Vilaine blessure

Connu pour avoir créé le groupe Marquis de Sade en 1977, en être un des principaux composants, soit compositeur et guitariste, Frank Darcel possède d'autres cordes à son instrument. Auteur de trois romans, il en a commis un quatrième "Vilaine blessure." La lecture de ce thriller "provincial" prouve que l'éclectisme peut s'accorder avec le talent.
Rennais depuis toujours, j'ai voulu lire ce roman se déroulant dans ma propre ville. Tout d'abord par curiosité, sans connaître les critiques qui avaient pu en découler. Je dois bien admettre que je n'ai pas été déçu, même s'il paraît difficile d'accepter autant de méfaits dans une métropole qui passe plutôt pour être tranquille. Mais c'est la loi du roman et l'auteur s'est surpassé par son pouvoir créatif et le caractère addictif qu'il a donné à son polar vraiment peu ordinaire. Soit en près de 600 pages copieusement fournies et animées. Prenez un psychopathe qui s'imagine le justicier de la ville, un chauffeur hyper violent qui envoie un autre automobiliste gènant à l'hôpital, un violeur qui drogue et enlève ses proies pour ensuite les abandonner dans des jardins publics, un jeune ado trouvé étranglé en forêt de Liffré, une jeune fille de la bourgeoisie locale disparue. Vous mélangez le tout et vous obtenez un melting-pot d'enquêtes criminelles dont a à s'occuper la PJ rennaise. Et elle a du boulot... En particulier Laure Jouan, une lieutenante dont la jeunesse a aussi été troublante et qui, de temps à autre, voit également ses démons ressurgir. D'autres collègues vont avec ou sans elle s'occuper des investigations tournant auteur de ces crimes et les affaires s'emboîter pour aboutir à une final surprenant.
Certains lecteurs trouveront peut-être le scenario trop confus, certaines situations exagérées. Mais il s'agit d'une fiction et l'auteur retombe toujours sur ses pattes en intéressant son lectorat jusqu'au bout. Les portraits de la majorité des antagonistes sont bien campés et les ressorts psychologiques sont censés. Alors merci Monsieur Darcel pour cette bien agréable composition.

Rennes. Ados qui disparaissent, meurtre rituel, viols en série...La lieutenante de PJ Laure Jouan et son collègue Martial Hart vont gratter le vernis de la petite bourgeoisie locale et plonger dans une affaire des plus glauques dont ils ne sortiront pas indemnes.
Merci à Babelio et Masse Critique de m'avoir fait parvenir ce roman. Je ne connaissais Frank Darcel que par ses activités musicales et je découvre avec plaisir que le bonhomme est également un écrivain talentueux. Les descriptions de Rennes et de ses alentours (rappelant un peu Simenon quand celui ci envoyait son célèbre commissaire enquêter en province) installent d'emblée un climat mystérieux qui sied à merveille à ce polar tordu et cruel. On est d'ailleurs reconnaissant à l'auteur de ne pas en rajouter dans le sanguinolent et de décrire les méfaits du criminel avec une sécheresse évitant le grand guignol qui rend la lecture des thrillers français si régulièrement consternante. de même, pas de rythme artificiellement effréné ou d'avalanche de rebondissements inutiles censés tenir le lecteur en haleine: Darcel privilégie la psychologie de ses personnages (mention spéciale à la lieutenante de PJ, complexe et attachante) et l'atmosphère pour prendre lentement mais sûrement son lecteur à la gorge et les presque 600 pages se lisent presque d'une traite.
A mille lieues des têtes de gondole franchouillardes qui dominent actuellement le genre, "Vilaine blessure" réconcilie avec le thriller français.

Ouh là là, je suis presque en retard pour cette chronique pour Babelio, presque!

Donc, je me dépêche...

La photo n'est pas comme d'habitude effectivement...je n'étais pas chez moi j'ai pris une photo très vite avant de laisser le livre sur place. Non pas qu'il m'ait déplu: je l'ai prêté. Il s'avère que ma belle-mère connaît une des personnes figurant dans les remerciements et puis comme elle a vécu longtemps à Rennes, elle avait envie de le lire.

Mais c'est quoi le rapport? Oui, si je parlais du roman avant toute chose, ce serait pas mal.

Si vous êtes rennais ou du coin, vous aurez sûrement reconnu l'immeuble en photo sur la couverture! Les horizons! Voilà, le décor est planté! L'intrigue se passe à Rennes, notre belle capitale bretonne. C'est pour cela que je l'ai sélectionné lors de la dernière Masse Critique.

Deux adolescents disparaissent dans le quartier du Thabor après une fête d'anniversaire; un homme se fait agresser non loin de là dans sa voiture; un psychopathe dépose une femme dans un parc après l'avoir droguée et violée pendant des jours et on trouve une scène de crime dans le cimetière de Saint-Jacques-de-la-lande.

Laure, lieutenante de police enquête sur l'affaire des adolescents disparus. Elle n'a aucune piste même si un homme s'est accusé, elle n'en croit pas un mot. Elle cherche alors du côté des parents d'Astrid, une des ados. Un peu marginaux dans le quartier huppé de Rennes de par leur vision de l'éducation et leurs idéologies, Laure pense qu'il y a quelque chose de pas net là-dessous. Dans le même temps, elle discute beaucoup boulot avec son ami Martial, qui enquête quant à lui sur le psychopathe violeur (entre autres). Elle est très affectée par ce qui arrive à ces femmes et se trouve finalement très proche de cette affaire.

Tous les ingrédients du bon polar sont là mais je ne sais pas si je peux émettre un avis vraiment fiable. J'ai en effet été très déstabilisée par les lieux! Moi qui pensais que ce serait sympa de lire un roman se passant à Rennes et ses environs...ça m'a plutôt fait l'effet inverse on dirait. le fait de connaître les lieux, de la rue de Paris à la résidence Saint-Jean-Baptiste de la Salle en passant par les étangs d'Apigné, le boulevard de la Liberté et Liffré, cela a donné une autre dimension à cette ville que je connais si bien. Je ne saurais décrire ce que j'ai ressenti précisément. J'ai lu ce roman en sachant que tout cela était une fiction mais en pensant également au fait qu'il ne faut pas non plus se voiler la face, il s'y passe des choses glauques parfois comme partout (et heureusement, on n'est pas au courant de tout). Une petite virée à Paris puis dans les Ardennes a permis de souffler un coup. Et puis j'ai pu penser à ma petite collègue Cyndi (coucou si tu passes par là) en allant me promener avec la lieutenante dans son pays natal, Brignogan!

Sinon, l'intrigue était pas mal et les histoires entremêlées, c'est souvent une bonne idée. Je dois dire que pour une fois, j'ai trouvé facilement moi-même le dénouement mais personnellement, ça ne me dérange pas (alors que d'autres lecteurs sont très exigeants à ce niveau-là). L'introduction de la pédagogie Steiner est assurément très intéressante mais si on en a jamais entendu parlé, on pourrait en croire que du mal après lecture alors que tout n'est pas mauvais à prendre.

Un petit plus concernant ce roman: un clip de présentation sur You Tube, j'adore l'idée.

PS: j'étais tellement pressée que je n'ai même pas écrit mes remerciements à l'équipe de Babelio et à la maison d'édition le temps éditeur pour l'envoi de ce livre. Je les adresse alors maintenant: merci beaucoup! 
Lien : http://chipandthebooks.over-..

Frank Darcel - Vilaine blessure

Entre Fernando Pessoa et Fred Vargas, j'ai placé sur l'étagère de ma bibliothèque le roman de Frank Darcel. Comme le premier auteur, il parvient à promener son lecteur dans une ville qu'il connaît parfaitement et dont il est peut être nostalgique? Contrairement à la deuxième, il s'inscrit dans une réalité bien tangible, même s'ils ont en commun de réveiller d'inquiètants démons. Frank Darcel n'est pas dans ses rêves. Efficace et magistral, son récit s'articule impeccablement et se déroule de façon implacable.

Il est intéressant de suivre sur un plan de ville les déambulations des personnages, tant l'histoire est précisément située, ce que j'ai fait à l'aide de nos précieux outils numériques. On peut ainsi vérifier les descriptions d'une exactitude remarquable. Mais tout ceci est dépourvu de couleur affective. La ville apparaît comme un lieu neutre, voire froid ou même hostile, alors même que l'on traverse des lieux magnifiques comme le parc du Thabord, par exemple, le marché des Lices, ou les rues du vieux centre.

Excepté les demeures bourgeoises du boulevard de la duchesse Anne, les intérieurs des appartements des différents personnages sont vides et impersonnels, sans doute pour exprimer leur mal être.

Le contexte social qui baigne le roman est celui des mouvements sociaux des derniers mois, avec une référence aux gilets jaunes, et Frank Darcel évoque bien l'impasse politique dand laquelle évoluent ses protagonistes. C'est surtout la fracture sociale qu'il met en avant, simplement à travers son approche de la ville.

C'est le premier livre de Frank Darcel que je lis là, et je ne sais pas s'il donne dans d'autres genres que ce policier classique et dur. Si j'apprécie, ma préférence va toutefois au style Vargas, plus empreint d'humanité, d'humour et de poésie.

Franck Darcel nous livre ici un polar bien tendu sur près de 600 pages. Un pavé mais il fallait bien ça pour développer une histoire dense avec la métropole rennaise en toile de fond. Un superbe polar qui réunit tous les ingrédients nécessaires, des personnages complexes, une enquête tortueuse et bien sûr du suspense.