C'est un recueil de deux nouvelles longues. Pour vous situer dans l'ambiance, nous sommes dans les XVIIe et XVIIIe siècles. On fait allusion à la guerre de trente ans dans l'une, et Louis XV apparaît dans l'autre, mais il n'y a aucune prétention historique. le rythme de la nouvelle titre est une expérience à vivre en soi. En effet, aussitôt mis en scène, Clarinette, le jeune héros déluré, est soumis à un feu roulant de péripéties. Il n'est pas sorti de l'une qu'il patauge déjà dans l'autre, toujours avec le sourire, tandis que les points confus et flous s'accumulent pour trouver le focus vers la fin. Et la balade est drôlatique, car Suppius, son compagnon pratiquement tombé du ciel, fait les choses à sa manière. Ça ressemble quelque peu aux ''
Scènes de la vie d'un propre à rien'', la publication la plus connue de l'auteur, avec les pérégrinations d'un jeune insouciant assaisonnées de quiproquos, mais le présent récit m'a plu davantage.
La seconde nouvelle, ''L'enlèvement'', m'a fait l'effet d'un conte de fées, mais sans fées, sans fantastique ni merveilleux, si vous voyez ce que je veux dire. le ton est plus sérieux que dans l'histoire précédente, et nous avons droit à des personnages et des scènes fascinants. J'ai été tout bonnement séduit par ce qui s'y passe, et donc ce recueil est une satisfaisante réussite. L'écriture est très belle et évocatrice. La veine du romantisme allemand reste féconde en petites gemmes pour le prospecteur enthousiaste !