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sur 118 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur c'est basé sur un fait divers, qu'il nous dépeint comme une fiction, le mot "Fiction" , me fait froid dans le dos, nous sommes face à une tragédie, à une triste réalité que celle de la traversée des migrants dans des conditions inhumaines . En novembre 2021, des migrants, femmes, enfants et hommes se lancent dans ce périlleux voyage dans un bateau pneumatique, surchargée, pensant trouver une vie digne , de rêves que plusieurs personnes leurs faits miroiter. Malgré les 18 appels au secours, personne n'est venue à leur aide, une petite guerre en la France et l'Angleterre, pour savoir dans quel position se trouve se bateau .18 appels passés, une promesse que les sauveteurs viendront les secourir, une attente qui n'arrivera pas, causant la mort de 27 personnes. L'opératrice du Cross, a été enregistrée à son insu, elle se voit convoquer par les gendarmes, qui lui demandent des explications, pourquoi , comment à t-elle pu passer outre cette détresse. Une femme terrifiante, glaçante , qui ose dire qu'elle n'a suivi que les ordres , chacun se rejette la pierre, personne ne veut assumer cette négligence,. Il est bien facile de trouver une coupable, l'opératrice la véritable proie.
Comment pourra t-elle avancer dans la vie, se remettra t'elle en questions , un cauchemar ancré à jamais en elle. Comment une femme a t-elle pu laisser 27 personnes, cette femme qui a sainte une horreur de la mer. Un roman qui nous laisse face à nous même, qui nous met dans le questionnement. Il nous met en pleine face la réalité du quotidien de la vie des ces migrants, L'auteur, leur rend un hommage puissant, à ces gens laissés pour contre,. Je ne suis pas indemne de ce récit , bien au contraire.
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Alléchée par le retour de deux de mes babelamies, j'ai lu Naufrage.
Je ressors de ma lecture un peu mitigée.
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L'auteur annonce la couleur en préambule. "Ce roman est inspiré d'une histoire réelle dont la presse s'est fait l'écho. À l'exception des éléments connus et publics de ce fait divers, le texte qui suit est une oeuvre de pure fiction."
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Le fait divers en question, c'est le naufrage d'un bateau de migrants dans la Manche, lequel a causé la mort de vingt-sept personnes en novembre 2021.
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Alors vous je ne sais pas, mais hormis le naufrage par lui-même dont j'étais informée, depuis quasiment deux ans, je ne savais rien de plus.
En même temps, je n'avais pas cherché.
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Depuis que j'ai commencé le roman, bien évidemment, j'ai regardé la presse.
On parle d'enquête interne et de sanctions éventuelles, aujourd'hui on parle aussi d'investigation pour violation de l'instruction qui a été ouverte pour de potentielles fuites venant de la hiérarchie militaire.
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Bref, tout le monde ici a Internet, nul besoin de faire une revue de presse. En tout cas, l'affaire est encore en cours.
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L'auteur nous harponne bien dès le départ avec un interrogatoire fictif de l'opératrice dans les locaux de la gendarmerie maritime, interrogatoire mené par une femme à laquelle elle s'identifie, du moins physiquement.
Les deux femmes écoutent l'enregistrement des 14 appels du jeune Kurde qui demande de l'aide car le canot pneumatique coule, pimentés par les réponses de l'opératrice.
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Quelle est la part de fiction et quelle est la part de réalité ?
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En tout cas, elle prend cher la petite dame fictive qui a promis des secours qu'elle n'a jamais envoyés. Je vous laisse découvrir le reste, personnellement j'étais atterrée.
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La seconde partie concerne les hommes présents sur l'embarcation (fictifs aussi, mais qui sont morts quand même pour de vrai), jusqu'au naufrage.
Ça sonnait bien réel pour moi, cette partie fictive.
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Dans la dernière partie, on est dans la tête de l'opératrice. J'ai eu du mal à situer l'époque exacte, mais vous verrez bien.
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Pourquoi suis-je mitigée ?
Ceux qui me connaissent savent que je déteste quand L Histoire est romancée, parce que j'ai beaucoup de mal à faire la part des choses, surtout quand j'en ignore quasiment tout.
Ensuite, il faut que je creuse.
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Mais en attendant, on peut difficilement adhérer au comportement fictif de l'opératrice fictive, tout comme à celui de son collègue fictif, qui bouquinait en sortant des blagues d'un goût douteux.
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Maintenant je sais aussi que si je suis sur un bateau et que je vois quelqu'un se noyer dans des eaux étrangères, il vaut mieux que je m'abstienne de le secourir.
Là j'ai pas compris mais bon que vaut la vie d'un homme à côté des lois territoriales.
De toute façon je me connais, je ne verrai probablement pas la pancarte en pleine mer me disant qu'il y a une frontière à tel ou tel endroit.
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Mais je digresse, l'essentiel c'est que les sauveteurs et garde-côtes etc., eux, sachent bien qui a le droit de faire quoi.
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Bon, je n'aurais jamais cru que je réussirais à sortir quelque chose de mon demi-neurone pour vous parler de ce roman.
Des copines m'ont dit d'écrire ce qui me passait par la tête, voilà qui est fait.
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S'il n'y avait pas ce côté réalité / fiction qui me chiffonne à cause de mon manque d'informations, j'aurais vraiment beaucoup aimé ce livre.
En étant honnête, je dois même avouer que je l'ai beaucoup aimé, en fait. Je me suis posé des questions, j'ai tremblé avec les pauvres naufragés, mon coeur s'est serré avec eux et pour eux.
Ceux-là et tous les autres...
À part ça, je me sens impuissante.. comme tout le monde.
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C'est un très bon roman, n'hésitez pas à le lire.
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Je finirai mon billet sur un extrait des paroles de la chanson de Zazie, J'étais là...

"Et j'ai levé mon verre à ceux qui n'ont plus rien
Encore un verre, on n'y peut rien

J'étais là devant ma télé à 20 heures
J'ai vu un monde s'agiter
S'agiter
J'étais là juste au retour de la Somalie, du Bangladesh et du Rwanda
J'étais là
J'ai bien vu le sort que le Nord réserve au Sud, bien compris le mépris
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J'étais là pour compter les morts
J'étais là et je n'ai rien fait
Et je n'ai rien fait
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J'étais là pourtant, j'étais là
Et je n'ai rien fait
Je n'ai rien fait"
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Dans la nuit du 24 novembre 2021, une embarcation sombre à mi-parcours de sa traversée de la Manche, entraînant dans la mort 27 des 29 migrants à son bord. Ils ont pourtant appelé à l'aide durant plusieurs heures, donnant chaque fois leur position. Mais l'opératrice du CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) du Pas-de-Calais n'a jamais envoyé de secours. Sur les enregistrements de ses échanges avec l'un des naufragés, on peut l'entendre le renvoyer vers les autorités britanniques, avant de finir par lui asséner, agacée par l'insistance de ses appels désespérés : « Bah t'entends pas, tu ne seras pas sauvé. »


Ce fait réel a inspiré à Vincent Delecroix un récit purement fictionnel, construit autour de cette femme telle qu'il l'a imaginée à partir de ce que la presse en a dit. Interrogée par une capitaine de gendarmerie, curieusement si semblable à elle-même qu'elle lui paraît comme une sorte de double de l'autre côté du miroir, l'opératrice devenue narratrice reste sûre d'elle, expliquant sa froideur et son absence d'empathie sans doute ni remords apparents. Dans son métier, explique-t-elle, « les états d'âme ça empêche d'agir, de prendre des décisions, d'être efficace ». Et tandis que le regard et le jugement de son interlocutrice lui renvoient l'image de plus en plus accusatrice d'un monstre d'inhumanité, elle se défend en refusant de faire figure de bouc émissaire, tout au bout de la longue chaîne de notre indifférence : « Alors donc il fallait en revenir à moi, en disant que la cause de leur mort, c'était moi. Autrement dit pas la mer, pas la politique migratoire, pas la mafia des passeurs, pas la guerre en Syrie ou la famine au Soudan – moi. »


« Ça arrangerait bien tout le monde, mais il ne faut pas croire : non, je ne suis pas seule, sur le rivage, je ne suis pas la seule à regarder de loin et à l'abri le spectacle interminable, nuit après nuit, des naufrages. (…) Pendant que je me tiens là, sur la terre ferme, il y a tous les autres aussi, derrière moi, et ça fait du monde, des milliers, des millions de personnes. Tout le monde est là, le monde entier en vérité : le monde entier derrière moi, sur le rivage. (…) Vous êtes tous là. »


Implacable et dérangeant, appelant autant à l'émotion qu'à la réflexion, le roman procède à la manière d'une onde de choc. Choc lorsque le récit nous place à bord du canot, dans l'épouvante d'une nuit de mort, alors qu'agrippé à un mince et indifférent filet de voix, l'espoir s'amenuise désespérément. Choc lorsque l'indifférence lointaine de l'opératrice scelle le drame. Choc enfin de nous voir rappelés à nos responsabilités par cette femme en vérité ni pire ni meilleure que la plupart d'entre nous : « le type qui dort dans un carton au pied de ton immeuble, connard, tu ne le vois pas non plus ? Pourtant il rame pareil sur le bitume et coule pareil. Il n'est pas à des dizaines de kilomètres en pleine mer, pourtant, et en pleine nuit, celui-là. Et il est assez facile à géolocaliser : il est au bout de ta chaussure. Alors tu lui envoies les secours ou c'est encore à moi de le faire ? »


Miroir de nos indifférences face aux naufragés de la société, un livre qui, pour le coup, ne devrait laisser personne de marbre.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Pour moi premier livre ouvert de la rentrée littéraire 2023, "Naufrage" est un roman de Vincent Delecroix, une oeuvre de fiction qui pourtant est inspirée d'un fait réel tragique.
Paru à la mythique collection "Nrf" de chez Gallimard, ce récit est un huis clos.
A la gendarmerie maritime de Cherbourg, deux femmes se font face.
L'une est capitaine de gendarmerie.
Elle enquête sur le naufrage d'un bateau de migrants qui a sombré dans la Manche, noyant vingt-sept personnes malgré de nombreux appels à l'aide envoyés au centre de surveillance du Cross.
L'autre est l'opératrice qui était de quart au sémaphore cette nuit-là, une jeune officier-marinière de la Marine.
Elle est venue de Boulogne, de son plein gré, afin de répondre aux questions que n'a pas manqué de susciter l'enregistrement des appels téléphoniques de cette nuit-là.
Mais est-ce vraiment une défaillance qui a englouti vingt-sept personnes dans les eaux sombres de la Manche ?
Défaillance ou plutôt erreur d'appréciation, incompétence ou mauvaise volonté ?
Ce récit est composé de trois parties.
A mon sens, il aurait dû n'en comporter que deux.
La lecture de la troisième n'ayant fait que gâcher un peu le ressenti que m'a laissé derrière elle la dernière page tournée.
Ce récit est tendu comme un index pointé vers une coupable présumée.
Mais coupable de quoi ?
De mensonges, d'inertie, d'inhumanité ou de mauvaise appréciation de la situation ...
La gendarme accuse.
La sémaphoriste se défend.
L'écrivain raconte et philosophe.
Il est ici question de culpabilité, personnelle ou collective, de drames humains sans cesse répétés.
Le récit ne s'embarrasse d'aucun préambule long et ennuyeux.
Tout de suite, il s'empare de la lecture pour la mener sur un long et sinueux chemin pavé de questions, de justifications et de réflexions.
Le livre repose sur de vrais ambiguïtés à l'image de cette jeune femme qui hait la mer, et qui pourtant s'est engagée dans la Marine Nationale.
Le livre, à certains courts moments se saoule de paroles et d'expressions, en rajoute un peu dans les imaginations.
La troisième partie, la plus courte heureusement, étant le point d'orgue de ces vaines exagérations, de ces enthousiasmes d'écrivains sans souffle aucun.
Il n'en reste pas moins que ce livre traîne derrière lui les relents du malaise, les points d'interrogation du questionnement et la stupeur provoqués par l'envers du décor de la tragédie.
Le drame devient ici presque tangible, étant pourtant repoussé vers l'ordinaire et l'habituel de ce métier qui engage ceux qui le pratiquent.
Au final, c'est un bon livre avec pourtant une impression de lecture mitigée qui ouvre pour moi la rentrée littéraire 2023 au sortir de vacances pleines de soleil, de mer et de bons vieux bouquins sortis de sous la serviette de plage ... privilège embarrassé et peut-être coupable de la géographie ...



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« Naufrage » est le récit d'un effondrement généralisé de notre société où les sentiments d'empathie et de compassion s'effacent petit à petit quant aux flots de l'immigration.

Basé sur un « fait divers » réel, Vincent Delecroix en tire un roman très actuel et très juste. La nuit du 23 au 24 novembre 2021, 33 migrants de différentes nationalités (essentiellement des Kurdes irakiens) prennent place sur un bateau pneumatique (« small-boat ») depuis Loon-Plage en vue de rejoindre le Royaume-Uni. L'embarcation surchargée tombe en panne, se dégonfle et prend l'eau. Alors que plusieurs appels de détresse sont adressés aux secours français, les personnes sont abandonnées en pleine mer dans l'attente qu'elles rejoignent les eaux anglaises…

De ces 33 personnes, seulement deux ont survécus. Âgés de 7 à 46 ans, dont 6 femmes et 1 fillettes, c'est 27 corps (et 4 disparus) qui sont repêchés le lendemain. Ils n'espéraient pourtant que vivre en paix et se construire un avenir décent. Cela a été la plus dramatique tragédie connue sur les côtes de la Manche.

Dès 1h30 du matin, 18 appels furent passés aux secours et 6 fois leur géolocalisation envoyée. Les échanges téléphoniques entre les naufragés et le CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage) de Gris-Nez ont été enregistrés et la froideur de l'opératrice est stupéfiante et glaçante!

L'auteur part de ces événements et en tire un huit-clos oppression sur la base d'un monologue : celui de l'audition de l'opératrice face à la gendarmerie (ou finalement, face à sa conscience aussi).

Écrit d'une plume acérée, ce récit ne peut laisser personne indifférent. A la fois nécessaire mais aussi dérangeant, il ébranlera la conscience de ses lecteurs. Indéniablement, ce livre pousse à la réflexion quant à la responsabilité collective qui sous-entend la responsabilité individuelle.

La seconde partie est particulièrement poignante, où l'auteur décrit le naufrage en lui-même, en compagnie de ces migrants, sans pathos mais de façon distancée où le lecteur restera en apnée durant ces quelques pages.

Par ces quelques morts, Vincent Delecroix rend hommage à ces oubliés de la mer, à ces invisibles.

Merci!
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Vincent Delecroix s'inspire d'une histoire vraie pour écrire ce roman : il le précise en préambule. En novembre 2021, un canot pneumatique rempli de migrants fait naufrage dans la Manche après avoir tenté en vain d'obtenir du secours après des autorités maritimes françaises. le bateau coulera sans que personne n'intervienne. Bilan : 27 morts.
***
Naufrage est divisé en trois parties. Dans la première et dans la dernière partie, nous suivons l'opératrice du CROSS (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage), alors que dans la deuxième partie, nous sommes avec les migrants, sur le canot qui prend l'eau. Dans la première partie, nous voyons l'opératrice se débattre maladroitement pendant un interrogatoire mené par une capitaine de gendarmerie qui, pense-t-elle, lui ressemble physiquement : un double, mais inverse, pleine d'empathie et scandalisée par l'attitude de l'opératrice. Enfin, pourquoi n'a-t-elle pas donné suite aux 14 appels du jeune Kurde qui tentait d'obtenir du secours, appels qui ont tous été enregistrés ? Pourquoi traite-t-elle ces appels à l'aide avec une telle désinvolture, ces gens en détresse avec une telle indifférence ? L'opératrice va tenter de l'expliquer, mais ses explications l'enfoncent, font ressortir son désintérêt, son insensibilité, son habitude de telles situations, sa fatigue et le cynisme qui a fini par l'envahir. Dans la deuxième partie, on partage les espoirs des migrants, on comprend leur désillusion, on vit leur joie quand un bateau approche et leur accablement quand il disparaît sans avoir même tenté de leur apporter un peu d'aide. On retrouve l'opératrice dans une dernière partie plus personnelle, ou elle parle de sa vie et nous fait partager ses réflexions et ses interrogations.
***
J'ai trouvé ce Naufrage particulièrement bien mené. le roman pose évidemment la question de la responsabilité, de toutes les responsabilités, collectives et individuelles. Il nous met le nez dans notre indifférence, dans nos indignations lointaines et inefficaces, dans notre propension à chercher et trouver des coupables. Vincent Delecroix nous avait prévenus avec sa très brève citation de Pascal en exergue : « Vous êtes embarqué ».
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Naufrage de Vincent Delecroix est un texte nécessaire et dérangeant. Texte court de136 pages en trois parties.
S'appuyant sur un fait réel , le naufrage d' un bateau de migrants dans la Manche en Novembre 2021. le naufrage provoquera la mort de 27 migrants. Malgré de nombreux appels au secours, aucune aide sera apportée aux migrants.
C'est à partir de cette actualité que Vincent Delecroix a écrit son texte , imaginant une opératrice ayant reçu au CROSS, les appels au secours des migrants.
Les parties 1 et 3 du roman nous parlent de cette opératrice.
La partie centrale est consacrée au naufrage du bateau des migrants.
Le texte est dérangeant car les secours n'ont pas été envoyé aux migrants pour des tas de raisons : lieu du naufrage , eaux territoriales, secours français ou anglais, l'implication de l'opératrice, la lâcheté collective, les passeurs. A qui la responsabilité ?
Il est facile de faire d'une opératrice un bouc émissaire.
"Moi j'ai dit : Tu ne sauras pas sauvé "
Le moi peut être aussi un nous . Nous avons dit : Tu ne seras pas sauvé. Cela nous parle de notre lâcheté et de notre facilité à regarder ailleurs.
Ces questionnements et lâcheté sont très bien décrites dans les parties 1 et 3. Bien décrites veut dire confus dans l'esprit de l'opératrice. Des réflexions que Vincent Delecroix nous restitue dans des phrases au long cours parsemées de longues parenthèses .
La partie 2, dans sa glaçante réalité est plus littéraire et tranche avec la distance apparente de l'opératrice.
Il est alors plus simple de mettre en miroir ce que bien des gens pensent et de voir poindre l'indifférence générale.
Et comme le dit l'opératrice : " Je ne suis pas la seule à regarder de loin et à l'abri le spectacle interminable, nuit après nuit des naufrages "

Ce texte , dérangeant, violent m'a rappelé d'autres naufrages en Méditerranée que Laurent Gaudé à mis en écriture : Eldorado. La même mise en abime de la conscience collective.
Reste une question : Qui a dit : "Mais moi j'ai dit : Tu ne sauras pas sauvé "
Nous ? Moi ? les Migrants ?
Vaste question .





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Naufrage c'est un fait divers. Quelle triste nom pour des tragédies souvent. Ce naufrage c'est celui de migrants, celui de notre société et celui ( fictif) d'une femme, en première ligne de l'affaire. Bouc émissaire peut-être mais tout de même...
Court roman, découpé en 3 chapitres, il s'appuie sur un évènement qui avait fait beaucoup parlé. Ce bateau de migrants coulé dans les eaux anglaises donc non pris en charge par les français. La suite n'est que fiction mais le drame bien réel. Une accusée : la femme qui était de surveillance. Son collègue est à peine évoqué. Au fil des pages on entend son discours, sa vision des choses, ce que les autres disent. Elle n'a rien fait pour eux malgré les appels de détresse. C'est un peu long, légèrement redondant mais c'est une mise à nu de ce phénomène migratoire et du peu d'intérêt pour le sort de ces gens. La femme semble cynique, distante, étrangère à elle-même.
Quelques pages pour raconter le naufrage, dans ce canot qui ne pouvait que couler ( trop chargé, trop vieux avec un moteur défaillant ) C'est l'histoire innommable. Froide et cruelle.
Dans le dernier chapitre, nous sommes dans la tète de cette femme. Bouleversée mais qui nous pointe du doigt, nous lecteurs.
Un roman âpre et terrible qui nous entraîne vers ce que nous refusons de regarder.
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En refermant ce roman, j'ai ressenti comme un malaise et je me suis longtemps demandé pourquoi.

J'ai à la fois eu de la peine pour le personnage principal à qui la gendarme veut faire endosser la responsabilité du naufrage ; et en même temps je l'ai détesté de ne s'en tenir qu'à son professionnalisme.

Elle explique que le Mal c'est la mer ; je pense plutôt que c'est ce détachement professionnel qui lui a été demandé (et qui nous est aussi demandé dans notre métier) qui est cause du drame. (Un peu, toute proportion gardée, comme Hannah Arendt reprochait son professionnalisme froid à Eichmann).

J'ai trouvé dans ces pages le même système de défense de la part de la narratrice pour ne pas se laisser submerger par l'aspect humain du drame.

J'ai été gênée par la gendarme qui ressemble à la-dite narratrice. L'explication viendra dans la dernière partie du roman.

J'ai aimé que la gendarme cherche dans la vie de la jeune femme une explication à son mensonge, comme un acte-miroir qui pourrait expliquer le drame.

Une lecture qui m'a fait réfléchir et qui ne m'a pas laissé indifférente.

L'image que je retiendrai :

Celle des deux silhouette en fin de roman qui marche sur la plage vers la jeune femme.
Lien : https://alexmotamots.fr/nauf..
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Livre que j'ai lu à l'occasion d'un jury littéraire et un roman plutôt déroutant.

Tout d'abord, par le style. Commençons par le côté difficile. L'écriture est de qualité, c'est indéniable, à mes yeux. Mais certains choix, dans la mise en page, me déroutent, des renvois à la ligne que je ne comprend pas, qui m'ont fait perdre en "confort" de lecture.

Je ne suis pas coutumier des "effets" littéraires. Peut-être que, par là, l'auteur a voulu faire sortir le lecteur de cette zone de confort, propre au thème du livre. C'est réussi.

Déroutant par le thème et là, c'est un immense compliment que je fais à ce roman. C'est rempli d'émotions sur un thème d'actualité. Un sujet qui touche l'humanité.

Une fiction pas si fictionnel sur un "fait divers", sur un évènement tragique comme il y en a trop dans un monde qui fait naufrage.

Une tragédie, écrite telle quelle, en trois actes, avec une grande intensité dramatique. Pris dans les réflexions de l'opératrice à qui il est reproché de n'avoir pas aidé à sauver ces hommes, femmes, enfants. Saisi dans le ressenti des ces personnes qui ont vu la mort venir lentement à elles.

Cela fait froid dans le dos, cela amène à réfléchir. C'est une réussite de ce côté là.
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