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sur 2587 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dégustez ces trente-quatre plaisirs minuscules, qui, j'en suis sur, vous feront dire à un moment ou à un autre :"Oui, chez nous aussi...." ou " Je me souviens...."
Ces chroniques ne sont pas des textes philosophiques, quoique l'on puisse se demander ou commence la philo... Cependant, on se demande bien pourquoi le fait d'écosser des petits pois le matin, dans la cuisine, rappelle des choses à beaucoup de gens. Et aussi pourquoi cette première gorgée de bière, quand il fait chaud et que l'on a si soif, prend une telle saveur, une telle importance.
Il fallait un véritable auteur pour remarquer tout cela et le formaliser.
J'ai souvent conseillé, offert ce petit bouquin, et je crois que j'ai toujours eu des retours positifs.
N'y cherchons pas le sens de notre vie... mais on peut y trouver un sens à tous ces petits moments qui font notre vie, et qui seuls, méritent qu'on les retienne..
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"Petits dimanches de famille, petits dimanches d'autrefois,petits dimanches d'aujourd'hui, le temps balance en ostensoir au bout d'une ficelle brune".
C'est le rapport au temps, décrit de manière fort poétique (comme ici le paquet de gâteaux, gourmandise-bonheur à savourer), qu'évoque Philippe Delerm dans cet essai composé de nouvelles "entre deux âges" où l'on est "les deux âges" à la fois, tissé de sensations reliées à des émotions intenses, rattaché à des souvenirs magiques, souvent nostalgiques,doté du pouvoir magique d'abolir le temps.Ce sont des "plaisirs minuscules", mais ils sont joie réincarnée, comme cette première gorgée de bière "la seule qui compte" avant de retrouver "la désillusion d'un semblant de pouvoir": d'où le titre La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.
Les sens exacerbés, le velouté "sensuel" des petits pois, écossés à deux, devient "rite" et "connivence"; le croissant moelleux ou le loukoum dégusté sur le trottoir, délicieux pêché de gourmandise, donne un sentiment de "liberté"; la cueillette des mures entre amis se fait douce; le Tour de France est communion; l'invité surprise est adopté par la famille comme la vie; les lectures sur la plage ramènent à l'adolescence avec mélancolie; le bain du dimanche soir est un "bien être palpable"; l'écran de cinéma permet l'envol voluptueux dans l'imaginaire; le pull d'automne enrobe le corps d'une bulle douillette;les tomates du jardin ont la "sensualité penchée"; le journal du petit déjeuner offre le luxe de savoir que le monde est en guerre, alors que l'on est soi-même à l'abri de tout; le kaléidoscope renvoie au "bonheur sage"; le vélo incite à la flânerie....
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules mérite amplement le prix Grandgousier 1997 qui lui a été attribué, car nous retrouvons ici les petits flashs de la vie de tous les jours d'Enregistrements pirates (sans les portraits pris sur le vif qui s'y rattachent), nous retrouvons aussi la poésie de Sundborn ou les jours de lumière (prix des Libraires 1997), mais surtout nous retrouvons la nostalgie de l'enfance qui nimbe Dickens barbe à papa.
Cet essai sur le bonheur et l'abolition du temps, dans une prose parfois proche de Colette (ex: "les grappes hésitent entre l'or pâle et le vert d'eau,entre l'opaque et le translucide") est un pur....bonheur... car le lecteur s'identifie aux souvenirs vécus et ressent, à travers mots (d'où le talent de Philippe Delerm), l'instant (dégusté,tactile,visible,écouté,senti), qui bien qu'éphémère, devient ETERNITE.
Philippe Delerm, écrivain,romancier,essayiste est un Grand de Grand!!!
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"Goûte le bonheur avant qu'il ne s'échappe."
Anonyme

Dans " La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules ", Philippe Delerm évoque l'importance des bonheurs simples
de notre brève existence.
La saveur des instants partagés avec ceux que nous aimons, ceux qui sont partis et continuent d'exister dans notre coeur, les premières fois... La nostalgie heureuse.

"Les boules en verre se souviennent. Elles rêvent silencieusement la tourmente, le blizzard qui reviendra peut-être, ou ne reviendra pas. Souvent sur l'étagère elles resteront ; on oubliera tout le bonheur qu'on peut faire neiger dans l'enclos de ses mains, cet étrange pouvoir de réveiller le long sommeil de verre."

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Livre très utile lorsque l'on a le moral en berne, il nous rappelle que souvent le bonheur se cache dans les petites choses de la vie, ce que l'on a tendance à oublier. Comme disait Khalil Gibran " C'est dans la rosée des petites choses que le coeur trouve son matin et se rafraîchit ".
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J'aime bien le fils, mais j'ai d'abord découvert le père et je ne regrette pas d'avoir lu à l'époque ces courtes descriptions des petits plaisirs dont tout le monde parlait. Delerm, c'est un écrivain simple, qui ne cherche ni à faire polémique, ni à surprendre et choquer et pourtant il a tellement de choses simples à exprimer. Et ça fait du bien de savoir que ce que ressent un écrivain, c'est aussi les plaisirs de ses lecteurs, mais aussi ceuix de monsieur tout le monde. Il se dégage de ces petites descriptions une musique douce, une sensation, un climat, un souvenir et on s'enfonce un peu plus dans le livre ou dans sa couette. Delerm se fait révélateur de chacun, ce qui est l'une des missions essentielles de la littérature.
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Un recueil de textes "gourmands" qui a suscité en moi bien des émotions, un peu à la manière de la madeleine de Proust!
Déjà, j'adore la bière, et Philippe Delerm a su trouver les mots justes pour exprimer ce que je ressens chaque soir devant mon verre d'or jaune à la mousse exquise!
Ensuite, ce fut les souvenirs des petits pois qu'on écosse durant les grandes vacances en famille: il faut faire vite! Il y en a tellement. le geste se fait précis et de temps en temps, on glisse un petit pois cru dans la bouche et cette saveur, elle est inoubliable! Viennent ensuite le croissant dégusté en douce alors qu'il est encore chaud au sortir de la boulangerie. Et le journal du matin, dont seul le premier levé a le privilège d'aller le chercher dans la boîte aux lettres qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, rien que pour s'enorgueillir d'avoir tourné les grandes pages encore soigneusement pliées!
Un pur régal!
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Rencontrer un ami.
On hésite un peu à le lire car trop de monde nous en déjà dit du bien. le livre est là, dans la bibliothèque, posé sur un étagère, nous attendant patiemment. Mais on hésite encore.
Et pourtant, un jour on se décide. On ouvre ce petit livre joliment édité. On découvre un à un ses courts textes. On convient avec l'auteur que la première gorgée de bière est la plus agréable. On n'en revient pas que cela soit si joliment dit. On se dit que décidément ce Delerm nous touche vraiment. On est certain que son prochain livre ne restera pas aussi longtemps sur une étagère. D'une certaine façon, on aurait presque l'impression de rencontrer un ami.
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Delerm est un maître pour capter l'instant, l'éphémère et la grâce des jours qui passent. Ces petites nouvelles sont des petits joyaux qu'il faut lire près de la cheminée ou les jours de tempête. On se sent à l'abri des mots, chauds et douillets , petit réconfort pour âmes en peine et vague à l'âme.
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N°268 – Février 2007

LA PREMIERE GORGEE DE BIERE – Philippe DELERM – EDITIONS L'ARPENTEUR


L'auteur et moi sommes de la même génération, alors, forcément, nous avons quelque chose en commun, au moins l'époque. Peut-être pas autant que cela, parce que moi, je suis un provincial, version France profonde, et j'ai toujours voulu cultiver cela, alors “Les loukoums chez l'Arabe” et “Le trottoir roulant de la station Montparnasse”, cela m'est un peu inconnu, quoique...
le reste en revanche, m'a beaucoup parlé, je veux dire que cela a fait renaître en moi des souvenirs d'enfance. C'est paradoxale peut-être puisque “La première gorgée de bière”, “Prendre un porto” ou le grog des jours de fièvre étaient, à cette époque, plutôt interdits et le secret tenait lieu de plaisir, mais quand même...

Je me souviens des sorties de la messes dominicales qui ne se terminaient jamais sans le passage obligé dans l'odeur chaude d'une pâtisserie, dans le choix de ces douceurs de fins de repas et du cérémonial qui entourait cet achat. L'odeur des pommes qui embaumaient la cave, les fruits qui offraient leur chair ferme et blanche à l'appétit du gourmand, tout cela appelle une ambiance campagnarde qui me parle. A l'époque où on ne peut plus se déplacer qu'assis au volant d'une voiture, le frottement d'une dynamo sur le pneu d'un vélo m'a rappelé un moyen de transport dont j'ai beaucoup usé dans ma jeunesse. Il était presque un plaisir quand rouler la nuit était interdit et que la première bicyclette ne comportait même pas d'éclairage autant pour dissuader son jeune utilisateur que pour marquer la différence avec les adultes. Pour moi non plus “Le petit frr frr rassurant semble n'avoir jamais cessé” et avec lui l'onglet de l'hiver, le bruit de la chaîne et le plaisir de se déplacer autrement qu'à pied...Moi aussi, je me souviens des inhalations qui vous laissaient le visage moite et les poumons dilatés de chaleur et de camphre, mais aussi l'huile de foie de morue et les cataplasmes brûlants... Cela faisait partie de ces maladies de la petite enfance qu'il était presque obligatoire d'avoir eues parce qu'elles étaient regardées comme un vaccin pour le reste de la vie. Elles avaient au moins l'avantage de maintenir dans la moiteur du lit, le petit malade qui bien souvent avait recours à des artifices pour y demeurer plus longtemps et surtout elles dispensaient d'école...Il y avait bien les sirops amers, les médicaments en ampoules...

Mon enfance à moi, c'est aussi les trains, les omnibus, les michelines bicolores aux couleurs délavées et même les wagons inconfortables et malodorants de 3° classe... Les express et les rapides de 1°classe était un luxe auquel je n'ai jamais eu droit. Moi, mon enfance, c'était aussi la ouate blanche d'une locomotive à charbon qui m'enveloppait quand je passais sur le pont de chemin de fer, les bains de mer solitaires sur une plage déserte de septembre ou des boules de glace “vanille-fraise” dans des cornets craquants, des hivers en culotte courte et des étés étouffants d'espadrilles à semelle de corde, dans la bruyante ambiance de la caravane du tour de France.

Le dimanche soir a toujours eu quelque chose de triste et la rentrée des classes sentait les vêtements neufs, les chaussures qu'il faudrait briser en récréation ou en promenade, les cahiers dont les pages blanches à la portée bleue seraient bientôt remplis de mots copiés avec des pleins et des déliés d'encre violette et la complicité obligatoire des plumes “sergent-major”, des notes rouges du maître d'école mais aussi des taches en forme de larmes...


Et puis, il y cette ambiance, ce climat distillé par les textes. Ils m'évoquent, par la simplicité des mots et la saveurs des phrases, les poèmes de Léon-Georges Godeau qui sont gravés dans ma mémoire. Leur nostalgie m'enveloppe et m'envoûte, le passé revit autant que m'émerveillent ces moments évoqués ici, même s'ils ne sont pas tout à fait miens. Ce sont des instants certes pleins de banalité mais qui font le quotidien de chacun d'entre nous et éveillent nos souvenirs, avec aussi ce sens de la formule de l'auteur, comme une morale définitive “Mouiller ses espadrilles c'est connaître l'amère volupté d'un naufrage complet”, “L'odeur des pommes est douloureuse. C'est celle d'une vie plus forte, d'une lenteur qu'on ne mérite plus”...

Ce ne sont peut-être que des mots, du vent, diront certains, mais moi j'aime bien!





© Hervé GAUTIER - Février 2007
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Une perle de lecture !
J'ai lu ce petit livre comme j'aurais feuilleté un vieil album de photographies.
Ce recueil de textes très courts est de la pure émotion. Des souvenirs, des sensations que Philippe Delerm nous livre avec beaucoup de tendresse dans l'écriture. Beaucoup d'entre eux m'ont rappelé mes propres souvenirs d'enfance : les compartiments de trains ou encore les croissants chauds du dimanche matin, d'autres étaient comme de photos sépia. Des souvenirs que je n'ai pas partagé mais qui ont la saveur de ceux que me racontaient mes parents ou mes grands-parents.
Ce livre est une bombe de nostalgie que vous savourerez ou non, tout dépendra de votre âge ou de votre génération.
Pour ma part, à 50 ans, c'était un vrai plaisir.
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