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En avril 2022, l'auteur de science-fiction Alain Damasio a bénéficié d'une résidence de quelques semaines à San Francisco.
Il a pu y observer les GAFAM (Apple, X, Facebook…) et interroger différents spécialistes.

Au fil des chapitres de cet essai lumineux, il présente et analyse le fonctionnement de ces géants de l'industrie du numérique, il interroge la place prise par les nouvelles technologies dans nos vies et nous plonge dans la réalité glaçante de la Silicon vallée souvent présentée comme le nouvel Eldorado.

Lecture essentielle pour comprendre ce qui est en jeu…
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Dans cet essai technocritique, Alain Damasio interroge notre rapport à la technologie et notre avenir avec elle. Pourtant encensé par la critique, j'ai malheureusement lâché le livre au deux tiers, malgré trois premiers chapitres prometteurs. le style avec lequel sont écrites certaines chroniques est lourd, difficile à lire. Il s'emballe, use de néologismes à tout va, d'une typographie particulière ; la pensée est très politique et les longueurs rencontrées vers la moitié m'ont petit à petit fait arrêter de profiter de cet essai. Certaines des chroniques m'ont rappelé La Zone du Dehors ou les Furtifs. Mais le talent d'Alain Damasio est immense, la pensée est réfléchie et tristement juste. Ce n'était probablement pas le bon moment pour moi pour me plonger dans cette lecture exigeante.

Petite mention spéciale pour l'utilisation de l'écriture au "féminin qui l'emporte" un chapitre sur deux, plus facile à lire que l'écriture inclusive. En revanche, j'ai été surprise de trouver à deux reprises le mot "jaune" pour parler des chinois, mais je considère cela comme le cynisme purement "damasien".
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Comme à son habitude A. Damasio écrit sur un sujet qui le passionne et nous parle d'un lieu célèbre la Silicon Valley avec ses mots quelquefois inventés (serf-made-men), beaucoup (trop) d'anglicisme et sa vision de techno critique un peu moqueur mais étouffé comme si la-bas on ne pouvait pas faire autrement que suivre la démesure de ces géants d'Internet (Arnaud qui fait un peu pitié en homme hyper-connecté, augmenté et qui semble heureux mais à quel prix y compris pour l'environnement).
Les rencontres sont variées et intéressantes même si elles ne doivent rien au hasard (son voyage a été organisé).
Certains passages m'ont un peu dérangés car je trouve sa vision un peu trop négative surtout pour quelqu'un qui dit ne pas utiliser ces outils. Quand je regarde autour de moi, je vois effectivement beaucoup de gens la tête dans leur téléphone mais aussi heureusement beaucoup de résistants peu connectés !
Notamment le chapitre sur le nouveau casque d'Apple qui est décrit comme le nouvel accessoire du citoyen lambda, rien n'est moins sûr. le casque métavers de Meta n'a pas l'air de passionner les foules non plus.
L'absence de lien réel est le sujet de fond de cet essai surtout dans cette période post-covid ou effectivement on s'est un peu trop vite créé des technococon (très pertinent néologisme).
La nouvelle qui clôt le livre est dans la continuité sur le thème des bio-technologies hybride d'animaux et de machines servant de support de réincarnation. Flippant !
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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour ce nouveau livre d'Alain Damasio, un auteur que j'ai beaucoup apprécié comme tant d'autres pour son livre La Horde du Contrevent , un roman qui fait partie de ce petit jardin de lectures marquantes à préserver...

Avec Vallée du Silicium, le romancier est partie à San Francisco, et plus spécialement dans la Silicon Valley, l'emblématique terre d'Apple , de Facebook et autres multinationales à la pointe du progrès virtuel.
Quoi de mieux qu'un technopole pour la pensée technocritique d'Alain Damasio qui a toujours nourrit dans son oeuvre une réflexion sur la dépendance technologique ?

Mise à part une nouvelle en guise de point final, Vallée du Silicium est avant tout un recueil de chroniques autour de la Silicon Valley , repaire des bonnes grosses compagnies de l'informatique et des nouvelles technologies. Après une visite dans le bastion d'Apple, Alain Damasio présentera rapidement l'envers de ce décor californien avec un portrait des misérables à l'ombre des big datas. Il nourrira une réflexion tragi-comique sur les voitures autonomes , s'interrogera sur l'idée de "corps " dans le monde numérique ... Ces chroniques seront accompagnés d'invités, d'artisans de la haute technologique qui nuanceront les propos technocritiques de l'auteur.

Un essai, oui, mais pour ce dernier titre, Alain Damasio n'oublie pas le poète et l'écriture versatile et versifié qui fait sa force, notamment pour La Horde du Contrevent. Un style , loin d'être un style de vitrine, que l'écrivain utilise et abuse tout de même un peu , avec néologisme, surabondances de slash , notamment dans la partie consacrée au corps...
De ce fait, cet essai se lit avec le rythme imposée par Alain Damasio ce qui peut freiner peut-être ceux qui s'attendaient à un essai plus formel mais qu'importe, malgré des longeurs un peu bavardes où le versatile noie un peu le propos, nous arpentons avec plaisir cette Vallée du Silicium au bout de laquelle pointe une nouvelle glaciale résumant à elle seule les chroniques de ce maître de la sf.
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L'écriture d'Alain Damasio m'a encore transportée, ici, dans la Vallée du Silicium. Et après cela, comme la nouvelle, je suis Lavée du silicium.

Dans un premier temps, j'aimerais saluer l'écriture travaillée d'Alain Damasio, toujours pleine de néologismes mis au service du sens afin de divulguer un message engagé mais parlant pour tous. Ce que j'aime avec cet auteur, c'est que sa langue résonne d'entendement et fait appel à une lectrice ou un lecteur eclairé.e. Dans cet essai technocritique, l'auteur aborde des thématiques liées aux IA, aux voitures autonomes, à nos rapports avec les technologies et à, ce qu'il appelle le technococon, notre prison choisie de pixels rassurante et confortable.

En outre, l'écologie tient à coeur à Damasio et cela se voit, j'ai donc été très touchée par cet écrit, si proche de mes convictions personnelles. Il mélange avec brio la technologie, le rapport au corps et intrinsèquement à la nature. La Terre, parfois divine, est ici mise à l'honneur car si la technologie est le fruit de notre création, nous sommes le fruit de la belle bleue. 🌍

Dans un second temps, j'ai aimé la forme générale de ce livre. Composé d'une nouvelle SF et de chroniques rédigées lors d'un voyage de l'auteur au coeur de la Silicon Valley, elles abordent toutes un sujet différent, ce qui rend l'ensemble très clair et abordable. Entre science, poésie et rencontres, Vallée du Silicium amène un regard varié, éclairé et éclairant sur notre rapport aux technologies mais aussi à la Nature et aux autres humains. Comme l'autorise l'essai, l'auteur arrive avec son avis mais tente de le confronter à un monde qui n'est pas le sien, à des personnes qui pensent le futur d'une façon bien différente de lui. Quoi qu'il en soit, c'est engagé et c'est ce qui m'a plu !

Un vrai coup de coeur, je recommande donc cet essai à celles et ceux qui veulent la pensée technocritique d'Alain Damasio et surtout qui souhaitent s'interroger sur notre futur et notre rapport au monde et aux technologies. Si vous n'êtes pas convaincu par le point de vue de l'auteur, je suis sûre que son écriture imagée et qualitative saura ravir votre coeur.

Petit plus : une chronique sur deux est écrite au féminin universel. Encore une fois, par la langue, Damasio s'engage et bouleverse les normes !

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Ce voyage est l'occasion d'une mise à jour du traitement thématique et littéraire de l'évolution de la technologie et de son impact sur la vie des citoyens. Voyage à la source sur les traces de Jean Baudrillard, au centre de la globalisation et de l'assimilation universalistes mises en place aux États-Unis. Apple est le symbole d'une prise d'otage de l'utilisateur avec des modalités imposées et souscrites dans un verrouillage de la pratique.
Il y a toujours un revers à la médaille, ce qui est reçu est grisant au début puis devient addictif, et la participation au système canalisé contribue à vider de sa substance la nature et transformer l'esprit humain qui par ses sens construit la réalité. Il y a toujours une intention dans la mise en place d'un outil qui finit par échapper à la bienveillance au détriment de la liberté.
Les solutions proposées pour une vie hyperconnectée enrobent l'individu et l'enferment dans un rapport biaisé à la réalité brute. Il faut épouser une méthodologie censée simplifier l'accès au monde et cette interaction rigide, à la participation quantifiée, cette illusion de choix est moissonnée. La technologie murmure à l'égo de l'utilisateur une facilité de vivre en se délestant de la charge de la matière et du corps, travailler chez soi, se faire livrer n'importe quoi et se déplacer dans une voiture automatisée, dans un abandon de l'improvisation. La sociabilité est virtuelle, désincarnée, loin des risques biologiques et le nombre fait la force, les communautés gonflent et s'auto-légitiment.
A l'inverse du technococon, la réalité crue attrape les sans-abris qui s'effondrent et s'enferment dans l'illusion des drogues.
Penser à ce que devrait être une technologie aussi intimement liée à l'individu suscite les craintes de ce qu'elle pourrait rapidement devenir, de son potentiel aliénant dans la simplification et la facilité, un éparpillement et un appauvrissement. le défi est grand d'adopter une éthique qui manque tant déjà dans tous les aspects de la vie, alors que les esprits ont tendance à accepter, s'accommoder, réclamer du choix préformulé et rassurant, de se laisser glisser le long d'une pente balisée et consentir à ne pas s'arrêter. Que cette symbiose soit objectivement bénéfique à chacun est peu probable dans un contexte de course au profit des entreprises, la dystopie se profile même si un certain optimisme est nécessaire.
C'est une faute collective, tous responsables et tous victimes, coupables de ne pas transmettre l'envie de comprendre la science et de pratiquer la philosophie, ce qui est le rôle de toute la société et la raison d'être de la science fiction. Alors que la philosophie semble inaccessible, la science fiction est dénigrée, et ça se transmet, il faut se réjouir d'un succès commercial basé sur des extra-terrestres et des armes laser, du grand spectacle, alors que ce genre maintenant séculaire renferme l'héritage de l'amour multimillénaire de la sagesse, dans une démarche éducative de développement de la conscience et de réflexion, utopie véritable de citoyens qui se révèlent tels qu'ils sont dans ce qu'ils font le mieux. Tout le monde a le droit et le devoir de devenir un être réfléchi, sans exception ni angle mort, et l'échec du système jaillit douloureusement à l'aune de cet idéalisme.
Aujourd'hui il est encore possible de drastiquement limiter son lien à la virtualité mais les smartphones vont vite être remplacés par des lunettes connectées et être intégré dans la société nécessitera absolument l'appartenance aux réseaux. Quand ce jour sera arrivé un monde va mourir étouffé par l'évolution dans l'indifférence de ceux qui sont nés avec ces technologies et l'écologie restera secondaire.
Tout tourne autour de la sécurité, dans un monde clos auquel il faut participer sans responsabilité et que rien ne s'arrête, illusion d'une surimpression sous laquelle la nature tressaille et se gratte, derrière un voile supplémentaire synthétique qui éloigne encore plus de la structure de la réalité et dissipe toute archéologie profonde de l'être, toute richesse introspective indispensable pour devenir quelqu'un.
Prendre du recul sur les nouvelles technologies est inacceptable pour les marchands et les utilisateurs. Soit le rapport à l'outil est idyllique soit l'humain consent à perdre son autonomie. La relation est beaucoup plus insidieuse qu'un simple rapport de domination, et la littérature d'Alain Damasio continue de s'affiner, la résistance n'est plus une réaction mais une affirmation de poésie, d'enchantement et d'éclosion naturelle vers un horizon nouveau qu'il ne faut pas subir.

S'il faut trouver des failles…
Par une sorte de transparence l'essai accouche de la nouvelle.
Cette histoire montre un exemple possible de ce par quoi il faudra passer pour vraiment évoluer, une confiance en la biologie demeure, par l'adaptation, où le naturel accueille le synthétique et s'enrichit.
Lors d'une gigantesque tempête qui a endommagé leur appartement, Noam, Anastasia sa femme et Ondine leur fille, née de manière non-naturelle, sont séparés dans des pièces différentes par la domotique intelligente.
Toutes les pistes nées du voyage aux États-Unis se retrouvent dans ce texte à la situation initiale dystopique, l'omniprésence de l'intelligence artificielle, l'hétérogénéité des corps, l'hybridation de la vie, l'existence casanière et la dépendance à l'électricité.
La tragédie se déroule dans une tension psychologique intense et la technologie ne peut plus faire écran, la nature sauvage se pare indirectement d'une intention libératrice qui s'impose par un cruel principe de réalité. Une beauté brutale et élégante explose dans ce passage de génération, témoignage d'une nouvelle aube combinant évolution et adaptation, assimilation dictée par la nécessité et la volonté d'acceptation pour créer l'avenir.
Ce condensé d'espoir est magnifique, dans une expérience humaine terrifiante puis confondante d'émotion et de sensibilité, une démarche d'espoir si rafraichissante.
Merci aux éditions du Seuil/Villa Albertine/La Volte et à Babelio.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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