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3,64

sur 695 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"L'autre qu'on adorait" est une histoire vraie qui débute par un suicide: celui de Thomas, 39 ans, en avril 2008 sur le campus de l'université américaine où il enseignait la littérature française et l'histoire du cinéma.
À partir de là, et en choisissant de s'adresser à Thomas à la 2ème personne "car 'il' est trop distant [...], 'il' te tue encore un peu plus", l'auteure et narratrice Catherine Cusset nous fait revivre la vie, depuis ses 17 ans jusqu'à son suicide à l'âge de 39 ans, de celui qui fut d'abord son amant avant de devenir son proche ami.
À travers ce roman qui s'inscrit dans une démarche réparatrice, l'auteure s'attache, sans jamais tomber dans le sentimentalisme, à redonner vie à Thomas en essayant de mettre des mots sur sa souffrance et sur ce qu'elle n'a pas su voir ni comprendre à l'époque. Comment un homme si brillant et cultivé, passionnant et passionné, aimé de tous et tellement amoureux de la vie a-t-il pu mettre fin à la sienne de façon si tragique? Comment a-t-il pu dériver à ce point, accumuler autant d'échecs professionnels et de ruptures sentimentales?
Ce livre n'est pas joyeux. Il traite de la souffrance, du mal-être, de la solitude, de la maladie et de la mort mais quel magnifique et poignant hommage à un ami exceptionnel parti bien trop tôt! La plume, le ton et le style de Catherine Cusset très riches en références sociales, politiques et littéraires tant françaises qu'américaines m'ont beaucoup touchée et permis de ressentir toute la souffrance de cet homme à la fois exalté et épuisé par l'existence et qui n'a pas pu s'adapter au monde impitoyable dans lequel il évoluait.
La plupart du temps relativement lent et linéaire, le rythme devient presque effréné sur le dernier tiers du roman, me surprenant à espérer une autre issue à celle, fatale, pourtant annoncée dès le départ. C'est la gorge serrée et le coeur lourd que j'ai finalement refermé ce magnifique livre.
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Lu entièrement hier. Je n'ai pu le lâcher.
Livre très attachant, un hommage à son Ami Thomas, bipolaire, maladie anciennement nommée psychose manaco-dépressive, et qui se suicide à 39 ans.
L'amitié/amour transpire à chaque ligne. Très poétique parfois.
Elle le tutoie comme si elle lui parlait, comme si elle lui écrivait, comme si, et c'est magnifique, il était encore vivant parmi nous. C'est touchant à l'extrème.
Un livre d'une grande délicatesse avec beaucoup de pudeur.
Le style est important ; les phrases s'accélèrent quand Thomas est en phase maniaque, quand il fait le chien fou, quand il se disperse et remue beaucoup d'air. Quand à l'inverse il est en phase dépressive, le style est plus lent. Parfois, l'alternance de ces deux phases peut être épuisant pour le lecteur. Alors on se doute de la fatigue de Thomas...
Maladie terrible, qui fait des ravages auprès des proches, sujet également du si beau livre de Delphine de Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit" (cf mon commentaire sur cet ouvrage).
Et nous assistons à cette descente aux enfers, à cette chute inexorable, avec tous ces échecs sentimentaux et professionnels de Thomas. Quel gâchis!
Les toutes dernières pages dans l'épilogue sont d'une rare beauté cristalline.

"L'autre qu'on adorait/qu'on cherchait sous la pluie"; Madame Cusset n'aura plus à le chercher sous la pluie, il est ailleurs, un ailleurs qu'il a tant désiré, qu'il a choisi, et l'on espère qu'il soit apaisé, tranquille, enfin.
A lire absolument, un grand moment de lecture.
Merci.
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Le «tu» c'est l'autre qu'on adorait.
Que dire de ce scalpel littéraire que nous offre Catherine Cusset ?
L'auteur réussit à inciser parfaitement la descente aux enfers de Thomas. Nous nous retrouvons alors devant la dévastation que peut engendrer la maladie mentale.
Avec cette façon si particulière de traiter la narration, Cusset nous amène à voir Thomas, à penser comme lui, à vivre avec lui, à plonger dans ses noirceurs.
Elle réussit le tour de force de donner un son à ce roman : le rire de Thomas.
L'épilogue est un moment de grâce... je l'ai relu plusieurs fois tant l'intensité est à son comble.
Ce roman m'a éblouie.
Il m'a rappelé que j'adorais le style Cusset.
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Thomas un homme flamboyant mais...

Ce roman est une autofiction dans laquelle Catherine Cusset rend hommage à son ami Thomas qui s'est suicidé en 2008. Son roman prend la forme d'un récit où elle s'adresse à Thomas, elle ne veut pas employer le "il" qu'elle juge trop distant. Elle a emprunté son titre aux paroles de la chanson "Avec le temps" de Léo Ferré.

Elle a connu Thomas lorsqu'il avait 20 ans et était étudiant; elle-même avait 26 ans et était romancière et professeur d'université. Ils ont vécu une "amitié érotique" pendant quelques mois, unis par une même attirance physique sans amour.
Cette aventure s'est transformée en belle amitié, Catherine considérant Thomas comme son "âme soeur", elle devient son soutien, sa conseillère dans ses histoires d'amour.

Thomas part à 23 ans à New-York où il est étudiant à Columbia, préparant une thèse sur Proust. C'est un homme intelligent, érudit et original. Libre, jouisseur et séducteur, cet intellectuel brillant devient le roi de la nuit et vit dans une démesure où l'alcool tient une grande place en particulier pour l'aider à surmonter ses terribles insomnies.
Mais c'est aussi un homme drôle dont le rire inonde ses amis et ses étudiants qu'il fascine.

Il enchaine les aventures et vit trois histoires d'amour qui se soldent toutes par un échec, c'est un homme au caractère entier, exclusif, jaloux, colérique, impatient, exalté, irrévérencieux...

D'abord étudiant en doctorat de littérature puis professeur, grand spécialiste de littérature, de cinéma et de musique il affronte également plusieurs échecs lorsqu'il présente sa candidature pour des postes universitaires.

Cet homme au grand corps maladroit qui a surmonté une nécrose des hanches à l'âge de six ans, est sujet à des sautes d'humeur et vit "des très hauts suivis de très bas". Surnommé "l'exalté du campus", il enchaine périodes d'exubérance et périodes de dépression où il n'éprouve plus aucun désir et ne veut que boire et dormir. Un jour le diagnostic de bipolarité tombe.

Tout au long de sa vie, avant son suicide à l'âge de 39 ans qui est annoncé dès les premières pages du roman, Catherine reste très proche de lui, elle essaie à un moment de le bousculer en le traitant de "bouffon pathétique" dans un texte qu'elle a écrit sur lui. Blessé, il lui rétorquera alors "tu sais, Catherine, j'ai quand même une vie intérieure."

Ce roman fourmille de références à Proust car Thomas se sent très proche de Proust et de son oeuvre.

Ce roman relate une belle histoire d'amitié entre un homme et une femme. Catherine a entretenu avec Thomas une relation pleine de tendresse et d'empathie. D'une écriture vive, elle parvient parfaitement à décrire la terrible descente aux enfers de Thomas et sa dérive vers l'inéluctable, le tout est raconté de façon chronologique, très linéaire.

Dans son récit Catherine Cusset reste à la lisière de cette histoire, en position d'observatrice ce qui donne à son analyse une valeur universelle, elle ne s'étend pas sur ses propres ressentis, sur son incompréhension de la maladie de son ami sauf dans l'épilogue où elle se livre un peu. Elle a parfaitement trouvé la bonne distance pour nous parler de Thomas.

Le comportement de Thomas m'a dans un premier temps agacée avant de m'émouvoir quant j'ai compris l'extrême fragilité de cet homme, sa grande souffrance et sa maladie. J'ai éprouvé de l'empathie pour cet homme passionné à l'extrême sensibilité qui a passé sa courte vie d'une ville à une autre, d'un continent à un autre à la rencontre de ses multiples amis.

"La courbe de ta vie qui telle une voiture de sport fonce vers un mur contre lequel elle va se fracasser."
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Très belle lecture. La descente aux enfers d'un homme dans une dépression qui est diagnostiquée au bout de plusieurs années comme maladie, il est bi polaire. Il y a de magnifiques sentiments et le récit de toute une vie entourée des autres. J'ai eu envie de lire ce livre car j'ai entendu une émission à la radio où l'auteure parlait de son personnage principal "Thomas" , j'ai été envoûtée et il m'a tout de suite interpellé et j'ai eu envie de découvrir Thomas et ses tourments.
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"L'autre qu'on adorait" de Catherine Cusset est ma dernière lecture d'octobre et ce roman est bouleversant.
🌺Catherine Cusset nous fait revivre l'histoire vraie de son ami Thomas (le prénom a été changé) de ses 17 ans à son suicide à l'âge de 39 ans.

🌺Thomas qui était un jeune homme brillant, très cultivé, irrévérencieux, passionné de musique, cinéma, littérature et de Proust en particulier, amant fougueux va connaître une chute vertigineuse dans les abymes de la dépression/bipolarité.

🌺Avec l'emploi de la deuxième personne, Catherine Cusset, qui est la narratrice, abolie la frontière avec son personnage et nous permet de suivre le parcours de Thomas en l'incarnant littéralement sous nos yeux. Cet homme solaire promis à un bel avenir, grand séducteur, qui jouit de la vie avec exaltation va accumuler les échecs amoureux et professionnels.Après avoir échoué au concours d'entrée à Normale Sup, il décide de tenter sa chance aux États-Unis et part à l'âge de 23 ans. Dans le milieu impitoyable de l'université américaine,Thomas dont la thèse porte sur Proust et le classicisme, éblouit par son érudition et son aisance relationnelle mais ne parviendra pas à s'adapter au "temps" de la société avec ses contraintes et ses exigences.

🌺 L'écriture de Catherine Cusset est très vivante, le roman est plein de références culturelles qui montrent la richesse du personnage de Thomas. Au fur et à mesure de la narration on le voit passer par des phases d'euphorie suivies de phases d'abattement qui le mèneront à consulter un psy qui posera le diagnostic de la bipolarité, maladie mentale grave dont le traitement demande beaucoup de rigueur. Or Thomas n'est pas près à s'imposer cette rigueur. le tournant le plus abrupt de sa vie qui se rapporte à un échec professionnel le fera complètement perdre pieds et le poussera à mettre fin à ses jours.

🌺On referme ce livre le coeur palpitant, en apnée, étreint par un sentiment d'empathie qui nous permet aisément de comprendre l'épuisement de Thomas face à l'existence. Ce roman d'une grande richesse a touché profondément ma sensibilité.Catherine Cusset a écrit ce livre pour rendre justice au combat de son ami dont elle a compris la maladie qu'après da mort. C'est un bel hommage et une belle preuve d'amitié.
Lien : https://www.Instagram.com/au..
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Quel magnifique roman ! Un rythme soutenu, une belle écriture. Un bel homme à son ami décédé. Je vous conseille vivement ce livre. Vous ne serez pas déçu je pense.
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Ce jour là Thomas s'est décidé à mourir.
Ancienne amante et fidèle amie de toujours, Catherine Cusset fait revivre Thomas à la manière d'un long film en travelling permanent.
Thomas est à 20 ans un élève brillant préparant le concours de Normale Sup avec ses amis. Il échoue - deux fois - alors même que son entourage lui promettait le meilleur des avenirs.
Thomas part alors faire carrière aux Etats Unis pour réparer ce mauvais départ indigne de ses hautes ambitions.
De villes universitaires en villes universitaires, à force de fausses promesses, de procrastination, d'indécisions et de brusqueries, Thomas réussit année après année à échouer dans sa vie professionnelle, dans sa vie sentimentale et à perdre toute autonomie financière.
Ce roman se dévore d'une traite. On se laisse happer par l'enchaînement des vies et des déboires de Thomas. Un peu voyeur, on s'énerve de son approche suicidaire dans chaque situation de la vie. On partage sa fièvre pour Elisa, Ana, Olga, Nora, Sylvie... On s'émeut de le découvrir malade. On se prend à rêver d'un traitement pour le soulager et l'apaiser.
L'auteur s'adresse tout du long à Thomas à la deuxième personne faisant du récit un témoignage intime, cru parfois, sans complaisance souvent mais toujours affectueux.
On repose ce livre hébété d'avoir ainsi partagé la vie de Thomas jusqu'à cette fin tragique. On aurait envie comme lui de haïr la médiocrité. Cette détestation de sa propre médiocrité et l'exhalation d'une perfection de chaque instant auront été les moteurs de son inaction permanente et de son insatisfaction suicidaire.
Jouissons donc de ce bon moment de lecture qui nous sauve un instant de cette médiocrité maussade.
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L'autre qu'on adorait raconte la descente aux enfers de Thomas, qui n'est autre que l'ex compagnon de l'auteure, Catherine Cusset. Elle a voulu, en racontant le parcours de l'homme qu'elle a aimé en tant qu'amant puis en tant qu'ami, lui rendre un dernier hommage et surtout, s'adresser à lui.

Elle a choisi de lui parler directement, en préférant utiliser le « tu » plutôt qu'un « il », bien trop impersonnel et distant. Ce procédé narratif, s'il m'a un peu déconcertée au début, m'a finalement permis de m'attacher encore plus à ce personnage tourmenté.

Catherine Cusset évoque donc le parcours de Thomas, à qui tout devait réussir, de sa majorité à l'approche de ses quarante ans. Mais de maladresses en erreurs de jeunesse, le jeune homme n'est pas parvenu à se mettre sur le droit chemin. Il est passé par plusieurs détours, s'est engagé dans différents projets sans les achever et a fini par se retrouver avec une accumulation de difficultés, tant sur le plan professionnel que relationnel sans parler de sa situation financière compliquée.

L'autre qu'on adorait évoque non seulement l'impuissance des proches face à ce fléau qu'est la dépression mais aussi l'indifférence et l'incompréhension que suscitent cette maladie. Tous constatent que Thoams se sent mal, très mal. Tous le conseillent, tentent, d'une façon ou d'une autre, de le ramener sur la bonne voie. Les problèmes de Thomas peuvent parfois paraître moins importants et graves qu'il ne le laisse paraître. Il ne trouve pas toujours le soutien dont il a besoin. Mais s'il ne trouve pas cette aide, c'est aussi parce qu'il cache la réalité de sa situation car il a honte.

Thomas a conscience de son mal être mais il est pris dans une spirale infernale où il ne trouve aucune autre issue que la mort. Mourir pour échapper à cette vie qu'il avait espérée différente, pleine de réussites, de joie et d'amour mais qui n'est qu'une succession d'échecs professionnels et sentimentaux. Thomas est une personne ambitieuse mais le moindre obstacle lui semble insurmontable, le démotive et le rend morne et dépité, ce qui est caractéristique des dépressifs.
Il va ainsi enchaîner les variations d'humeur où il perd le goût à la vie pour ensuite se montrer euphorique à certains moments.

Un récit bouleversant et émouvant sur le parcours de Thomas, même si un doute m'envahit : comment Catherine Cusset connaît-elle tant de détails sur la vie de Thomas alors qu'il a pris le soin de tout effacer ou détruire avant son suicide ? Ils étaient très proches mais lui a-t-il vraiment tout révélé de sa vie ou l'auteur a-t-elle choisi d'imaginer les détails et anecdotes de la vie tourmentée de son ami ?
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Il y a longtemps que je n'avais plu lu un livre qui me transportait, auquel j'adhèrais totalement au point de le vivre plus que le lire. Les situations, les personnages sonnent juste, le rythme est parfait, l'écriture est vivante. Je suis avec les personnages tantôt dans les rues de Paris que celles de New-York, la musique qu'ils écoute résonne dans ma tête, même si le sujet est triste, je le vis par procuration.
Il y a aussi la maladie, ce livre en est l'écho, si dès les premières pages nous apprenons le suicide de Thomas, le roman nous éclairera sur les raisons de sa mort, en particulier sur sa bipolarité, pathologie sournoise dont le diagnostique sera porté trop tard pour le sauver.
Un excellent roman de Catherine Cusset qui signe ici le pendant masculin du problème avec Jane dans lequel une doctorante peine à terminer sa thèse sur Flaubert, ici il s'agit d'un proustien qui part aux Etats-Unis afin de faire une carrière universitaire. La procrastination et la maladie mettrons en difficulté ce personnage qui a tout pour réussir, nous le rendant tour à tour attachant ou odieux.
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