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EAN : 9782705657727
Stock (30/11/-1)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Le professeur Debré a marqué de sa personnalité, pendant plus de 60 ans, la pratique médicale, l'enseignement de la medecine des enfants, la recherche biologique, la pédiatrie sociale ; il s'est consacré à la défense de la pensée, de la langue et de la science françaises.
promoteur de la pédiatrie moderne en France et dans le monde, il se place au tout 1er rang des novateurs et des grands praticiens. Il a soigné et sauvé des milliers d'enfants. il est l'un de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'auteur à 91 ans quand il achève ces mémoires ; il en avait 18 en 1900 et est un des grands témoins du XXe siècle. Patriarche emblématique de la famille Debré, une famille de la moyenne bourgeoisie que tout semble tirer vers le haut. Les mots travail, courage, sens de l'honneur et de la patrie, grandeur d'âme peuvent lui être accolés.
Mais pour moi le principal intérêt de ce livre n'a pas été de la faire découvrir, il a plutôt été de revisiter le siècle à travers le regard d'un homme actif, bien informé et aux nombreuses relations.
Ce regard au ras du sol, porté sur une multitude de personnages, d'événements, de grands ou menus faits, de détails, d'anecdotes… à des périodes à la fois peu éloignées et très différentes de la nôtre, mérite le détour. L'auteur fait bien sentir les ambiances, l'état d'esprit de ses contemporains…

Il a connu d'anciens communards et des contemporains de Jules Ferry et Flaubert, rencontré de nombreuses personnalités, beaucoup de savants, d'écrivains, de Péguy à Mauriac.

Ancien Résistant, fils de rabbin, il se montre curieusement antisioniste : « la création après une guerre de conquête, d'un Etat juif au milieu d'un monde musulman devenu hostile est une entreprise dangereuse et sans doute funeste » (p.27)

Au Maroc en 1911, il évoque l'état de santé lamentable de la population avant la mise en place du protectorat français (1912) dans un pays où « l'examen physique n'était point autorisé » aux médecins (p.105), assiste à des ventes d'esclaves où une mère est vendue d'un côté, son enfant de l'autre, évoque les castrations d'esclaves qui provoquent la mort trois fois sur cinq.

En visite dans le Massachusetts dans les années 1920, il indique « à ce moment, on n'était pas hanté en Amérique par les scandales de la corruption, de la drogue, de l'insécurité dans les villes, par le développement du banditisme et de la délinquance (…) On sentait alors beaucoup plus qu'aujourd'hui l'idéalisme des pèlerins du Mayflower, des quakers et puritains et des insurgents » (p.322)

Les parties les plus intéressantes concernent les deux guerres mondiales, mais aussi les débuts de la Ve République.
Les nombreux passages sur la médecine – dont le fil rouge est son projet d'hôpital de pédiatrie (inauguré en 1952) – montrent le travail considérable qu'il a réalisé dans ce domaine en évolution rapide et le nombre impressionnant de pathologies disparues dont les enfants souffraient à l'époque, mais ils intéresseront surtout les spécialistes.
L'auteur montre bien comment les résistances suscitées par la création des CHU en 1958 – qui a permis de décloisonner les professions de santé et de faire progresser la médecine – révèlent les intérêts particuliers de l'époque. (p.355)

Il analyse en clinicien l'origine des événements de Mai 68. Les causes principales en seraient la physiologie particulière de la génération des boomers, différente des générations précédentes, et l'augmentation du nombre d'étudiants favorisant les phénomènes de foule :
- « une contradiction entre une adolescence plus tôt commencée, plus vite achevée d'une part, et d'autre part le retard de l'âge viril dans le sens social du terme. »
- « les éléments d'ordre émotif changent du tout au tout quand l'homme se trouve au sein d'une foule. Les foules sont violentes et se jettent contre l'obstacle pour s'y briser ou le briser. »
Le déséquilibre entre activités intellectuelle et physique dû au développement des transports aurait aussi favorisé l'effervescence.

Ecrit d'une façon parfaitement surannée, il reste intéressant comme reflet de son époque, de son art de vivre et de ses valeurs. Une époque largement révolue mais utile à connaître pour mieux évaluer la nôtre.
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Rencontre d'une richesse humaine aussi humble que discrète.
Réflexions sur la vie et ses aventures volontaires, ou pas.
Très belle découverte à faire sans hésitations.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
On lisait beaucoup. On se prêtait des livres, on en empruntait au cabinet de lecture. Il existait toute une littérature destinée aux enfants et aux jeunes gens. Les plus petits étaient fidèles à la « Bibliothèque Rose » où dominaient les célèbres histoires de la comtesse de Ségur née Rostopchine. Les plus grands lisaient passionnément les ouvrages de Jules Verne et les romans d'Erckmann-Chatrian. Tous connaissaient par cœur les aventures de la famille Fenouillard et du sapeur Camember dont l'image leur était familière. Beaucoup de livres étaient interdits aux jeunes et presque tous aux jeunes filles et jeunes femmes, alors que les grands classiques et romantiques étaient entourés d'un respect intangible. On aimait les ouvrages d'histoire. Dans toutes bibliothèques figuraient les nombreux volumes de l'Histoire de la Révolution et de l'Empire de M. Thiers. Mais l’histoire récente et contemporaine, qui ne figurait pas dans les programmes d'études, était réservée à ceux qui s'occupaient de politique.

2309 – [Le livre de poche n° 4890, p. 14]
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Une nuit, pour prendre des nouvelles d'un colonel blessé, j'allais jusqu'à l'auto-chir de Robert Proust établie sous Verdun. Son ambulance ne devait pas recevoir de blessés urgents cette nuit, les bombardements n'allaient pas jusqu'à nous. Sous le ciel sillonné de fusées lumineuses il me parla longuement de son frère Marcel, de sa santé, de son œuvre, tandis que pendant ces heures étranges notre conversation était ponctuée par le bruit de la canonnade. Je me suis souvenu de tout ce que Robert Proust m'avait dit de son frère lorsque, beaucoup plus tard, je fis paraître une étude sur Marcel Proust, ses sommeils et ses réveils, dont l'envoi au général De Gaulle me valu une réponse fort intéressante. Il écrivait notamment que mon étude aidait « à comprendre, plaindre et admirer l'hypnose, les hâtes, les angoisses de ce génie et cette vie commune de la création littéraire et de la souffrance. »

2349 – [Le livre de poche n° 4890, p. 177]
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En contant son histoire, ne fait-on pas l'éloge de soi-même ? Complaisant pour les bons sentiments, on laisse dans l'ombre les défaillances, les fautes commises. Et comment faire un choix, alors qu'affluent à la conscience les souvenirs des événements, grands et petits, des hommes que l'on a connus, des conduites que l'on a tenues ? Et puis, aussi fidèle ou bien exercée qu'elle paraisse, la mémoire est capricieuse.
Lorsque l'on sait le peu que vaut le témoignage humain à l'évolution perpétuelle qui modifie toute chose, il convient de se demander dans quelle mesure sont vraies les images du passé, que l'ont a créées en soi-même.

2307 – [Le livre de poche n° 4890, p. 7/8]
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(1940) J'ai retrouvé Marcel Thiébaut. Tous deux nous apercevons le général Weygand donnant l'impression d'être fringant, revêtu qu'il était d'un uniforme impeccable. Marcel Thiébaut me murmure : « Général de 70, beau cavalier, prêt à se faire tuer pour l'honneur de l'armée, mais incapable de la préparer à la guerre et de la commander. Quelle phrase ridicule et trompeuse il a prononcée à la veille de la guerre, et maintenant il est heureux de garder quelques troupes pour se battre contre le peuple, s'il se réveille, comme l'ont fait se aînés au moment de la Commune... »

2538 – [Le livre de poche n° 4890, p. 317]
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Nous habitions dans une petite avenue qui portait alors le nom de Masséna et où l'on voyait une statue, plus grande que nature, du maréchal de l'Empire. C'est au milieu des jardins qui entouraient notre logis que nous faisions de grandes parties de jeux, mes frères, ma sœur et moi-même, et tous les enfants du voisinage devenus nos compagnons. Parmi eux se trouvaient René Le Senne, sage, timide même, qui devint le grande philosophe, que l'on connaît, et Raoul Nordling, qui devait, comme consul général de Suède, jouer un rôle lors de la libération de Paris.

2320 – [Le livre de poche n° 4890, p. 27/28]
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