AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 2587 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre parmi d'autres. Non pas de ceux dans leur habit de rentrée, parés de brillantine pour mieux se refléter dans la vitrine. Plutôt un ancien, aux multiples étapes domestiques. Il sait encore se faire remarquer à la brocante aux feuilles jaunies, sur l'allée des marronniers. Le lecteur le distingue en tout cas. Il le prend puis consulte ses effluves de poussière. Il se demande pourquoi il ne l'a jamais lu celui-là, pourtant si connu.
Le marchand boit rouge au stand voisin, c'est pas tous les jours qu'ils se retrouvent les forains. Le lecteur le remet sans le connaître, le réseau invisible des liens se tisse déjà entre le livre, son propriétaire actuel et le suivant. Les voilà tous deux face à face maintenant, le livre entre eux. La barbe du vendeur tremblotte le prix, pas même besoin d'aller vérifier en première ligne. Affaire conclue.
Le livre a été déposé dans sa nouvelle demeure, une bibliothèque où il n'y est pas seul. Au milieu des habitués du lieu il paraît incongru. Le temps d'y faire sa place, de se fondre dans le quartier des non lus, il devra apprendre à se faire désirer.
Il faudra que les feuilles se mettent à voltiger à l'extérieur pour que celles du livre se mettent à frémir. L'appel des souvenirs taquine les histoires qu'il sait si bien raconter. Pourtant le lecteur ne le repère pas vraiment, le lecteur ne s'en souvient pas vraiment, le lecteur ne le déloge pas vraiment. C'est le livre qui ondoie ses récits, et qui éclot entre ses mains. C'est lui qui distille ses fragrances, lui fait tâter ses matières, lui infuse ses petits bonheurs. Il lui ouvre la nostalgie pour de bon, à l'abri des feuilles qui valsent au dehors.
Plus tard, le lecteur replace le livre dans le meuble aux feuilles bien rangées. Et il se demande si ce n'est pas le livre, le plus grand des plaisirs minuscules.
Commenter  J’apprécie          5511
Intriguée par le titre de ce court texte, je ne m'attendais pas à cette vague d'émotions dès les premières pages...Alors, comme ça, il n'y aurait pas eu que mon grand-père pour instaurer le "supplice" du fameux couteau opinel ? Je le revois pelant tout doucement sa pêche, car mon grand-père ce n'est pas une pomme qu'il épluchait mais une pêche, puisqu'il m'accueillait pendant l'été, puis la découpant, toujours aussi doucement, en quartiers, qu'il portait ensuite, un par un, à sa bouche...il savait que j'étais une petite fille obéissante et la règle était simple : même si j'avais terminé mon repas, je ne pouvais quitter la table et rejoindre mes amis avant que la lame du couteau n'ait été repliée ! Ma grand-mère prenait toujours ma défense et lui faisait remarquer mon impatience, aujourd'hui, je sais que cet échange de regards et cette attente prolongée n'étaient pour lui qu'amusement et témoignage de complicité...
Merci pour ces plaisirs minuscules, fragiles et légers. Nous les laissons trop facilement passer sans avoir pleinement conscience du bonheur qu'ils renferment.
Commenter  J’apprécie          472
La première gorgée de bière... Et les suivantes. Recits d'une succession d'habitudes de vie d'une autre époque, charme desuet d'un monde révolu. "plaisirs minuscules" effectivement.
J'associerais tous ces souvenirs a une époque ou l'on savait se satisfaire des petites choses, sans avoir forcement avoir recours à toute une technologie déshumanisante. Des plaisirs délicieusement surannés, ravives par Philipp Delerm, dans ce petit recueil. C'est de mon smartphone que j'ecris cette critique. Ce monde est vraiment revolu !
Commenter  J’apprécie          361
Dans ce petit recueil de 34 courts récits, Philippe Delerm a l'art de faire remonter en nous l'émotion provoquée par les plaisirs simples de la vie. Chacun connait l'histoire de la madeleine de Proust, l'émoi que suscite en lui la réminiscence d'un souvenir d'enfance qui jaillit quand on ne l'attendait pas dans un florilège d'odeurs et de saveurs. C'est sur ce même principe que fonctionne « La première gorgée de bière ». Delerm restitue des instants ordinaires, anodins avec une telle poésie qu'il les rend tout à coup précieux et insolites. Il attire notre attention sur des plaisirs banals qu'on n'apprécie plus à force de les rejouer sans y prendre garde. Cette fameuse première gorgée que l'on ne savoure plus consciemment, ou encore cette main plongée dans un saladier rempli de petits pois tout juste écossés ? La douceur du croissant à peine sorti du four du boulanger, ou encore la l'indécente gourmandise provoquée par un banana split ? Voici un petit livre qui, lui, n'a rien d'anodin et saura attiser vos sens avec habileté ! Un régal !
Commenter  J’apprécie          300
C'est un livre qui nous rappelle que ce sont des petits riens qui font du bien. C'est poétique, léger, même si on ne se sent pas en phase à chaque texte (moi, personnellement, j'étais plutôt Poire Belle Hélène que Banana Split), il y a plein de petites choses qui m'ont rappelé quelques futiles vibrations de la vie de tous les jours. Je pense qu'on l'apprécie plus en étant d'une génération proche de Philippe Delerm, j'ai 14 ans de moins (au jour près) et j'y ai trouvé un charme désuet qui pour de trop jeunes lecteurs pourrait passer pour de la paléontologie. Moi ça m'a touché (et pour ceux qui n'aiment pas la bière, sachez que tous ceux qui aiment vraiment la bière éprouvent réellement ce que décrit Philippe Delerm). On pourrait rajouter un dernier chapitre intitulé "Lire un texte et découvrir ce qui nous fait du bien et qu'on ne remarque pas forcément"
Commenter  J’apprécie          273
Ma critique de ce recueil est, comme j'en ai pris l'habitude, sous forme d'abécédaire. Mais cette fois j'ai poussé la difficulté en ne prenant en compte que des termes que je n'ai pas l'habitude de rencontrer dans mes lectures, voire même de mots dont je ne connaissais pas la définition (ils ont un astérisque) du coup j'ai ajouté leur définition, au cas où ceux et celles qui prendront le temps de me lire seraient dans le même cas que moi.


A comme Alentir* : Alentir est un terme vieilli utilisé seulement en Acadie pour signifier "Rendre plus lent, freiner le rythme". Présent au moins 2 fois dans ce court ouvrage.

B comme Borborygmes

C comme Cornière*. Ce terme utilisé dans une mercerie est curieux.
Il y avait également Cossarde* : paresseux ou Compoction* : Gravité recueillie et affectée

D comme Débotté

E comme Etique* : extrême maigreur

F comme Fax. Ce n'est pas très original mais il me fallait un F et à cause de cette phrase. "A l'époque du fax, c'est le luxe suranné. " Cette lecture m'a fait cet effet. Plusieurs de ces plaisirs minuscules semblent surannés et d'un autre temps.

G comme Grège* : La couleur grège est celle de la soie à l'état brut. Selon le Trésor de la langue française, c'est un beige clair tirant sur le gris. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le terme n'a rien à voir avec un mélange des adjectifs « gris » et « beige », il vient de l'italien greggia qui veut dire « brute »

Ou comme Gourmé* : dont le maintien est grave et raide

H comme Hétéroclite : comme cette liste.
Sinon Hiératique aurait pu faire l'affaire.

I comme Inhalateur ou irisation

J comme Justaposition : Ce n'est ni très original ni très rare, mais cela convient à cette liste

K comme Kerouak, Kaki, Kaleidoscope, Kiosque, Kabyle, Kamikaze beaucoup de mots en cas, ce qui est rare normalement.

L comme Lenticulaire* : Qui a la forme d'une lentille.

M comme Mouillure* : trace laissée par l'humidité. Utilisé au moins 4 fois dans ce court ouvrage

N comme Nuances. Ni rare, ni original mais ces très courtes nouvelles sont tout en nuances. Et c'est un des mots qui caractérisent cette écriture.

O comme Ostensoir.

P comme Porto ou Préraphaélite. J'ai noté Porto car l'auteur le definit comme un apéritif typique Français. Ce qui n'est franchement pas le cas d'où je viens. Et chez vous? Peut-on dire plus courant suivant certaines classes sociales ?

Q comme Quiétude. Ce n'est ni rare ni original mais il me fallait un Q.

R comme Russule* : 1 champignon.

S comme Satinette*. Étoffe de coton, ou de coton et de soie, qui a l'aspect du satin.

T comme Touffeur* : Atmosphère chaude, lourde, étouffante. Littéraire d'après le dictionnaire.

U comme Univers : tout comme nuances, l'univers de Delerme me paraît caractéristique.

V comme Voussures* : Courbure (d'une voûte, d'un arc).

W comme Wedgewood

Je n'ai pas trouvé de mots commençant par X, Y et Z malgré 2 lectures

Alors par plaisir, je vous propose des termes qui auraient pu figurer car participant à l'univers Delermien (couleurs, végétaux, sensations, culinaires).

Xanthopylle: désigne le pigment jaune fixé sur les plantes qui colorie les, les feuilles, les pétales, les fruits.

Yeuse : qui sait si ce chêne vert ne se trouve pas dans "le jardin immobile"

Zalabia : à côté des Loukoums, il doit être possible de trouver ces spécialités.
Commenter  J’apprécie          256
Précipitez vous! à déguster, un hymne à Epicure, à la vie, au bonheur d'apprécier ce qui nous entoure à cent pour cent dans les moindres recoins de nos vies.

Vous dégusterez ce petit condensé de bonheur comme un bonbon à la menthe, une glace italienne ou un macaron d'un grand pâtissier pour ceux ou cellesqui préfèrent !

bref une gourmandise littéraire ....
Commenter  J’apprécie          214
Des petites choses, des souvenirs … qui m'ont ramenée à l'enfance… Pas « La première gorgée de bière » mais… Des petits moments qui rappellent des habitudes, des rituels qui passaient inaperçus. Mais là ces réminiscences, ces descriptions de sensations, d'odeur d'autrefois, m'ont fait du bien. Ces petits riens font le bonheur. Ces textes courts de deux ou trois pages m'ont transportée à la table de la cuisine de chez mes grands-parents, au fond de la voiture lors des départs en vacances, sur les chemins creux d'une douce campagne. Ces clins d'oeil complices, plein de poésie, de tendresse parfois empreints de mélancolie sont simples et touchent. On les picore au fil des pages ou dans le désordre… Des lectures en liberté ! Pour ceux d'entre vous qui seraient tentés, dans la même veine un autre ouvrage de Philippe Delerm « Et vous avez eu beau temps ? » qui mérite aussi une lecture attendrie.
Commenter  J’apprécie          180
Un tout petit livre qui m'est tombé dans les mains, et que j'ai commandé alors que j'en recherchais un autre sur un site de vente de livres d'occasion qui fait mon mon bonheur de lecteur : https://www.recyclivre.com/...un site qui me permet de fouiner, de découvrir des pépites anciennes ou nouvelles, pas chères et accessoirement d'aider une association et de financer la plantation d'arbres...des petits bonheurs personnels.
Chacun trouve son bonheur comme il peut, petit ou grand !
Philippe Delerm est, lui aussi, un homme heureux qui trouve son petit bonheur dans des petites choses toutes simples, des petites riens du quotidien..: Un couteau dans la poche, écosser des petits pois, le croissant chaud....
34 petits textes, 34 petits plaisirs de 2 à 3 pages, dans lesquels on se reconnait très souvent ..."tiens c'est vrai", ou "comme c'est bien observé"...
Des petites gourmandises, des petits loukoums qu'on déguste à petites gorgées, un par-ci, un par-là, dans l'ordre ou le désordre, dans le bus qui vous transporte chaque matin, entre deux stations de métro, chez le docteur, en attendant son gamin à la sortie de l'école...ou ailleurs....quand on a quelques minutes seulement, devant soi à passer un livre en main.
Je ne me suis pas reconnu dans certains des petits bonheurs de Philippe Delerm, mais qu'importe...chacun trouve son bonheur comme il peut. On n'a pas le droit de juger du bonheur des autres...L'essentiel n'est-il pas que chacun trouve plusieurs fois par jour l'occasion d'avoir "la banane"...
Ne nous arrive-t-il pas de dire "Tu devrais essayer" quand un ami ne va pas fort, quand il a le moral en berne...
Allez, hop on prend un petit café, on "se fait un ciné", on court une heure, on pédale comme un fou, on écoute une chanson de Vincent, le fils de Philippe, on va au jardin où on arrache trois herbes, on passe une heure à tailler ses rosiers...et on retrouve la fritte .
Le bonheur, tout le monde le cherche, cette quête du bonheur des uns fait le bonheur d'autres, qui proposent tout et n'importe quoi pour en faire du fric...mais le bonheur ne commence t-il pas par des petits riens gratuits auxquels on ne fait pas souvent pas attention....lire "La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" est sans doute une excellente façon de s'interroger sur ces petits riens personnels qui mis bout-à-bout font nos propres petits instants de bonheur, même si ce n'est pas le Grand Bonheur.
En ce qui me concerne, j'ai lu le livre dans l'ordre et le désordre, certains textes plusieurs fois, sur la plage cet été. le livre était niché dans le sac de plage entre les serviettes...et j'ai retrouvé du sable entre les pages...et ça je n'aime pas du tout...le sable entre les pages, écorner les pages, casser la couverture.
Mais qu'importe...cultivons d'abord ces petits riens qui nous permettent de se sentir mieux.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          184
Après Et vous avez eu beau temps?, j'ai choisi cet autre recueil de récits de Philippe Delerm, suggéré par un Babelionaute qui en faisait son premier choix.
Quelle finesse dans l'écriture, quelle puissance d'évocation de ces infimes moments de bonheur et de béatitude qu'il nous tend comme un miroir à travers ses pages d'une grande beauté!
Un imaginaire foisonnant porté par des phrases au lyrisme alangui; absolument délectable!
Commenter  J’apprécie          162




Lecteurs (6786) Voir plus



Quiz Voir plus

Delerm - La Première Gorgée de bière …

Complétez le titre : Les loukoums chez ….

L'Arabe
Madame Rosières

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe DelermCréer un quiz sur ce livre

{* *}