Je te le demande parce qu'il paraît que les garçons pleurent moins que les filles, ce qui est stupide et sans doute faux, je crois que les hommes pleurent autant ou, en tout cas, ils en ont autant envie, seulement, ils se cachent pour pleurer ou ils se retiennent, ce qui doit être très mauvais pour la santé, parce que pleurer est très libérateur, tu ne crois pas ?
Il ne faut surtout pas garder ses larmes, elle finissent pas vous pourrir le corps et le cœur. Tout ça pour dire que, en fait, je ne vois pas pourquoi les garçons ne pourraient pas pleurer, il n'y a aucune honte à pleurer, c'est même bien de pleurer, donc tu peux me dire si tu pleures souvent, je ne te ferai pas l'insulte de te sortir un lieu commun du style : « Quoi, tu es un garçon et tu pleures ! "
J'aime tout dans la solitude, surtout le silence. La maison qui craque la nuit est apaisée le jour. Ce sont les bruits sournois qui inquiètent, quand ils surgissent comme autant de menaces dans l'obscurité. Le silence se manifeste quand on lui en laisse le temps. Il est doux et ouaté, il envahit tout l'espace et l'habite de sa présence bienveillante. Le silence arrondit les gestes et accompagne les pensées. Je n'ai pas beaucoup d'idées sur l'avenir qui m'attend. Et aucun désir d'y réfléchir plus longuement. L'avenir ne m'intéresse pas. Mais une vie qui soit faite tout entière de silence, est-ce qu'elle ne serait pas préférable à toutes les autres ?
Je ne suis jamais amoureuse. Rien en tout cas qui ressemble à ce qu'on lit dans les livres. Rien qui m'empêche de dormir. Rien qui me rende triste ou jalouse. Rein qui s'écrive sous forme de poèmes déchirants. J'aime beaucoup ce garçon Éric, que j'embrasse pendant le séances de ciné-club, dans la cabine du projectionniste. Parfois j'aime beaucoup quelqu'un d'autres mais jamais très longtemps.
J'ai lu trop de romans. J'ai trop écouté ma mère. J'attends de souffrir pour savoir que je suis amoureuse. Et je ne souffre pas du tout.
Elle est montée dans une voiture qui allait vers Lille. Elle a présenté sa demande au conducteur qui avait justement un peu de temps devant lui. Il l'a emmené dans son appartement et chacun a donné l'autre ce qu'il attendait. Ensuite elle est rentré chez elle. Est- ce qu'il était beau ? Pas mal. Gentils ? Comme il faut. Comment s'appelait-il ? Paul. Est-ce qu'elle le reverra ? Non. Elle a un sourire satisfait. On dirait un chat qui vient de tuer une souris
À l'occasion du festival de Nancy "Livre sur la place" 2022, Kéthévane Davrichewy vous présente son ouvrage "Nous nous aimions" aux éditions Sabine Wespieser éditeur.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2641391/kethevane-davrichewy-nous-nous-aimions
Note de musique : © mollat
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