Retour au Liban, cher à mon coeur, avec cette courte mais intense lecture.
Ce livre m'a donné l'impression d'être une petite souris, et d'observer des choses que je ne serais pas autorisée à voir et savoir.
Nous débarquons telle une petite souris donc, dans la vie d'un couple libanais, dont le mariage a été arrangé par une tante, comme cela arrive encore parfois au pays du Cèdre.
Rachid a 35 ans et sa femme en a 30. Dès le début il se rend compte que quelque chose cloche chez sa femme, mais son amour pour elle et surtout sa naïveté fait en sorte qu'il lui trouve toutes sortes d'excuses possibles et imaginables. Jusqu'au jour où il achète une télévision et tombe sur Kramer contre Kramer, dont il ne comprend pas un mot puisqu'il ne parle pas anglais, mais où l'attitude de Meryl Streep l'interpelle. Cette femme d'occident, si différente des femmes d'orient dont il a l'habitude va lui ouvrir les yeux.
Tout le livre est basé sur l'introspection de Rachid, de ses débuts amoureux avec sa femme jusqu'à l'inévitable événement qu'il croyait pourtant impossible.
Je suis assez mitigée quant à cette lecture...
J'ai adoré le ton de Rachid el-Daïf, et sa liberté d'expression pour un auteur libanais et donc du monde arabe. La sexualité y est dépeinte sous (presque) toutes ses coutures, mais encore plus rare, on y parle de sexualité au sein du couple ! C'est l'une des raisons qui font que je me suis sentie petite souris.
Dans ce pays, la sexualité en général ce n'est pas quelque chose dont on discute facilement, donc c'est encore moins quelque chose qu'on dépeint aussi librement dans un livre, et encore moins de façon "négative" comme ici, où l'homme n'est pas montré à son avantage. Alors c'est encore moins le cas de la sexualité au sein du couple...
Quel bonheur de pouvoir enfin entrouvrir une fenêtre sur cet aspect tabou de la vie des libanais !
Ce qui m'a le plus éprouvé ce sont les thèmes abordés tels que le viol, le viol conjugal, la soumission de la femme et j'en passe...
Nous avons d'un côté une liberté d'expression sensationnelle et de l'autre malheureusement un sujet lourd et pesant qui montre que malheureusement le Liban, comme d'autres pays arabes, a encore un train (et même plusieurs) de retard dans l'égalité homme/femme, dans le respect des femmes et j'en passe.
Mon petit plaisir dans cette lecture est la fin, où l'homme libanais aux pensées archaïques se retrouve confronté à un début d'émancipation de la femme libanaise, dans un pays où souffle de plus en plus un vent d'occident, balayant lentement mais sûrement la domination masculine.
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Le corps de la femme, l'époux doit le recevoir parfait, intact. C'est un cadeau précieux qui lui laissera une impression positive pour toute sa vie et qui consolide les liens entre eux en tant que mari et femme. Et ces liens ne se relâcheront jamais, ne se briseront jamais.
Avec fierté, et à jamais, elle sera, pour lui, une épouse qui pourra garder la tête haute, sans avoir besoin de détourner le visage, lorsqu'on parlera ouvertement de chasteté avant le mariage. Et son époux la respectera parce qu'il sera convaincu de sa chasteté et non pas parce qu'il la tiendra pour probable.
Parmi les cinq que nous étions, quatre buvaient, dont moi. Nous buvions du vin rouge fabriqué au Liban. Mais le Liban était toujours au stade d'une convalescence qui n'en finissait pas, au lendemain d'une longue guerre meurtrière. Beaucoup de gens aspiraient à la paix et avaient un amour tout particulier pour leur pays blessé.
Le vin était excellent, c'est pourquoi j'en buvais. Le repas nous donnait l'occasion de magnifier la patrie, le Liban, le pays du pluralisme et de la tolérance.
Il fallait que j'achète une télévision sans tarder. Non seulement pour mon épouse, mais aussi parce que, sans télévision, je ratais tout. En effet, on y voit l'histoire en train de se faire, la géographie s'y déroule et même l'univers. L'univers précisément y prend toute son importance, en révélant ses secrets jusqu'à l'infini.
Lorsque les gens ont commencé à se marier par amour, ils ont divorcé par milliers !