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3,49

sur 1399 notes
Que dire qui ne l'a pas été déjà.
La construction et le style si dépouillés me laissent perplexe parfois, bien sûr. On n'est pas toujours sûrs de comprendre. Que cherchent-ils, que vont-ils devenir ?
Mais une fois refermé, le livre ne me quitte plus: l'ambiance, les personnages, la femme, Chauvin et l'enfant aussi, le boulevard de la mer, la maison battue par le vent, le bistrot..
Mais plus que tout, l'écriture: quelle merveille.
Lisez, relisez si besoin. Sinon essayez "Dix heures et demi du soir en été" par exemple.
Vraiment du grand art.
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En route pour une nouvelle lecture scolaire ! Cette fois-ci, je suis assez perplexe avec Moderato cantabile. J'ai beaucoup aimé la majorité des scènes (la leçon de piano avec mademoiselle Giraud et la découverte au bar surtout) mais je ne sais pas quoi penser de ce livre. Ai-je aimé ou non? Il n'y a pas d'intrigue, il s'y passe du pas grand chose qui semble insignifiant et qui prend pourtant de l'importance au fur et à mesure du récit...

C'est l'histoire d'une routine sans saveur, d'un mal qui est contenu. Il interpelle ce pas grand chose par ce qu'il suscite en nous. On est troublé, on s'identifie, on cherche à comprendre. Au début rien n'est clair, tout est suggéré, on se perd dans les hypothèses. On arrive un peu à expliquer cette sensation étrange, à voir la force du banal. Mais même terminé, on n'est pas certain d'avoir tout compris. Et peut-on tout comprendre ?

Le véritable commencement pour Anne Desbaresdes, cette mère de famille aisée, se fait dans la prise de conscience que suscite la tragédie survenu au bar, lorsqu'une femme y est retrouvée assassinée. Peut-être Anne s'y réfugie-t-elle alors pour faire face à ce qu'elle omettait hier, cette partie d'elle-même qui meurt comme cette femme au même triste destin et au couple aussi désespéré que le sien. (Je suppose, le mari de celle-ci étant complètement absent) Et cette identification lui permets enfin de laisser s'échapper tout ce désespoir suffocant en elle jusqu'à lors. Ses cris sont internes, ils font écho à cette autre femme arrachée à la vie tout comme elle. Ses appels à l'aide se dispersent dans le vin, dans l'autre...

N'y a-t-il alors que son fils qui fait semblant ? Qui refuse le moderato cantabile ? Qu'y a-t-il pourtant dans sa vie à elle de modéré et de chantant ? Qu'est-ce qui peut soulager l'ennui, le flétri, le fané d'elle-même ? Peut-être est-ce cette rencontre avec Chauvin qui l'aidera à fleurir à nouveau avant que la fraîcheur de l'instant ne disparaisse à son tour, laissant derrière-lui l'incertitude d'une nouvelle éclosion...



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Très envoûtant et très entraînant. Je ne prétends pourtant pas avoir compris la morale finale. Je dirai même que j'ai été déçue par cette fin brutale.
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Alors qu'Anne Desbarèdes accompagne son fils à son cours de piano chez Mademoiselle Giraud et qu'il ne parvient toujours pas à mémoriser la signification de moderato cantabile (modéré et chantant), une série de cris retentit, qui provient du café d'en bas. Une femme y a été assassinée par son amant. Les jours suivants, Anne Desbarèdes ne peut s'empêcher de retourner dans ce café. Elle, la femme riche, l'épouse du directeur des fonderies y rencontre Chauvin, un ancien employé de son mari. Ils s'isolent dans le bar, boivent du vin et parlent, pendant que l'enfant joue sur les quais.

C'est un très court roman de Marguerite Duras que je pensais avoir lu il y a longtemps, et, à peine ouvert, je me suis aperçu que non. de fait, j'ai peu lu Duras. Et je (re)découvre une écriture très particulière, assez peu descriptive, on ne saura presque rien des lieux ni des physiques des personnages, elliptique, tout est dans le non-dit, notamment les questions d'Anne Desbarèdes : pourquoi ne peut-elle s'empêcher de revenir voir Chauvin dans ce café ? L'aime-t-elle ? S'ennuie-t-elle dans sa vie pour qu'elle éprouve ce besoin vital de le rejoindre, boire et parler ? Quel lien avec cette femme assassinée par son amant dans le lieu ?

Marguerite Duras évoque, fait parler ses personnages, ne donne pas de réponse définitive ni précise, c'est à nous lecteurs de les trouver. C'est un genre de romans que j'aime bien, à la condition qu'il ne s'éternise point trop, car il pourrait vite devenir long, ce qui n'est pas le cas ici (120 pages dans sa forme poche). Il y a un côté ennuyeux et fascinant : on ne sait pas très bien pourquoi on aime, mais on ne peut s'en détacher. Un roman de l'attente avec une femme perdue seulement attachée à son fils qui ne vit que par lui "Si vous saviez tout le bonheur qu'on leur veut, comme si c'était possible. Peut-être vaudrait-il mieux parfois que l'on nous en sépare. Je n'arrive pas à me faire une raison de cet enfant." (p.33) et se pose des questions existentielles et seul son amant putatif ou potentiel lui permet d'avancer et d'y répondre.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Cela se passe dans une petite ville portuaire. Anne Desbarèdes accompagne son jeune fils à sa leçon de piano. « Dans la rue, en bas de l'immeuble, un cri de femme retentit. ». Voilà le déclencheur d'un roman d'atmosphère qui déstabilise. L'écriture simple et précise de Marguerite Duras semble en contradiction avec l'univers mystérieux, envoutant et sans réponse de cette oeuvre que d'aucuns attribuent à la mouvance du nouveau roman. Ce voile de silence se transpose dans les dialogues surréalistes qu'Anne entretient avec Chauvin lors de ces répétitives visites au café où a eu lieu un crime passionnel qui semble l'obséder depuis qu'elle en a été, tout comme Chauvin, le témoin indirect. Au rythme des verres de vin consommés au café, quelques bribes de réalité semblent émerger. Dans cette petite localité de bord de mer, Anne appartient à une classe autre que celle des ouvriers et débardeurs qui fréquentent en fin de journée le comptoir du bar. le rythme lent et itératif plonge le lecteur dans un sentiment trouble où il ressent la solitude de même qu'une trace de désir inassouvi. J'ai adoré.


Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Ça se lit comme un film. Quand il faut sortir des convenances avec parcimonie mais en sortir quand même, quand il faut du courage au delà du regard des autres pour une caresse, un verre aussi puis un autre. Ce livre enivre, c'est une jolie révolte sensuelle. Tout est dans le titre finalement.

ETAGERE : Littérature
TOTAL : 14/20
Idée(s) - 3 - Ne laissent pas indifférent
Ecriture - 4 - Une référence littéraire, voire un best-seller
Intrigue - 3 - Intéressant, se laissant emporter
Globalement - 4 - Un beau moment qui mérite d'être partagé et connu
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Moderato cantabile. Modéré et chantant. Certains compositeurs donnent une indication musicale sur le rythme. Marguerite Duras la reprend à son compte. On comprend que le court roman de cette écrivaine singulière sera lui aussi modéré et chantant. Enfin, davantage modéré que chantant. le rythme, puisque c'est ce que l'enfant, dont on ignore le prénom durant toute l'histoire, ne parvient pas à retenir, guide la narration dans les recoins sombres d'un bar dans lequel un homme a tiré sur une femme. Par amour.

Anne Desbaresdes, une bourgeoise qui vit de l'autre côté de la ville et qui s'ennuie, veut comprendre. Pourquoi cet homme a tué la femme qu'il aimait ? Pourquoi lui a-t-elle demandé ? Peu à peu les allers-retours se font plus fréquents et Anne et Chauvin, employé de son mari, vont, entre deux verres de vin et de longs silences, tenter de répondre à ces questions. L'enfant, lui, pointille l'espace et le temps.

Certains livres racontent une histoire. D'autres dépeignent une ambiance. Un sentiment. Une émotion. Des mains qui se croisent. Des regards troublés. Des notes. La fraîcheur du soir. Difficile de s'enthousiasmer pour ce roman. Difficile aussi de s'en détourner. Comme Anne, au début, qui guette derrière la vitre du bar, bouleversée par les cris de cet homme et la mort de cette femme, on veut savoir. Marguerite Duras n'enquête pas. Elle choisit de nous faire revivre ces journées qui précèdent l'acte inconcevable au travers de ces deux personnages incertains, éthérés, troubles, envoûtants.

Ce livre met souvent mal à l'aise. Cette femme qui boit plus que de raison. Ce gosse livré à lui-même. Cet homme, parfois voyeur, qui pénètre peu à peu la conscience d'Anne. Marguerite Duras ne dit pas grand-chose, mais elle questionne les instants suspendus. Ces moments où, parfois, sans raison, tout bascule.

Retrouvez des critiques et beaucoup plus sur mon blog.
Lien : https://voushumains.com
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L'écriture grandiose de Marguerite Duras quelques mots : tout est dit
on est dans le roman elle ne nous tiens pas la main elle nous entraine avec elle en immersion dans son monde fascinant
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Ce n'est pas l' histoire que j'aime mais uniquement la voix, le ton, le style de Marguerite.Duras.qui n'explique rien, ne décrit rien, ne juge pas mais se contente d'évoquer des faits , des conversations, des silences, des odeurs, des gestes mêmes les plus insignifiants en apparence mais qui constituent une atmosphère étrange, toujours un peu lointaine!
En somme c'est sa petite musique que j'aime, moderato cantabile!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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N°1842 – Février 2024.

Moderato cantabileMarguerite Duras – Les éditions de Minuit.

« Moderato cantabile » (Chantant et modéré), c'est l'annotation musicale qui figure sur la partition que le jeune fils d'Anne Desbaresdes travaille pendant les cours privés de piano que lui dispense Mlle Giraud. L'enfant, malgré son grand talent s'obstine à ne pas comprendre le sens de cette note parce qu'il n'aime pas jouer. Il est toujours accompagné par sa mère, l'épouse du directeur des « Fonderies de la Côte » qu'on aperçoit dans ce quartier du port. Elle mène une vie bourgeoise et désoeuvrée dans un secteur résidentiel à l'autre bout de la ville et vient à pied. L'appartement de Mlle Giraud est situé dans un immeuble au bas duquel il y a un café fréquenté par les ouvriers et les marins. Il fait beau et les fenêtres sont ouvertes. Lors d'une séance on entend un cri venant de l'estaminet, une femme vient d'y être assassinée et l'homme, son amant, qui l'a tuée est allongé sur elle. Il est embarqué par la police. le lendemain Anne revient dans ce café après le cours et y rencontre un inconnu, Chauvin, qui la connaît ainsi que la maison où elle vit. Ils parlent du crime et l'inconnu prétend savoir la raison qui a déterminé la victime à demander à son assassin de la tuer. Apparemment cela intéresse Anne qui reviendra souvent rencontrer Chauvin avec qui elle se met à boire. Je m'attendais à une intrigue policière qui, sous la plume d'un grand écrivain, n'aurait pas manqué d'intérêt, mais ça s'arrête là.
Plus ils se rencontrent, plus Chauvin tient à Anne des propos personnels voire intimes sur sa maison, ses souvenirs, sa vie. On comprend qu'il a été ouvrier aux Fonderies et peut-être davantage. Il se rapproche d'elle, elle rentre de plus en plus tard chez elle sans que son mari, bizarrement absent, ne s'en offusque. Un soir où elle doit donner une réception chez elle, elle y arrive en retard et complètement ivre. le lendemain elle retrouve Chauvin et apparemment choisit, malgré son appréhension, de quitter sa vie facile, de partir avec lui , simple passade ou décision définitive ? Cette toquade me paraît vouée à l'échec.
J'avoue avoir été un peu frustré par cette lecture, non que le style en soit désagréable bien au contraire, les phrases sont d'une lecture facile, mais je m'attendais à autre chose, une intrigue policière ou un roman psychologique autour de cette relation adultère... Il y a certes cette addiction de Duras à alcool qui peut favoriser l'inspiration mais peut être aussi la marque d'une certaine désespérance face à la vie, cette angoisse de la mort qui la hante depuis le décès de son père trahit peut-être une obsession plus intime, la solitude des personnages… Je ne vois rien là de chantant et de modéré.
Je connais mal le mouvement du «nouveau roman » dont a fait partie Marguerite Duras. Ce court texte en est sûrement une illustration.
Je souhaite noter ici une impression souvent suscitée par la lecture des romans de Duras. J'aime beaucoup l'ambiance qui se dégage des tableaux d'Edward Hopper et je la retrouve souvent sous sa plume. C'est au moins une compensation.
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