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sur 629 notes
Relire Colette, c'est se laisser bercer par une prose musicale et poétique, sonore et rythmée. C'est l'assurance de savourer la beauté dont elle pare la langue française, choisissant méticuleusement le mot juste, avec un soin du détail et un sens de l'observation qui n'appartiennent qu'à elle. Car Colette sait à la perfection "avec les mots de tout le monde écrire comme personne". D'une formule colorée, elle fait apparaître "un merle noir, oxydé de vert et de violet, qui "piquetait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée". C'est magique : "Et tu vois comme il se sert de sa patte ? Et tu vois les mouvements de sa tête et cette arrogance ? Et ce tour de bec pour vider le noyau ? Et remarque bien qu'il n'attrape que les plus mûres...". Colette attribue aux mots un pouvoir immense : celui de retrouver les lieux, les sons, les couleurs, les odeurs de son enfance. Sous sa plume, la nature s'anime et les êtres chers malheureusement disparus reprennent vie.

"Sido" est sans doute l'oeuvre de Colette que je préfère. A égalité avec "La Maison de Claudine". Son écriture autobiographique me touche davantage que ses oeuvres de fiction. Dans "Sido", Colette rend avant tout hommage à sa mère, disparue dix-sept ans plus tôt. Elle pose sur Sido le regard émerveillé et plein de tendresse de l'enfant qu'elle était. Dès les premières lignes du récit, Colette ressuscite sa mère par les pouvoirs de la littérature. Elle lui donne d'emblée la parole, restituant avec vivacité son sens de la critique piquante et acérée : "Toi, te voilà comme le pou sur ses pieds de derrière parce que tu as épousé un Parisien", assène cette "vraie provinciale" à sa fille fraîchement mariée, sans jamais chercher ses mots. "Ainsi parlait ma mère". Colette ne se lasse pas de l'écouter, de prêter l'oreille, par-delà les années écoulées, aux leçons maternelles qui la guident encore chaque jour.

Elle décrit une mère rayonnante, lumineuse, remuante, souveraine, contrôlant d'un regard toute la maisonnée - enfants, plantes, mari, animaux et objets - d'une main de fée. "D'un geste, d'un regard, elle reprenait tout", tutorant un rameau de géranium partiellement sectionné tout en appelant la chatte, sans oublier de vérifier par la même occasion que la petite dernière ait bien coiffée sa chevelure en une longue tresse. de sa mère, Colette donne à voir, par petites touches impressionnistes, "son voltigeant regard", "son visage couleur de pomme d'automne", "sa petite main de ménagère, gracieuse et ridée", recomposant de mémoire un beau portrait maternel, avec une touchante application : "Je la chante, de mon mieux".

"Sido" n'est pas un récit autobiographique obéissant à une organisation chronologique traditionnelle. L'ouvrage comporte trois parties, centrées tour à tour sur les différents membres de la famille : Sido d'abord, puis son père, "Le Capitaine" et enfin "Les sauvages", ses frères et soeur. Colette esquisse leur portrait à travers quelques anecdotes minutieusement choisies. C'est seulement en creux que se dessine son propre portrait, celui d'une enfant âgée de huit à treize ans tout autant que celui de la femme qu'elle est devenue, et que Colette s'efforce de mieux comprendre : "J'épèle, en moi, ce qui est l'apport de mon père, ce qui est la part maternelle". le chemin vers la connaissance de soi passe par le lien avec l'enfance, fondatrice et regrettée.

Dans cette quête de soi, la figure maternelle occupe une place centrale. Sido est l'initiatrice qui transmet à sa fille son amour de la nature : leçons de botanique et de météorologie se succèdent. Attentive aux leçons maternelles, Colette apprend à écouter et à regarder. Cet apprentissage a certainement influé sur son écriture, puissamment sensorielle. Enfant sauvage élevée au contact des bois et des champs, Colette demandait à être réveillée à trois heures et demie du matin pour aller, seule, se promener "vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues". Eternelle gourmande, l'écrivaine Colette se nourrit de ces souvenirs, s'en abreuve jusqu'à satiété. Elle revit avec nostalgie ses promenades à l'aube, lorsque "tout dormait dans un bleu originel, humide et confus" et laisse à nouveau le brouillard atteindre "ses lèvres, ses oreilles et ses narines plus sensibles que tout le reste de son corps". C'est ce que j'aime tant chez Colette : sa capacité à nous donner à voir, sentir, goûter la vie.
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Le livre qui m'a permis d'avoir 20 à mon bac de français l'année dernière ! :') Et pourtant... Je ne peux pas dire que je l'ai aimé.

On ne peut nier la dimension autobiographique intéressante, la démarche de Colette très significative (je pense pouvoir dire que je la connais bien puisque j'ai disserté 4h sur sa vie et son idée de la représentation du réel et du fantastique), et son style d'écriture révolutionnaire. Mais, il faut le dire, je me suis demandé à de nombreuses reprises qui avait bien pu avoir l'idée d'introduire Sido suivi de Les Vrilles de la Vigne dans le programme de français de première. Non pas que la lecture soit fastidieuse -le recueil est plutôt court, les chapitres également, et le style franchement abordable-, ce qui m'a gênée est plutôt l'intrigue en soi. Soyons honnêtes, ce n'est pas un livre qui m'a fait veiller jusque tard la nuit par impatience de connaitre la suite! Et sans une étude approfondie de la démarche de Colette en tant qu'écrivaine et en tant que fille, sans avoir compris les hommages respectifs qu'elle fait à travers cette oeuvre, j'avoue que le lecteur non averti peut légitimement s'ennuyer.
En bref, oui, si vous êtes un fan de Colette, que vous passez votre bac l'année prochaine, ou encore que vous cherchez à en apprendre plus sur les premières écrivaines françaises, lisez ce livre. Mais surtout, instruisez vous sur le sens derrière le roman, lisez des oeuvres annexes d'analyse, quitte à ne vous contenter que d'extraits de celle de Colette (Pardon à elle!).

PS: Oui, cette critique est certainement biaisée par les longues heures d'analyses linéraires et d'étude de procédés stylistiques qui m'ont tant occupée l'année dernière, néanmoins vous pourrez admettre que je me suis montrée partiale et ait autorisé à Colette une véritable chance de me surprendre, d'une part en lisant en entier son oeuvre, d'autre part en analysant de fond en comble sa pensée! ;) Mais je suis ouverte à la discussion.
PPS: Pour les futurs lauréats, si vous avez une question n'hésitez pas.
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Je suis un peu passée à côté de Sido, j'ai préféré certains textes du recueil Les Vrilles de la Vigne où j'ai davantage retrouvé l'écriture sensuelle de Colette. Pas un de mes livres préférés de l'autrice, donc.

Sido

Dans ce texte, Colette évoque son enfance, ses frères et soeurs, surtout sa mère « Sido ».

J'ai trouvé beaucoup de distance envers sa famille. Elle avoue ne pas avoir été proche ni de son père (pourtant personnage intéressant) ni de sa soeur aînée, très mystérieuse, et dont on devine les difficultés de vivre. Son amour pour sa mère est celui de son enfance, elle semble s'être détachée depuis. Quant à ses frères, pas d'affection démesurée non plus, ils étaient là, ils le sont toujours et c'est tout.

Les Vrilles de la Vigne

Il s'agit de vingt textes écrits entre 1905 et 1908. J'ai été davantage touchée par certaines nouvelles que par d'autres (La dame qui chante, Belles-de-jour, le miroir, le Nouvel An).

Lien : https://dequoilire.com/sido-..
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Plus qu'une écrivaine, Colette est une véritable compagnie. Son ton et son style sont délicats, parfois espiègles, un brin mélancoliques, souvent souriants ; ses thèmes : le temps qui passe, la mémoire, les parfums, la nature, la liberté, mais aussi les animaux qui parlent, l'enfance, la famille, la fête (Colette artiste de Music-hall raconte les coulisses des Champs-Elysées - voir Les Vrilles de la vigne), le vin, l'amitié (celle avec Jean Marais et Cocteau notamment), les célébrités d'actrices, que sais-je encore... Colette se fait bazar ! Ses lieux : la campagne (on pense aux alentours de Saint-Sauveur-en-Puisaye en Bourgogne où elle est née, du nom de son père, le fameux "capitaine" dans Sido), la Provence, les Sables-d'Olonne en Vendée, Paris bien-sûr!, mais aussi sa chambre de vieillesse, haut lieu de l'écriture colettienne (voir "Le Fanal bleu") ... Colette se fait balade !
Une pensée qui nous vient droit de l'époque d'avant et d'après-guerres, savoureuse, attachante , sensuelle, nostalgique, sentimentale, cocasse, revendicative s'il faut... En un mot : Colette réinvente ce qu'il y a de plus difficile à traduire sur du papier : le banal ...
À (re)découvrir ! 🙂
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❤️ 📜𝕸𝖔𝖓 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖎📜 ❤️


Dans ce recueil de nouvelles qui commence par Sido qui relate un amour magnifique pour sa mère , il continue par d'autres nouvelles
qui traduisent tous les divers ressentiments qu'a Colette sur sa vie .
La première "le rossignol" incarne un oiseau pris dans les vrilles d'une vigne qui l'entravent
dans sa reprise de liberté ,qu'il acquiert après maints et maints efforts .
C'est une allégorie pour Colette qui recherche sa liberté de femme artiste que son mari harcèle moralement
après maints efforts elle y arrive .
Les autres nouvelles sont sur les animaux qu'elle aime .
En fait elle retrace sa vie en rapport à ces animaux choisissant dans chaqu'un d'eux les émotions qu"elle éprouve .
Colette magnificie avec une poésie subtile la nature sous toutes ses formes
l'amour aussi dans cette vie humaine qui change à tout bout de champs .
Il y a de la tendresse dans ses écrits , de l'amour ,de l'ironie,le la musique , du théatre,du music-hall
Tout m'a porté dans un plaisir unique ,de sa ferveur jusqu'a l'acceptation des contraintes sentimentales .
je vous cite : ""Est-ce que je ne vaut pas plus que cet amour qui passe par le mariage et qui, finalement,
est un asservissement ? Vous pouvez être pleinement une femme, pleinement libre en l'absence d'un homme"
toutes ces nouvelles sont belles à lire !
Mesdames restez libres , ne vous assujetissez a qui que se soit vivez pleinement votre liberté .
je m"exprime mal ,peut être, mais Colette m'a fait du bien!!
j'espère qu'il sera de même pour vous. lisez ce recueil superbe.
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Lecture en format audio

Une écriture jolie à écouter et tout en finesse mais un livre qui n'a pas su capter mon attention.

Il fallait que je lise un livre de Colette dans ma vie au vue de sa réputation mais il semblerait que ce ne soit pas des livres pour moi. J'aime les rythmes lents et contemplatifs mais celui-ci l'était trop. Je l'ai trouvé vide. Il n'y avait rien de concret. Ce n'était qu'un instant de vie retranscrit par une petite fille. Je n'ai ressenti ni profondeur ni émotion et cela m'a terriblement manqué. J'aurais aimé plus, j'aurais voulu plus. Je m'attendais peut-être à trop et j'ai été déçue.

L'avantage néanmoins est qu'il était vraiment très court, j'ai donc pu le finir malgré tout.
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Je connais mal Colette. de l'auteure, jusqu'ici je n'avais lu que « Chéri ». J'avais été séduite par cette lecture à tous les niveaux, par la finesse des portraits psychologiques des personnages, par l'émotion dégagée par le récit de cet amour improbable, par la beauté de l'écriture finement ciselée de l'auteure. Cette nouvelle rencontre avec l'oeuvre de Colette me laisse un sentiment plus mitigé.

Bon sang, que c'est bien écrit ! Colette déploie un style d'une grande richesse, d'une grande beauté. J'ai trouvé particulièrement remarquable l'évocation de la Nature dans « Sido ». Les passages où l'auteure décrit la Nature enchanteresse dans sa simplicité sont d'une délicatesse infinie, vraiment sublimes. Qualité stylistique que l'on retrouve tout au long des nouvelles du recueil « Les vrilles de la vigne ». Tout comme, que ce soit dans l'une ou l'autre des oeuvres réunies ici, « Sido » et « Les vrilles de la vigne », on retrouve tout le talent de Colette pour ciseler des personnages vrais en quelques descriptions bien senties.

Alors pourquoi, malgré ces louanges aux talents littéraires de l'auteure, je dis sortir de ma lecture un peu déçue ? Et bien, il m'a manqué quelque chose qui est essentiel pour moi lors d'une lecture, l'émotion. Les textes ici réunis ne m'ont pas touchée. J'ai admiré la prose de l'auteure sans qu'elle parvienne à procurer la moindre émotion. C'était beau mais froid. Peut-être est-il préférable de mieux connaitre l'auteure pour goûter pleinement ces textes qui ont une grande part autobiographique ? C'est une hypothèse, pas une certitude.

Malgré cette lecture en demi-teinte, qui ne m'a pas touchée, je ne tire pas un trait sur Colette. Je compte bien lire d'autres oeuvres de cette auteure tant son écriture me séduit. Mais je pense que je me dirigerai plutôt vers ses oeuvres moins autobiographiques. Je pense que je suis plus sensible à son écriture lorsqu'elle donne vie à des personnages et à une histoire plutôt que lorsqu'elle sert l'évocation de souvenirs.
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Livre audio

Dans ce court roman, Colette nous parle de sa mère. Une femme de caractère, tant admirée, une reine dans le jardin familial. Un portrait magnifié tant Colette veut garder les souvenirs heureux et atténuer cette brusquerie qu'a Sido envers elle.

On y découvre aussi l'histoire de la fratrie, cette soeur aînée ignorée, ces frères, les "sauvages" dont j'ai apprécié les aventures. Et ce père taiseux qui sait retrouver sa verve quand il le faut.

J'ai énormément aimé ce récit, je n'en ai que plus aimé Colette.
C'est un très beau texte, plein de nostalgie et de douceur.
Un vrai bonheur de lecture ❤
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Quel magnifique livre! j'ai beaucoup aimé me plonger dans l'ouvrage de Colette, dans lequel elle raconte son enfance d'un manière assez spéciale ; elle parle d'elle avec 'elle', passe, on peut le dire, du coq à l'âne, néanmoins c'est un livre que j'ai pris plaisir à lire !
Je le recommande aux personnes qui aiment la nature, et qui cherchent à voir le mode 'à travers' les yeux d'une petite fille !
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J'avais lu la maison de Claudine mais ne me souvenais pas d'une telle beauté dans l'écriture.
Sido est un des plus admirables tableaux littéraires qu'il m'ait été donné de contempler. Je me suis surpris plusieurs fois à sourire, ému, devant la force des souvenirs d'enfance de l'autrice.
On la croit terrienne, Bourguignonne, attachée à l'esthétique formelle de sa région, mais ce qu'elle tisse avec le fil du temps est une scène magnifiée, délicate, pleine de subtilité.
Le jardin enclos de sa maison natale, domaine de la sublime Sido en est une belle illustration.
On a envie de partager ces souvenirs, de rencontrer Sido, d'entendre le capitaine chanter ou d'apercevoir un de ces sylphes étranges et sauvages qui hantent la campagne Bourguignonne.
Il est difficile de sonder la profondeur des mondes de Colette, parce qu'on dirait qu'elle se tient toujours à la surface des choses. Pourtant, son génial regard comprend tout, le langage des fleurs, des animaux, et puis évidemment celui des êtres humains avec leurs petites vicissitudes et leur tendre fragilité.
Avec ses fresques poignantes sur "son pays" comme évoqué dans "le jour gris", la prosodie presque élégiaque de Colette nous met devant l'évidence de son talent. Cela m'a fait penser à Virginia Woolf, à la différence qu'ici je peux lire la version originale, sans rien perdre de la vigueur de son écriture.
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