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EAN : 9782204127615
134 pages
Le Cerf (13/04/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Si Paul Gauguin tient toujours le haut de l'affiche, Charles Filiger, son compagnon pendant son séjour en Bretagne, reste dans l'ombre. Peintre de la couleur, il choisit l'obscurité ; artiste mystique, il eut une existence plombée par la solitude, la maladie, la pauvreté et l'alcool. Pourtant, loin de refléter ses tourments, sa peinture est un combat emporté sur les démons qui l'assaillent. Alfred Jarry comme André Breton ont été fascinés par la pureté de ses toiles... >Voir plus
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Que lire après Le peintre aux outrages : Charles FiligerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
[ Emprunt à la Bibliothèque Buffon-Paris- Jardin des Plantes / 23 septembre 2021 ]

Lecture captivante autant pour son sujet que pour un style très lyrique et aussi enflammé que la personnalité du peintre mis à l'honneur : Charles Filiger, ami tour à tour de Gauguin, Sérusier, Alfred Jarry, le peintre danois, Jan Verkade, ainsi que de l'écrivain, Remy de Gourmont....

Un artiste qui malheureusement demeure injustement « méconnu ». J'ai fait la connaissance de cet artiste « maudit »…alors que j'habitais , il y a longtemps,à proximité de Saint-Germain-en-Laye, et du Musée Maurice Denis….que je fréquentais souvent !

Faisant des recherches sur l'Art dans les années 30, j'ai déniché dans le fonds de la Bibliothèque Buffon cette belle référence d'ouvrage sur un peintre du groupe de Pont-Aven , dont j'ai toujours aimé les tableaux aussi colorés, que stylisés et lumineux…ami et compagnon de Gauguin, en Bretagne, ainsi que bien d'autres artistes, moins célèbres… !

« Mais non, les arbres d'ici sont des pinceaux trempés dans la lumière, que le crachin breton ne rince pas.
Je vis, je suis. J'ai parfois l'impression de traverser un rêve et pourtant la route est solide sous mes pas. "J'aime la Bretagne: j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture", a écrit Gauguin, qui loge et peint ici avec moi. Nous avons trouvé au Pouldu un asile, notre terre promise, ouverte sur l'océan et le ciel infinis. Un climat propice à la vie que nous voulons mener, loin des espaces confinés où les hommes s'étiolent sous les poids des murs et des lois. (p. 19)”

Ouvrage alerte, très vivant… qui m'a permis de mieux connaître et comprendre cet artiste talentueux et singulier, ainsi que d'autres artistes tels Meyer de Haan, le peintre-moine danois,Jan Verkade…qui furent ses compagnons et ses amis, un temps, dans cette Bretagne-Refuge et creuset des plus inspirants …Appris également qu'en plus de son amitié avec Remy de Gourmont, Charles Filiger eut l'occasion d'illustrer certains de ses textes !

Très heureuse de m'être laissée emporter par la prose et le style puissants de Claire Daudin, qui rend magnifiquement la personnalité complexe et les tourments de Charles Filiger , artiste à connaître ou à RE-découvrir…!
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Peintre aux outrages, il s'agit de Charles Filiger, peintre méconnu qui a côtoyé Gauguin à Pont-Aven. Dans ce roman plutôt sombre, la puissance des mots de l'auteur, Claire Daudin, est à la hauteur de la puissance des maux de l'artiste. Filiger est en quête spirituelle d'un art pur, pour lequel il vit et se détruit à petit feu. le paradis et l'enfer, ainsi que Dieu et ses démons, sont le leitmotiv de ce récit qui décrit avec justesse et poésie la détresse morale et physique de l'artiste.
Connaissance des Arts n°722 Juillet-Août 2018
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Aujourd'hui je vais évoquer le peintre aux outrages roman biographique de Claire Daudin consacré à Charles Filiger.
Le protagoniste, lui-même narrateur du texte, s'appelle Charles Filiger ; il est né en Alsace à la fin du dix-neuvième siècle en 1863 où il a vécu avec sa famille durant son enfance. Sa vocation de peintre se révèle assez tôt et il part d'abord étudier à Paris. Il s'éloigne de ses racines familiales et dans sa jeunesse il part plus à l'ouest en Bretagne pour vivre de son art et rejoindre une école célèbre. A Pont-Aven d'autres artistes sont installés ; là-bas il côtoie Paul Sérusier et rencontre le peintre Paul Gauguin dont il va devenir le compagnon de route. Tous les deux vivent bientôt dans l'auberge de Marie Henry au Pouldu. Dans le premier chapitre du roman Charles s'adresse à sa mère et lui raconte sa vie bretonne et ses rencontres. D'autres peintres et auteurs (notamment Alfred Jarry) sont évoqués par Charles Filiger. le personnage est assez difficile à cerner ; bien sûr sa peinture est importante mais le lecteur ne découvre que des bribes de sa vie intime. Il dit plusieurs fois ne pas aimer les femmes. Mais ses réelles attirances sont juste effleurées avec tact et litote ; les euphémismes de l'autrice semblent se calquer sur la discrétion de l'époque. Pourtant ses préférences affleurent dans ses tableaux. Son homosexualité n'est pas affirmée, il est décrit comme ventru et peu séduisant. Il va habiter dans différentes localités bretonnes sans jamais revenir s'installer en Alsace. Force est de constater que malgré ses tableaux colorés et ses représentations christiques nombreuses témoignant de la foi bretonne Filiger est attiré par les hommes et peint plusieurs jeunes garçons légèrement équivoques. Les outrages du titre font référence à ces goûts sulfureux. Progressivement il augmente sa consommation d'alcool et se drogue à l'éther. Filiger est soutenu par un mécène qui l'encourage et lui assure provisoirement une rente. Gauguin part pour Tahiti assouvir son goût des jeunes filles, un des compagnons de Filiger retourne dans un pays du nord c'est le début de la déchéance et d'une certaine solitude sentimentale. Au fil des ans l'isolement et la maladie s'aggravent, le peintre floué et incompris sombre (l'artiste maudit archétypique) et est confronté à une lente agonie. Il est hébergé par un couple qui est payé discrètement par sa soeur. Il souffre de crises de mysticisme et parfois sa pensée divague, il est oublié et son talent de peintre n'est pas reconnu. Il meurt anonymement en Bretagne en 1928.
Le peintre aux outrages est un hommage à Charles Filiger resté dans l'ombre de Gauguin et dont l'oeuvre picturale est très peu connue. Claire Daudin ressuscite son parcours et dépeint ses tourments intimes, son environnement en insistant sur l'importance des pensions successives dans lesquelles il s'est installé puis isolé du monde en proie aux souffrances psychiques et physiques.
Voilà, je vous ai donc parlé du Peintre aux outrages de de Claire Daudin paru aux éditions du Cerf.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Introduction--- Pour Filiger

Truffées de références musicales et philosophiques, ses lettres témoignent d'une vaste culture; mais l'homme épris d'idéal s'y révèle malheureux et asocial, de santé fragile, cherchant la solitude tout en souffrant de l'isolement. Sa vie est une lutte contre lui-même et sa peur des autres, contre la dépendance à l'alcool et le manque d'argent. Les "idées noires" l'obsèdent, qu'il tente de fuir en déménageant de bourg en bourg, d'hôtel minable en hospice, sans jamais trouver la paix intérieure. Il meurt entre les deux guerres, d'une mort sordide à l'hôpital de Brest, avant d'être enterré dans une tombe sans nom au cimetière de Plougastel. Vingt-ans plus tard, André Breton se met en quête de ses tableaux.
Filiger semble l'archétype de l'artiste maudit. (...) il poursuit une aventure créatrice solitaire et déconcertante, de plus en plus lumineuse au fur et à mesure que sombre son existence. (p. 11)
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Mais non, les arbres d'ici sont des pinceaux trempés dans la lumière, que le crachin breton ne rince pas.
Je vis, je suis. J'ai parfois l'impression de traverser un rêve et pourtant la route est solide sous mes pas. "J'aime la Bretagne: j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture", a écrit Gauguin, qui loge et peint ici avec moi. Nous avons trouvé au Pouldu un asile, notre terre promise, ouverte sur l'océan et le ciel infinis. Un climat propice à la vie que nous voulons mener, loin des espaces confinés où les hommes s'étiolent sous les poids des murs et des lois. (p. 19)
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[De passage à Paris ] Cette fois-ci, pourtant, j'ai mis le pied dehors et je suis allé à la rencontre d'un homme considérable. Un homme qui est mon semblable. Rareté sans prix ! Mais aussi frayeur et déception, coeur qui se désille. Moi qui fus le compagnon de Gauguin l'Apache, qui partageai mes jours et mes nuits avec Verkade sans son froc, qui offris l'hospitalité à Jarry la Gorgone, je n'ai pas été si mal doté en amitié. Mais Gauguin est parti vers ses îles, Jan m'a quitté pour son faux dieu, Jarry a préféré ses démons à mes têtes chastes. Restait Gourmont, avec qui j'échange des lettres spirituelles et toxiques. Gourmont, qui est devenu, après le marchand de vin et l'apothicaire, mon fournisseur d'excitants. Il distille dans ses épigrammes une pensée cynique dont mon cerveau est devenu dépendant comme d'un alcool fort. (p. 139)
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Nous ne reproduisons pas ce que nous voyons, nous ne cherchons ni l'exactitude de l'imitation, ni l'impression de sa fugacité. Nous peignons chez nous, nous déposons sur la toile-ou sur le carton, car il est moins cher- ce qui s'est imprimé dans notre esprit en passant par l'oeil. Nous mettons en peinture une vision intérieure: le monde au prisme de notre âme. Ce qui s'étale sous les soies du pinceau, la substance lisse légèrement visqueuse, la teinte semi-liquide, c'est du rêve donné à voir. (p. 34)
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Ce monde en miniature me séduit infiniment. Je m'agenouille sur le tapis et nous jouons des heures. Anna est ravie, car ses parents ne s'abaissent pas à ces enfantillages. On les tolère de la part de l'Oncle original, qui n'a jamais su trouver sa place parmi les adultes. Mais ce n'est pas seulement la magie de l'enfance qui me retient dans la chambre de l'enfance. En petit, le monde est plus beau.Cet univers répliqué du nôtre, le rétrécissement vaut purification. Moi-même , je n'ai peint que des petits formats. Le gigantisme des tableaux de Maufra me surprenait toujours. (p. 172)
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