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EAN : 9782070714384
213 pages
Gallimard (31/07/1989)
3.31/5   32 notes
Résumé :

Dans une bananeraie, Victor, vingt ans, tient avec B and B, ses aides magiques, un magasin : À la Ressource de l'Africain. Lola, petite prostituée à moitié noire, cherche désespérément à se blanchir et à se blondir. Alexis, le chimpanzé, ne sait pas qu'il n'est qu'un singe. Ces trois innocents suscitent l'envie, la passion ou la haine de toute une population - putains, infirmes, prédicateurs, rejetés de partout - qui s'agite frénétiquement. À moins que cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce roman-fable, exotique et riche en descriptions, dépeint une Afrique sèche, colonialiste, froide quand il y fait si chaud et que les sueurs perlent tohu-bohu. Ici sont pourtant abordés le colonialisme voire l'esclavagisme, l'évangélisation, l'Afrique "poubelle", récolteuse des déchets occidentaux, la prostitution, le blanchiment de la peau noire, l'animalité versus l'humanité... mais ce, sous un angle unilatéral et glauque. La focalisation zéro est ici nulle de sentiment, d'émotion, comme si le livre avait suivit une trame robotisée. On y sent peu d'espoir et quand on se prend d'amour pour des singes, seuls êtres véritablement aimables et touchant, il nous sont arrachés violemment, quand on s'attend à une révolution, elle ne vient pas, quand enfin on veut s'attacher à des personnages, ils sont si vides de caractère que c'est impossible. Qui est Victor, le héro ? Je viens de refermer le livre et je n'en ai aucune idée... Pourquoi Paule Constant s'est-elle si peu intéressée aux réels personnages, aux travailleurs des bananeraies, à ceux qui disent l'Afrique, au point de vue des évangélisés, des putes de bordel... Pourquoi ainsi survoler l'essentiel sans jamais s'y attarder ?
L'écriture est stylisée, les thèmes choisis intéressants, le livre a même été primé par l'Académie française, mais à moi, il n'a pas parlé. Il m'a semblé comme une ébauche, comme un carnet empli d'idées, de lieux, de personnages à creuser...

Cette critique est rédigée à chaud, alors peut-être y reviendrai-je, puisqu'à mon sens un bon livre se distingue par la marque qu'il laisse sur vous dans le temps...

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White Spirit
Paule Constant
Gallimard, 1989, 224p
Grand Prix du roman De l'Académie Française
Prix François Mauriac



Paule Constant n'y va pas de main morte. L'Afrique lui prend les tripes. C'est féroce, c'est enlevé, c'est brut, c'est sordide, c'est désespéré. Parfois même on est dans l'absurde. Mais il y a de l'amour.
C'est Victor, sacré prénom pour un jeune ingénu, qui part en Afrique dans l'espoir d'être un directeur commercial, lui qui n'est diplômé en rien. le bateau porte le nom rassurant de la volonté de Dieu. Sa grand-mère, qui l'aime éperdument, est rassurée, même, elle est fière.
Un voyage dans la cale d'un navire, avec de temps en temps des sorties sur le pont pour prendre l'air. Lors d'une sortie il voit une femme nue. Il en parle aux copains. Silence ! C'est la pute du dirlo César, l'empereur des bananes, qui a beaucoup de mal à baiser. A l'arrivée, il la revoit habillée. C'est Lola, la métisse, pas encore Lolita, parce que pas assez blanche, pas assez blonde. La tenancière du bordel ne veut pas d'elle, mais l'encourage à faire des efforts pour ressembler à Marylin. Elle sera Belle-Beauty.
Quand il arrive à Port Banane, Victor pressent l'arnaque, et sait qu'il n'est pas au bon endroit dans son costume noir par une telle chaleur, et dans une telle poussière. D'abord une montagne boueuse et puante, c'est la banane qui pourrit faute de dockers pour charger les régimes sur les bateaux. Ensuite un bordel, pas d'autre distraction pour les hommes, il est puceau. de plus, un contremaître qui s'est fait avoir dans les grandes largeurs par son ex-associé César, et sur le point d'être supplanté par un plus jeune, qui vit barricadé dans sa cahute, avec comme seule présence aimante une guenon gravide, ce qui dégoûte Victor. le contremaître est harcelé par les enfants qui deviennent vite adultes et prêts à bosser comme des esclaves, et la haine des Noirs qu'il fait travailler vite, et dangereusement sous la pluie d'insecticides protégeant les fruits, mais qui peut tomber sur eux, parce que les aviateurs trouvent ça drôle d'en verser sur des Noirs. En tout cas, ces insecticides ont tué le cycle des saisons et la pluie naturelle.
Enfin, il est laissé dans un trou perdu à la tête d'un improbable magasin de bric à brac qui vend de tout et de l'inutile complètement, La Ressource de l'Africain. Il a pour l'aider B et B, le boiteux et le bossu, parce qu'il n'est pas facile d'être Noir dans une Afrique colonisée par des Blancs sans scrupules. En face du magasin, la Reine Mab, une commerçante de rue, qui attend son heure, et prête de l'argent à Victor qui doit payer ce que des camions lui amènent selon les arrivages et des saisies plus ou moins licites.
Un jour, Victor veut savoir ce qu'il y a dans les fûts poussiéreux, B et B en ont la peau décolorée, Lola est éblouie, Mab est à son affaire, on sent le désir chez les villageoises alentour. Mais le contremaître s'empare de cette marchandise qui tue, on le retrouve mort, ainsi que la guenon qui met bas, post mortem, un petit dont Victor devient presque le père, et Lola est la marraine. La grand-mère lui envoie des habits, Lola lui offre un bavoir, et le singe, prénommé Alexis, celui qui n'a pas de mots, est baptisé par Emmanuel, l'envoyé de Dieu, à la virilité débordante mais manquant cruellement d'affection, qui tue un prêtre ivre de désir pour lui, viole une adolescente qui en verra d'autres, et trouve refuge chez la reine Mab. Il est fou, il attend le signe du départ, le signe viendra, Mab ne partira pas avec lui.
Elle acquerra La Ressource, Victor qui s'est attaché au singe comme le contremaître à sa guenon veut le donner à un zoo avant son départ de l'Afrique, mais le zoo n'en veut pas, trop de singes, trop d'alligators, de serpents, abandonnés par les touristes lassés de leurs jouets, et le singe domestiqué ne sait pas qu'il est un singe et ne se reconnaît pas dans les faces hideuses que lui renvoient ses congénères.
Victor veut partir, mais avec Lola qu'il préférait Noire.
C'est un roman d'initiation, avec Victor qui découvre non seulement la vie, mais aussi l'Afrique sous un jour très sombre, pillée, défigurée, dénaturée, par des Blancs qui, pour continuer à vivre, doivent penser profits.
Pour avoir lu d'autres romans de l'auteur, on retrouve le monde des colons, ce magasin extraordinaire qui pousse à faire des folies, la présence du singe, les Noirs qu'on exploite et qu'on méprise. Paule Constant travaille par visions, et quand on la lit, on comprend ce qu'elle veut dire.
Mais ce livre est plus violent . Paule Constant est indignée par ces voyous et ces sots de Blancs et par ces Noirs qui ne savent pas qui suivre. Elle a mal pour et à l'Afrique. Elle nous le crie tout au long de ce court roman sans rien édulcorer et le « happy end » ne nous réjouit pas. L'Afrique deviendra-telle un mouroir pour des êtres désarmés ?
La lecture est haletante et étouffante, mais vraiment, Paule Constant écrit bien. Elle sait qu'elle est un écrivain. Et elle a raison, elle l'est, et sûrement un grand.
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On se laisse facilement happer par cette histoire presque incroyable, cet exil dans une colonie africaine d'un jeune type sans grandes compétences qui se voit promettre du « Monsieur le Directeur » dans une succursale où on produit des bananes. le pauvre Victor, avec la bénédiction crédule d'une grand-mère surprotectrice et très vite soustrait à leurs illusions, y trouve la bassesse fiévreuse et les couleurs extravagantes d'un univers qui laisse peu de place aux vertus civilisatrices de la colonisation.

Le livre refermé, les questions arrivent : d'où Paule Constant, qu'on n'avait jamais lue, dont on sait peu sinon qu'elle est de l'Académie Goncourt, d'où cette écrivaine tient-elle cette férocité amère ? La réponse peut venir de la quatrième de couverture de "Mes Afriques" (Quarto Gallimard) : "chaque roman dessine sa géographie dans des Afriques sans cesse réinventées. [...]. de la douleur enfouie est né un monde que Paule Constant continue d'explorer." Car Paule Constant a connu une enfance brinquebalée à travers le monde, où la violence et la douleur étaient présentes.

La pénibilité du travail des indigènes dans la bananeraie, la lumière bleutée électrique permanente et les insecticides balancés par avion, les odeurs de pourri, la maquerelle Ysée et son manuel Miss Priddy pour des putains propres et blondes, Lola qui rêve de peau claire, le faux prêcheur aux mains sales, et Allez Louya, le baptême d'un chimpanzé, d'où viendrait toute cette virulence, sinon d'un passé dont elle est rescapée ? Comment penser le jeu cruel de la chaude-souris, si elle n'y a pas assisté douloureusement un jour ?

Et le white spirit : ironie, pas l'essence, mais joli vocable choisi par les vendeurs de "La Ressource de l'Africain" pour vanter les vertus blanchissantes d'un poison en poudre. Et frère Emmanuel, prédicateur de pacotille, les emmène tous au paradis, produit blancheur, esprit pur, jusqu'à l'absorption et la mort collective.

Et au bout, un happy end quand même, en clin d'oeil, mais qui ne rassure pas vraiment.

Paule Constant, c'est une plume, très alerte, on ne s'ennuie pas une seconde dans ce roman éclatant.

Lien : https://christianwery.blogsp..
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White spirit est un roman complètement fou avec des blancs et des noirs eux aussi complètement fous. Tout d'abord Victor, le petit blanc, n'a pas 20 ans lorsqu'il quitte le sud-ouest pour embarquer sur "la volonté de Dieu" à destination de l'Afrique. Il est recruté pour être directeur d'une succursale d'un grand magasin. C'est le plus normal de tous à mes yeux. Les autres personnages sont tous plus paumés les uns que les autres. le détestable bananier César, ramène une petit pute Lola , une métisse un peu trop noire qui rêve de blanchir et de blondir... Une guenon transformée en bobonne... Frère Emmanuel, un prêtre tueur de prêtre, échappé à l'heure de son baptême d'un village où il avait commis un viol et qui baptise un singe... Mme Ysée, la mère maquerelle qui éduque ses filles comme des stars d'Hollywood et rêve de leur imposer la blondeur de Marylin...
Tous ces personnages sont surréalistes, sans oublier le singe à qui on n'avait pas dit qu'il n'était pas un homme...
White spirit est l'esprit blanc qui brûle...
White spirit est un livre décapant ...
Paul Constant nous fait découvrir l'Afrique avec déraison, cette Afrique qu'elle connaît bien et qu'elle aime passionnément.
White spirit la poudre blanche qui donne la pureté...
White spirit, ce sont des histoires surprenantes, affolantes, horribles, cruelles qui resteront longtemps dans ma mémoire...
White spirit ne respecte aucune convention sociale ou morale, on est perdu dans cette fable et l'histoire de la "chaude-souris" est d'une insoutenable cruauté...
Pour finir mes chers babéliotes, j'ai adoré ce roman !!

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Il était une fois "Les idées mènent le monde" cette année à Pau. Une amie dit: « Je suis allé écouter Paule Constant : formidable ! » et une autre rétorque : « Ah mais ouiiiii ! Tu sais qu'elle est d'ici en plus ». Comme je ne savais pas quoi dire, avec ma fichue habitude d'avoir un avis sur tout, j'ai empoigné « White Spirit » sur le présentoir et j'ai parcouru les premières pages. Les premières lignes d'un bouquin sont comme la première bouchée d'un dessert ou un premier baiser. Elles peuvent être délicieuses, insipides, donner la nausée… Celles de « White Spirit » sont fortes, chaudes et vibrantes, pleines de promesses, comme l'Afrique. La suite est encore mieux, lisez le.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sans B and B qui s'agitaient autour d'eux, ils eussent pu rester ainsi éblouis et muets, dans un bonheur parfait tenu à la pointe d'un désir qui les déchirait jusqu'aux larmes, et dont pourtant ils retenaient la souffrance comme on retient l'acidité de certains fruits pour mieux en goûter le parfum.
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Rien ne valait les files étroites, rectilignes à travers la plantation, à un rythme soutenu. Les responsables y veillaient, toujours à houspiller, toujours à réclamer plus vite, quick dans l'anglais banane, plus bref, plus tonique, un cri de perroquet. Kik, kik, scandaient les coolies pour s'encourager dans la forêt de bananes. Kik, leur disaient les types qui revenaient à vide, kik. Une course contre le temps, contre le ramollissement, le jaunissement, le pourrissement de la banane. Kik, si on ne voulait pas avoir tout écrabouillé à l'arrivée. KIK, KIK, KIK, la bananeraie entière crécelait comme une nuée de cacatoès.
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Videos de Paule Constant (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paule Constant
https://www.librairiedialogues.fr/livre/14694728-l-insomnie-tahar-ben-jelloun-gallimard Lors de la rencontre avec Tahar Ben Jelloun, du 1er mars 2019 à la librairie dialogues à Brest, l'auteur nous propose sa sélection de livres coups de c?ur ! En l'occurrence : - la poésie française du XXe siècle. - Deux s?urs de David Foenkinos (Gallimard) - Maîtres et esclaves de Paul Greveillac (Gallimard) - La vérité sort de la bouche du cheval de Meryem Alaoui (Gallimard) - La Maison Golden de Salman Rushdie (Actes Sud) - Nouvelles de William Faulkner (Gallimard, Pléiade) - Les Mille et une nuits - Don Quichotte de Cervantès - Mes Afriques de Paule Constant (Gallimard) Entretien mené par Laure-Anne Cappellesso. Réalisation : Ronan Loup.
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