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EAN : 9782824705903
87 pages
Bibebook (07/06/2013)
2.91/5   11 notes
Résumé :
Comédie : Dorimant aime Hippolite, qui aime Lisandre, qui aime Célidée, qui hésite entre Dorimant et Lisandre. Aussi Célidée décide-t-elle, à la stupéfaction d'Hippolite, d'éprouver son amant par quelques froideurs. Désespoir de Lisandre. Son écuyer, Aronte, gagné à la cause d'Hippolite, lui suggère de feindre d'aimer ailleurs pour éveiller la jalousie de Célidée.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les premières représentations de la pièce semblent dater de 1633, elle n'a été publiée qu'en 1637, dans le sillage du Cid, et semble avoir eu du succès. le titre de la pièce fait référence au Palais de justice de Paris, endroit favorisant les rencontres, d'autant plus que des boutiques y étaient installées : librairies, merceries, lingères… Les gens du beau monde pouvaient s'y croiser, des rencontres galantes avoir lieu, dans un cadre pittoresque et typique. Au final, peu de scènes s'y passent réellement, Corneille a utilisé le lieu pour « exciter la curiosité des auditeurs »plus que par nécessité dramatique. Comme dans ses autres pièces, il prend des libertés avec les règles, qui n'étaient pas si rigoureuses à l'époque, surtout pour la comédie, mais dans l'examen de 1660 il s'en explique longuement. La pièce se passe donc en cinq journées, et Corneille considère que la placer dans une seule ville, même à des endroits divers, est suffisant pour respecter l'unité de lieu.

Célidée est aimée de Lysandre, qu'elle agrée et tyrannise un peu. Son père Pleirante presse le mariage. Mais Lysandre est aussi aimé par Hippolyte la meilleure amie de Célidée qui intrigue pour attirer Lysandre. Elle séduit Dorimant, qui l'indiffère, mais qui plaît à Célidée, et elle pousse cette dernière à éprouver Lysandre avec des rebuffades. Comme Célidée n'aurait rien contre Dorimant à la place de Lysandre, elle suit les conseils perfides de son amie. Lysandre, mal conseillé, fait semblant de courtiser Hippolyte, qui ne l'intéresse absolument pas. Célidée est désespérée, d'autant plus que Dorimant, malgré des avances explicites, n'a aucune envie de se rapprocher d'elle. Lysandre et Dorimant sont au bord du duel.

Sans doute moins potentiellement drôle que La veuve, sa comédie précédente, La galerie du palais, pousse en revanche d'avantage l'étude des moeurs et de caractères. Célidée préfigure déjà un petit peu Célimène, avec son envie d'avoir tous les jeunes gens à son service. Hippolyte n'est pas en reste, pas mal peste, l'esprit aiguisé et fin. Les deux jeunes amoureux ne sont pas sortis de leurs peines avec le mariage, ces deux-là vont s'en doute continuer à leur en faire voir de toutes les couleurs. D'autant plus qu'ils semblent tout d'une pièce, qu'ils ont du mal à comprendre les jeux de leurs fiancées. L'analyse du sentiment amoureux, de ses balancements, des étapes, est au centre de la pièce. En avance sur la fameuse Carte du Tendre, dont certaines tirades préfigurent la logique, avec aussi quelque chose qui pourrait annoncer Marivaux (marivaudage vient vraiment à l'esprit à la lecture de la pièce).

Je trouve cette pièce vraiment excellente, jouant sur divers registres, avec des personnages, surtout féminins, vraiment bien rendus. Il manque peut être un peu d'esprit aux jeunes gens, s'ils étaient un peu moins univoques dans leurs sentiments amoureux, chacun pour sa belle, la pièce aurait pu être encore plus aboutie. Je trouve vraiment difficile à comprendre pourquoi les comédies de Corneille sont si ignorées.

Les jugements, en particulier ceux de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle, semblent avoir la vie dure. On peut citer celui qui prétend que toutes les comédies d'avant Molière n'étaient que des comédies d'intrigues, et que c'est Molière qui a été le premier à introduire les comédies de moeurs et de caractère. Alors que Corneille, en rupture avec la comédie de son temps, essaie justement d'emprunter des voies nouvelle. L'immense talent de Molière fait que tout le reste a été jugé inférieur, sans aller voir de plus près. Pourtant Molière lui-même aurait déclaré « Sans le Menteur j'aurais sans doute fait quelques pièces d'intrigues, mais je n'aurais pas écrit le Misanthrope » (Le Menteur est l'avant dernière comédie de Corneille).

Et bien sûr les parallèles entre Racine et Corneille, dont on a largement abusé, ont fini par aboutir à des visions schématiques et caricaturales. Ainsi Corneille serait celui qui « peint les hommes comme ils devraient être, et Racine tels qu'ils sont ». Évidemment les personnages des comédies ne rentrent pas dans ce schéma, ils sont donc soigneusement passés sous silence.

Ils appartiendraient à un premier âge de formation, dans lequel Corneille ne serait pas encore Corneille (de même ses dernières pièces sont aussi souvent ignorées comme appartenant à une sorte de troisième période de décadence). Or Corneille est vraiment un auteur protéiforme, qui a évolué dans ses conceptions du théâtre, dans les approches, les thématiques, ce qui ne veut pas dire que seules les pièces d'une certaine époque sont abouties et digne d'intérêt. Simplement, nous sommes en face d'un auteur pluriel, difficile à enfermer dans une seule grille d'analyse. Ce qui semble énormément perturber certains critiques. Et lorsqu'on creuse les oeuvres moins connues, on découvre des véritables trésors, comme cette Galerie du palais...
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Je n'ai vraiment pas accroché à cette histoire de "je t'aime-je ne t'aime plus ".
Peut être ne faut il y voir qu'une étude des moeurs du XVIIème siècle.
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Une merveilleuse pièce
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
LISANDRE : Ce désir, à vrai dire, est un amour naissant,
Qui ne sait où se prendre, et demeure impuissant,
Il s'égare et se perd dans cette incertitude,
Et renaissant toujours de ton inquiétude,
Il te montre un objet d'autant plus souhaité,
Que plus sa connaissance a de difficulté :
C'est par là que ton feu davantage s'allume,
Car moins on le connaît, et plus on en présume,
Notre ardeur curieuse en augmente le prix.

Acte I, Scène IX, (v. 266-275).
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Ta curiosité deviendra bientôt flamme :
C'est par là que l'amour se glisse dans une âme.
À la première vue, un objet qui nous plaît
N'inspire qu'un désir de savoir quel il est ;
On en veut aussitôt apprendre davantage,
Voir si son entretien répond à son visage,
S'il est civil ou rude, importun ou charmeur,
Éprouver son esprit, connaître son humeur :
De là cet examen se tourne en complaisance ;
On cherche si souvent le bien de sa présence,
Qu'on en fait habitude, et qu'au point d'en sortir
Quelque regret commence à se faire sentir :
On revient tout rêveur ; et notre âme blessée,
Sans prendre garde à rien, cajole sa pensée.
Ayant rêvé le jour, la nuit à tous propos
On sent je ne sais quoi qui trouble le repos ;
Un sommeil inquiet, sur de confus nuages
Élève incessamment de flatteuses images,
Et sur leur vain rapport fait naître des souhaits
Que le réveil admire et ne dédit jamais :
Tout le coeur court en hâte après de si doux guides ;
Et le moindre larcin que font ses voeux timides
Arrête le larron et le met dans les fers.
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La force de l'amour paraît dans la souffrance.
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Ne me contez point tant que mon visage est beau :
Ces discours n'ont pour moi rien du tout de nouveau ;
Je le sais bien sans vous, et j'ai cet avantage,
Quelques perfections qui soient sur mon visage,
Que je suis la première à m'en apercevoir :
Pour me les bien apprendre, il ne faut qu'un miroir ;
J'y vois en un moment tout ce que vous me dites.
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L'amour le plus parfait n'est pas un mariage ;
Fort souvent moins que rien cause un grand changement,
Et les occasions naissent en ce moment.
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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