En octobre, lors des nombreux hommages au décès de
Mike Davis, je me sentais penaud de n'avoir jamais lu ni entendu parler de
Mike Davis avant sa mort. Je me disais qu'il fallait que je lise cet historien, sociologue et militant radical... "
Au-delà de Blade Runner" est un court essai sur les transformations contemporaines de Los Angeles. Ce récit, en forme de déambulation dans les quartiers en déshérence de la ville, décrit l'effondrement des politiques publiques et la paupérisation radicale de nombre de quartiers. Il nous montre ce qu'il advient quand la société abandonne les siens, comment la violence et la pauvreté s'enkyste dans la société. Ce regard désabusé sur un monde en décomposition à l'aube des années 2000, tente d'expliquer les raisons des émeutes de 1992, suite à l'assassinat de Rodney King. Dans les pas de Davis, on arpente une sociologie concrète de LA, qui relève plus d'un apartheid fonctionnel que d'une cité du futur. Il y décrit une ville bunker, où la surveillance est partout, sans qu'elle ne produise rien pour appaiser les violences autre que de renforcer et étendre un environnement paranoïaque. La surenchère sécuritaire ne mène nulle part. La cité du futur s'enfonce dans un "bourbier moral" où le maintien de l'ordre semble la seule réponse politique à toutes les avanies. Los Angeles n'est pas devenue la banlieue de Mars, seulement un territoire qui tente de faire taire ses inégalités, sans y parvenir. Éprouvant.