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3,86

sur 435 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Allais-je lire jusqu'au bout Les Eclats, le nouveau roman de l'écrivain américain controversé Bret Easton Ellis, ou le lâcherais-je en cours de route, comme American psycho il y a quelques années ? Présenté comme l'oeuvre de la maturité de l'écrivain, Les Eclats est un roman d'autofiction. L'auteur se met lui-même en scène, en l'année 1981, soit avec un recul de quarante ans. Agé de dix-sept ans, Bret est le personnage central et le narrateur d'une intrigue complexe, où il est difficile de faire la part de ce qui a été réel et de ce qui est fictif.

Bret et un petit groupe de camarades sont en classe de terminale dans une école privée huppée, située dans les (très) beaux quartiers de Los Angeles. Ces adolescents sont issus de familles… — je n'aime pas le qualificatif d'ultra-riche — disons de familles qui dépensent à profusion sans nécessité de compter et qui laissent leurs ados dépenser n'importe quoi, sans (apprendre à) compter : propriétés sublimes, voitures de luxe et/ou de sport à disposition, budgets illimités pour sorties, fringues et accessoires.

Dans ce microcosme hyperpermissif et corrompu dès l'enfance par l'argent, les drogues, l'alcool et le sexe, Bret et ses amis, garçons ou filles, ne connaissent pas de limites. Ils sont très beaux, habillés à la dernière mode et sous l'emprise permanente de divers tranquillisants, euphorisants et autres dopants qu'ils n'ont aucune difficulté à se procurer. Ils évoluent l'esprit vide, dans un état de torpeur mentale dans lequel ils se sentent à l'abri de tout risque présent et futur.

1981, c'était avant le sida, les contrôles d'alcoolémie, les ceintures de sécurité. Autre temps, autres moeurs. Il était surtout mal venu d'être reconnu comme homosexuel. Et justement Bret, qui travaille déjà à son premier roman, est lucide sur son homosexualité. Auprès de ses proches, il s'astreint à jouer le rôle d'un jeune homme conforme aux attentes, à afficher une relation hétérosexuelle stable, tout en ayant sous le manteau, si l'on peut dire, des aventures sexuelles avec des hommes.

L'arrivée dans l'école d'un nouvel élève, encore plus beau que les autres et aux antécédents mystérieux, va déstabiliser Bret, écartelé entre désir et aversion. Doué d'un profil mental d'écrivain créatif, il a tendance à échafauder des fictions narratives à partir du moindre incident. A tort ou à raison, Bret va imaginer un lien entre ce nouvel élève et un tueur en série qui sévit alors sur Los Angeles.

Car Les Eclats est un thriller, mais il ne le devient que vers la fin, disons à partir de la page quatre cent. Qui est le serial killer ? Sera-t-il mis hors d'état de nuire ? Fera-t-il de nouvelles victimes ? Ce ne sont pas les bonnes questions. L'écrivain concepteur de ce type de fiction joue à faire tourner le soupçon sur plusieurs personnages et il clôt l'intrigue comme bon lui semble. Il peut désigner un coupable… ou laisser son lecteur dans la perplexité. Bret Easton Ellis est un écrivain de grande classe. Il montre quelques éclats de l'explosion finale et laisse lectrices et lecteurs rassembler le reste à leur idée.

Et les quatre cents premières pages, me direz-vous ? Elles sont en effet problématiques, très longues, très insignifiantes, très ennuyeuses. En dépit de phrases parfois interminables, l'écriture est fluide, facile, mais bavarde. L'étalage de marques branchées, l'énumération de tubes musicaux, l'évocation de stars hollywoodiennes finissent par agacer, et je passe sur les trajets en voiture à travers LA, qui ressemblent à des rapports de GPS. Certains apprécieront l'atrocité des mutilations imputées au tueur et la verdeur des scènes de cul. L'écrivain Bret assume aujourd'hui son homosexualité et les descriptions des rapports sexuels du jeune Bret sont carrément trash, au point d'être gênantes à lire quand on est hétéro. Pour ma part, j'ai été à deux doigts de refermer le livre, comme American psycho.

Qu'importent mes réactions ! Ce livre, tantôt plaisant, tantôt déplaisant, a été écrit en toute conscience par Bret Easton Ellis. Plusieurs récits se superposent et s'entremêlent, sans qu'il soit aisé de distinguer ce qui appartient à la fiction conçue par l'écrivain quinquagénaire, au souvenir de ce qu'il avait vécu à dix-sept ans, aux péripéties rapportées par le jeune Bret, ou à l'imagination paranoïaque de ce dernier. Dans sa construction comme dans son écriture, Les Eclats cadre probablement à la conception qu'a Bret Easton Ellis de la littérature. Sur ce plan, il faut reconnaître un sans-faute.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Je fais volontairement cette critique en cours de lecture.
J'ai commencé ce livre sans rien n'en savoir, et je crois que c'est ainsi qu'il faut l'aborder. Surtout ne pas lire quoi que ce soit sur ce livre, pas même les étiquettes Babelio (qui sont une plaie si on est vraiment honnête), afin de garder la surprise.
Il est évident qu'il y aura dans un futur plus ou moins proche une série Netflix adaptant ce livre. Elle fera grand bruit je pense. Ses acteurs deviendront célèbres. Il faudra la regarder sans rien ne savoir du livre, sans regarder de bande-annonce.
Je finirai en disant que l'histoire se déroule au début des années 80, et je suis surpris qu'il n'y ait pas un insigne années 80 sur Babelio, alors qu'il y a un insigne années 60.
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Bret Easton Ellis, né en 1964 à Los Angeles en Californie, est un écrivain, nouvelliste, réalisateur et scénariste américain. C'est en 1985 avec la publication de Moins que zéro, son premier roman, qu'à l'âge de 21 ans il acquiert un grand succès critique et commercial, le propulsant au rang de star. Les Eclats est son dernier roman paru (2023).
Los Angeles en 1981. Bret, dix-sept ans, écrivain en devenir il planche sur son Moins que Zéro, est en terminale avec sa bande, Debbie sa petite amie, Thom et Susan en couple eux aussi. En cours d'année scolaire arrive un nouveau, Robert Mallory « beau, intelligent, bien élevé, aimable et sexy ». Très vite Bret le soupçonne de cacher un secret et de mentir, tandis qu'à la même époque un tueur en série, le Trawler, fait irruption dans la rubrique faits divers, de là à faire le lien entre Robert et le tueur, il n'y a qu'un pas pour notre narrateur…
Un roman globalement pas mal malgré beaucoup de défauts et surtout ces six-cents pages assommantes.
La première moitié du livre correspond à ce qu'on s'attend à lire chez Bret Easton Ellis : des personnages issus de milieux sociaux aisés (Debbie est fille d'un producteur de cinéma), des soirées en bord de piscine où l'on boit beaucoup, baise pas moins, sniffe un rail de coke, avec en bande-son tous les tubes rock des années 80' et les accessoires sont étiquetés Armani, Lacoste, BMW ou Mercedes. Bret commence hétéro avant de basculer gay et ses séances de sexe cru seul ou pas, commencent à me lasser d'autant que le récit s'éternise en répétions, situations similaires, ce qu'à très bien noté Susan qui « avait toujours pris plaisir à m'admonester au sujet des détails dont je truffais une histoire ». Ces jeunes gens sont vains et peu attachants, photo peu brillante d'une catégorie sociale et d'âge dans le L.A. des années 80, bref je me préparais à abandonner.
Heureusement arrive le Trawler qui apporte du piment dans le récit qui devient thriller avec son rituel meurtrier croustillant et pas piqué des hannetons ! le récit commence à se déployer, Bret suspecte Robert mais quand il tente de l'évoquer auprès de ses amis, il n'est pas écouté. Une sourde lutte se joue entre les deux jeunes gens, l'intensité dramatique va monter lentement mais sûrement avec d'autres meurtres, tandis qu'en parallèle, Bret est de plus en plus gay (sic !), tourmenté par les crimes et ses passions/jalousies amoureuses/sexuelles. Robert attire tout le monde, Bret aussi dans un combat attrait/répulsion. Et le lecteur au milieu de tout cela commence à s'interroger, Robert est-il réellement un tueur ou bien ne serait-ce pas Bret qui délire poussé par son imagination paranoïaque d'écrivain ?
Le roman est bien trop long, je l'ai dit, mais j'ai aussi eu beaucoup de mal à accepter la psychologie des personnages, leurs réactions souvent peu crédibles mais qui s'expliquent peut-être par le décalage entre leur jeune âge et la vie d'adultes qu'ils mènent ?
Bilan final : beaucoup de défauts mais pas si mal.

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J'ai été très déçu dans l'ensemble par ce livre.

En effet le célèbre écrivain Bret Easton Ellis, nous revient dans ce roman " Les Eclats " en explorant ses thèmes de prédictions comme le sexe, la drogue, les adolescents, la Californie et les tueurs en série et malheureusement c'est tout.

En effet même si le début commence bien, j'ai trouvé son oeuvre nombriliste (600 pages pour ça….) et qui tourne vite en rond avec des passages destinés à des adolescents de 14 ans

Bref, je me suis ennuyé et j'ai été très déçu par son oeuvre faussement choc.
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Première fois que je lis un titre de cet auteur américain et...je ne crois pas que j'en lirai un autre!
Je n'ai pas vraiment aimé cette lecture: c'est lourd, pesant, très, très, très répétitif, très lent et ces presque 800 pages (lu en ebook) auraient largement pu être réduites de moitié.
Je n'aime pas le milieu décrit, ces gosses de riches oisifs et drogués pour la plupart pour qui tout est dû. L'intrigue du serial killer est glaçante, les mises en scène des crimes sont éprouvantes. À cela s'ajoutent les descriptions crues des rapports sexuels homosexuels du héros et ce n'est franchement pas ce que j'aime lire.
Pour autant, je suis happée par cette ambiance où le malaise est permanent et je poursuis la lecture entièrement jusqu'au dénouement qui s'avère décevant selon moi, des questions restant en suspens.
Un ensemble mitigé et imparfait donc pour moi.
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LE CRÉPUSCULE DES ANNÉES 80 - Les éclats de Bret Easton Ellis, ed. Robert Laffont
Retrouver les personnages anesthésiés de Bret Easton Ellis en 2023 peut sembler anachronique. Tout ce qui résonnait comme une évidence à la sortie de Moins que zéro premier roman de l'auteur américain en 1986, fait aujourd'hui partie d'un monde engloutie, une époque révolue, un fatras parfois embarrassant de clichés, de couleurs et de sons aujourd'hui recyclés et mis en boîte dans la plupart des productions vintage millésimées 1980 qui ont tellement le vent en poupe actuellement (et pour cause, tous les décideurs culturels actuels avaient 16/17 ans à cette époque). de Stranger Things au retour de la musique new wave - renommée post-punk (un revival entamé avec l'electroclash en 2000 qui dure depuis près de 20 ans maintenant) - en passant par l'ambiance politique ultra libérale qui privilégie le marché contre l'individu, tout est fait pour donner l'impression que notre époque rejoue en boucle cette décennie aussi honni que vénérée. C'est le paradoxe de notre époque, les 80's sont derrière nous mais il n'a jamais été aussi difficile de leur échapper.
Pour les mêmes raisons, à l'annonce d'un nouveau roman de Bret Easton Ellis, auteur lui aussi détesté et adoré a égale mesure, la question se posait : allions nous prendre autant de plaisir à retrouver son univers asphyxiant, 40 ans aprèsMoins que zéro et Les loi de l'attraction ? Rien n'était moins sûr. de l'eau est passée sous les ponts depuis les premiers « éclats » de cet auteur qui reste exceptionnel quoiqu'on en dise (relisez American Psycho!) et l'intéressé semblait de toute façon avoir déjà signé son épitaphe avec l'excellent Lunar Park. Pour faire court, après la lecture du très décevant Imperial Bedroom il y a 13 ans, nous n'attendions plus vraiment le « retour du maître » avec autant de ferveurs que certain.e.s.
Alors qu'en est-il du « chef d'oeuvre » commenté par la critique ? le moins que l'on puisse dire c'est qu'il prend son temps pour commencer (au moins 78 pages). Alors que Moins que zéro innovait en décrivant (et décriant) dans un style volontairement atone le mode de vie superficiel de l'adolescence californienne des 80's en prenant à rebrousse poil la propagande strass et paillettes de l'époque, il faut avouer que l'on a un peu de peine à raccrocher les wagons avec le style volontairement amorphe d'Ellis, et surtout à s'intéresser aux « activités » du personnage autofictionnel (?) nommé Bret, 40 ans après. Livre de souvenirs (si tant est que ce livre soit vraiment pen partie biographique - ce qu'il n'est pas évidemment, la réalité et la fiction y étant intimement mêlée), somme nostalgique de 600 pages, Les éclats informe assez vite sur la direction que va prendre son auteur : pour partie Stephen King sous Xanax (un auteur que le « Bret » du roman - lui aussi écrivain - cite régulièrement), pour partie Moins que zéro (ou Zombies) et enfin pour partie American Psycho, Les éclats rejoue, comme on rejoue les 80's aujourd'hui, différents moments de la carrière de son auteur (avec un zeste de Lunar Park pour la dimension autofictionnelle présumée).
On y retrouve comme dans ses premiers romans une bande de riches ados paumés (Bret conduit, soit une Jaguar pour se rendre en cours, soit une Mercedes 360SL, le malheureux, ce qui, en ces temps socialement surchauffés rend l'empathie difficile), des scènes de suburbs, des scènes de lycée, beaucoup de dialogues de sitcoms romantiques des années 80, un tueur en série, du sexe cru, des ambiances glauques, des descriptions vestimentaires (qu'on aimait tant, mais qui fatiguent désormais) à n'en plus finir, une pseudo normalité qui dérape doucement et bascule dans l'horreur. Les éclats est un mix donc : « Ellis meet Stephen King ».
Ceci étant, l'aspect éreinté du roman - qui est évidemment volontaire - est aussi étonnamment une des plus grandes force du livre qui fini par hypnotiser de façon pernicieuse et assez maline. Les phrases plates répétées comme des mantras, l'enquête que Bret, 17 ans, mène malgré lui, évoquent parfois des scènes du Privé épuisé de Robert Altman (incarné par Eliott Gould) où les ambiances paranoïaques de l'American Gigolo de Paul Schrader (influence cinématographique majeur de Bret Easton Ellis, dont le « Julian » a été un modèle pour le « Clay » de Moins que Zéro). Passé l'agacement initial on entre dans Les Éclats avec le même plaisir étrangement mêlé d'ennui que dans un roman de Chandler (que j'adore, Ellis aussi, mais là n'est pas le sujet). Et de fait, le titre de ce nouveau BEE aurait bel et bien pu être le Grand Sommeil.
Tout cela fait des Éclats un roman malin mais certainement pas totalement indispensable. Son auteur se complaît parfois un peu trop dans une nostalgie dont on hésite à dire qu'elle est, soit émouvante, soit pathétique. Ellis ne semble plus capable de sortir de son univers passéiste. On connaît bien sa tête d'ado de presque soixante ans et c'est déjà assez troublant, mais à la lecture des Éclats on se sent parfois carrément peiné pour cet auteur-personnage qui n'arrive pas à vieillir.
Si Les éclats est vraiment à l'origine de quelque chose de réellement intéressant c'est peut être qu'Ellis signe ici ce qui pourrait être le crépuscule du revival 80. Les Éclats serait la queue de comète de ce mouvement nostalgique incarné par une génération de plus-que-quinquas qui se regardent le nombril de façon un peu morose et morbide sans réussir à intégrer que pour ces représentants d'une génération censément « éternellement jeune » tout est bien fini. Qu'ils ont (que nous avons) vieillis et qu'il va peut-être falloir passer la main. Une difficulté à être au monde qu'affichait déjà White, son précédent ouvrage, et qu'Ellis confirme avec Les éclats.
J'aurai adoré ce livre dans les années 80.
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"Les Éclats" de Bret Easton Ellis est un roman qui plonge profondément dans les thèmes du consumérisme, de l'isolement et de la désillusion dans le contexte de la société américaine moderne. Ellis, connu pour son style incisif et souvent controversé, n'épargne aucun détail dans sa peinture d'un monde où la superficialité et le matérialisme règnent en maîtres.

Dès les premières pages, le lecteur est immergé dans un récit où les personnages principaux, souvent désabusés et moralement ambigus, naviguent à travers une vie de luxe apparent, mais vide de sens. Ellis excelle dans l'art de décrire les mondanités et les excès de la haute société avec un regard à la fois critique et fasciné.

Cependant, le roman pourrait être perçu comme trop cynique par certains lecteurs, qui pourraient trouver le constant bombardement de consumerisme et de nihilisme quelque peu lassant. En outre, le style d'écriture de Ellis, bien que distinctif, peut parfois sembler détaché, rendant difficile l'établissement d'une connexion émotionnelle avec les personnages.

Malgré ces critiques, "Les Éclats" reste une oeuvre provocatrice et réfléchie, offrant un aperçu tranchant de la culture contemporaine. Ellis continue de démontrer sa capacité à capturer l'essence d'une génération désenchantée, rendant ce roman un ajout important, bien que controversé, à la littérature américaine moderne.
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Bret Easton Ellis semble condamné à écrire tout le temps le même livre. Malgré les différents niveaux de lecture offerts par l'ouvrage tout cela finit par tourner en rond. le porno trash ? Déjà fait, là on propose la même chose en mode gay (la nouvelle sexualité de Bret, dont on peut douter de la sincérité suivant en cela l'avis de son ami Jay McInerney ).
Les meurtres sordides de tueurs en série ? Déjà fait.
La vacuité de la jeunesse dorée de Los Angeles ? Les descriptions vestimentaires
? L'usage immodéré de drogues ? le name dropping d'acteurs et de musiciens ? Les citations de morceaux de musique rythmant le récit comme une bande son ?L'auto fiction comme un jeu de miroir entre l'auteur et son oeuvre ? Déjà faits.
Le retournement final où on ne distingue plus la réalité du fantasme ? Patrick Bateman l'avait déjà expérimenté.
Pour moi le livre se lit très bien mais c'est une déception.
Je ne vois pas trop ce que Bret Easton Ellis pourrait écrire d'intéressant dans le futur tant il parait engagé sur une voie de garage.
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Treize ans d'attente entre Suites impériales, qui n'était pas fameux, et ces Eclats pour retrouver Ellis le romancier après Ellis le podcasteur/chroniqueur/scénariste. le roman offre la promesse d'une autofiction revenant là où tout a commencé, cet été où Ellis a trouvé la vocation qui l'a poussé à écrire Moins que zéro.

Pour Bret, qui traverse sa dernière année de lycée avec l'ennui propre aux gamins de la jeunesse dorée de Beverly Hills, la vie se résume à bronzer au bord de la piscine, explorer sa sexualité (c'est peut-être le premier de ses livres où Ellis aborde si frontalement son homosexualité), et attendre les cours en s'ennuyant. Cette torpeur est rompue par deux événements, apparemment sans lien : une série de crimes sanglants que l'on attribue à un tueur en série surnommé le Trawler et à l'arrivée de Robert Mallory élève inquiétant, séduisant et insaisissable, pour lequel Bret éprouve une immédiate fascination.

Sur ce postulat de départ, Ellis brode 600 interminables pages ponctuées de dialogues plats (on ne peut pas trop en demander à des lycées qui s'ennuient toute la journée), de situations étirées à l'extrême, de détails factuels ("je me suis branlé" "j'ai fait de l'exercice"). Il donne l'impression de vouloir restituer jusqu'à la névrose chaque moment passé, au point de perdre de vue la tension et la menace promise par la présence du Trawler et de Robert Mallory. le name-dropping musical prend des proportions absurdes et n'a pas la pertinence qu'il pouvait investir dans American Psycho ou Glamorama. le volet autofictionnel qui dans Lunar Park était d'une ampleur patiemment ciselée, est ici famélique, et noyé ; le récit abuse des redites, délayages, au point d'endormir le lecteur qui ne se réveille que pour les rares scènes de sexe ou de violence.

Il est toujours triste de voir un auteur dont les textes ont surpris, choqué, passionné s'enliser dans le ressassement et la médiocrité, assez célèbre pour être sûr de toucher son chèque et compter sur sa base de lecteurs. Ces Eclats, dernier baroud d'honneur pour tenter de revenir au roman après un détour par un recueil de chroniques est au-delà de la déception : c'est une fin de non-recevoir. Ellis a beaucoup insisté en interview sur le fait qu'il voulait retrouver à travers l'écriture de ce texte celui qu'il était à 17 ans, l'énergie qui était alors la sienne, les hormones à bloc et les derniers moments d'insouciance partis en fumée avec l'arrivée des "terribles événements". Mais on voit tellement l'homme de 60 ans désabusé derrière ce texte fatigué que la promesse ne peut être tenue.

On ne félicitera pas non plus Robert Laffont qui continue à engager Pierre Guglielmina qui ruine le texte en essayant de faire du mot à mot d'expressions américaines (White était par moments illisible en version française). Il est à noter qu'American Psycho est le seul romans traduit en français par Alain Defossé, qui a su épouser adapter le texte avec plus de bonheur.
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Vingt ans après avoir lu “American Psycho”, j'ai eu l'envie de me plonger à nouveau dans l'univers de Bret Easton Ellis. Si au début le roman se laisse lire sans déplaisir (on découvre Bret et son univers avec un certain intérêt), cela fini vite par tourner en rond et l'ennui pointe le bout de son nez. Reste le style, mais ça me suffit pas toujours.
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