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EAN : 9782738130815
180 pages
Odile Jacob (02/01/2014)
4/5   2 notes
Résumé :
Que ressent-on vraiment face à la médiatisation des agressions sexuelles ? Sidération, répulsion, fascination ou interrogation ? Au-delà de l'émotion, Roland Coutanceau tente de répondre aux questions essentielles que chacun de nous se pose. Comment se remet--on d'avoir subi une telle violence ? Qui sont ces hommes, parfois ces femmes, capables de tels actes ? Des immatures, des cyniques, des monstres ? Peut-on humaniser, soigner les agresseurs sexuels ? Comment pré... >Voir plus
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Jacques Lacan, du temps de sa période « bleue », celle où il était encore compréhensible par tous, avait dit au cours d'un congrès de criminologie en 1950 : « Les sujets transgressifs sont des sujets dont l'égocentrisme est extrême, quoique caché, et qui, s'étant vécus blessés narcissiquement dans leur enfance, s'autorisent à voler et tuer. » Il nous paraît licite d'ajouter « à violer », en retenant que le commentaire de Lacan date d'une période où l'on ne parlait pas beaucoup des violences sexuelles. Par ailleurs, il nous semble que plus le criminel sexuel est redoutable, c'est-à-dire récidiviste, plus cet égocentrisme est extrême. Souvent évident dans la présentation même du sujet, il peut en effet être masqué sous une façade adaptée, banalisée, et sera alors seulement objectivé par l'œil du psycho-criminologue. Lacan fait référence à une blessure narcissique ressentie dans l'enfance, ce qui nous paraît plus large que la notion souvent colportée suivant laquelle « qui a été maltraité maltraitera ». Le facteur prédictif de la violence ultérieure est de nature subjective et vaste : ce qui est en jeu, ce sont les souffrances éprouvées dans le passé, les humiliations, les brutalités, les actes sadiques, les brimades, les injustices, le manque de reconnaissance positive. Autant que leur réalité, c'est leur caractère vécu comme particulièrement douloureux, voire insupportable, qui constitue la blessure narcissique et participe à la construction d'un être susceptible, réactif, d'un écorché vif qui ne trouve à s'accomplir qu'en légitimant sa colère, sa haine, en devenant bourreau à son tour.
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Il nous a été donné de vérifier cette donne manipulatrice au travers d'une étude que nous avons effectuée sur les casiers judiciaires de pédophiles. Alors que nous ne pensions trouver que des antécédents d'actes pédophiliques, nous avons découvert que 20% des sujets avaient déjà été condamnés pour escroquerie. Or l'escroquerie est une atteinte aux biens d'un genre particulier puisqu'elle suppose la capacité de manipuler autrui! La personnalité du pédophile fixé est extrêmement variable, du névrosé culpabilisé ou s'autoleurrant au cynique pervers, en passant par l'immaturo-égocentrique.
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Le vécu subdépressif assorti d'idées suicidaires rend celui qui est atteint de troubles de la personnalité extrêmement aigre, désireux de vengeance et particulièrement dangereux pour lui-même et pour autrui. Il y a là une variante existentielle de la phrase de Nietzsche : « Puisque Dieu est mort, tout est possible. » Dieu représente ce qui empêche tout un chacun de passer à l'acte, de même que son équivalent, la conscience – au sens moral du terme.
Le désespoir de l'égocentrique libère une sorte de toute-puissance, un sentiment d'invulnérabilité, une volonté de transgression dont les conséquences seront effacées par la mort qui s'ensuivra. Les faits divers nous donnent des exemples extrêmes de ces criminels qui retournent ensuite leur arme contre eux-mêmes. La projection dans la mort perdure et protège en quelque sorte le sujet quand il se met à imaginer une action agressive, violente, mais aussi excitante : « Pourquoi pas dans le fond, puisqu'il n'y aura plus rien derrière? Est-ce que je ne mérite pas un ultime plaisir? » C'est la signature psychologique de cet être dysthymique, immature et égocentrique, volontiers mégalomane, de cette personnalité phobique et obsessionnelle, évoluant parfois dans une dynamique paranoïaque, de cet homme qui se piège lui-même en imaginant qu'il organisera sa propre mort après.
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Comme souvent en criminologie, le criminel hors normes est la résultante d'un certain nombre de facteurs : cette polyfactorialité consiste en une accumulation d'éléments avant-coureurs, problématiques, qui finissent par « précipiter », comme lors d'une réaction chimique. Aucun des facteurs n'est suffisant en lui-même, c'est l'ensemble qui crée le précipité, en l'occurrence le criminel et le passage à l'acte. On distingue des facteurs statiques et des facteurs dynamiques. Parmi les facteurs statiques, trois grands axes, d'intensité variable selon les cas, se dessinent chez les agresseurs sexuels les plus exceptionnels, ceux que l'on appelle dans le langage médiatique les « prédateurs » : une personnalité caractéristique, un vécu particulier de la sexualité et, parfois, une histoire traumatique dans le domaine sexuel.
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Mais d'emblée, annonçons la couleur : le domaine qui nous autorise à parler, la psychiatrie et sa branche spécialisée, la psychiatrie légale ou la psycho-criminologie, est beaucoup plus à l'aise quand il s'agit de décrire les phénomènes que de les expliquer dans leur essence profonde, inconsciente. Même s'il nous semble qu'une explication découle toujours en partie d'une observation détaillée. Le pourquoi de ces phénomènes dont la psychanalyse, la psychosociologie, parfois la philosophie, ont tenté de se saisir, nous paraît, à nous praticiens de terrain, bien souvent relever de spéculations intellectuelles qui ne parviennent pas à décoder la part de mystère qui les entoure. Pourra-t-on répondre simplement à la question : « Pourquoi n'obtient-on de satisfaction sexuelle qu'en commettant le viol d'une femme ou en abusant d'un enfant? » De notre point de vue, la description minutieuse des traits de caractère d'un agresseur type, la mise au jour de l'organisation de sa personnalité constituent un élément de la réponse.
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Videos de Roland Coutanceau (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roland Coutanceau
L'intégralité de l'interview sur la plateforme france·tv https://bit.ly/CaVousReplay
Selon la préfecture, 20.000 personnes se sont rassemblées dimanche 25 avril place du Trocadéro à Paris pour demander "justice pour Sarah Halimi". le meurtrier de cette femme juive tuée en 2017 a été jugé irresponsable pénalement. Une décision contestée par la famille et mais aussi par des élus. Invités sur le plateau de C à vous, Philippe Houillon, ancien président de la commission des Lois de l'Assemblée Nationale, co-auteur du rapport "Mission sur l'irresponsabilité pénale" et Roland Coutanceau, médecin psychiatre, praticien hospitalier, expert à la cour d'appel de Paris, livrent leur expertise sur cette affaire. 
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