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EAN : 9782081277090
247 pages
Flammarion (18/01/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Christian Combaz, réfugié en province depuis trente ans, nous invite à écouter une France que personne n'entend plus mais dont il craint qu'elle ne finisse par élever la voix. Sa chronique villageoise prend souvent le ton de la parabole et nous offre un tableau chaleureux d'une population vouée au service d'autrui, résignée à un sort ordinaire, mais qui n'a jamais suscité autant d'ironie chez les parvenus.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un bon petit livre bien réactionnaire . Christian Combaz est un écrivain-journaliste- voyageur -sculpteur-peintre-aviateur-amoureux du parapente et de la Hongrie. Il écrit dans Le Figaro et dans Valeurs Actuelles ; autant dire qu'il ne penche pas à gauche. Même si la droite actuelle ne trouve guère grâce à ses yeux . Ce qu'il honni le plus c'est l'air du temps. Ce consensus (qui ne peut être que mou...) , qui inonde le politiquement correct d'humanisme gnan gnan (un terme que ne renierai pas Frédéric Schiffter) , de beaux et nobles sentiments, mais dont l'application dans la réalité "vraie" se heurte "aux gens". Aux gens de Campagnol plus précisément, puisque Christian Combaz a pris pour exemple les gens d'une commune imaginaire de l'Aveyron qui n'est que le double du vrai village où il réside mais dont il taira le nom , ce que l'on comprendra très bien.
Contrairement à ce que pourrait laisser envisager ce qui précède, Christian Combaz est un humaniste. Il faut simplement s'accorder sur la définition du mot. L'humanisme de Combaz c'est avant tout l'attention aux proches ; l' empathie aux bonheurs comme aux malheurs des gens qui l'entourent. Non qu'il exècre le reste de l'humanité , mais , en bon connaisseur de l'histoire , il sait que tout sépare un Papou d'un Français, pour parler comme Montesquieu . C'est bien une césure radicale entre deux humanismes : l'humanisme des Lumières qui a fait de l'Homme le nouveau Dieu , la mesure de toutes choses , qui voit dans son prochain un frère , et l'humanisme pragmatique des "gens de peu" qui ne se soucient pas du Papou , mais qui vont se mettre en quatre pour aider leur voisin dont la ferme est mise en vente.
A Campagnol , reflet de cette France "périphérique" très bien mise en avant par le géographe Christophe Guilluy , les "gens" ne sont pas tous, loin de là , des parangons de vertus. Il y a du Clochemerle dans tout ça ! L'auteur nous brosse des portraits hauts en couleur du conseiller général-maire-de-gauche, de la "moderniste" aux dents longues abonnée à Canal+ , ( Canal , une tête de turc de Combaz ! ), de l'écologiste Mounir , harki et nationaliste , poivrot invétéré et cependant avisé homme d'affaires , du coiffeur homosexuel dont tout le village connait les orientations sexuelles mais qui n'a jamais eu à affronter l'opprobe de ses concitoyens . Il y a aussi ce vieux médecin pied-noir , votant le Pen, revenu de tout , ami de Combaz , n'hésitant pas à accoucher " à l'ancienne" , c'est à dire "à la maison" , Paula, la compagne de Mounir.
Ces gens de Campagnol , Combaz s'incluant dedans, ont un ennemi commun : la France des Elites : autrement dit : Paris ! c'est un peu court. Certes. Il y a toujours une part d'exagération dans un pamphlet (car c'en est un ). Mais les faits sont têtus et comment ne pas abonder dans la méfiance envers la technocratie d'état quand on analyse , à ce jour, les projets concoctés dans les arcanes du pouvoir : qu'il soit macronien ou autre.....
Seul remède à cette emprise : la solidarité. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que de voir Combaz (qu'on imagine bien misanthrope réac, catho, un tantinet nationaliste, conservateur invétéré -ce qu'il est :-) , trimbaler dans sa camionnette ( à Campagnol beaucoup ont perdu leur permis pour cause de beuverie...) les laissés pour compte de la mondialisation. Il n'est pas avare de son temps non plus, lorsqu'il passe chez les "vieux" du village pour les brancher sur internet. Et que dire de son rôle de "Mme Soleil" au bistrot du village !
J'habite en province , dans une petite ville de quatre mille habitants , et j'ai retrouvé dans les Gens de Campagnol mon "Clochemerle" de tous les jours. Avec une réalité augmentée dans le sens où ici l'entraide est gravée dans l'histoire du pays. Ici les "assos" sont légion : pour tout et n'importe quoi d'ailleurs ! et comme à Campagnol , chez le boulanger chaque matin, on peste contre . Comme Flaubert : " Tonner contre". Contre "Paris" bien sûr :-).

Jean Paul Kauffmann , écrivain que j'adore, avait dans "Remonter la Marne", pointé le fait que dans la France "profonde" , les gens , "le peuple" avaient insensiblement largué les amarres du Continent Etat. Ils s'étaient inventé une autre vie en marge du Moloch. C'est ce que j'ai retrouvé dans Les gens de Campagnol. Christophe Guilly a bien théorisé le concept . Mais cette césure est , me semble t-il , ancienne . Elle date de loin ; accentuée à la Révolution de 89. On ne va pas entamer une nouvelle discussion (polémique sûrement ! ) , juste insister sur le fait que les Gens de Campagnol , au delà d'un état des lieux dressé par un oeil réactionnaire , et néanmoins talentueux, est quand même formidablement représentatif de cette France des années 2000 . Une France coupée en deux. Les inclus et les exclus. On aimerait (j'aimerai ! ) , que ces deux facettes se réunissent en un unanimisme volontariste , quelque chose de transcendant...hélas les Dieux et les Idées sont morts ; ne restent que les livres de comptes....

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'épargne au lecteur le reste de l'argumentation qui consistait à travestir la mienne. Mais la mienne ce soir-là avait des ailes : l'âme de Florimond l'emporta comme un aigle à travers les cieux. Je racontai que la France qui attendait le bus en avait par- dessus tête de voir à la télévision des filles de 24 ans qui faisaient des rencontres passionnantes à Los Angeles. Le pays profond s'irritait du hiatus entre sa vie quotidienne et le fatras du spectacle que l'on donnait partout pour la réalité. Il n'aimait pas qu'on lui vole ses enfants dès la puberté pour les précipiter dans l'enfer de la consommation , de la violence permanente, du SMS compulsif et de la télévision à péage.
- Que savez-vous des enfants puisque vous n'en avez pas ? me dit-on.
J'expliquai que l'instituteur était venu me voir avec sa classe il y a huit ans pour réaliser un entretien , et que devant mes dessins, il m'avait dit : " Pourquoi ne viendrez-vous pas leur apprendre ce que j'ignore ? " Depuis lors, j'intervenais une fois par semaine à l'école locale, au dam des deux familles qui intimidaient les autres à propos de l'illégalité de mon bénévolat, suivant en cela les directives des associations, des collectifs et des ligues, devant lesquels le gouvernement était lui-même à genoux.
Là-dessus, mon député sembla nous inviter à changer de conversation et, pour alléger l'atmosphère, l'une des convives qui le tutoyait dit au reste de la tablée :
-Vous savez que Jérôme pratique le parapente ?
Le député-maire raconta ses aventures aériennes, finit par une anecdote glanée en Conseil des ministres et nous prîmes congé , en nous disant mutuellement " on se rappelle" sans en avoir aucune intention.
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Depuis trente ans , les films français en disent long sur le degré de respect que méritent ceux qui n'osent pas. Le plus célèbre d'entre eux, se nomme les "Valseuses". On y voit,deux crétins qui terrorisent une ménagère en arborant un sourire de tortionnaire, puis qui malmènent une mère de famille dans un train pendant qu'elle allaite son enfant. Ensuite, ils arrachent leur voiture à un couple de vacanciers pour aller débiner la décoration de leur pavillon de campagne en compagnie de leur fille, avant de la baiser à tour de rôle. Le message est clair : les gens qui se contentent de si peu sont à vomir et il faut rééduquer leurs enfants. C'est la même philosophie qui rôde dans "Elisa" où l'on voit une gamine abandonnée humilier les adultes autour d'elle, se livrer à la prostitution, menacer ses clients de chantage et leur faire honte de l'étroitesse de leurs aspirations.
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Les soumis, les sacrifiés, ceux qui n'ont pas eu de chance forment la quasi-totalité des citoyens de notre pays mais tout est fait par et pour les autres , à commencer par les lois qu'on leur inflige. Ainsi , l'une des premières injustices commises pendant le mandat municipal précédent fut celle qui avait consisté à exiger des gens qu'ils "régularisent".
Quoi ? Tout. Leur accès à l'eau , à la voirie, aux égouts, la conformité de leur voiture, dût-on leur demander pour cela des sommes exorbitantes, et dussent-ils, après tout, vendre leurs biens pour finir ruinés mais en règle.
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L'aigreur de Jules- Emile Bernard au sujet de la France contemporaine avait pour principale origine la terreur de perdre pied dans la foule. La crainte qui se répand aujourd'hui dans le corps social français est exactement du même ordre : celle de la noyade , de l'engloutissement dans l'anonymat des salles d'attente, sous les papiers à l'en-tête de Marianne et les "je ne veux pas le savoir" des guichetières de la Poste. C'est aussi celle, corollaire, du débarquement permanent des "nouveaux arrivants" qui contribuent à diminuer l'attention due à chacun de ceux qui étaient déjà là.
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Pas toujours d'accord avec lui. Mais nous parle des "gens d'en bas" avec beaucoup de tendresse. Certaines reflex ions de pur bon sens sont un régal à lire
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