lecture de ce livre, j'ai directement enchainé avec un autre de ses romans : « le blé en herbe ».
Je confirme. Colette est pour moi l'auteure que je préfère, avec Alexandre Dumas.
L'une m'amène à vivre des émotions incroyables par la poésie et la sensualité de sa langue. le second me fait partager des aventures qui répondent à mon tempérament.
Excellent récit pour commencer à lire Colette. Surtout si vous aimez les chats. Leur intelligence, leur sensualité. Leur amour.
Le récit commence gentiment, dans l'harmonie et se termine en drame. Les 50 dernières pages se lisent sans admettre aucune interruption.
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Un livre court où tout est pesé. Un ménage à trois, femme, mari, maître d'une chatte qui est un peu sa maîtresse. Trois psychologies. Jalousies... Interférences de l'animal dans le couple, Une écriture subtile, naturelle, humaine, le talent de Colette.
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Au fil d'une écriture raffinée et délicieuse, on suit la lente déliquescence du couple Alain-Camille. La chatte Saha, évidemment, est au coeur des relations, de plus en plus compliquées et tendues, entre ces deux jeunes adultes, mal préparés à la vie de couple. Colette a l'art de mettre de l'humain dans la description de cette magnifique chatte et de l'animal dans les réactions des deux humains.
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Alain est un jeune bourgeois qui doit bientôt épouser sa fiancée. Une fois marié, il regrette vite le confort de la maison familiale avec sa compagne de toujours: Saha, sa chatte. Alors que le sentiment amoureux n'est pas au rendez-vous avec sa femme, cette dernière éprouve de plus en plus une violente jalousie envers la chatte...
Peu à peu une tension s'instaure dans le texte et l'on s'inquiète pour Saha. Cette tension et la tendresse d'Alain pour la chatte sont vraiment bien rendues ainsi que tout le comportement de celle-ci qui est très bien décrit. J'ai lu quasiment d'une traite ce roman tellement j'ai été prise par l'histoire, une réussite !
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La langueur délicieuse des jours d'été, l'intimité merveilleuse d'un instant chéri avec son félin, l'indicible confort d'une maison de parents, tous sentiments d'enfants que l'on voudrait faire durer pour la vie.

Alain, en tout cas, serait bien aisé de s'en contenter. Car après tout, pourquoi cesser ? Pourquoi s'installer dans une vie attendue où l'on n'est plus jamais seul, accompagnée d'une acolyte qui ne miaule pas, qui minaude, qui transforme, qui désire et envahit ?

Quel délicieuse friandise intemporelle que Colette nous écrit là. Une fois de plus. Et qui nous donne envie d'aller bronzer sous les platanes de notre enfance, le chat ronronnant sur le ventre, à écouter le bruit des plats qui s'entrechoquent en cuisine.

Ce roman est l'été incarné.
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Elle est belle, bien sûr, cependant il lui trouve le cou un peu trop court, il n'aime pas le parfum qu'elle met et « qui la vieillit », et puis, la première nuit de noces, elle n'a aucune pudeur, on dirait qu'elle aime ça et qu'elle en redemande. Déjà, fiancés, elle mendiait des baisers-sur-la- bouche, pire, elle en tenait la comptabilité.

Il lui en veut du plaisir qu'il lui donne.

Colette le dit avec des mots beaucoup plus fins, mais elle le dit. Camille n'émeut pas Alain, ce qu'elle affirme ne le touche pas, il est révulsé à la vue d'un cheveu noir laissé sur le lavabo, quand elle prétend le connaître, il sait que non, il s'efforce, pourtant, il essaie, il se tempère, évite les éclats et les disputes…
Et puis il y a Saha, la chatte, son amour de chatte, avec qui il communique et dont il comprend tous les Me-rroin. Elle, il l'aime, et son amour est partagé, au point que Saha se laisse mourir quand il part dans un autre appartement avec Camille. Elle reste dans le jardin où elle chasse, petite lionne féroce qui s'oublie à son animalité. Et qui essaie pourtant de se maitriser pour se rapprocher le plus possible de l'humain (comprenons : d' Alain). Elle chasse une mésange, “ Assise, les pattes jointes, son jabot de belle femme tendu » Alain la caresse au moment où elle va maitriser son instinct félin, alors la chatte le mord brusquement « pour dépenser son courroux ».
Mais contre toute attente, cet accès de sauvagerie contribue moins à ravaler Saha au rang d'animal qu'à rapprocher, par le biais de la sexualité, l'homme de la bête. « Il regarda sur sa paume deux petites perles de sang, avec l'émoi coléreux d'un homme que sa femelle a mordu en plein plaisir ».
C'est elle, la femme, depuis le début, et Camille, l'intruse, l'étrangère. Lorsque Camille parle du futur « nid » (essai de se rattraper en animalité ?) Alain et Saha préfèrent fermer les yeux, ensemble. C'est Saha, la pudique, qui essaie de cacher sa propre passion pour Alain, discrète, digne, aimant inconditionnellement, exclusivement, patiente, empressée à ne pas lui déplaire. Il souffre en pensant à la brièveté d'un si grand amour», il lui répète des litanies passionnées « Mon petit ours à grosses joues », « mon pigeon bleu », « démon couleur de perles » ou bien : « mon petit puma, ma chatte des cimes, ma chatte des lilas ».


Entre Camille et Alain, les non dits s'accumulent : il lui préfère son ombre, il la juge, et se repait des critiques qu'il entend sans être vu de la part des domestiques. le parfum ! Entêtant !Et puis l'impudeur ! Rédhibitoire ! Quand on sait combien l'odorat des chats est développé !

L'incompatibilité, à défaut de guerre, est déclarée, seuls des mots échappés et regrettés surnagent du silence. le joli couple, uni par le désir, fondu dans le plaisir, cache des sentiments plus noirs. Elle s'habille de blanc pour susciter le compliment : « ma petite mouche dans du lait », oublieuse du fait que le lait, oui, Saha boit le lait.


Colette partageant elle aussi la complicité avec les chats, sait que les paroles humaines ne sont pas nécessaires lorsqu'une entente supérieure, une transmission de pensée presque divine lie deux êtres. Alain, comme Colette, « parle » chat, il savoure la beauté du silence, aussi.
Elle a écrit « La chatte » en compagnie de la « chatte dernière », irremplaçable et pas remplacée, comme dit Alain à Saha : jamais un autre chat que toi »Camile est trop « normale », presque quelconque, elle ne comprend rien, elle se croit supérieure, elle se rebiffe: sa naïveté aveugle la condamne, sa jeunesse ne l'aide pas. Pire, elle évoque le peu de fortune de son fiancé, matérialisme impardonnable.
On souffre quand on ne comprend pas pourquoi on souffre.

Normal qu'elle soit jalouse, dans ce trio où elle n'occupe pas la bonne place, dans cet appartement triangulaire, comme dans leur triangle amoureux, d'où elle veut déloger la chatte.
« Assis, tous les deux… vous ne m'avez même pas entendue ! Vous étiez comme ça, la joue contre la joue… »
Si lui, en rêvant, pense qu'il ronronne, si Camille le voit sursauter quand elle le touche « nerveux comme un chat » lui dit-elle, la dernière phrase du roman confirme avec génie l'interaction animal-humain, car « Saha, aux aguets, suivait humainement le départ de Camille »et Alain joue comme un chat, « d'une paume adroite et creusée en patte, »avec des marrons d'Inde.
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Quelle sensualité...
Un voyage olfactif où j'ai aimé me laissé porter.
Les personnages principaux sont antipathiques .. tous sauf Saha à bien sûre.
Je garde précieusement ce petit bijou lorsque j'aurais envie, à nouveau, de me plonger toute entière dans un autre siècle.
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Huit clos entre trois êtres. le mari, la femme et la chatte, quel étrange trio...mais dans sa chatte, notre protagoniste y voit aussi son existence bien rangée, bien facile, son existence d'enfant roi qu'il refuse de quitter, jugeant sa femme pour trois fois rien, sans jamais un mot de discussion franche. Il voulait une poupée ou une ombre et se retrouve avec une femme de chair, un être indépendant, et le drame s'amorce, se noue, autour de sa bien-aimée chatte chartreuse, décrite par Colette avec les mots d'une amoureuse des chats.
Épatant et sans une ride!
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