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Salvador Dalí (Autre)
EAN : 9782253042914
Le Livre de Poche (31/01/1996)
4.21/5   24 notes
Résumé :
Quatrième de couverture (sur le LDP 1974/1987)


Pierre, personnage central de La Mort difficile, aime Arthur l'Américain, venu en Europe comme laveur de vaisselle, maintenant dandy capricieux et insolent. Mais Pierre est aimé de Diane. Entre la douce compagne compréhensive et attentive et le représentant d'une jeunesse embellie par les fêtes et les griseries de toutes sortes, Pierre hésite, désorienté, troublé, fragile.
Pierre est-il le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La critique difficile.

Sous le ciel des écrivains de la première moitié du vingtième siècle, René Crevel fait figure de météore. Né avec le siècle il s'éteint à trente-cinq ans ; prévoyant, il avait déjà publié son faire-part en 1926, année de parution de « La Mort Difficile ».

Ce court roman autobiographique ne passe pas pour l'oeuvre la plus expérimentale de l'auteur surréaliste. L'histoire, celle d'un fils malmené par sa mère, d'un jeune homme qui ne peut aimer et être aimé selon son souhait, est plutôt commune (Aussi n'est-ce peut-être pas la meilleure introduction à son oeuvre d'après un spécialiste interrogé dans le numéro « d'une vie, un oeuvre » consacré au romancier français sur France Culture).

« Il tient le crachoir et avec une telle maestria ». Ce qui l'est moins c'est le style ardu du très jeune écrivain. Crevel a les défauts de ses qualités et son style est tout à la fois l'attrait principal du livre, car on écrit plus comme cela de nos jours et son handicap majeur. Les phrases sont très travaillées, métaphores, changements de perspectives, longueurs, tournures alambiquées rendent souvent Crevel crevant.

Ceux qui l'ont connu, comme Anna de Noailles, Tristan Tzara et André Breton, font le portrait d'un jeune homme courtois, toujours prêt à rendre service et avec le sourire. René Crevel était un pont entre le surréalisme et le communisme. Il fréquentait également en bon dandy le tout Paris littéraire et artistique, quand la phtisie dont il souffrit toute sa courte vie lui en consentait le loisir. Son écriture traduit cet élan générationnel avec force provocation et méchante ironie, comme il en pleuvait chez les jeunes Aragon, Desnos et Breton.

D'une désarmante honnêteté dans son introspection, Crevel a le courage d'affirmer une homosexualité pleine et entière dans sa vie comme dans son livre. Comme son avatar Pierre Dumont, il aura une histoire d'amour avec un joueur de jazz américain, bien décidé à « avoir le courage de ses goûts », il écrit : « l'amitié de deux hommes s'affirme au point de devenir cet amour que les hypocrites et les ignorants ne prétendent possible qu'entre des individus de sexes différents » le tout non sans provocation : « si tu veux l'amuser fais-lui remarquer que les initiales de Pierre Dumont le prédisposait à ces sortes d'aventures. »

A travers le triangle amoureux Diane, Pierre et Bruggle, Crevel nous lègue un portrait de la jeunesse du Paris des années folles, fait d'amour, de jazz, de drogues et de nuits fauves.

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Ce livre est si dense dans sa brièveté!
La mort difficile ne saurait être un livre...facile!
Crevel s'est jeté, livré dans ce récit de fatalité, d'amour et de mort.
Histoire sur laquelle pèsent l'ombre de pères absents: l'un chez les fous et l'autre suicidé-pendu!
Récit où Diane aime sans retour un Pierre épris ailleurs.
L'écriture est splendide, creusée, sculptée dans ces personnages d'un théâtre de la fatalité, du dépit et du bouillonnement des sentiments contradictoires.
Ce livre est d'un sombre ravissement, non dénué de fragrances d'humour en légers volutes noires.
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Publié en 1926, ce roman partiellement autobiographique critique le milieu bourgeois parisien vu par un fils dévoyé fréquentant le milieu artistique dans les années 1920. Celui ci détaille les côtés négatifs de ses proches, des deux personnes qui l'aiment et de lui-même; les rôles artificiels que chacun s'applique à jouer et qui risquent de mener au drame.


J'ai apprécié le début du livre, la conversation entre la mère du héros et celle de son amie situe bien le cadre du roman et témoigne d'un certain humour féroce, cependant le ton ne change pas pour le reste du roman, un long et monotone monologue introspectif et défaitiste qui devient vite lassant. La dernière partie du livre donne une idée dont sont perçues la pédérastie et l'homosexualité dans ce milieu à l'époque.


J'ai eu quelques difficultés à accrocher au style d'une autre époque, où les "belles lettres" étaient très importantes dans la société, un peu pédant, voir précieux dans la bonne société du début du XXème siècle. L'écriture est monotone avec quelques longueurs … mais cela est peut-être voulu afin de faire ressortir une ambiance déprimante.
Ce roman est bien écrit dans l'esprit d'un certain milieu où le spleen était cultivé, le témoin d'une époque et d'une manière de vivre dont l'atmosphère est bien restituée. Il est peu vraisemblable qu'un jour je relise ce livre, cependant il reste intéressant et d'une certaine qualité.
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Merveilleux livre, évidemment extrêmement bien écrit (René Crevel oblige), comme le titre assez difficile a lire car le héros pense et parle et l'on passe des pensées, des rêves, au réel, assez brusquement ce qui au départ déstabilise un peu. J'ai eu envie de lire ce livre écrit au cours de l'été 1925 après avoir lu la merveilleuse biographie « d'Eugene Mc Cown démon des années folles ». Ce temps pour la lecture de cette oeuvre était parfait, car après Eugene Mc Cown on découvre que ce roman est véritablement autobiographique Pierre est René Crevel et Arthur Bruggle :Eugene Mc Cown. La puissance de cet écrit est alors décuplée !!!! Merveilleux écrit extrêmement triste surtout lorsque l'on connaît la fin de Crevel. À recommander chaudement après avoir lu la bio de Mc Cown.
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fascinant, dérangeant Proustien en diable. Allons, amis, si ce n'est déjà fait, en route pour" ratapoilpolis". C'est votre tour.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
« Il est obligé de reprendre une conscience plus précise de soi, de se tâter, de se dire que le danger naît peut-être de la façon dont il présente son tourment plutôt que de ce tourment même »
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Ainsi Diane qu'il se reprochait, la minute antérieure, de maltraiter devient soudain l'accusée. Toujours la même histoire: tendresse tant qu'il aura besoin d'elle, et indifférence, mépris injuste dès qu'elle ne lui sera plus nécessaire?
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Mme Dumont-Dufour et Mme Blok parlent de leurs malheurs. C’est-à-dire de leurs maris. Mme Dumont-Dufour qui eût été juriste, comme feu son père le président Dufour, si elle avait eu la chance de naître homme, soudain renonce à l’énumération des méfaits individuels, pour accuser dans un réquisitoire à portée sociale et avec des mots qui — elle en a donné son billet — ne sont pas mâchés, les lois elles-mêmes. …Oui les lois, car, telle est la stupidité du code et son parti pris que M. Dumont a eu beau mener sabbat, tant qu’il a pu, sa femme aujourd’hui n’a même pas la ressource du divorce. Faute de ciel, les yeux prennent à témoin le plafond. Les mains font de leur mieux et Mme Blok pense que Mme Dumont-Dufour ne serait pas déplacée dans quelque grand salon orné de cinquante lustres, soixante-quinze pianos à queue et une infinité de girandoles. Mais à la vérité, il ne s’agit pas d’un salon, si grand soit-il. Mme Dumont-Dufour évoque tout un pays, un continent et davantage encore : son domaine des souvenirs. Le domaine des souvenirs. Une mer où transparaît une ville engloutie, car, chère Mme Blok, elles sont au fond de l’eau, bien au fond les illusions de Mme Dumont-Dufour. Que lui reste-t-il ici-bas, à présent ? Des regrets, la mémoire de gestes sans joie. Quant à l’avenir, on n’ose y songer.
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Si tu savais tout ce que fut pour moi la découverte de cet être qui, où qu'il aille, quoi qu'il fasse ou dise, toujours glisse entre les reproches, les remords, comme un poisson entre deux eaux. Il est le seul qui trouve sa justification en soi. Le seul, Diane. Étais-je digne d'un tel miracle. Tu te rappelles l'an dernier j'ai fait un voyage avec lui. Dans le wagon, les après-midi de pleine chaleur, tandis qu'il dormait, si pur dans son sommeil qu'il n'était pas humain, mais végétal, moi j'avais honte de mes mains chaudes, tristes de poussière. Le matin au réveil, je n'osais ouvrir les yeux, m'approcher de lui, de sa chaleur. Il était la seule créature, la seule réalité terrestre qui me décidât à vivre sans juger ma vie.
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Seul, il ne saurait où fuir. Que de fois déjà, las de lui-même est-il descendu, non pour demander secours à quelque autre, mais pour se perdre dans la rue, parc anonyme, mais le plus beau, se forçait-il à croire, de toutes les promesses. Il marchait, ne trouvait point ce rêve sans nom et sans visage en quoi il avait décidé de se perdre. Il marchait. Aucun regard ne retenait le sien. Sur le sol mouillé la plus faible lueur multipliait toute tristesse. Il marchait et le froid se faisait maillot sous les vêtements, le linge. Ses dents claquaient. Son squelette souffrait seul et tout entier, car déjà ce squelette avait dévoré sa chair. Ce qui, de son corps, demeurait apte au bonheur se fanait. Dans ses poches, ses mains étaient des fleurs, sans sève, sans couleur. Alors il entrait n'importe où, non pour trouver quelque secours précis, humain, car s'il cherchait à retarder la débâcle c'était par d'étranges aides et il n'eût su que faire d'une peau habitée par un esprit semblable au sien.
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Video de René Crevel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Crevel
trailer for LA MORT DIFFICILE starring Brandon Slagle. From the book by RENE CREVEL, an associate of photographer MAN RAY
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