Comme à son habitude,
Umberto Eco nous livre ici un roman très riche, truculent, foisonnant d'histoires, d'anecdotes en tout genre, de conspirations politiques en complots, de trahisons en espionnage, tout cela situé entre l'Italie et Paris, dans les années tourmentées de la fin du 19e siècle. Juifs, Communards, jésuites, chrétiens, francs-maçons, Garibaldiens se croisent joyeusement. On perd parfois le fil dans certains chapitres si on n'est pas au fait des événements politiques de cette époque. Mais le rythme est suffisamment enlevé pour ne pas lasser et vite emmener le lecteur dans d'autres directions quand cela devient un peu trop compliqué.
On suit l'histoire du seul personnage inventé de ce roman, le capitaine Simonini qui croit être victime d'un dédoublement de personnalité. Pour mieux se comprendre, il entreprend d'écrire son journal et son « double » lui répond dans ce même journal. Au fur et à mesure de ses notes, le lecteur apprend son passé, entrevoit son présent et vit à travers ses souvenirs les événements riches en bouleversements de cette époque.
Une lecture certes ardue car très riche en références à des événements ayant vraiment eu lieu, mais agréable car d'une écriture soignée et maîtrisée.
Le dernier tiers du roman est encore plus intéressant et prenant, car plus axé sur les escroqueries de Simonini, escroqueries parfois à l'échelon national. On lui commande une émeute estudiantine pour détourner l'attention du public du scandale de Panama, et il trempe sérieusement dans l'affaire Dreyfus…
Et on découvre enfin toute la vérité sur ce fameux dédoublement de personnalité.
De nombreuses gravures d'époque enrichissent le roman. On a l'impression de lire les journaux à sensation de la fin du 18e siècle.
Une lecture passionnante, riche, foisonnante, instructive, jamais ennuyeuse.