Le titre fût la cause de ce choix sur cette masse critique, me laissant plonger dans cette rivière d'inconscience de ce livre au contour fantastique par sa première de couverture où s'entremêle un corbeau et renard dans une exquise artistique picturale épurée sombre entre ébène et cul-de-bouteille. Ce premier roman de
Blandine Costaz nous emporte dans cet univers perdu des contes, ceux qui ont bercés nos enfances et cultivent les étoiles dans les yeux, ce conte à la saveur slave nous entraine dans une région étrange, aux traditions encore plus étranges et aux habitants noyés dans une atmosphère tourbillonnante d'us et coutumes ancestrales.
Un fleuve sépare deux régions qui s'ignorent, sur chaque rives deux adolescents osent s'enfuir pour échapper à leurs destinées et vivre la leurs, leurs périples va les transporter dans des périples irréelles et laisser le lecteur dans la surprise et l'étonnement, presque désarçonné et même désabusé et comme moi déçu par le peu de profondeur, l'auteure reste en surface, oeuvrant pourtant beaucoup d'ouvertures en les abandonnant sans oser expliquer pour continuer dans une distorsion temporelle facile et avantageuse , voire presque fainéante de notre conteuse.
Il y a de temps en temps un écho à
Lewis Caroll et son Alice aux pays des merveilles, de la poésie dans les dialogues et on distingue une analogie avec le chef d'oeuvre d''
Antoine de Saint-Exupéry,
le petit prince, et flotte au loin Les contes des mille et une nuit, la prose est légère, comme la trame se dissout dans le temps, les deux enfants échappent à la violence des adultes et de leurs coutumes, la jeune fille Ethel sans parents, élevée par sa grand-mère Babka, sous le regard pervers de son oncle Jack, et ce jeune garçon illettré qui fuit une beau-père violent, ces deux innocents ont en commun cette révolte infantile si puissante et cette force de communiquer avec l'invisibilité qui les entoure.
Il y a un jeu de piste créé par l'auteur avec ce marque-page offert à ‘intérieur de ce livre qui est orné de sigle représentant les onze lieux précis de ce conte pour adulte, la rive d'Ethel, la rive de Charly, le village, la labyrinthe, le campement, la ville au bord de la mer, le fleuve, le pont, le moulin, le désert et la plaine, à chaque début de paragraphe, un sigle est annoté pour annoncer le lieu, nous sommes toute suite dans le coeur de cette fuite, et nous suivons l'évolution de chacun, au même instant les hommes du village d'Ethel partent en pèlerinage pour être en accord avec la nature et ces habitants, le poids du passé écrase cette région où onze lieus dominent où le passé étouffent ce village, où le monde invisible domine, où le réel s'évapore dans une intemporalité qui quelque est ailleurs est là , à la fois, la magie est si proche dans ce livre, qu'elle déborde à tout instant pour jaillir tel un feu d'artifice.
Ce livre laisse toute possibilité à l'auteur dans son imagination pour laisser apparaitre des arbres tombes, des bois des troncs tombeurs, des yeux perdus dans le noir des arbres, un ours parlant, une chèvre, des corbeaux instituteurs et ces mystères qui entourent ce village avec ces âmes mortes, les neutres et les âmes errantes et le livre séculaire, pour un roman enchanteur laissant des étoiles dans l'iris des plus jeunes !