DOUX EROTISME
Ici le corps est d'abord un théâtre silencieux et les mouvements sont insouciants.
Puis la bouche et les lèvres d'amour deviennent frémissantes et les cheveux rougeoient devant la nudité affolante. Les seins sont des fleurs offertes aux doigts terrifiants et goûtant à l'opium de la chair, le ventre se fait riant et les tétons criant. le corps féroce n'est que chair croustillante battant au rythme des hanches luxurieuses et enthousiastes.
Voici une tentative de retranscription par des mots saisis çà et là dans les poèmes de Cummings, de l'aventure érotique qu'il nous offre à lire et à ressentir.
Ses mots disent un érotisme doux, ni vulgaire ni déplacé, où la femme est sublimée (et jamais avilie) par le désir de communion et d'harmonie des corps, qu'elle soit une muse, une épouse ou une fugitive rencontre.
Des préliminaires frissonnants, au souffle de l'ardeur de l'étreinte jusqu'aux secousses vertigineuses de la jouissance, Cummings raconte dans une délicate sensualité ces corps qui se rencontrent, se frôlent et s'entremêlent.
Les courts poèmes jouent sur la déconstruction poétique, la longueur des vers, les parenthèses secrètes et la ponctuation surprenante pour accompagner le rythme du corps à corps et faire vivre à son lecteur chaque mouvement et chaque impulsion dans le balancement poétique du verbe.
C'est le rythme de l'amour, le rythme des corps et celui des coeurs battants dans l'acte sexuel magnifié qui résonne intensément dans la poésie libre et libérée de Cummings.
Dans une post-fac éclairante,
Jacques Demarcq nous explique qu'il a parfois été difficile de faire admettre et publier ces poèmes érotiques dans les années 1920. Mais les temps changent et bien heureusement nous pouvons aujourd'hui jouir (sans jeu de mot…quoique) de la lecture de ces textes sensuels et toujours en mouvement sans rougir, notamment grâce à cette très belle édition bilingue des éditions Seghers.
Une ode aux corps et au plaisir des sens, élégamment illustrée des dessins du poète, comme une ponctuation esthétique, parfait écho à ses mots érotiques dont on se lasse difficilement, jusqu'à en demander « encore »…