Ok, j'avoue, je n'avais jamais lu Colette.
Ce livre m'a fait de l'oeil dans notre gîte de vacances la semaine dernière.
Une semaine pour lire "
le blé en herbe", et découvrir l'univers de la "femme à
chats".
Un arrêt tout d'abord sur Colette. La vie de cette femme est juste extraordinaire pour son époque. Elle a divorcé, elle a eu plusieurs vies, elle s'est émancipée dans l'écriture en signant de son nom après avoir été le petit nègre de son premier mari.
Moi qui suis de Besançon, j'ai même appris qu'elle y avait passé tous ses étés durant 6 ans, dans une maison au nord de la ville ! Maison qui existe toujours, ouvrant de manière très exceptionnelle au public.
Ensuite, l'écriture.
Magnifique. Poétique. Evoquant avec finesse la nature et son lien avec les émotions et premiers émois de Phil et Vinca.
La mer, le vent, qui se déploient ou se retirent, changeant de couleur, au gré des colères ou amours des deux adolescents. J'ai beaucoup aimé la poésie des phrases.
Pour finir, le "mais", le "truc qui dérange".
Je ne sais pas comment exprimer ce qui m'a dérangée durant cette lecture, je suis sure que je vais me faire reprendre, mais tant pis j'y vais.
Colette a eu une aventure avec son beau fils, le fils de son second mari, lorsqu'elle avait la trentaine bien passée, et lui, 17 ans.
Cette liaison a duré 5 ans.
Bon. Soit. C'était quelque chose de très libre dans la vie de Colette, dans son époque. Quelque chose de revendiqué, et qui s'est déroulé il y a un siècle maintenant, je ne juge pas cela.
Mais pour une auteure se disant féministe, qu'est-ce qu'on en fait de son roman "
le blé en herbe"?
Je suis très loin d'être une experte de Colette et de son oeuvre, bien sur. Mais ce texte n'est pas féministe selon moi... Suis -je passée à côté de quelque chose?
Vinca fait tout pour correspondre à l'image de la fille de bonne famille que l'on attend d'elle : Elle débarasse, s'occupe de sa soeur, du linge, sert le café aux hommes...
Phil passe son temps à se prélasser, à sonder ses états d'âmes. Il va succomber à Mme Dalleray, une trentenaire, lâ où lui n'a "que" 15 ans.
Mme Dalleray, on l'a bien compris, c'est Colette.
Elle apparait un peu subitement dans le roman, tel un fantôme drapé dans ses habits blancs. Peu de description de son physique, contrairement à Phil et Vinca, allègrement dépeints par Colette.
Mme Dalleray va disparaître aussi subitement de la vie de Phil, après lui avoir fait découvrir l'amour charnel.
Colette laisse entendre que dans la vie des jeunes amoureux, de ceux qui connaissent le vrai amour, se dresse toujours au début de la naissance de leurs émois un personnage qui va agir tel un initiateur, leur montrant "techniquement" l'amour charnel, avant de disparaitre pour laisser les 2 amoureux vivre correctement leur amour "vrai".
Ok, c'est discutable aujourd'hui bien sur.
Aujourd'hui, une relation sexuelle avec un mineur est sanctionnée par la loi.
Colette est un auteur, elle n'est pas la pour dicter la moral du monde, ou bien se dresser telle la police des moeurs auprès de ses lecteurs.
Mais quelle image donne-t-elle finalement, elle qui se dit si libérée, lorsque que Vinca se donnera finalement à Phil, malgré le fait que ce dernier lui ait dit explicitement qu'il continuera à aller voir ailleurs, mais que c'est elle Vinca qu'il aime et qu'il reviendra toujours vers elle?
Et puis, accepterait-on pareillement le livre si on inversait les rôles? Si Vinca découvrait l'amour charnel auprès d'un homme adulte du double de son âge, puis revenait vers Phil, en lui disant "c'est bon, maintenant on peut vivre notre histoire à deux, de quoi te plains-tu, tu as de la chance d'être avec moi et de vivre l'amour véritable. Par contre, j'irai de temps en temps voir ailleurs, mais rassure-toi, je reviendrai toujours vers toi !".
Non?
Je n'ai pas de conclusion, je partage juste ici un sentiment, une question, qui m'a accompagnée durant toute ma lecture, et qui m'a mise mal à l'aise.
Si vous avez des réponses ou des commentaires, je suis preneuse!