Aujourd'hui, mon retour sur
Vakarm de
Guillaume CoqueryOskal nous avait baladés de Saint Gaudens à Besançon, entrainés dans l'arrière scène d'un cirque et les beaux salons préfectoraux. Avec
Vakarm, changement de décor. On reste dans le sud-ouest, entre hôpital et usine désertée, sur les talons d'un trio de femmes dissemblables et touchantes : une prostituée, une flic et une mère éprouvée.
Vakarm, c'est presque du roman noir, avec des trouées de lumière et de poésie inattendues et bienvenues. On retrouve le style truculent et précis d'
Oskal, une structure soignée et une intrigue précise. Il faut attendre la fin pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire mais, ais-je envie d'écrire, l'important n'est pas là. Pas seulement.
Ce que j'aime dans l'écriture de Guillaume, c'est sa justesse et son authenticité. Il n'y a pas d'esbroufe, de faux-semblants, de contorsions. On n'est pas dans un polar de super héros dotés d'incroyables pouvoirs. Les personnages ne sont jamais ces flics alcooliques, divorcés et désabusés, flanqués d'un fils ou d'une fille adolescent.e dont ils ont découvert l'existence quelques mois auparavant qu'on a déjà vus cent fois. Ses personnages sont authentiques. C'est toi, moi (oui, enfin moi, c'est pas vraiment moi, La Baronne et moi partageons un nom de famille mais j'occupe différemment mes journées). Il utilise des drames du quotidien, nous parle du réel et imagine des explications, des secrets, du mystère.
Tous ces hommes qui croient mener la danse, qui tuent, qui volent, qui truandent, jouant des coudes, montrant les muscles, ne valent rien face aux femmes du roman qui montrent la force de la sensibilité. Loin du bruit et de la fureur attendu,
Vakarm est une ode aux femmes et à leur capacité de survie.
Quand on est un homme, écrire sur les femmes, c'est assez casse-gueule et j'en connais un paquet qui se sont vautrés. Difficile de trouver le ton juste, difficile de transmettre quand on n'a pas ressenti dans sa chair. Adepte des pirouettes, Guillaume a évité l'écueil et on retrouve, dans ses descriptions de Sandrine, de Sonia et d'Olga un mélange de tendresse et de délicatesse plutôt rare aujourd'hui - mais qui ne surprennent pas quand on connait un peu le bonhomme.
L'essence du polar, c'est d'expliquer le monde, pas de vendre du rêve.
Vakarm, c'est la vision de
Guillaume Coquery. C'est son interprétation du monde. Au delà de l'intrigue, très bien ficelée, et des sous-intrigues, qui finissent par se rejoindre, au-delà des personnages, complexes, denses et touchants, c'est à un regard tendre et à la fois sans concession sur le réel que nous invite
Guillaume Coquery.
Parfois, même quand il n'y a pas d'excuses, il y a des explications.