Réflexion méditative
Réfléchissez à ces points de vue :
1. Se méprendre sur la nature des êtres et des choses comme étant inhérente génère encore plus de pensées erronées.
2. Les pensées erronées engendrent des émotions destructives comme le désir, la haine, l’inimité, la jalousie, la belligérance et la paresse.
3. Ces émotions négatives induisent des actes (karmas) qui ont été souillés par ces mêmes émotions.
4. Ces actes laissent une empreinte dans le mental et conditionnent la souffrance au cours du cycle des renaissances.
5. Par conséquent, l’ignorance est la source du cycle des naissances. L’ignorance ne porte pas seulement sur la méconnaissance de la véritable nature des phénomènes, mais sur la notion erronée concernant l’aspect indépendant et intrinsèque des personnes et des objets, perçus comme des entités autonomes et indépendantes.
6. L’ignorance est déracinée avec la prise de conscience que les phénomènes sont des entités étroitement liées et interdépendantes.
7. Si les phénomènes existent vraiment tels qu’ils apparaissent, avec une nature autonome, alors qu’en définitive, le lien de dépendance à d’autres facteurs est improbable. Seule l’expérience peut montrer que l’interdépendance est la vraie nature des choses.
8. Grâce à ce cheminement, vous comprenez que la perception du mental erronée, parce qu’elle attribue un statut exagéré aux personnes et aux choses. Elles n’ont pas cette essence.
9. Quant on comprend que l’attribution abusive d’un caractère vertueux ou nuisible à une personne déclenche en nous un sentiment de haine ou de désir envers elle, l’émotion induite par cette exagération disparaît. Vous prenez conscience de l’erreur commise et vous l’annihilez.
10. Le positif et le négatif, le favorable et le défavorable existent, mais ils n’ont pas cette apparence de réalité que semble leur donner un esprit empli de désir ou de haine.
11. Une fois que le désir et la haine sont perçus comme des erreurs et que leur origine – la conception erronée que les phénomènes ont une nature autonome – se révèle aussi incorrecte, vous comprenez que la sagesse qui réalise l’interdépendance et la vacuité repose sur une connaissance juste.
12. Plus vous cultivez cette perspicacité, plus elle se renforce, car elle est juste. Vous prenez conscience que l’éveil est possible.
13. Vous vérifiez au quotidien que la réflexion sur la vacuité et l’interdépendance apporte une perspicacité d’une grande aide, car elle a la capacité de se transformer en un discernement irréfutable de la vacuité, et, parfois, en une perception directe de celle-ci. Avec un faible niveau de pratique juste, vous pouvez apprécier s’il y a des gourous qualifiés sachant offrir des commentaires justes des enseignements de Bouddha, les écritures sacrées justes. Ces quatre sources justes apportent confiance dans la pratique de la bouddhéité, profonde et épanouie, aussi parfaite mentalement que physiquement.
14. Grâce à la réalité de la production conditionnée et de la vacuité, vous devenez lucide sur votre aptitude à empêcher l’apparition de la moindre pensée destructrice, grâce à des prises de conscience spirituelles en conformité avec l’enseignement bouddhiste. Ceux qui, dans leur continuum de conscience, ont déjà pratiqué ces cessations et les voies forment la communauté spirituelle. Et ceux qui ont atteint la perfection dans ce processus sont reconnus comme bouddhas. Dès que cela est clair dans votre esprit, la résolution de prendre refuge dans Bouddha, la doctrine et la communauté spirituelle s’impose avec raison.
15. Pensez à votre situation personnelle et méditez sur le fait que les êtres vivants dans l’espace veulent être heureux et refusent de souffrir, bien qu’ils soient nés sous l’emprise de la souffrance. À la recherche du plein éveil d’un Bouddha omniscient dans la perspective de venir en aide aux autres, vous prenez refuge dans les Trois Joyaux. La doctrine révélée est le vrai refuge, le Bouddha est le maître du refuge et la communauté spirituelle est formée de ceux qui vous offrent leur soutien pour atteindre ce refuge.
Laissez-moi vous raconter une histoire. Ling Rinpoché fit l’ainé de mes tuteurs. Quand nous étions encore au Tibet, avant l’invasion chinoise, il désirait une table en laque. Il demanda à un de ses domestiques d’aller en chercher une chez un artisan chinois de Lhassa. Lorsqu’il arriva à la boutique, l’artisan était assis, gémissant, le regard fixé sur une tasse à thé ancienne brisée dans la main. Il expliqua que la colère l’avait envahi et qu’il avait jeté l’antiquité violemment sur le sol. Soit il avait perçu la tasse comme cent pour cent horrible et l’avait brisé, soit il avait eu un client cent pour cent désagréable dans sa boutique ; et il avait brisé la tasse pour se soulager de sa colère. Son courroux retombé, il appréciait de nouveau les qualités remarquables de l’antiquité qu’il tenait, cassée, dans sa main, en soupirant. Son mauvais point de vue s’était dissipé.
Selon le Grand Véhicule, la prise de refuge se pratique ainsi :
Prenez votre situation personnelle comme un exemple, puis méditez sur le fait que l’ensemble des êtres vivants dans l’univers désirent le bonheur et rejettent la souffrance, bien qu’ils soient sous l’influence de la souffrance. Puis dans la recherche du plein éveil d’un bouddha omniscient avec la perspective de les aider, vous prenez refuge dans les Trois Joyaux.
Le déroulement du processus sera plus facile si vous méditez et répétez les mots qui suivent :
Dans le Bouddha, dans la doctrine, dans la communauté suprême
Je prends refuge jusqu’à l’éveil
Grâce aux mérites du don et ainsi de suite, que j’applique
Puis-je atteindre la bouddhéité pour aider les êtres qui errent.
Dans La Précieuse Guirlande des avis au roi, Nagarjuna expose les trois pratiques qu’un disciple de Bouddha doit étudier :
« Si vous et le monde souhaitez atteindre
Un incomparable éveil
Sa source est l’intention altruiste de l’éveil
Ferme comme le roi des pics montagneux
La compassion atteint la société entière
Et la sagesse ne repose plus sur la dualité. »
L’analyse réalisée sous cet angle montre que les émotions négatives reposent sur une conception erronée, sur l’ignorance de la véritable nature des choses. Aryadeva dit :
« Comme les sensations s’insinuent dans le corps,
L’ignorance niche dans les émotions négatives. »
60 ans de combat politique du Dalaï-lama .