Épuisant ! C'est le premier qualificatif qui m'est venue en achevant la lecture de ce monument de la littérature. Taillé dans le granit,
Crime et châtiment est une épreuve pour le lecteur qui en cela partage le calvaire du héros. Au bout de l'épreuve, la récompense.
Pourtant, cette récompense est bien amère : la rédemption, mais à quel prix ? et pour combien de temps ?
Crime et châtiment, c'est l'histoire d'un jeune homme déboussolé, perdu dans sa propre vie, qui ne sait finalement ni ce qu'il aime ni ce qu'il déteste, qui se bât sans savoir contre quoi, qui poursuit des buts qu'il renie aussitôt.
Raskolnikov, qui se présente comme "ancien étudiant" (connaissant peu la Russie de l'époque, j'ai du mal à comprendre quel sens donner à ça...), est un garçon peu attachant, à l'esprit fichtrement détraqué, à qui semble échapper quasiment toute logique élémentaire sauf au moment de son crime, et dont l'esprit se délite une fois son forfait accompli. Un jeune homme qui a passé son temps à "s'écouter" penser.
Finalement, il a essayé d'endosser la veste du criminel et l'a trouvée trop grande pour lui. Mais si les tâches de sang peuvent être lavées sur un linge, elles subsistent à jamais sur la conscience.
Malheureusement, comme avec certains d'auteurs du XIXe, l'auteur se dispense de toute crédibilité dans la psychologie de la plupart des personnages : les "amis" de Raskolnikov sont plutôt ridicules dans leur bonne volonté, d'autres sont exaspérants (sa mère, la veuve Marmeladov et sa logeuse). Et puis l'auteur tend à donner toujours les mêmes manies à ses personnages : ils passent tous des heures à arpenter les pièces en se tordant les mains tandis qu'ils réfléchissent. A croire que tous les personnages sont
Dostoievski en personne...
L'ouvrage a l'immense mérite de pénétrer l'esprit d'un criminel. de surcroit, celui d'un criminel intelligent et qui est perclus de remords (qu'il n'avoue guère). Pour l'époque, quelle audace.
Alors, quoi ? Qu'ai-je aimé ?
La société russe du XIXe, sombre, en pleine déliquescence, corrompue de tous côtés.
La suffisance du héros, son sentiment de supériorité, alors qu'au fil des pages toute parcelle de logique semble le fuir. Il n'admettra son erreur - notamment dans son appréciation de lui-même - que bien tard.
Lectrice, lecteur potentiel : arme-toi de courage. Ce roman demande beaucoup, et il ne donne que des fruits amers.