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Yves Gonzalez-Quijano (Traducteur)Faruq Mardam bayk (Traducteur)
EAN : 9782742769285
195 pages
Actes Sud (03/09/2007)
4.15/5   37 notes
Résumé :

En ce jour d'août 1982, les troupes israéliennes assiègent Beyrouth et la résistance palestinienne se résout à un nouvel exil. Prisonnier entre les murs de son appartement, dans la ville bombardée, Mahmoud Darwich tente douloureusement de rallier le territoire impossible de la mémoire. Pour dire la complexité du réel, les angoisses de l'enfermement, la folie de la guerre et l'au-delà des souvenirs et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ce livre , Mahmoud Darwich évoque ses derniers jours à Beyrouth , juste avant de reprendre le chemin de l'exil .
Il nous parle des conflits , des disputes , des médisances entre les menbres de l'intelligenstia de la diaspora palestinienne au plus fort des bombardements sur Beyrouth , les critiques des Libanais qui leur demandent de quitter le pays avant que celui-ci ne soit complètement détruit par les bombardements israéliens , beaucoup leur demandent de renoncer à leur rêve ' la Palestine ' , rêve funeste à leurs yeux , rêve stérile qui n'apporte que le malheur .
Mais pour aller où si ce n'est que pour prendre le chemin d' un autre exil ?
L'auteur ose des comparaisons courageuses entre la politique qui déçoit et le football qui a le mérite de réunir les ennemis , il fait revivre le temps des croisades et nous montre l'incompatibilité entre Orient et Ocident mais cela jamais de manière manichéenne .
Quel doit être le rôle du poète dans ses moments où les bombes tombent de façon acharnée , où la bombe à implosion balaie des vies en quelques secondes ?
Qu'est-ce qui retient encore l'homme confronté au chaos ? le premier café de la journée , surtout quand il est parfumé à la cardamone , nous répond le poète .
Livre pleins de questionnements sur ces hommes qui ne peuvent se résoudre à l'oubli .
Très beau , lumineux , poétique .
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Que peut faire un poète au milieu des bombardements ? Comment survivre à la guerre et à l'exil quand on a pour seul bouclier que ses mots ? C'est le sens de ce récit de Mahmoud Darwich, écrit à Beyrouth durant le siège israélien de la ville pour en déloger les réfugiés palestiniens.

Même si le récit prend pour cadre une journée sous les bombes, du réveil au crépuscule, n'y cherchez pas de façon sournoise une description factuelle de tous les moments que subissent des populations sous les bombes. Darwich nous parle de l'importance du café, de l'eau,nous décrit une mer pleine de menaces et d'espoir, nous parle d'amour beaucoup, de politique un peu, de football... C'est un poète coincé dans un lieu et un moment où les poètes ne servent à rien mais où ils ne renoncent tout de même pas à écrire parce que c'est la seule chose qu'ils savent faire. Les phrases sont belles, le sens de certaines se dérobe à notre esprit, mais est-ce que le sens est si important dans un monde insensé ?

Récit patchwork dans lequel il faut voir une ode aux mots qui sont les seuls à pouvoir garder la mémoire de ce que tout le monde cherche à oublier.
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Je suis très déçu par cet ouvrage, qui devrait figurer le vécu et les pensées du grand poète palestinien, durant une journée d'août 1982 à Beyrouth, sous le feu des troupes israéliennes. L'incipit, repris dans l'excipit, est un rêve qui s'appose à un autre rêve en le complexifiant ; suivent des pages sublimes de description des bombardements et du désir de café du protagoniste, description particulièrement olfactive de cette boisson emblématique. La barre, placée très haut d'emblée, n'a pas empêché néanmoins une navigation à la dérive où se sont mêlés, sans aucune possible prédiction : les dialogues imaginaires – parfois de véritables polémiques voire des règlements de comptes avec des personnages désormais méconnaissables, quelques considérations politiques – non dépourvues d'intérêt, au demeurant, par ex. l'image des Palestiniens auprès des Libanais, mais fatalement très circonstancielles – ; des passages purement oniriques ; d'autres diversement elliptiques ; des pages vaguement érotiques – ou allusives dans ce sens – et enfin ce qui ressemblerait à la transcription en prose de poèmes et autres textes arabes classiques. En vain j'ai cherché, entre autres ancrages dans le vécu, la référence aux différents moments de la journée ou à des lieux ou événements précis.
L'écriture est belle. Mais cela n'a fait que m'énerver d'avantage : était-ce le moment, réel ou imaginé, de se livrer à des petitesses, controverses, esthétismes, hermétismes, propos contingents destinés à une intelligibilité éphémère, rêves de rêves, en liquidant, au bout de quelques très belles pages initiales, la description réaliste d'une journée de guerre ? La problématisation de la situation immédiate a-t-elle pu se limiter à la question de savoir si les Palestiniens quitteraient ou non Beyrouth ? La sublimation d'un instant dramatique ne peut-elle s'opérer que par une surabondance d'imaginaire, d'abstraction et de lyrisme ?
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En lisant ce roman j'ai longuement hésité sur mon ressenti, naviguant entre l'ennui et un profond intérêt. le sujet est extrêmement sensible et nous sommes immédiatement plongé dans le quotidien des palestiniens à Beyrouth. J'ai aimé l'amour de l'auteur pour cette ville, qui transpire de ce roman et cette ambiance si particulière de Beyrouth dans les années 80. Ce conflit, vu de l'intérieur et en dehors de toute considération géopolitique était un vrai atout. En revanche, j'ai largement décroché à certains passages notamment en raison de l'absence d'identification des protagonistes. L'auteur n'évoquait les personnages que par lettre et je me suis parfois perdu. Cette confusion a eu raison de moi sur la fin, que j'ai lu un peu rapidement. Alors au final, j'ai trouvé l'oeuvre sensible mais le style ne m'a absolument pas embarqué.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Qui a dit de l'eau qu'elle est incolore, inodore et sans saveur ?... L'eau a une couleur que révèle la soif. L'eau a la couleur des chants d'oiseaux, le moineau en particulier, de ces oiseaux que n'affole pas cette guerre venue de la mer tant que demeure préservé leur morceau de ciel. L'eau a le goût de l'eau, cette odeur de l'air chaud, en fin d'après-midi, quand il s'élève des champs où se bercent les vagues lourdes des épis, le long d'étendues parsemées de zébrures sombres, pareilles aux ombres fugaces que laissent derrière elles les ailes des moineaux quand ils rasent les moissons. Car il ne suffit pas de voler pour être oiseau. L'une des pires choses de la langue arabe, c'est peut-être que l'avion - tâïra - soit le féminin de l'oiseau - tâïr. Les oiseaux poursuivent leur chant, affirment leur présence au milieu du fracas des bombardements maritimes. Qui a dit que l'eau est inodore, incolore et sans saveur? Qui a dit que l'avion est le féminin de l'oiseau?

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
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- Pourquoi nous demande-t-on maintenant de reconnaître Israël ?
-Pour votre salut , pour le salut du monde .
-Quand on se noie , on n'a pas envie que le courant soit plus fort . Quand on se brûle , on ne désire pas que les flammes soient attisées . Quand on est pendu , on ne souhaite pas que la corde soit solide .....
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" Le café, pour l'amateur que je suis, c'est la clé du jour. Le café, pour le connaisseur que je suis, il faut se le préparer soi-même et ne pas se le faire servir. Car celui qui vous l'apporte y ajoute ses paroles, et le café du matin ne supporte pas le moindre mot. Il est aube vierge et silencieuse. L'aube - mon aube - est étrangère à la moindre parole. L'odeur du café hait le moindre bruit, fût-ce un simple bonjour, et se gâte."
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Châteaux et places fortes ne sont que tentatives pour conserver des noms qui craignent de ne pas survivre à l'oubli, pierres levées contre l'oubli, remparts dressés contre l'oubli. Personne ne souhaite oublier, ou plus exactement personne ne souhaite être oublié. Plus pacifiquement, on fait des enfants pour qu'ils portent un nom, pour qu'ils reprennent, de leurs pères, le fardeau d'un nom, ou sa gloire. Longue histoire que cette recherche d'une marque à poser sur le temps et les lieux, que cet effort pour donner un peu d'assurance aux noms et les aider à affronter les longues caravanes de l'oubli.
Pourquoi demande-t-on à ceux que les vagues de l'oubli ont rejetés sur les rivages de Beyrouth de faire exception aux lois de la nature humaine? Pourquoi leur demande-t-on tant d'oubli? Qui peut leur fabriquer une mémoire nouvelle, ombre brisée d'une vie lointaine dans un carcan de métal hurlant?
Y a-t-il au monde assez d'oubli pour qu'ils oublient?
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Est ce que j'ai pleuré ? J'ai évacué un flot de sel, le sel de ces sardines, mon unique nourriture depuis des jours. Les avions n'arrivent plus à m'effrayer, pas plus que l'héroïsme ne réussit à m'animer. Je n'aime personne, je ne hais personne, je ne veux personne. je ne sens rien, ni personne. Je suis sans passé ni avenir. Sans racines ni branches. Seul comme cet arbre abandonné sur un rivage ouvert au vent du large où se déchaîne la tempête. Je ne peux plus avoir honte des larmes de ma mère, frémir à la rencontre de deux rêves, nés au même instant, d'une même aube ...
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Videos de Mahmoud Darwich (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mahmoud Darwich
Le 07 octobre 2007, le poète palestinien Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) lisait son poème “Pour décrire les fleurs d'amandier” au Théâtre de l'Odéon (Odéon - Théâtre de l'Europe). Traduction de l'arabe vers le français : Elias Sanbar. Lecture de la traduction française : Didier Sandre. Peinture : Vincent Van Gogh, “Amandier en fleurs”, 1890. “Pour décrire les fleurs d'amandier” :
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais la passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Source : France Culture
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