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Annabelle Combes (Autre)
EAN : 9782350877464
368 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (04/03/2021)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Dans la vie de Jean, il y a ses polars, à succès, sa femme photographe, l'irrésistible Tosca, leur désir d'enfant, jamais assouvi. Épuisée par leurs échecs, Tosca a besoin de s'échapper, emportant avec elle l'inspiration du romancier. Dès lors une obsession poursuit Jean : celle des baisers qu'il a reçus, donnés ou rêvés. Et si cette piste était la clé pour accepter, se pardonner et se réinventer ? S'il fallait la suivre pour retrouver le goût de son métier ?
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Avant de commencer la lecture d'un livre, mon premier plaisir est de le tenir entre les mains. le deuxième de poser mon regard sur la couverture et de la laisser accaparer mon imagination. Ici, le titre Baisers de collection est déposé sur une couverture à la fois douce et intemporelle. le troisième plaisir consiste à ouvrir le livre et d'en feuilleter les pages. Or la mise en page de ce roman surprend par son inégalité : de courts poèmes viennent ponctuer le récit, reconnaissables par leur retrait sur la page, tout comme les dialogues sans tirets ni guillemets. Tout se tient, se déroule, seule la forme change.
Dès le début de la lecture, le style très personnel d'Annabelle Combes déstabilise puis rapidement envoûte. La musique, le rythme, peuvent surprendre parce qu'inhabituels mais deviennent très vite entraînants. Il suffit de se laisser conduire, surtout ne pas résister. Un peu comme lors d'une danse, il y a celui qui mène et celui qui entre dans la cadence du cavalier. Alors acceptons le rythme, entrons dans les temps de rupture, repartons, suivons le mouvement qui nous est proposé. Une histoire à deux temps, celui de Tosca et celui de Jean.
En raison d'une incapacité à procréer, après avoir "encielé trois enfants", Tosca décide de quitter Jean.
Jean, écrivain spécialisé dans les polars, vit mal cette rupture et part sur la route des baisers de son existence. Tosca choisit de fuir loin et le hasard la mène jusqu'à Catane. Chacun rencontrera dans son périple un être d'un âge avancé qui va le propulser dans des actes créateurs. Pour Jean ce sera le peintre Ezéchias qui reproduira sur toile les textes de Jean sur les baisers, donnés ou reçus. Ezéchias est aussi le grand-père du petit Barnabé. Tosca, elle, suivra Ferdinand, joaillier en partance pour la Sicile. Il lui permettra d'accomplir une oeuvre photographique à partir des bijoux réalisés au fil des années pour son amour de jeunesse qu'il espère retrouver.
Pour Jean comme pour Tosca, ces parcours initiatiques seront l'occasion de donner vie, autrement. A chacun son terrain de fécondité : pour Jean les mots, pour Tosca, les images. A chacun de rencontrer son moi créatif pour enfin donner jour à une oeuvre commune.
Un roman intéressant par le fond et la forme. Une belle interprétation également d'oeuvres artistiques ayant les baisers pour thème. Un roman à lire et observer.
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Jean, écrivain de polars et Tosca, son épouse photographe se séparent car leur désir d'enfant n'a pas pu aboutir. D'une fécondité naturelle en impasse, ils vont en créer chacun une autre par le biais de la création artistique, changement de genre littéraire pour Jean, à la recherche de « baisers de collection » en collaboration avec le peintre Ezechias et photographie d'art pour Tosca avec le joaillier Ferdinand. Parsemée de moments poétiques l'écriture de l'auteure, avec des phrases souvent longues et chargées d'enfilades de mots, comme des perles sur le fil d'un collier suggère une sorte d'impressionnisme littéraire pouvant se lire comme on regarde un tableau, de façon photographique ou de façon classique pour en apprécier les détails de la construction. Les nombreuses références artistiques du porte folio confié à Jean par Ezechias pour assouvir sa quête enrichissent agréablement un texte au style particulièrement élaboré.
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Jean écrivain de polars à succès, Tosca sa femme photographe, et au milieu leur désir d'enfant inassouvi. Ces échecs sont trop lourds à porter, à supporter, un besoin de s'échapper habite désormais ces deux moitiés.
L'un perd sa muse, l'autre son pilier. Heureusement, il y a l'art et les rencontres du hasard qui risque de jouer une part importante dans cette reconstruction si tant est qu'elle soit possible...

Quand la fuite devient nécessaire pour combler le manque, l'incomplétude, en faisant appel à ses sens, pour que des espoirs enterrés, que renaissent la vie, une vie nouvelle et régénératrice.

Une plongée poétique à travers la Sicile, Paris, Edimbourg, dans les oeuvres d'art, source d'inspiration nouvelle pour Jean, finis les polars, ce sont les baisers qui l'obsèdent désormais, ceux qu'il a reçu, donnés ou rêvés, ceux des tableaux. de Chagall à Klimt, de Rodin à Magritte, en passant par Picabia et Giotto, les oeuvres sont plus éblouissantes que jamais, détaillées, elles y prennent un sens nouveau, pour nous comme pour celui qui les regardent, les sens en éveil. Et la photographie pour Tosca, une redécouverte, comme de retrouver la vue grâce à une touchante rencontre.

Car elles sont au centre de cette histoire, ces rencontres et leur pouvoir insoupçonné, fortuits et impromptu, qui sont là au bon moment, que l'on se refuse parfois de suivre, qui sont sources d'inattendu, mais aussi de renversements.

Il y a de la poésie, de l'analyse d'art, des histoire de vies croisées, sur le lâcher prise, de laisser place à l'inconnu pour sortir de la tempête.

Les études d'histoire de l'art d'Annabelle Combes ne sont pas pour rien dans l'immersion dans les oeuvres d'art qu'elle nous propose, dans la poésie qu'elle nous offre, des phrases courtes et percutantes, des pensées délicates, des détails sans hasards... Une belle réussite.
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Un couple. Lui, Jean ; écrivain qui cherche les mots. Revenir à la somme des baisers qui l'ont fait. Baisers donnés ; reçus. Baisers de collections. Collection de baisers. Elle, Tosca, photographe, partie renouer avec son propre corps ; accepter cette vie qu'elle n'a pu donner par trois fois. Et à partir de là perdre ses repères de lecteur pour chuter dans le Beau. Voir ces deux lignes s'éloigner, se croiser à la manière d'un encéphalogramme et nous emmener sur des chemins de traverses qui sont autant de bourgeons prêts à éclore.
Accepter que sa vie soit sens. Puzzle multiple façonné par le destin. Annabelle Combes ravive l'émotion de mille étreintes ; l'importance de ces autres qui nous font renaitre à la vie. Elle nous emporte de mot en mot et ancre (encre) en nous une poésie oubliée. Offrez-vous un billet pour expérience sensorielle unique. Une partition à plusieurs voix. Une musique de verbe de chair et de peinture. Ce livre est un cadeau!
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Me voilà bien en peine au moment de mettre une critique sur ce livre. L'écriture très décousue, du fait des nombreux poèmes en prose, et du recours fréquent aux listes m'a profondément gênée et ralentie dans ma lecture.
Mais le thème est très beau, l'idée de la collection de baisers dans l'art encore plus et la poésie de l'écriture n'est jamais loin.
Les personnages sont attachants chacun dans sa quête, et l'émotion n'est jamais loin mais je regrette vraiment cette écriture décousue.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un souvenir s’infiltre : l’enterrement de mon oncle. Je dois avoir onze ans. J’ai voulu faire le grand à la sortie de la messe dans le défilé des condoléances, répéter un truc entendu qui, paraît-il, soulage : « Paix à son âme. » Bien mal m’en a pris. Elle a balancé à la cantonade devant tous les notables du pays : « T’inquiète, mon petit ! En paix, il l’a toujours été. Le paradis, il l’avait déjà trouvé : ne rien dire, ne rien faire, ne pas voter, ne pas se mettre de coup de pied au cul, ne rien vouloir, ne rien vouloir voir, ne surtout pas progresser. D’un mot : rester bête comme ses pieds. Et il les avait bien costauds et bien longs. Alors si la connerie se mesure à la pointure : en quarante-six, il était champion !
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Elle était lucide à présent. Son couple était loin d'être parfait. Jean avait ses zones de manquement, d'inaccessibilité, ainsi qu'elle ; mais ils s'éclairaient en continu parce qu'ils abritaient tous deux une semblable incandescence. Elle avait fini par admettre, à l'aune de cet automne chahuté, que leur perfection de guingois était finalement si harmonieuse dans ses ratés et ses accomplissements inattendus qu'ils étaient au complet. Que leur fécondité, à y regarder de plus près, était celle de deux regards créatifs si proches qu'ils parvenaient à générer un galbe de complémentarité, parfois anguleux, discordant, en défroque de déroute, parfois ingénieux, rond et doux, en habit d'intériorité. Un blanc, un noir. Un noir, un blanc. Et, au centre, un époustouflant nuancier de gris.
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Un peu surprises au départ de l'épaisseur du silence entre elles, elles avaient fini par l'adopter. Il était le chemin par lequel elles se comprenaient. Un regard et tout était dit, un mouvement d'épaule et tout était amplifié, une caresse de la main et l'adolescente venait se blottir. Ecoute du chant de l'autre, observation de sa fluidité, de ses ondes, préemption de ses attitudes, de son savoir. Ce silence affûtait le regard de chacune et seyait à leur dessin : développer, enfanter, magnifier. Mutuelle quête de l'irrésolu. Leur silence était beau de ne porter ni désœuvrement ni lutte...
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L’observateur prend l’œuvre en frontal dans un corps à corps qui le dépasse. Elle pénètre en lui en même temps que l’artiste. Elle le phagocyte, le métastase.
Pas de combat de lignes de perspective, d’écriture technique, tout est premier plan, offert, nudité totale, dépouillement de l’artiste qui se donne, icône dans le sens le plus pur du terme, icône sacrée : le créateur vient en nous. Sublime et inaccessible dans son besogneux travail, il est intimement là : en nous, sa transcendance, dépassement de tous ses savoirs, savoir-faire, de toutes ses hésitations ; en contrepoint, ses failles, ses obscurités, ses abysses, ses désespoirs, ses manifestes, sa solitude, sa névrose, l’appropriation de cette névrose. La discordance de l’artiste devient nôtre. Voilà ce voile d’éternité de l’œuvre : accéder à son créateur de manière charnelle, psychologique, mystique. Absolue.
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Si cet artiste, par mes textes, réamorce son œuvre, alors je suis capable de franchir la stérilité de notre couple, d éradiquer ma sécheresse. J ai mis au jour quelque chose d’intime, j ai accepté que quelqu’un s en empare, et par ce don j ai enclenché une fécondité que je ne soupçonnai pas : un renouvellement de mon inspiration. Ma direction se fait plus nette.
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Videos de Annabelle Combes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Annabelle Combes
Dans la vie de Jean, il y a ses polars, à succès, sa femme photographe, l'irrésistible Tosca, leur désir d'enfant, jamais assouvi. Épuisée par leurs échecs, minée par leur stérilité, Tosca a besoin de s'échapper, emportant avec elle l'inspiration du romancier qui ne parvient plus à trucider ses personnages de papier. Pourtant une obsession poursuit Jean : celle des baisers qu'il a reçus, donnés ou rêvés. S'il tenait là une clé pour se pardonner, accepter, se réinventer, et pour finalement l'écrire ce texte qu'il doit remettre à son éditeur impatient ? À travers l'art et les rencontres, Jean et Tosca empruntent des chemins qui bousculent toutes leurs certitudes et les ouvrent à l'inattendu.
Après "La Calanque de l'Aviateur", Annabelle Combes signe un somptueux roman, d'une grâce et d'un charme renversants. Avec une délicatesse infinie, elle regarde dans les yeux la douleur de la perte qu'elle sublime par la création. Donner sa vie à défaut de donner la vie, c'est engendrer une autre facette de la fécondité, celle de l'artiste (ou plutôt, la fée-con-dit-thé, selon le rébus imaginé par Jean).
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