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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un monde déjanté, une société à la dérive, des ados paumés et sans repères dans un milieu hyper friqué de starlettes "has been", de producteurs sur le retour d'âge et d'écrivains sur le déclin. Et toujours ces mots crus qui frappent dur, nous remuent et nous interpellent. Impuretés: du pur Djian!
Philippe Djian, romancier de talent, dont Bleu comme l'enfer a été adapté au cinéma par Yves Boisset et 37°2 le matin par Yves Beinex, s'est essayé également à la nouvelle, nous propose ici un roman policier contemporain.
Evy Trendel,14 ans, au visage angélique, a t il tué sa soeur Lisa retrouvée noyée? Il se tait. C'est un accident.
Sa mère,Laure, actrice à succés sur le déclin, noie son chagrin dans l'alcool et son père Richard écrivain sur le déclin aussi, ancien drogué, se balade en porsche complètement dépassé par les évènements.Tous les parents de tous les ados de toute façon sont dépassés, étant eux mêmes pourris jusqu'à l'os. Quels exemples!
Un groupe d'amis , jeunes désoeuvrés et sans morale, gravite autour d'Evy.Son copain Andréas flirte sans vergogne avec la petite Michèle.
Anaïs, jeune obèse de 100 kilos refile de l'herbe à ces "petits merdeux".
Patrick, qui couchait à la fois avec Gaby séropo et Lisa, après avoir mis le feu au lycée, se suicide.
Sur la plateforme d'un arbre, où ils allaient fumaient, se trouve une malle pleine de souvenirs et de photos de Lisa. Contient elle des éléments qui expliqueraient les faits? Quels étaient les rapports entre le frère et la soeur? Pourquoi Evy scie t il une marche en bois quitte à provoquer un accident? Pourquoi se mutile t il? Et quelle est cette étrange pillule bleue qui fait perdre les pédales?
Avec son brio habituel, Philippe Djian capte l'ambiance "destroy" et nous ouvre grand les portes d'un monde inconnu à la Béverly Hills qui doit bien exister quelque part dans des beaux quartiers résidentiels de Los Angeles ou d'ailleurs!
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L'univers de Djian est toujours sombre et cruel, avec des personnages désabusés et abîmés, voire détruits par la vie. Son écriture ne fait pas dans la dentelle, mais elle n'est pas dénuée d'humour. Ici, c'est autour d'un drame familial que l'intrigue s'organise. Celui des Trendel dont la fille, Lisa, est morte noyée dans un lac à deux pas de la maison. le récit s'intéresse plus particulièrement au jeune frère de 14 ans, Evy, adolescent mutique, étrangement soupçonné d'en être responsable. le père, Richard, quant à lui, typique personnage masculin de Djian, écrivain has been, ex-junkie, est en pleine déchéance avant même le terrible accident. Il pourrait bien faire son hymne du morceau des Smiths, This charming man, à moins que ce ne soit plutôt Evy, son fils. Laure, la mère, sorte de Mrs Robinson qui se morfond en province, a amorcé une carrière de vedette fulgurante mais de courte durée. Les rapports des parents sont de nature violente et les enfants s'en accommodent comme ils peuvent. Comme si le tableau n'était pas complet, il faut ajouter les grand-parents, avec principalement, André, le père de Richard, psychanalyste retraité qui s'efforce de recoller les morceaux, à sa façon.

On ne nage pas dans le bonheur ; rien d'étonnant chez Djian. Aux éditions Gallimard, le volume arbore une superbe jaquette, pourtant, d'un bleu profond, qui reflète bien le contraste dans l'oeuvre de Djian entre ses personnages déchirés et leur environnement souvent d'une beauté renversante. Comme s'ils s'efforçaient de gâcher les conditions paradisiaques originelles. On est dans le registre de la tragédie. On ne sait pas où se situe exactement le quartier résidentiel huppé que décrit Djian. Los Angeles ? L'élément central du récit est un lac maléfique. du jardin d'Eden subsiste une plate-forme en bois aménagée tout en haut d'un grand chêne. C'est une sorte de vestige des jours heureux où Evy se réfugie encore, qui lui permet de s'extraire de la réalité morose, et de prendre de la distance. Mais les ados s'échappent aussi du monde par d'autres moyens.

Djian s'est-il inspiré de sa propre expérience? le monde adolescent de son roman semble cohabiter tant bien que mal avec celui des adultes. En fait, il décrit deux univers parallèles qui se jaugent, parfois se croisent mais ne se rencontrent jamais vraiment. Et l'effet qui en ressort est très réaliste. Chez les ado, contrairement aux adultes, aucun souci de la bienséance, le sordide l'est sans masque, dans toute sa brutalité. La dépravation est totale du côté des adultes, et la relève s'annonce bien pire encore.
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Evy est un ado, avec ses corollaires : un peu largué, pas mal désoeuvré, bien mal dans sa peau, totalement obsédé et entièrement désabusé. Et mutique. Surtout mutique. Alors que tout le monde autour de lui, son père ex-écrivain et ex-drogué, sa mère ex-star de cinéma prête à tout pour un come-back, son grand-père psychanalyste retraité, ses amis, ses camarades, ses professeurs, ses voisins, même ses plus vagues connaissances, tout le monde attend de lui qu'il parle. Qu'il raconte ce qui c'est passé. Comment sa soeur, Lisa, s'est-elle noyée. Mais Evy se tait. « C'était un accident. »

« C'était un accident. Une chute accidentelle dans les eaux glacées. Il n'en avait jamais dit davantage et n'en avait jamais démordu. Il demandait quel genre de détails on voulait, il évoquait un faux mouvement, un déséquilibre, un fichu plongeon par-dessus bord, et c'était là tout ce qu'il racontait, il ne voyait pas ce qu'il aurait pu ajouter. Au risque de passer pour un attardé mental.
Un soir, sa mère s'était enflammée comme un tonneau de poudre noire, arrosé de whisky pur, à cause de son mutisme. Elle l'avait empoigné, elle l'avait secoué, elle lui avait férocement postillonné au visage, elle l'avait assourdi de ses cris, trempé de ses larmes dans l'espoir de lui arraché trois mots de plus, mais elle n'avait obtenu aucune information supplémentaire, Evy n'avait pas tenté d'esquiver les coups qu'elle faisait pleuvoir sur lui mais elle n'en avait rien tiré. »

C'est donc une histoire de conflits de générations qui tourne autour d'Evy, adolescent accablé par ce deuil et par les insuffisances des adultes (des parents plutôt paumés et un entourage assez déjanté). Djian, incontestablement, a choisit le parti d'Evy, ce gosse qui prend la vie de plein fouet et ne supporte plus son univers cloaqueux. Cet ado tourmenté qui va être saisi d'une soudaine envie de pureté. Cet enfant que les adultes, impuissants et désemparés, ont "lâché". Ce gamin qui va se fracasser contre ses rêves.

Ainsi, sous le regard d'un énigmatique narrateur, qui semble toujours en savoir plus qu'il n'en révèle, Djian dissèque les échecs d'une microsociété friquée et repue qui ne semble avoir d'autre souci que de tromper l'ennui, d'autre finalité que jouir. Mais plus elle s'attache à ce but et moins elle est capable de l'atteindre. Elle se délite alors dans l'alcool, la drogue, le sexe triste et les désillusions et s'achemine ainsi inexorablement vers le drame.

J'ai aimé l'écriture de Djian, au cynisme réjouissant, qui use toujours du mot juste pour nous rappeler à l'ordre au moment où on allait presque compatir. J'ai aimé son érotisme brut et sa chair triste. J'ai aimé ses personnages à la dérive et le ton désenchanté de son roman. Certes, j'ai eu du mal à y entrer. J'ai aussi parfois eu du mal à y rester. Et puis, surtout, j'ai eu du mal à en sortir... Car on suit non sans fascination cette plongée aux abysses du désespoir existentiel dont on ressort troublé et inquiet, avec un sentiment de malaise qui persiste une fois le roman refermé. D'autant que l'émotion, qui va crescendo, n'empêche pas l'essentiel : la réflexion. Car Djian dit le monde tel qu'il est aujourd'hui : ordinaire, complexe et souvent confus.
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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J ai eu un peu de mal à me plonger dans cette histoire, avec des résonances torturés comme souvent chez Djian. Mais les pages s enchaînent et on a de plus en plus de mal à lâcher le livre.
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