AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 705 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ahhh, la Léon Bollée !
1930. Une gamine de 15 ans, sur le bac du Mékong, tombe amoureuse d'un Chinois de Mandchourie assis à l'arrière d'une Léon Bollée.
.
Dans un style très fluide, très plaisant, très émouvant, à la fois plein de douceur, mais aussi de larmes et de cris, Marguerite Duras raconte la "drague" ( terme tellement mal choisi, inconvenant, vulgaire ), puis l'amour entre un riche Chinois de 27 ans et une très jeune fille de 15 ans.

-- Et si la police nous trouvait ?
-- Je serais arrêté deux ou trois nuits peut être. Mon père paierait, ce ne serait pas grave.
;
Ce Chinois a marqué l'auteure, c'est l'amour de sa vie, et pour lui aussi, mais à la fin du livre, ils se rendent compte que cette passion est impossible, ils pleurent.
Marguerite, marquée, fera deux romans sur lui, à la fin de sa vie :
L'amant en 1984 ;
L'amant de la Chine du nord en 1991.
Commenter  J’apprécie          524
Pour ceux qui me connaissent un peu et qui ont pu notamment lu mes dernières critiques, ils savent que je suis très sensible aux affaires de sexe et pourtant, dans ce livre, il n'est pratiquement question que de ça mais cela est dit sans crudité, d'une manière tellement belle que l'on ne peut pas considérer que le sexe est l'unique centre d'intérêt de cet ouvrage. En effet, derrière cette façade, il y a beaucoup plus et le sentiment le plus puissant qui est exprimé avec brio ici est celui de l'Amour ; l'amour d'une jeune fille de quinze ans pour un jeune chinois, qui, lui en a 27 mais aussi l'amour de cette même jeune fille pour son petit frère Paulo.
L'histoire se déroule en 1930 dans le sud de l'Indochine où l'enfant (l'héroïne de ce roman qui n'est jamais nommée et est toujours désignée par cette appellation) vit avec sa mère, son frère aîné Pierre, son jeune frère Paulo et Than, un homme qui leur sert de chauffeur et que la mère a recueilli chez elle alors qu'il n'était encore qu'un jeune garçon.
C'est alors que l'enfant va faire la connaissance de ce chinois originaire de Mandchourie et qu'entre eux va se nouer une relation extrêmement forte bien que ce dernier ait déjà connu de nombreuses femmes dans sa vie, la preuve étant qu'il l'emmène régulièrement dans sa garçonnière. Cependant, étant le fils d'un homme extrêmement riche, il est, depuis plusieurs années déjà promis à une jeune chinoise qui est elle aussi issue d'une famille très aisée et en Chine à l'époque, il y avait certaines traditions que l'on ne pouvait pas briser.

Un roman construit sur des discours chaotiques, saccadées (c'est voulu et c'est d'ailleurs ce qui fait son charme), léger, agréable à lire et basé sur une valeur qui est pour moi la plus belle au monde, celle de l'Amour.
Je n'avais jamais lu cet ouvrage auparavant de peur d'être choquée par les descriptions d'inceste et autres mais je me rends compte à présent que j'avais totalement tord car il n'en n'est rien. A lire !
Commenter  J’apprécie          461
En Indochine, dans l'entre deux guerres, une très jeune fille française se donne à un Chinois d'au moins 10 ans son aîné. Parallèlement, cette jeune fille voit sa famille se déliter : Un frère aîné brutal, un plus jeune mutique et une mère ruinée par de mauvais placements.

Comme tout le monde, je connais l'amant mais ce titre m'a intrigué . Est ce la même oeuvre ? Plus ou moins en fait.
L'auteur a décidé de réécrire son roman, après que son adaptation cinématographique, et à laquelle elle n'avait pas été associée, lui a déplu.
Ce livre peut se lire du coup presque comme un scénario de film, l'auteure n'hésitant pas à expliquer comment ses phrases devaient être filmées. Voilà pour la petite histoire.

Ce livre a plusieurs cotés déroutants. L'écriture est saccadée, parfois à la limite des syntaxes autorisées.
Et puis, il y a l'histoire , traduisant la vie familiale en Indochine mais surtout l'éveil à la sexualité de la jeune enfant, qui ferait aujourd'hui la une des journaux .
Le plus déroutant peut être est l'absence d'explications de cette attirance mutuelle , et foudroyante, entre deux personnes si opposées. L'auteure nous laisse d'interpréter cette liaison . On est plus ou moins dans le flou du début à la fin.
Alors , au delà de l'aspect moral qui peut rebuter, j'ai été un peu trop dérouté pour apprécier pleinement ce livre , mais de part l'histoire de sa conception, son style si particulier et cette plongée historique dans l'Indochine de l'entre deux guerres, comme Edith, je ne regrette rien et me laisserait bien tenter par une autre immersion dans l'oeuvre de cette écrivaine
Commenter  J’apprécie          440
Bien sûr, L'amant de la Chine du Nord comporte des indications cinématographiques, mais c'est avant tout une réécriture de L'amant, avec plus de précisions, souvent inutiles (comme celles qui concernent l'argent) parce que l'essentiel a été dit dans le précédent roman, précisions parfois malaisantes, parce qu'elles renforcent l'idée d'une perversion à peine esquissée dans le premier.
Un livre curiosité. Loin d'être une lecture nécessaire.

Lien : https://dequoilire.com/la-re..
Commenter  J’apprécie          360
L'Amant de la Chine du Nord est un des derniers livres de Marguerite Duras, une réécriture de l'Amant alors qu'elle apprend la mort de ce dernier. C'est l'histoire de l'amour impossible et transgressif, dans l'Indochine des années 30, entre l'auteure - l'enfant comme elle est appelée dans le roman -, quinze ans, avec un homme chinois - le Chinois -, vingt-sept ans. À notre époque, cela a tout pour choquer; cependant, le fait qu'il s'agisse de l'histoire de l'auteure, que l'enfant ne soit jamais présentée comme une victime si ce n'est de sa famille à elle, que le jeune homme soit lui-même d'une certaine immaturité et surtout que Marguerite Duras n'aborde pas le récit sur le plan de la morale, mais bien de l'ambivalence des sentiments et de l'éveil à la sexualité suscite l'adhésion. Tout autant cinématographiques que littéraires – l'auteure ayant été insatisfaite du film ayant été réalisé à partir de l'Amant -, l'écriture de même que la forme du roman favorisent un rendu qui laisse beaucoup de place aux images. le seul bémol pour moi a été l'incongruité parfois des rires et pleurs qui surgissent, frisant parfois le ridicule… de belles pages sur les sentiments du désir et de la séparation.
Commenter  J’apprécie          240
Elle.

Elle n'a pas encore quinze ans.

Cette enfant a poussé dans une famille saccagée.

Le père, mort il y a bien longtemps.

Le grand frère, opiomane violent.

La mère, ruinée par des fonctionnaires véreux, qui n'en finit pas de sombrer dans la folie de son amour pour ce fils dangereux.

Dangereux pour Paulo surtout, le petit frère. Celui que tout le monde sait fou. Hermétiquement clos, presque hors de portée des mots. Mais qui vit tout contre Elle, Elle qui l'aime. Au point que la nuit, leurs corps soudés pourraient se confondre.

Et Tanh, le frère recueilli, l'enfant perdu de la forêt de Siam. Leur amour mutuel, tu.

Ce jour-là, elle rentre à la pension Liautey, celle qui abrite les orphelines métisses et les blanches ruinées.

Sur le bac, Il est là. Dans son costume grège, dans sa longue voiture noire. le riche homme chinois.

Un regard échangé, une invitation.

Et le désir monte, comme une évidence à laquelle ils ne peuvent se soustraire.

Le désir qui les emporte comme un torrent impétueux.

Jusqu'à la souffrance, la douleur définitive du déchirement.



Eblouissant.

Commenter  J’apprécie          226
N°1842 – Mars 2024.

L'amant de la Chine du NordMarguerite Duras – Gallimard.

Ce roman aurait été écrit en 1991 par Marguerite Duras après l'adaptation cinématographique qu'elle juge décevante par jean-Jacques Annaud de « L'amant » qui lui valut le prix Goncourt en 1984 et un succès mondial. C'est donc en quelque sorte une sorte de rectification qui apporte des précisions en vue d'un éventuel autre film avec des annotations précises pour sa réalisation.
Après de longues années passées, quand la vie avait repris son cours, il y avait eu cette communication téléphonique, ces quelques mots lointains de cet amant pleins de regrets, d'amour pour elle, cet oubli impossible . Ainsi veut-elle évoquer sa première histoire d'amour, celle qu'on n'oublie jamais. Ce sera « L'amant », le film d'un autre, puis ce livre. Elle est « l'enfant » et lui n'a pas de nom, sans doute pour insister sur l'aspect transitoire de cette aventure.

Elle se rend à Saïgon pour ses études et relate sa rencontre avec le Chinois élégant et plus vieux qu'elle, sur le bac qui traverse le Mékong, elle se décrit comme une jeune fille de seize ans, pauvre mais insolente, qui a des relations difficiles avec sa mère, un peu délaissée par elle. Il y a ce « coup de foudre » du Chinois qui la voit pour la première fois, l'accompagne dans sa belle voiture, la séduction rapide qui les amène dans sa garçonnière mais cela ne se résume pas à une longue aventure amoureuse et sensuelle. C'est le début de leur histoire et du désir réciproque qui les animent et qu'ils s'avouent. On apprend cette liaison parce évidemment tout se sait mais il n'y a pas de scandale parce que la mère est appréciée, reconnue par tous comme une bonne institutrice, généreuse, humaine. Il y a une grande complicité et une tolérance autour de cette relation autant au lycée qu'à la pension. Elle manque les cours et découche pour rester avec lui et il y a autour de cette relation une grande tolérance, voire une forme de complicité. Elle se confie à Hélène, une élève de la pension pour qui elle nourrit une passion amoureuse.
Ils ne font pas que s'aimer, ils parlent d'eux librement, rient ensemble, se racontent leur histoire, évoquent l'avenir quand ils seront séparés. Ils le savent parce qu'en Chine il y a des traditions autour du mariage. Son amant est fiancé à une jeune fille plus jeune, ailleurs et qu'il doit épouser sinon il perd sa généreuse dot et son père le déshérite, et puis un Chinois n'épouse pas une blanche. Elle devra repartir pour la France qu'elle ne connaît pas, tourner la page. Leur amour est sans lendemain, mais ils s'aiment. Dès lors les relations prennent un tour nouveau. Il y a des rencontres cordiales du Chinois avec la mère, ensemble ils parlent de l'amour qu'il porte à sa fille, de la souffrance et de la solitude qu'il ressent face à l'impasse de cette relation et que les larmes partagées, souvent versées, n'adoucissent pas, la peur pour la fille de tomber enceinte de son amant autant que l'espoir un peu fou d'avoir un enfant de lui pour peser sur:leur histoire, la prise en compte de la sordide misère de la famille, la volonté du Chinois de l'aider sans l'humilier, des projets d'aide financières pour le rapatriement. Et ce malgré le fils aîné plus intéressé que jamais. I ,

Donc beaucoup de différences par rapport au film qui n'était qu'une adaptation du roman, lui-même riche en nuances. Il y a l'ambiance, l'étude des personnages, les relations qui se tissent entre eux .Elle décrit l'atmosphère familiale dans cette école française au sud de l'Indochine en 1930. le père est mort, sa figure est à peine esquissée, la mère, perturbée, désabusée, désespérée vivote comme elle peut, se méfie de son fils aîné Pierre, son préféré, imprévisible, cupide, voleur, profiteur et même violent et qu'elle songe à faire rapatrier. La préférence de la fille va à Paulo, l'autre fils plus jeune mais aussi à Thanh, le chauffeur dévoué à qui ce livre est dédié. Elle l'aime d'un amour authentique, impossible aussi. Tous sont plus ou moins destinés à terme à quitter ce décor .
Il y a toujours cette obsession de la mort qui me paraît prégnante dans ses romans, comme une fatalité parce que nous sommes mortels mais aussi une attirance face aux échecs de la vie, comme si elle devenait insupportable, parce qu'on ne peut pas revenir en arrière. Face à cet amour authentique et sans issue elle est la seule solution. La figure du père mort est lointaine, la mère préférerait que son fils aîné ne soit plus là mais son départ vers la métropole est pour elle un peu sa mort. Elle l'aime mais il met en péril le fragile équilibre de cette famille. le Chinois voudrait bien que son père meurt...Le roman se termine sur le suicide d'un jeune passager, en haute mer.
Ce que je retiens dans ce livre c'est la volonté d'écrire ce pan de son histoire personnelle, parce qu'écrire c'est témoigner, c'est aussi  un bonheur fou parce que la poésie y est mêlée, c'est à la fois un plaisir, une souffrance, une nécessité, peut-être une absurdité mais c'est aussi une victoire sur la mort.

J'ai longtemps, à titre personnel, nourri, une sorte de rejet de l'oeuvre de Marguerite Duras. Cette relecture attentive me la présente sous un jour différent qui n'exclut cependant pas certaines incompréhensions.

Commenter  J’apprécie          100
« L'Amant » a obtenu le Prix Goncourt en 1984.
Il sera adapté au cinéma et réalisé par J.J. Annaud.
Marguerite Duras a passé cinq mois dans le coma lorsque ce projet cinématographique est né, cinq mois qui la feront complètement passer à côté de cette collaboration. Déçue par un scénario qui ne reflète pas son histoire, elle renonce à y participer.

« L'Amant de la Chine du Nord » en est sa réécriture. Publié en 1991 (le film sortira quelques semaines plus tard), ce livre est beaucoup plus que cela pour Marguerite. Elle y mettra tout son coeur.
L'écriture est différente : elle y ajoute de la sensibilité, et du détail tel un scénario. Ainsi, le livre commence avec les descriptions de mouvements de caméra, que nous retrouverons tout au long du texte autobiographique.

Le lien familial y est très présent également : la mère que la vie n'a pas épargnée (cf « Un barrage contre le Pacifique »), les relations aux frères,… Ce sujet y est traité plus en profondeur que dans « l'Amant ».
Et bien sûr cette histoire « d'amour » (permettez-moi les guillemets, le sujet étant délicat) entre l'enfant et l'amant, dont les prénoms ne seront jamais dévoilés.
C'est surtout l'histoire familiale qui m'a intéressée lors de cette lecture, et qui permet d'appréhender certains aspects de la vie de Marguerite Duras : ses choix futurs (dans lesquels j'inclus ses non-choix), ses qualités, ses vices (malheureusement l'alcool fut un compagnon fidèle à Duras, cf « Moderato Cantabile »), son courage, sa liberté.

Le portrait de cette femme du XX siècle est passionnant. Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, pour les plus jeunes surtout : je vous invite vraiment à la découvrir à travers ses écrits et à vous en faire un avis, qu'il soit bon ou non. Car se cultiver ne signifie pas se sentir obligé de tout aimer : savoir pourquoi « je n'aime pas » est déjà un grand pas!
Commenter  J’apprécie          92
L'amant de la Chine du Nord
Marguerite Duras

J'ai lu ce roman juste après avoir terminé « L'amant », qui reçut le prix Goncourt 1984. En 1992 sortait la sulfureuse et très esthétique adaptation cinématographique par celui qui s'entendit si bien avec Umberto Eco pour le film du « Nom de la rose ». Avec Duras, la relation fut tout autre, ce qui conduisit le réalisateur à développer seul son script, afin de rester fidèle à sa vision. Marguerite Duras déclarera d'ailleurs : « Rien ne m'attache au film, c'est un fantasme d'un nommé Annaud. » Un an avant la sortie du film de Jean-Jacques, elle publiera ce nouveau roman, sa propre vision cinématographique de « L'Amant ».

Il s'agit ainsi de la même histoire, mais avec des partis pris différents, une structure formelle et narrative d'un autre ordre. Il y a d'abord l'évocation visuelle, scénique, qui s'étoffe de didascalies et de choix de metteur en scène. Duras parle de la caméra, de la manière de filmer les lieux et les corps. En fin d'ouvrage, elle donne même des idées de plans de coupe : un ciel bleu criblé de brillances, un fleuve vide dans son immensité dans une nuit indécise, le paquebot sous la pluie droite de la mousson, le jeu des enfants et des chiens jaunes…

Surtout, il y a les dialogues, « chaotiques mais d'un naturel retrouvé ». Duras évoque des « couches de conversation juxtaposées ». le livre original en revanche, ne possédait pratiquement aucun dialogue, il se construisait par sauts temporels, par strates de mémoires, par flaques de souvenirs. le récit est ici plus linéaire, visuel, interactif. L'amant a désormais une voix, un discours, et le roman s'attache à ces liens du langage avec l'enfant, ainsi que Duras évoque sa jeune personne. le traitement des personnages secondaires est exploré plus en profondeur. La mère, le petit frère Paulo et Than, le garçon vietnamien entré très jeune au service de la famille, prennent une ampleur nouvelle. On découvre aussi la passion amoureuse et défendue qui lie la jeune fille à son fragile petit frère, celui qui est différent, une passion analogue à celle qui la lie finalement au Chinois.

Trois manières de raconter une histoire. Toutes fascinantes à leur façon.
Commenter  J’apprécie          80
Marguerite Duras, déçue de l'adaptation cinématographie de son livre L'Amant, décide de le réecrire tel qu'elle l'aurait voulu filmé.
C'est avec le même plaisir qu'on retrouve la beauté de ses mots, son aisance à les manipuler, les tordre, les rincer, les délier, les rafistoler... Pas d'introspection, pas d'omniscience. On est plus proche de la déposition que de la chirurgie de l'âme. Et pourtant. Les émotions sont violentes, toutes contenues dans ce rythme inégalable, dans ces images tellement fortes.
L'amant est un chef d'oeuvre.
Celui-ci, bien sûr, s'inscrit dans la lignée.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (2327) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite DURAS

Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

L'Homme assis dans le corridor
L'Homme assis dans le couloir
L'Homme assis dans le boudoir
L'Homme assis dans le fumoir

20 questions
190 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

{* *}