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EAN : 9782021366785
240 pages
Seuil (29/08/2018)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Qui sommes-nous vraiment ? Qui pouvons-nous être ou devenir ? Sommes-nous véritablement libres de vivre notre désir dès lors que nous nous écartons d'une certaine norme ? N'a-t-il qu'une seule forme ou évolue-t-il au cours de notre existence - pour devenir plus profond, plus doux, plus radical ? Philosophe et correspondante de guerre, l'auteur explore les ruses du désir, de ses premières manifestations adolescentes jusqu'aux abords des champs de bataille.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ce récit autobiographique, la philosophe et reporter de guerre allemande Carolin Emcke, née en 1967, explore la genèse et le développement de son désir et de sa sexualité bisexuelle à préférence lesbienne (elle se définit par le terme imprécis de « queer »), depuis la rentrée au collège jusqu'à l'âge adulte. En parallèle, elle évoque le souvenir de son ami Daniel, dont on apprend dès le départ qu'il s'est suicidé et l'on comprend progressivement que la cause principale de ce drame réside dans l'exclusion subie à cause de son homosexualité. Ces deux récits constituent donc comme une dialectique entre un parcours réussi vers l'homosexualité et l'autre échoué. Mais la narration principale est surtout interrompue continuellement par une foison de digressions inspirées par ses souvenirs et ses réflexions critiques qui ont trait à l'homophobie latente ou violente ressentie depuis les débuts de l'éducation genrée à l'école, puis dans les différentes étapes de sa socialisation adolescente et adulte, marquée toujours pas une certaine inadaptation ; il est aussi question de ses goûts et ses plaisirs : l'exploration des bois, la musique – grâce à l'enseignement d'un certain prof. Kossarinsky qui a donné à l'auteure un goût sûr et une capacité d'analyse musicale approfondie, et enfin des considérations plus superficielles sur les différences culturelles de genre rencontrées durant ses voyages professionnels, notamment à Gaza. J'ai noté en particulier des pages très marquantes sur une excursion en voiture où, accompagnée de deux amis, l'auteure s'est retrouvée devant des prostituées et s'est d'abord identifiée aux filles puis s'est confrontée à l'éventualité d'être leur cliente ; d'autres pages très intéressantes concernent son questionnement sur les conditions dans lesquelles elle aurait envisagé d'accéder à la maternité, en ayant recours non à un donneur anonyme ni à l'adoption, mais à un père homosexuel éloigné mais joignable par l'enfant, s'il le souhaitait.
La nature anecdotique et discontinue de la narration, qui n'est pas même structurée en chapitres mais avance telle une conversation à bâtons rompus, n'a pas l'ambition d'apporter la profondeur de pensée d'un essai. Son mérite réside surtout, me semble-t-il, dans sa valeur d'exemple à l'adresse notamment de jeunes femmes lesbiennes ou bisexuelles qui ne possèdent guère de modèle ni d'explication d'un parcours individuel mais emblématique auxquels s'identifier ni de certaines « façons de désirer » hors des schémas hétérosexuels habituels. de manière complémentaire, la question est aussi posée du militantisme – l'appartenance à un « nous » revendiqué et pour promouvoir lequel il soit utile de se battre – ou bien de la singularité de l'expérience individuelle du désir. le lecteur français pourra enfin comparer les regards et les discriminations homophobes entre la France et l'Allemagne.
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Ce livre aurait pu s'intituler "Mon désir" car Carolin Emcke visite ses souvenirs, analyse des fragments de sa vie qui ont fait d'elle ce qu'elle est. C'est un livre sur l'identité, sa construction et la manière de s'assumer.
J'ai été déçu car je n'ai pas trouvé de réponse à la question que je me posais en achetant ce livre (mal vendu ?) mais j'ai apprécié ce que j'y ai trouvé. Je ne m'attendais pas à un essai sur la norme, sur l'acceptation de l'homosexualité et une analyse de cette "différence" qui ne devrait pas en être une.
Néanmoins j'ai eu dû mal à suivre tout son cheminement et à faire clairement le lien entre ses souvenirs amoureux, l'histoire de son "ami" Daniel décédé et son lien à la musique. Aussi me suis-je un peu égaré et parfois ennuyé.
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La traduction littérale "comment nous désirons" me semblerait plus appropriée. C'est une lecture intelligente, sensible et percutante. C.Emcke décrit la naissance des désirs, des interrogations liées à l'adolescence, l'absence de réponse de l'éducation autre que celle de la reproduction (ou de sa peur), la vie sexuelle vue sans le plaisir et sans le(s) désir(s)...à lire...et relire.
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Comme une mayonnaise qui ne prend pas, tous les éléments restent séparés et on regrette de l'avoir commencé
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
1. « J'adorais mon école. Je lui témoigne encore aujourd'hui beaucoup de reconnaissance pour tout ce qu'elle a ancré et fait grandir en moi. […] Mais le discours sur la sexualité restait à la fois progressiste et rétrograde. Résultat, le discours biologiste ne faisait que remplacer la parole religieuse, et la façon dont la sexualité était sans cesse ramenée à la grossesse afin d'empêcher celle-ci créait une peur bien plus grande que n'aurait pu le faire toute instruction catholique. Ce n'est pas parce que le plaisir relevait un péché qu'on devait craindre la sexualité, mais à cause des conséquences dangereuses du plaisir. La sexualité n'était plus dépravée, elle constituait une menace. » (p. 40)
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4. « Ce qui nous appartient en propre commence par un Non. Par un refus, le sentiment de vouloir autre chose que ce qui est communément voulu. Ce malaise face à ce que l'on attend de nous peut être vague, juste une intuition, il n'est même pas besoin de s'imaginer que ce pourrait être l'alternative, il suffit de savoir ce qui est pour soi inenvisageable. Mais au travers de ce premier Non, c'est notre être propre qui se cristallise. C'est en cet instant où une chose n'est plus perçue comme naturelle et allant de soi, où une certitude devient subitement incertaine, où l'évidence devient équivoque, c'est dans cette faille que survient le Moi. » (p. 120)
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3. « Savoir si je suis queer, si mon désir est déterminé génétiquement ou conditionné socialement : ce n'est pas ce qui m'intéresse. À quoi cela servirait-il ? Ce qui m'intéresse, c'est comment le désir apparaît, chez moi, mais aussi chez les autres ; comment je l'ai senti croître, comment il s'est déployé, trouvant son langage, son expression en moi, pour moi, et comment, au sein même de ce langage, s'est développé un vocabulaire de plus en plus riche, des structures de plus en plus complexes, un vocabulaire grâce auquel je suis à même de m'exprimer plus précisément, tendrement, radicalement. » (pp. 90-91)
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5. « […] Je voulais lui dire [au danseur Max Midinet] qu'il est possible de vivre dans cet "entre-deux", que ces personnages mal adaptés peuvent aussi avoir leur utilité, remplir une fonction bien à eux ; ils avaient entrouvert quelque chose, un espace de liberté à l'intérieur duquel j'allais pouvoir grandir. Avec sa grâce déliée, cette corporéité fragile mais athlétique qui semblait échapper aux catégories du masculin et du féminin, Max Midinet faisait se fissurer le monde hétérosexuel et ses zones clairement délimitées dans lesquelles hommes et femmes étaient censés se mouvoir et s'aimer. » (p. 153)
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p110: "Quelle sorte de processus psychique accompagne ces "infractions corporelles" (Plus j'écris le mot, plus ses significations possibles prennent des formes fabuleuses dans mon esprit)".

p132-133:"Mais sans doute ma simple existence n'est-elle pas la seule chose qui les désarme: il y a aussi l'évidence brute de ma joie de vivre, parce qu'elle mine la honte qu'on attend de la part des homosexuels (ou en principe de tous ceux dont l'apparence dérive légèrement de la norme).../"

p135:"Tu es vraiment sûre de ne plus jamais vouloir coucher avec un homme?
-Non. Brad Pitt, sans hésiter".
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Videos de Carolin Emcke (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carolin Emcke
Miriam Toews & Carolin Emcke
Rencontre animée par Sophie Joubert – Interprète : Fabienne Gondrand
Deux ans après #Metoo, la voix puissante et singulière de Carolin Emcke, docteur en philosophie, ancienne reporter et éditorialiste pour Die Zeit, nous offre un texte saisissant sur les violences faites aux femmes et le consentement. Quand je dis oui… explore cette question et décrit les relations de pouvoir et l'humiliation qui peuvent surgir sur toutes les scènes sociales ou privées, de la chambre d'hôtel de puissants prédateurs au salon d'un couple en crise.
Avec Ce qu'elles disent, Miriam Toews nous plonge dans un huis clos au sein d'une colonie mennonite de Bolivie. Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes tiennent une réunion secrète. Depuis quatre ans, nombre d'entre elles sont retrouvées, à l'aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l'explication est évidente, c'est le diable qui est à l'oeuvre. Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes. Inspiré d'un fait divers, ce roman retranscrit les minutes de leur assemblée, leurs questions, leur rage, leurs aspirations…
Deux textes de statuts différents qui dénoncent, chacun à sa façon, les rapports de pouvoirs et la domination masculine au sein d'une société.
À lire – Carolin Emcke, Quand je dis oui..., trad. de l'allemand Alexandre Plateau, le Seuil, 2019. Miriam Toews, Ce qu'elles disent, trad. de l'anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, Buchet/Chastel, 2019.

Le Jeudi 3 octobre 2019 - 20H00
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