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EAN : 9782246743026
140 pages
Grasset (11/02/2009)
4.25/5   2 notes
Résumé :
C’est Jean Cocteau qui fut à l’origine de la publication de J’adore en 1928. Il retrouvait dans ce collier de textes ce qui brillait tant chez son amant terrible : une sincérité et un abandon scandaleux. Jean Desbordes (1906-1944) vouait une passion charnelle à la campagne, ses nuances de paysages, ses odeurs, sa faune, ses bruits, son calme maternel, mais chez lui, le bucolisme se double d’une célébration (voire d’un dérèglement) de tous les sens. Elégiaque et fron... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jean Desbordes est né le 3 mai 1906, fin 1925, il envoie, sous le nom de Jean de List, un manuscrit et une lettre enflammée à Jean Cocteau alors âgé de 36 ans.
Ils se rencontrent à Paris en 1926.
Séduit par le feu, la naïveté et la sauvagerie sensuelle du garçon, le poète en fait vite son protégé.
Relation lascive, ensoleillée, fugueuse.
Entre vacances perpétuelles, visites de lupanars et rencontres de marins.
Ronde enchantée par le plaisir, un jeu excité par l'opium, la cocaïne, un va-et-vient constant du corps et de l'esprit.
Desbordes-Cocteau s'enveniment.
Cures de désintoxication, jalousie .... En 1933, fin du couple.
Desbordes dirigeant d'un réseau de Résistance est arrêté à Paris, le 5 juin 1944 ; torturé et supplicié pendant 6 heures, il meurt sans avoir trahi ses compagnons de l'ombre.

Mon ressenti
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Son livre est beau, sensuel, il déborde d'amour, de lumière et de vie !

Il parle de sexe comme personne, avec une intensité, une poésie et un réalisme extatique !

Les chats, les chiens, l'inspirent également , il les sublime et leur rend un vibrant hommage.

Puis quelques pages où l'on devine sa foi en Dieu.
Ce Dieu qui l'accompagne partout et dont il en fait un dieu insolent et intime.
" L'innocence est dans le désir. La passion humaine sur terre exige un équivalent de pureté au ciel, et quand on aime ici on plaît là-haut".

Il est dommage que :
" A l'image de son auteur, cet ouvrage, est passé comme une comète sensuelle dans le ciel de la littérature française" !

Alors, faites comme moi, saisissez la telle une célébration de tous les sens !





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Jean Desbordes est un de ces auteurs oubliés du paysage littéraire français. Son ouvrage le plus remarqué de son vivant est celui-ci, un recueil poétique qui n'a aucune linéarité outre que la beauté et le sentiment d'éclaircie. Les animaux gambadent dans les champs, tout est nudité, sexe et amour... Il y a dans Desbordes une lumière et une pureté qui aura été tuée par le nazisme en 1944. {14}

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle

Elle ne sait pas encore bien chercher la volupté et la maintenir longtemps. Elle est un peu vive avec l'amour et si elle demande des plaisirs profonds, elle aime aussi les plaisirs brefs. Intenses et limités. Après quoi elle reste interdite, silencieuse, ne sachant pas encore qu'elle attend quelque chose de grand, de fier, quelque chose d'inconnu qui doit lui révéler tout.

(p.123)
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Romance

..... J'avais tant envie d'écrire tout à l'heure. Et ceci est ma virilité. Ayant à mon bras une jeune fille, je ne rêvais que me précipiter sur de l'encre. Est ce un pauvre élan ? Je voudrais bien savoir. Aimerait-elle autant mon encre ? J'en doute. Mon encre est ma semence, mes amours sont dans mes jambages, chaque mot est une chambre à un lit, un grand lit où j'aime ma compagne jusqu'à la pâmoison. Un sperme étoilé coule dans mon crâne ; les mots s'échappent de mes doigts. Je ne sais pas si c'est cela qui fait s'enfuir les femmes.
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Jean Desbordes n'invente rien ; il démode tout. Sa prose reflète son âme. Cette âme singulière lui vaut une singularité d'écrivain qui l'emporte sur toutes les audaces à cause du naturel. Car les qualités de son style ne résultent que des ses qualités profondes, son cynisme énorme vient de ce qu'il ignore le savoir-vivre et sa mesure prouve le tact de son coeur.
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Cette nuit longue comme le sommeil, invisible bien qu'on la touche comme une personne vivante, cette nuit qui pénètre à fond, silencieuse, qui monte à mon coeur, qui sait me dire que dehors il n'y a plus rien, rien que du noir comme dans l'âme de lui ; cette nuit qui monte à mes côtés, m'entoure, me brise les jambes, me sépare de moi comme elle m'a séparé du reste, me disloque, et me porte dans un monde qui décuple les inquiétudes et absorbe mon coeur.
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Près de nous, les pigeons invisibles remuaient les ailes et j'imaginais la poussière qui devait s'envoler des vieilles poutres.
Mais elle n'écoutait rien. Elle était folle. La nuit lui donnait un masque pour permettre toutes les audaces et désirer toutes les passions ; je vous dis, elle était folle, et, contre elle, la bouche sur son épaule, j'essayais d'élever la tête comme une tête qui se noie, d'accueillir avant l'abandon de mes forces, le dernier cri de la chouette et les coups du cheval. Alors, perdu, enfin perdu, je n'entendis, le temps d'une minute, ni chouette, ni cheval, ni pigeon, mais seulement mon coeur ...
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