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Elias Sanbar (Traducteur)
EAN : 9782742706723
125 pages
Actes Sud (04/06/1999)
4.5/5   12 notes
Résumé :
C’est comme toujours, au croisement de l’expérience individuelle la plus intime et de la mémoire collective que se situe ici Mahmoud Darwich.
Dans une poésie qui prolonge les mythes du Proche-Orient ancien mais aussi les grandes odes de l’Arabie anté-islamique pour dire l’exil, le temps suspendu, et une identité irréductible, enracinée dans la langue arabe.
Que lire après Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?" Voilà la question innocente et poignante que posa un petit garçon à son père qui le traînait loin de leur maison fuyant l'occupant. Ce recueil est un témoignage émouvant que nous rend le grand poète palestinien Mahmoud Darwich. C'est une sorte d'autobiographie poétique.

Cette fois, Darwich trouve son inspiration dans la mythologie qu'elle soit grecque, latine ou ougaritique (Hélène, Anat, Ulysse, Narcisse…); mais aussi dans le Coran (Caïn et le Corbeau, Sourate al Rahman…). Il étend ses ressources vers l'Histoire ancienne aussi et l'on trouve de nombreuses références ; il mentionne même les noms d'écrivains comme Brecht, Homère, Imrou'l Qays ou encore Abou Firas al-Hamdani. Darwich construit son recueil autour d'un mélange symboliste où toutes ces sources hétérogènes cohabitent pour décrire sa situation et l'aident à créer son poème. On retrouve aussi son univers de symboles comme le cheval, l'hirondelle, le papillon, la lune entre autres.

Divisé en six sections, le recueil s'ouvre sur un poème en guise d'introduction qui nous informe sur la veine de cette oeuvre : le poète « ainsi qu'une fenêtre, [qui] ouvre sur ce qu'[elle] veu[t] » ; le poète s'inspire de sources diverses (que j'avais citées plus haut). Dans la première section, il y a des poèmes très célèbres comme ce déchirant dialogue entre le père et son fils alors qu'ils fuient l'ennemi laissant leur maison et leurs biens mais surtout leur passé, leurs souvenirs, leur identité (L'Éternité du Figuier de barbarie). La vie ne sera plus la même ; le sablier du temps s'arrête sans lendemain. Il y a aussi ce poème (La Nuit du Hibou) où le poète décrit le départ douloureux vers l'inconnu. Dans la quatrième section, il y a ce poème sur un dialogue entre deux voyageurs où le poète cherche son identité dans son exil et une expression dans le poème. La pièce suivante dans la même partie (Rime pour les Mu'âllaqat) est un défi par la langue, l'écriture contre l'absence. Enfin, il y a ce poème qui clôt le recueil sur un constat bouleversant ; que la maison délaissée est habitée par l'ennemi.

A travers le recueil, se répètent des questions comme « qui suis-je ? » ; question logique après la perte de son identité et de sa terre natale. D'ailleurs, ici sur Babelio la nationalité de Mahmoud Darwich était longtemps marquée : « à définir » puisque la Palestine ne faisait pas partie de la base de données du site. Heureusement qu'on a dernièrement corrigé cela et ainsi notre cher poète a retrouvé son identité sur ce site, onze ans après sa disparition.

Certains poèmes comme "Je passe par ton nom" et "Le train a passé" ont été mis en musique par le compositeur et chanteur Marcel Khalifé.

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ثالث كتاب أقرأه لدرويش. يستهلٌّه بإهداء لأبيه و أمه و جده و جدته. وكما توقّعت ففيه حديث عنهم في أكثر من قصيدة و استرداد لملامح الطفولة. أما عن العنوان الغريب والجاذب للانتباه و المثير للتساؤلات فقد كان سؤالا مدسوسا في نص ٍ شجي و قد تردّد كذلك في الكتاب كثيرا لفظ الأحصنة و الخيل و الفرس. لم أفهم لما اختار الحصان.. (!!)

الجزء الذي راقني كثيرا هو الجزء الخامس : مطر فوق برج الكنيسة. عدا ذلك، و بسبب الرمزية مرة أخرى لم أستطع تذوّق مجموعة من القصائد الأخرى في الكتاب غير أن القراءة لدرويش تظلُّ دائما جميلة و رائعة.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
L’ÉTERNITÉ DU FIGUIER DE BARBARIE

- Où me mènes-tu père ?
- En direction du vent, mon enfant

A la sortie de la plaine où les soldats de Bonaparte édifièrent une butte
Pour épier les ombres sur les vieux remparts de Saint-Jean-D’Acre
Un père dit à son fils : N’aie pas peur
N’aie pas peur du sifflement des balles
Adhère à la tourbe et tu seras sauf. Nous survivrons
Gravirons une montagne au nord, et rentrerons
Lorsque les soldats reviendront à leurs parents au lointain

- Qui habitera notre maison après nous, père ?
- Elle restera telle que nous l’avons laissée mon enfant

Il palpa sa clé comme s’il palpait ses membres et s’apaisa
Franchissant une barrière de ronces, il dit
Souviens-toi mon fils. Ici, les Anglais crucifièrent ton père deux nuits durant sur les épines d’un figuier de Barbarie
Mais jamais ton père n’avoua. Tu grandiras
Et raconteras à ceux qui hériteront des fusils
Le dit du sang versé sur le fer

- Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?
- Que la maison reste animée, mon enfant. Car les maisons meurent quand partent leurs habitants
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La nuit du hibou

C’est un présent que le passé ne rejoint pas
Arrivés à la limite des arbres, nous avons réalisé que nous n’étions plus capables d’attention
Et nous retournant vers les camions, nous avons vu l’absence
Empiler ses objets choisis et dresser
Sa tente éternelle autour de nous

C’est un présent que le passé ne rejoint pas
Le fil de soie coule des mûriers
Lettres sur le cahier de la nuit. Seuls
Les papillons éclairent notre hardiesse à descendre dans la fosse des mots étranges
Cet homme de peine était-il mon père ?
Je parviendrai peut-être à me tirer d’affaire
À naître de moi-même
À choisir pour mon nom des lettres verticales

C’est un présent assis dans le vide des récipients
Il scrute les traces des passants sur les roseaux du fleuve
Et polit d’air leurs flûtes
Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes
Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages

C’est un présent hors du temps
Nul espoir de trouver ici quelqu’un qui se souvienne
Comment nous avons franchi la porte, vent
Et à quel moment
Nous sommes tombés du passé
Il se brisa sur les dalles en éclats
Et d’autres les rassemblent
Miroirs à leur image après nous

C’est un présent privé de lieu
Je pourrai peut-être me tirer d’affaire
Crier dans la nuit du hibou
Cet homme de peine était-il mon père
Qui me fait porter le poids de son Histoire ?
Je me transformerai peut-être au sein de mon nom, et choisirai comme il se doit
Les mots de ma mère et ses habitudes
Ainsi elle pourra me cajoler
Chaque fois que le sel effleure mon sang
Et me soigner
Chaque fois qu’un rossignol picore ma bouche

C’est un présent qui passe
Ici, les étrangers ont suspendu leurs fusils aux branches d’un olivier
Apprêté un dîner rapide de boîtes métalliques
Puis ils se sont élancés vers les camions
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JE VOIS MON OMBRE QUI S’AVANCE DE LOIN

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux
J’ouvre sur mes amis qui apportent le courrier du soir
Du pain, du vin, quelques romans
Et, des microsillons

J’ouvre sur des mouettes et des camions de soldats
Qui changent les arbres de ce lieu

J’ouvre sur le chien de mon voisin émigré
Il y a un an et demi, du Canada

J’ouvre sur Abou al-Tayyib al-Mutanabbi
Parti de Tibériade vers l’Egypte
Sur le cheval du chant

J’ouvre sur la rose de Perse qui grimpe
La clôture de fer

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux

(…)

J’ouvre sur ma langue après deux jours
Un peu d’absence suffit
Et Eschyle ouvrira la porte à la paix
Un bref discours
Et Antoine embrasera la guerre
Et me suffit
La main d’une femme dans la mienne
Pour que j’enlace ma liberté
Et que le sac et le ressac reprennent dans mon corps

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux

J’ouvre sur mon ombre
Qui s’avance
De
Loin
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Telle la lettre Noun dans la Sourate Rahman

Dans l’oliveraie, à l’est des sources
Mon grand-père s’est replié sur son ombre abandonnée
Aucune herbe légendaire n’y a poussé
Et le nuage des lilas
Ne s’est pas répandu sur la scène

La terre est vêtement brodé à l’aiguille du sumac dans son rêve brisé
Mon grand-père a bondi de son sommeil
Pour arracher les mauvaises herbes de sa vigne
Ensevelie sous la rue noire

Il m’a enseigné le Coran dans le jardin de myrte, à l’est du puits
D’Adam nous venons et d’Eve
Dans l’Eden de l’oubli
Grand-père ! Je suis le dernier des vivants dans le désert. Montons

Entourant son nom nu de gardiens
La mer et le désert ne connaissaient
Ni mon grand-père, ni ses fils
Debout désormais, autour du noun
Dans la sourate de Rahman
Dieu, sois témoin !

Quant à lui
Né de lui-même
Enterré en lui-même près du feu
Qu’il donne au griffon de qu’il faut de secret consumé
Pour illuminer le temple
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LA GITANE DÉTIENT UN CIEL EXERCÉ



extrait 2

Apatride, ta chevelure. Et le vent n'a pas de
maison
Et je n'ai pas un toit dans les lustres de ta
poitrine
Venu d'un lilas souriant autour de ta nuit, je
parcours seul le chemin de ton duvet
Comme si tu avais été créée de tes propres
mains, gitane
Qu'as-tu fait de notre argile depuis l'autre
année ?


Tu t'habilles de l'endroit, comme si tu
revêtais à la hâte tes sérouals de feu
Et la terre sous tes mains n'a d'autre tâche
que de se retourner sur les outils de l'eau
Une guitare pour le vent
Et une flûte pour que l'Inde s'éloigne encore
Ne nous abandonne pas, gitane
Comme une armée, ses tristes vestiges
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Videos de Mahmoud Darwich (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mahmoud Darwich
Le 07 octobre 2007, le poète palestinien Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) lisait son poème “Pour décrire les fleurs d'amandier” au Théâtre de l'Odéon (Odéon - Théâtre de l'Europe). Traduction de l'arabe vers le français : Elias Sanbar. Lecture de la traduction française : Didier Sandre. Peinture : Vincent Van Gogh, “Amandier en fleurs”, 1890. “Pour décrire les fleurs d'amandier” :
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais la passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Source : France Culture
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