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Oblomov sous sarcophage ou le conte apathique de Cossery,

Dans une rare interview en ligne, on peut découvrir le sourire fripon et le regard rutilant du dandy parisien qu'était Albert Cossery, le séducteur de Saint Germain des Près, l'ami de Modigliani et le résidant toujours précaire d'un petit hôtel du quartier latin jusqu'à sa mort à la fin des années deux-milles.

Il écrivait très peu, les écrivains qui écrivent beaucoup sont ceux qui sont contents d'eux-mêmes disait-il, or il n'était jamais satisfait de son travail et écrivait moins d'une ligne par jour.
Aussi, en cinquante ou soixante ans de carrière il n'a publié que très peu de livres car, citons-le à nouveau, un écrivain écrit toujours le même livre et donc pas besoin de multiplier les avatars pour une même idée…

“J'aime tes soupirs ; c'est comme si le monde entier s'ennuyait en toi”

Les fainéants dans la vallée fertile, publié en 1948, se situe dans l'Egypte de l'enfance de Cossery et prend presque des allures de fable, la couverture du livre couleur “Nil Bleu” invite à se laisser porter par le courant léthargique de cette histoire amorale et déroutante.

“J'ai peur des hommes. Ce sont tous des criminels qui veulent toujours faire travailler les autres.”

Cette fresque de la fainéantise est tout à fait singulière, dans un style goguenard et épuré, avec force description, Cossery nous introduit dans l'antre de cette famille aboulique, embaumée vivante, qui a renoncé à la vitalité, presque philosophiquement, et que la vaine soif de connaître le monde du travail du plus jeune, Serag, vient perturber dans sa quiète atonie.

On entre dans ce roman un peu comme dans un conte des Mille et Une Nuits, la narration de l'auteur rappelle un peu la fantasmagorie de ces légendes, que l'on retrouve aussi dans les descriptions de la langueur, la pesenteur des chairs flasques, l'avachissement des corps, la sensualité, et, dans la monstruosité car Albert Cossery voulait verser dans sa prose une “goutte d'ammoniaque qui tire les gens de leur torpeur.”

Cossery, comme son ami Jean Genet, est un auteur fasciné par les marges de la société, les difformités, le soufre que dégagent certains êtres et, outre cette famille d'engourdis marginaux, les personnages de la prostituée, de la marieuse, l'hernie d'Hafez qui est presque un personnage à part entière ou encore Mimi l'artiste homosexuel en témoignent.

J'aimerais pouvoir vous en dire plus mais vous allez devoir vous faire votre propre idée car, comme Galal le frère aîné, voilà déjà que je baille à outrance, et vous aussi d'ailleurs, vous baillez, vos paupières s'alourdissent, votre respiration se fait plus lente…
Je n'ai pas la force de terminer cette critique et m'en vais dormir, et seules les puces les plus inexpérimentées pourront, peut-être, me tirer de mon exquise torpeur…

Qu'en pensez-vous ?
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Peut-être le chef-d'oeuvre d'Albert Cossery, le livre qui colle le plus à sa pensée, résonnant, sans toutefois sonner juste, avec notre chère décroissance.
Toujours cette gourmande et élégante façon d'interroger les valeurs, en les retournant façon crêpe au miel de nigelle.
Ici une famille dont la valeur cardinale est le sommeil, l'inactivité élevée au rang de science.
Situé sans plus de précision dans une prospère banlieue du Caire ; écrit du temps où imposer le port du voile aux femmes faisait rire toute l'assemblé de Gamal Abdel Nasser.

Un patriarche tyrannique que ses trois fils ne prennent plus au sérieux.
Un oncle — punit par son existence passée pleine d'envies et de frivolités — et une servante comme seuls marques de la normalité dans cette maisonnée.
Une fratrie comme variation des possibles, de l'aîné champion de la sieste, au cadet chantre de l'ironie, jusqu'au benjamin, seul volontaire hésitant à un changement de vie, rivalisant da mauvaise foi comme de sable dans les yeux…

Un véritable bijou, à relire sans se soucier de ses possibles interprétations anachroniques, de Diogène à Nietzsche, le regard fuyant, le fond des pages se confondant avec la couleur du plafo……………..zzzzzzzz.

« À la question : « Pourquoi écrivez-vous ? », Albert Cossery répond : « Pour que quelqu'un qui vient de me lire n'aille pas travailler le lendemain ». », nous rappelle wikipedia… mission accomplie ?
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J'ai lu avec plaisir Les fainéants dans la Vallée fertile (1948). Je le trouve cependant moins riche que Mendiants et orgueilleux (1955). Mais il est original, absurde et décapant.
Albert Cossery (1913-2008) refusait toute forme d'aliénation. Dans ce roman sarcastique, il s'attaque à la valeur travail. La narration est limpide et ciselée. Les dialogues réinventent l'arabe populaire de son enfance.

Le livre s'ouvre sur une scène dans la solitude d'un champs de maïs. Un enfant en guenilles d'une dizaine d'années s'obstine à chasser des moineaux avec sa fronde. Il enrage et recommence sans répit comme si une force démoniaque l'agitait. Serag est empêché de somnoler et effrayé par l'hyper-activité de l'enfant ; Est-ce cela le travail ? Serag est perplexe car depuis longtemps, il rêve de travailler de ses mains et de « porter les stygmates d'un vrai labeur ». L'enfant qui se nomme Antar accepte de l'accompagner contre quelques piécettes, jusqu' à une usine en construction abandonnée. Serag s'y rend chaque jour, comme on va en pèlerinage. L'enfant ne comprend pas son désir de travailler. « Tu es fou. Tu veux travailler dans une usine ! C'est un jour noir pour ta mère ! « . Serag rencontre ensuite un pauvre commerçant qui le dissuade de suivre son exemple : « Qu'Allah maudisse le commerce et ceux qui l'ont inventé ! répondit Abou Zeid. C'est un malheur pour mes vieux ans. Je ne parviens pas seulement à tirer le loyer de cette maudit boutique. » le pauvre homme a eu le tort de se marier. Serag rentre chez lui épuisé par sa promenade méditative. le vieil Hafez son père réside seul à l'étage de leur maison délabrée et ne quitte jamais son lit. C'est lui qui a appris à ses fils à bien se tenir. «Qu'est-ce que j'entends ? Tu veux travailler! Qu'est-ce qui te déplaît dans cette maison? Fils ingrat ! Je t'ai nourri et habillé pendant des années et voilà tes remerciements !  »Le vieil Hafez a décidé de se remarier par l'intermédiaire de l'entremetteuse Haga Zohra, histoire d'assoir son autorité sur ses fils. L'aîné Galal passe sa vie sous son édredon, ce qui le préoccupe, c'est avant tout la souris qui perturbe sa pratique professionnelle du sommeil. Rafik le cadet est beaucoup plus soucieux. Il veut empêcher son père de convoler et dissuader son petit frère de travailler. Il a failli lui-même devenir ingénieur mais a renoncé quand il a reconnu lors d'une visite dans une usine, « le désespoir inscrit sur les visages des ouvriers ». Depuis, entre deux siestes sur le canapé crasseux, il vitupère méchamment contre Hoda, la jeune servante et surveille d'un oeil mauvais l'arrivée de l'entremetteuse. Rafik voulait se marier avec Itmissal la prostituée du quartier, mais, au dernier moment , il a changé d'avis sans lui fournir d'explications...
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Une fable, une ode à la paresse, cette famille de glandeurs professionnels, le vieux Hafez calfeutré à l'étage et les trois fils, Galal capable de dormir tout un mois sans se réveiller, le casanier Rafik mais qui stresse car son frère Serag voudrait travailler dans l'usine pour être libre et le vieux, lui, a décidé de se marier mais fini la tranquillité si une femme entre dans la famille!

Autour, toute une bassecour colorée, l'entremetteuse Haga Zohra, la boniche Hoda amoureuse de Serag, l'inverti Mimi, et le jeune Antar si fier dans son misérable pagne, l'oncle Mustapha ménageant la chèvre et le chou, le commerçant raté Abou Zeid.

Une drôle d'histoire dont on aimerait savoir la suite.
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Un homme, ses trois fils et son frère vivent ensemble.
Leur préoccupation essentielle est de dormir.
Mais Serag, le plus jeune des frères fait leur désolation. Il ne rêve que de travailler.
Quel scandale pour la famille !
Et bien, je n'ai pas été sensible à cette histoire.
L'humour m'a échappé.
J'ai trouvé cela long et fastidieux et mon plus grand plaisir a été de refermer le livre.
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Voilà une histoire qui sort des sentiers battus. Dans cet ouvrage, Albert Cossery nous conte la vie d'une famille pas ordinaire, (composée d'un père et de ses trois fils ainsi que d'un vieil oncle ruiné venu chercher refuge) qui a décidé sous l'influence et l'autorité paternelle du vieil Haffez, de ne plus jamais travailler et de consacrer son temps précieux à une activité bien moins contraignante, mais néanmoins pratiquée avec beaucoup de discipline et d'investissement, et qu'ils ont élevé au rang d'art sacré, dormir !
Ainsi se déroule leur vie paisible composée de siestes, d'assoupissements et de repos, jusqu'au jours ou l'équilibre et l'harmonie du foyer vient a être menacé par deux nouvelles plus terrible l'une que l'autre et qui menace terriblement la tranquillité de la maisonnée : le vieil Hafez veut se remarier et son plus jeune fils, Serag, veut quant à lui commettre la chose la plus inqualifiable et dangereuse aux yeux de sa tribu, c'est à dire "Travailler". Chaque membre de la famille ne connaît que trop bien les pièges de la société qui vous replonge dans une vie active, pour ne pas voir le danger qui les guette. C'est de là que part cette drôle d'histoire.
Même si je ne l'ai pas lu d'une traite, j'ai plutôt apprécié ce livre qui, sous ces airs de farce burlesque, nous dresse un tableau cynique et sans concession sur le monde du travail, sur la famille, et même sur la vie de couple, car même si le l ‘auteur se contente de nous raconter l'histoire sans prendre de partie pris, et même si on est forcement un peu choqué par la manière et l'art de vivre de cette étrange famille, on se retrouve aussi régulièrement à penser que certain de leurs arguments sont plus que solide.
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Roman très original, presque une fable ou un conte où la fainéantise est élevé en valeur fondamentale. Un patriarche vit avec ses trois fils dans une grande maison où leur objectif est de dormir et paresser. Seulement, le dernier des fils tenterait bien l'expérience du travail et le père a très envie de se remarier...
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Comme promis en début d'année 2022, je reviens visiter un vieil ami : Albert Cossery, le dandy parisien.
Me voici donc transporté dans une drôle de famille Cairote, celle d'Afez et ses trois fils : Galal, Rafik et Serag, ainsi que l'oncle Mustapha. Il y a aussi Hoda, la petite bonne de la maison, et qui en outre est amoureuse du jeune Serag.

L'histoire est assez simple :
Dans cette famille la paresse est la valeur première, dormir la fonction première.
Mais voilà que Serag en a marre de végéter entre ces murs, il s'est mis en tête de partir en ville pour trouver un boulot.
Autant dire : apporter la honte sur la famille.
De plus, le vieux, à quand à lui décidé de se remarier.
Branle-bas de combat !!!
Car un mariage ramènerait inévitablement une belle-doche à la maison. Autant inviter le diable à cohabiter. Une femme entre les murs, signifie pour les fils, la fin du repos, du calme, des siestes... tout une philosophie de vie ainsi menacée.
À partir de là, l'histoire va s'emballer.... enfin, s'emballer... à un rythme un poil plus élevé, vu que dans cette maison, tout le monde est à demi-comateux.
Le plan anti-mariage va s'enclencher.
Serag tentera d'aller vivre son aventure travail, contre l'avis de tous.
Hoda fera tout pour gagner le coeur de Serag.
On croisera également un jeune enfant des rues, malin comme tous les enfants des rues ; Abou Zeid, un pauvre commerçant qui tient une drôle de boutique ; Imtissal, la prostituée qui a très bien connu cette famille impossible ; Mimi, le peintre poète et enfin Haga Zohra, l'entremetteuse, masseuse à l'occasion.
Une petite souris et une grosse hernie viennent compléter le tableau.

Même si j'ai bien aimé cette lecture, je dois bien avouer que le plaisir fût moindre que celui que m'avait apporté les nouvelles : "les affamés ne rêvent que de pain" et "danger de la fantaisie", nouvelles extraites du recueil : "des hommes oubliés de Dieu".
Cette histoire reste bon enfant, l'humour étant à mon sens, le moteur de ce roman, de ce conte pourrais-je dire, même si bien-sûr, avec Cossery, la farce reste une façon d'égratigner la société du Caire (seulement ?)
Ici, le monde de travail, les valeurs sociales, familiales, la loyauté, le mariage, l'amour, tout est moqué avec malice.
La phallocratie est omniprésente tout du long du roman ( pour la moquer également ?... je l'espère)

A bientôt mon cher Albert !
Avant la fin de l'année ? P't'être bin qu'oui!
Mon choix est déjà fait pour la prochaine rencontre.

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Vraisemblablement le livre de Cossery où il porte au plus haut le culte de la fainéantise, culte qu'il a fait sien au quotidien.

Une famille égyptienne avec un patriarche et 3 fils où chacun s'efforce d'être le meilleur dormeur... jusqu'au moment inattendu où le fils cadet veut se mettre à travailler...

Une fable qui m'a fasciné, comme toute son oeuvre d'ailleurs.



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J'ai trouvé ce livre dans ma librairie préférée, parmi d'autres ouvrages de Albert Cossery. le titre m'a attirée, l'histoire aussi ; j'avoue que je n'ai pas été déçue.
Cette histoire sort vraiment de l'ordinaire, c'est très bien écrit, une vraie friandise.
J'espère avoir l'occasion d'en lire d'autres!
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